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Philippe Jaccottet
Une Constellation, tout près - choix de poètes d'expression française du XXè siècle, Editions La Dogana, 2002.

Retrouvez également Philippe Jaccottet dans nos pages consacrées aux auteurs de Suisse.

  Philippe Jaccottet / Une constellation tout près

ISBN 2-940055-36-X

 

Une constellation, tout près
Poètes d'expression française du XXe siècle choisis par Philippe Jaccottet

Paul-Jean Toulet - Paul Claudel - Francis Jammes - Paul Valéry - Charles Péguy - Léon-Paul Fargue - Max Jacob - O.V. de L. Milosz - Jean de Boschère - Charles-Ferdinand Ramuz - Guillaume Apollinaire - Valery Larbaud - Jules Supervielle - Saint-John Perse - Blaise Cendrars - Pierre Jean Jouve - Pierre Reverdy - Pierre-Louis Matthey - Paul Eluard - André Breton - Antonin Artaud - Edmond-Henri Crisinel - Gustave Roud - Louis Aragon - Jacques Audiberti - Francis Ponge - Henri Michaux - Robert Desnos - Raymond Queneau - Jean Follain - Armen Lubin - Jean Tardieu - Jean Tortel - René Char - André Frénaud - Eugène Guillevic - René Daumal - Georges Schehadé - Patrice de la Tour du Pin - Henri Thomas - Jean-Paul de Dadelsen - Louis-René des Forêts - Jean-Michel Frank - Pierre-Albert Jourdan - André du Bouchet - Nicolas Bouvier - Christian G. Guez-Ricord - Bernard Simeone

Une constellation tout près, Editions La Dogana, 2002.

 

  Une constellation, tout près, par Leo Bolliger


La constellation de Jaccottet

Avec "Une constellation", tout près, un très bel ouvrage paru récemment aux éditions de La Dogana, Philippe Jaccottet nous fait un don: celui d'offrir en partage des poèmes qui l'ont touché ou retenu au cours de son existence et auxquels, aujourd'hui encore, à bientôt 78 ans, il demeure attaché, sensible. "Pour moi, je n'ai voulu recueillir ici que les poèmes français de ce siècle qui, à des degrés divers et pour des raisons diverses, m'ont été à quelques occasions des moments de plaisir, d'émotion, d'admiration: et dont le rayonnement durait encore à mes yeux, fût-il, dans certains cas, un peu affaibli et, dans d'autres, avivé, avec le temps", confie-t-il au seuil de cette anthologie toute personnelle et subjective. Riche et précieuse. C'est à la faveur d'une longue période pendant laquelle l'inspiration lui a fait défaut, au printemps 2000, que Jaccottet s'est détourné de la table d'écriture pour s'atteler à cette vaste entreprise de relecture et de sélection, ne gardant, au bout du compte, que "ce qui luit, brûle, rayonne encore dans [sa] main ouverte" de lecteur attentif, exigeant et clairvoyant.

Des poètes qui voisinent dans les rayons de sa bibliothèque, il en a retenu quarante-huit. Tous disparus aujourd'hui, ceux-ci ont en commun d'avoir écrit en français et d'avoir vu publier leur oeuvre au XXe siècle. La constellation sonore qu'ensemble et chacun, individuellement, ils forment s'ouvre par des poèmes intimistes, adresses à une femme aimée et à ses sortilèges, de Paul-Jean Toulet (1867-1920); elle se referme sur une série de poèmes poignants de Bernard Simeone, mort en 2001 à l'âge de 44 ans:

ICI, protégé, pour combien
de temps, par la neige

quelqu'un lira, ne lira pas

que tu t'es noyée
une fois de plus (p. 398)

Le ciel poétique de Jaccottet, volontairement circonscrit ici au seul siècle passé et au seul territoire francophone, brille à la fois de noms connus de la poésie française et d'autres qui le sont moins (Guillaume Apollinaire, Paul Claudel, Paul Eluard, René Char, Saint-John Perse, Pierre-Albert Jourdan Jacques Audiberti Armen Lubin, pour n'en citer que quelques-uns). Mais aussi de ceux d'auteurs Romands: Charles-Ferdinand Ramuz, Blaise Cendrars, Pierre-Louis Matthey, Edmond-Henri Crisinel, Nicolas Bouvier et Gustave Roud, qu'une amitié profonde et fidèle liait à Philippe Jaccottet, et réciproquement. Leur correspondance, parue l'année dernière, en témoigne de façon magnifique.*

Alors qu'initialement cette réunion-bilan de poèmes ne devait avoir d'autre destinataire que lui-même, Philippe Jaccottet s'est laissé convaincre de la publier par l'éditeur Florian Rodari, lequel signe une admirable postface au volume. Sachons gré à l'ignorant de Grignan, fervent passeur des oeuvres d'autrui tant par ses critiques que pas ses innombrables traductions, de ce nouveau partage.

* Philippe Jaccottet, Gustave Roud, Correspondance 1942-1976, Paris, Gallimard, 2002. Edition établie, annotée et présentée par José-Flore Tappy.
* Philippe Jaccottet, Une constellation, tout près. Poètes d'expression française du XXe siècle choisis par Philippe Jaccottet Genève,
La Dogana, 2002, 419 p.

