Revue Archipel
Revue Archipel / Iles sur le toit du monde - Une anthologie romande de science fiction
Pour ce numéro spécial qu'elle a voulu consacrer à la science-fiction romande, Archipel s'est associée à la Maison d'Ailleurs (Musée de la science-fiction, de l'utopie et des voyages extraordinaires, à Yverdon-les-Bains), en réalisant un recueil sous forme de concours de nouvelles.
Un nouveau coup de sonde du domaine s'imposait en effet à l'aube du xxie siècle : la dernière anthologie du genre dans ce pays remontait à plus de vingt ans (L'Empire du Milieu : Suisse-Fictions, éditions Nectar 1982).
Avec plus de quarante textes reçus, dont les douze meilleurs sont présentés ici, cette prise de température de l'activité d'écriture de SF en Suisse romande montre clairement que nous sommes loin de la rémission : le virus s'est bel est bien installé durablement, même s'il demeure le plus souvent latent et ne provoque jamais de montées de fièvres extrapolatoires.
Et, si les auteurs des douze textes retenus ne sont pas tous des inconnus, on peut noter avec intérêt un renouvellement certain dans ce microcosme qu'est le milieu de la SF romande.
De fait, bien qu'il soit difficile de voir dans ce corpus une véritable « suissitude » du propos, une trame commune entre les histoires, nous avons désormais la preuve que la SF en Suisse Romande existe incontestablement.
C'est peut-être un territoire encore vierge, composé de très petits îlots qui, pris séparément, paraissent presque dérisoires - si minuscules, en tout cas, qu'ils ne sont pas répertoriés sur les cartes. Dans leur ensemble, ils forment pourtant comme une dentelle, à la limite de notre perception - un archipel du rêve.
P.G.
Sommaire
Patrick Gyger
Préface: un Archipel du rêve ?
Francis Valéry
À propos d'Arthur Rimbaud et de « La Cité entre les Mondes »
David Ruzicka
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François Rouiller
Homo delator
Vincent Gessler
La déesse blanche
André Ourednik
Après
Simon Koch
La machine
Frédéric Jaccaud
L'animal de compagnie
Jean-François Thomas
Le Recruteur
Laurence Scheurer
+d'amour
Laurence Rodriguez
Divergences
Bertrand Graz
Boullotton, âme électronique
Thomas Sandoz
Les instants mathématiques. Feuillets d'un carnet d'errance
Notices biographiques
Préface de Patrick Gyger
Un Archipel du rêve?
La Suisse n'est pas à une contradiction près, bon. Quand bien même. N'empêche.
Il est tout de même un brin étonnant de disposer en Suisse romande du seul musée de la science-fiction en Europe (à notre connaissance) alors que la production conjecturale dans notre région peut paraître particulièrement faible, du moins sur le plan littéraire.
Alors quoi ? Il n'existerait pas de science-fiction suisse (romande) et notre dame Helvétie ne serait apte qu'à procéder à la muséification en bonne et due forme des idées ?
Loin de nous l'ambition de nous engager sur un terrain aussi complexe, de tenter de radiographier le paysage SF romand dans son ensemble puis de le comparer longuement à ses pendants anglo-saxons ou francophones pour en tirer de savantes conclusions.
Toutefois, un nouveau coup de sonde s'imposait à l'aube du xxie siècle: la dernière (qui fut aussi la première) anthologie de science-fiction romande remonte à plus de vingt ans (L'Empire du Milieu: Suisse-Fictions, éditions Nectar), à laquelle on peut éventuellement ajouter le numéro spécial - relativement ancien - de la revue québécoise Imagine... (n°63, mars 1993) dédié à la SF en Suisse.
Archipel s'est donc associée à la Maison d'Ailleurs (Musée de la science-fiction, de l'utopie et des voyages extraordinaires, sis à Yverdon-les-Bains), pour réaliser ce recueil sous forme de concours de nouvelles, et ce afin de toucher un maximum d'auteurs hors du sérail traditionnel des adeptes de la conjecture romanesque rationnelle (selon les termes consacrés par Pierre Versins).
Avec plus de quarante textes reçus, notre prise de température de l'activité d'écriture de SF en Suisse romande montre clairement que nous sommes loin de la rémission: le virus s'est bel est bien installé durablement, même s'il demeure le plus souvent latent et ne provoque jamais de montées de fièvres extrapolatoires.
Les auteurs des douze textes retenus ne sont pas tous des inconnus: certains d'entre eux font figure d'institutions locales et étaient déjà présents sur les pages de L'Empire du Milieu en 1982 (François Rouiller et Jean-François Thomas), tandis que Francis Valéry pourrait passer pour un vieux routard du domaine (dizaines d'ouvrages publiés, nombreux articles rédigés, sans compter les magazines édités, qui font de lui un monument de la SF francophone, même s'il s'en défendra sans doute).