Leo Bolliger

 

  Préface de Philippe Jaccottet

Une constellation, tout près

«Was bleibet aber» («Mais ce qui demeure»), tel est, emprunté à un vers de Hölderlin dans «Souvenir» (Mais ce qui demeure, les poètes le fondent), l'intitulé d'un cahier qui, à la date d'avril 1984, s'ouvre sur ces mots: «une idée qui durera ce qu'elle durera: noter, par une relecture non systématique des poètes ce qui demeure pour moi - ce qui m'atteint encore, sans esprit d'objectivité ou intention d'histoire littéraire. En me bornant d'abord aux oeuvres d'après 1900, et françaises.» La page continue, très significativement, ainsi: «Je rouvre cette Cantate à trois voix achetée en 1942. Là, la recherche du mot «joie» n'avait pas lieu d'être, car la plénitude y est, presque sans faille: la rose, le cercle - celui des montagnes», et s'achève par une première citation: Toutes les sources de bien loin entendent sa voix, comme les vaches qui de cime en cime répondent à la corne du pasteur.

Le cahier se poursuit par quelques notes de relecture concernant, outre Claudel: Jammes, Péguy, Max Jacob, Fargue et Jabès. Viennent quelques pages blanches et, à la date du 3 août 1986, ceci: «C'est probablement un bilan un peu vain pour moi, qui sais d'avance que je ne ferai pas de découvertes importantes et aurais mieux à lire sans doute. Les grandes rencontres ont été faites.»

Il aura fallu la conjonction de l'«an 2000» et d'une trop longue période d'«incapacité de travail» poétique pour que je reprenne cette idée et la conduise à son terme; sans même en avoir envisagé d'ailleurs, initialement, l'éventuelle publication.

*

Comme je l'avais noté d'emblée, nul souci d'équité ne m'a conduit dans ce choix. Pour cette période de notre poésie, nous ne manquons pas de panoramas qui se veulent aussi complets et objectifs que possible. Pour moi, je n'ai voulu recueillir ici que les poèmes français de ce siècle qui, à des degrés divers et pour des raisons diverses, m'ont été à quelques moments des occasions de plaisir, d'émotion, d'admiration: et dont le rayonnement durait encore à mes yeux, fût-il, dans certains cas, un peu affaibli et, dans d'autres, avivé, avec le temps.

*

Quand, régulièrement, entre 1948 et 1968, épisodiquement plus tard, je parlais de poésie dans des chroniques de journal ou de revue (chroniques dont certaines ont été reprises dans L'Entretien des muses et Une transaction secrète), c'était, avant tout, poussé par un mélange de tristesse et de dépit à l'idée que la clarté qui me venait de ces lectures restât si peu visible à tant de gens; si bien que j'aurai été au fond une sorte de propagandiste, mais toujours sincère et, me semble-t-il, légitime, laissant à d'autres, mieux armés que moi, le soin d'approfondir l'analyse avec plus de science et de subtilité. Mais enfin, toutes ces chroniques n'ont jamais été que des commentaires, ornés de citations aussi parlantes que possible. Voici, aujourd'hui, les pièces; voici ce qui luit, brûle, rayonne encore dans ma main ouverte.

*

Le langage de la poésie m'est toujours apparu comme celui qui rend le compte le plus juste de nos vies dans toutes leurs dimensions, celui qui peut réconcilier fumée et parfum; celui qui sait tirer un chant, ou une simple chanson, de nos peines, légères ou violentes, de nos voyages - dans le temps, dans l'espace du dehors comme dans celui du dedans -, qui bâtit une musique même à partir de l'ombre et de l'absence, qui fait scintiller pour notre joie même la course des jours. Oui, cela brille, cela luit ou brûle dans la main ouverte. Une constellation tout près de nous, dans la main ouverte, dans le livre ouvert. Je ne crois pas qu'il faille en dire plus.

Extrait de : Une Constellation, tout près - choix de poètes d'expression française du XXè siècle, Editions La Dogana

Philippe Jaccottet
mars 2002

 

  Extraits de presse

Cent ans de poésie

Non pas 100 années de lyrisme dans un bilan critique, mais une façon d'avoir flairé, dans les poèmes de cette période, les mots, la musique, les rythmes qui percent des secrets et qui happent une réalité sans millésime.

On peut regretter qu'en sa prudence Jaccottet n'ait retenu que les poètes disparus, d'où la part restreinte faite aux auteurs nés après la Première Guerre mondiale. Mais quelle joie de justesse sinon de justice envers les vivants !

Une constellation tout près, Editions La Dogana, 2002.

Bertil Galland

18.12.2002

Jaccottet en son jardin de poètes

Il y a certes dans pareil projet une sorte d'exercice d'admiration, mais la pertinence des choix relève de l'absolu et de l'esprit de finesse.

Le livre fonctionne un peu comme une chambre d'échos et le lecteur apprèciera l'originalité d'une sélection qui fait la part belle à l'insolite.

Une constellation tout près, Editions La Dogana, 2002.

AF

14.12 2002

 

Page créée le: 30.01.03
Dernière mise à jour le 04.02.03

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