Mais, quoique l'on pouvait craindre un manque de renouvellement dans ce microcosme qu'est le milieu de la SF romande, il n'en est en fin de compte rien: vu l'âge moyen des auteurs, on ne peut s'empêcher de penser qu'un souffle nouveau (ne serait-ce qu'une brise légère) anime notre genre. Intérêt passager lié à ce concours uniquement ou lame de fond, l'avenir le dira.
Quoi qu'il en soit, force est de constater que la majorité de ces textes sont l'¦uvre de nouveaux venus: on ne peut qu'espérer que cette publication ne reste pas lettre morte, mais marque l'avènement d'une nouvelle génération d'acteurs de la scène SF locale. Ainsi David Ruzicka, lauréat de notre concours et dont la nouvelle sombre et mordante ne saura laisser indifférent, a récemment publié son premier roman (Personne, Le Presse-Temps 2003), tandis que Frédéric Jaccaud rédige un mémoire sur Albert Robida (Université de Fribourg) et Vincent Gessler anime depuis 2002 une rencontre mensuelle de fans, les « Mercredis de la SF » à Genève.
De plus, à regarder un peu plus loin que cette simple anthologie, la SF ne se porte pas trop mal dans notre pays, merci pour elle.
Plusieurs auteurs romands ont ainsi publié des ouvrages remarqués ces dernières années (en France, il est vrai, réalité éditoriale oblige), tels Olivier Sillig (Bjzeurd, L'Atalante 1995), Wildy Petoud (Tigre au ralenti, Destination Crépuscule 1997), ou François Rouiller (Après-Demains, L'Atalante 2002 et Stups et Fictions, Encrage 2002) tandis que Georges Panchard s'apprête à faire paraître un roman attendu depuis longtemps (aux éditions Imaginaire Sans Frontières en 2004). Ces écrivains sont encore plus nombreux si l'on fait fi de l'étiquette « Science-Fiction » pour s'intéresser aux textes eux-mêmes: on notera par exemple Jean-Marc Pasquet (Le don de Qâ, Jean-Claude Lattès 2001), Jacques Piccard (Preck, L'Âge d'Homme 2002) ou Jacques Neyrinck
(La prophétie du Vatican, La Renaissance 2003).
Parallèlement, la science-fiction entre également à l'université (à Lausanne essentiellement): tandis que Gianni Haver (Institut d'histoire économique et sociale) a organisé en 2001 un colloque en sociologie de l'image ayant fait l'objet d'une publication (De beaux lendemains ? Histoire, société et politique dans la science-fiction, Antipodes 2002), le prof. Danielle Chaperon donne depuis plusieurs années déjà des cours où l'imaginaire scientifique dans la littérature française tient une place prépondérante. Plusieurs mémoires de licence ont par ailleurs d'ores et déjà été rédigés sous sa direction dans le domaine (même si, bien sûr, l'on s'intéresse avant tout à des auteurs relativement classiques, tels Rosny aîné, Maurice Renard ou René Barjavel).
Et si l'on s'éloigne du milieu littéraire, la science-fiction romande semble avoir sérieusement pris de l'essor du côté artistique. Il suffit, pour en juger, de voir le nombre d'artistes suisses ayant récemment exposé à la Maison d'Ailleurs: Jean-Pierre Vaufrey, François Junod, Plonk et Replonk, John Howe, François Rouiller (encore !) ou H. R. Giger (qui, bien que Zurichois, a récemment ouvert son propre musée à Gruyères).
Donc, la SF suisse romande existe, même si on peine à nous croire (mais nous l'avons rencontrée une nuit sombre, le long d'une rue solitaire, alors que nous cherchions un raccourci que nous n'avons jamais trouvé). D'une façon ou d'une autre, présente-t-elle un visage particulier dans le paysage des littératures conjecturales ? Stéphane Nicot (actuel rédacteur en chef de Galaxies) n'y va pas par quatre chemins lorsqu'il écrit (dans Imagine... n° 63): « La SF de Suisse romande n'a (...) aucune spécificité littéraire par rapport à la SF française. » Francis Valéry fait au moins semblant de partager cet avis dans sa contribution qui ouvre le présent volume (la nature même de ce texte soulevant plus d'incertitudes qu'autre chose, on ne le croira qu'à moitié).
Difficile, en tout cas, sur une douzaine de textes comme ceux que renferme ce recueil, de voir une véritable « suissitude » du propos, une trame commune entre les histoires, même s'il serait tentant d'y rechercher des thèmes aisément associables à notre pays, tels que l'isolationnisme ou la bureaucratie omniprésente.
De fait, dans ses diverses études sur la SF en Suisse romande (dont son mémoire datant de 1985), Jean-François Thomas n'a jamais recensé de véritables leitmotivs dans les ¦uvres conjecturales helvétiques, sauf peut-être - mais est-ce propre à notre pays? - une certaine propension à la mise en garde, telle une écriture fonctionnant comme reflet de nos angoisses. Par ailleurs, selon lui la SF de Suisse occidentale « n'a jamais constitué un mouvement d'ensemble » et n'a même jamais pris conscience d'elle-même.
Ce n'est probablement pas avec cet ouvrage que les choses vont changer : l'époque n'est d'ailleurs plus aux grandes déclarations d'intention ou aux manifestes. Notre seul but étant ici de rappeler qu'en matière de science-fiction, la Suisse n'est pas une île déserte à laquelle ne se prêtent que de rares et vilaines robinsonnades ni une Atlantide au passé glorieux (de Léon Bopp à Rolf Kesselring en passant par Yves Velan, en tout cas), mais depuis longtemps disparue.
C'est peut-être simplement un territoire encore vierge, composé de très petits îlots qui, pris séparément, paraissent presque dérisoires (tellement minuscules, en tout cas, qu'ils ne sont pas répertoriés sur les cartes), mais qui, dans leur ensemble, forment comme une dentelle à la limite de notre perception - un archipel du rêve.
Bonne promenade sur ces terres nouvellement émergées.
Patrick J. Gyger
Ailleurs
octobre 2003
A propos de Science-Fiction. Quelques questions à Danielle Chaperon
Danielle Chaperon, professeur de littérature française à l'université de Lausanne, s'est intéressée depuis longtemps à la SF: ses cours (sur "récit, science et fiction" ) et ses publications (sur Camille Flammarion) sont une référence en la matière. A l'occasion de la parution de l'anthologie de SF de Suisse Romande dans la revue "Archipel", le Cultur@ctif lui a posé quelques questions.
LE CULTURACTIF : Danielle Chaperon, avant même la naissance de la SF, on pourrait dire que chaque fiction propose un monde imaginaire: une dose d'imagination de l'impossible est donc inscrite dans l'activité littéraire?
DANIELLE CHAPERON : Je ne crois pas qu'il soit utile d'opposer l'impossible au possible dans le cadre d'une tentative de définition de l'imaginaire propre à la SF. Il me semble que le genre a une fonction très spécifique : celle d'interroger les relations cognitives que l'homme entretient avec le monde qui l'entoure. La SF explore les conséquences de la maîtrise intellectuelle et technique que fournit le savoir rationnel. Cette interrogation sur les conséquences des découvertes et des inventions a la particularité de ne pas être menée de manière abstraite ou théorique : le récit de fiction, en effet, place les personnages - individuels ou collectifs - dans des situations très concrètes. Mais ce projet (interroger les relations entre les sciences et les hommes) et ce moyen (le récit de fiction) définissent imparfaitement la SF car on peut "dramatiser" la relation entre l'être humain et le savoir scientifique en situant celle-ci dans un cadre réaliste (comme a pu le faire Zola dans Le Docteur Pascal, par exemple). La SF prend un parti différent : elle fait varier - de manière "irréaliste" - l'un ou l'autre pôle de cette relation. Le personnage peut être un homme du XIXe ou du XXe siècle, mais ce peut-être tout aussi bien un Martien, un mutant ou un robot; son savoir peut être immense ou minuscule et le monde dans lequel il vit et agit peut être aussi différent de la Terre que Dune ou Solaris. L'imagination est nécessaire à l'invention de ces variations des termes de la relation cognitive (Homme-Savoir-Monde). Elle permet ainsi d'en dévoiler de nouveaux aspects.
Ne serait-ce que de par sa dénomination, on pense à la SF comme étant strictement liée à la modernité, à l'essor scientifique et à la révolution industrielle (et pourtant les premières oeuvres SF, dans l'espace francophone sont celles de Voltaire et De Bergerac). Est-ce que la science est vraiment indispensable à la SF?
La SF ne se distingue des autres récits de fiction que par la spécificité de son interrogation à propos de la rationalité scientifique. Car tous les romans permettent de mettre les (soi disant) "vérités générales" de l'idéologie à l'épreuve de la vie individuelle, à savoir de celle des personnages. Ces vérités générales sont tantôt morales ou religieuses, tantôt politiques, économiques ou philosophiques. Mais elles peuvent être tout aussi bien scientifiques. La SF est donc le genre qui se préoccupe tout spécialement de l'impact de la techno-science sur les individus et les collectivités humaines. La SF n'est pas un genre exotique que par rapport à ce qui est le propre du récit de fiction en général.
La SF peut aussi être considérée comme une projection en agrandi et en anamorphose des préoccupations, espoirs et angoisses de l'époque qui la produit. Est-il pertinent en ce sens de séparer une tendance technique et scientifique (voyages dans l'espace, mutants) d'une tendance métaphysique et existentielle (genre Solaris de Tarkovsky ou La Jetée de Chris Marker au cinéma)?
A l'aune du projet que j'ai tenté de définir ci-dessus, je dirais que l'on peut mesurer la réussite d'un uvre de SF au fait qu'elle articule sa problématique propre (les conséquences de la connaissance scientifique et technique pour chaque être humain) à des enjeux philosophiques larges. Toute évolution de la connaissance et des techniques a débouche sur des questions touchant à la liberté et à la responsabilité. Dans un "bon"roman de SF, le lecteur est invité à vivre psychologiquement et intellectuellement les conséquences d'une telle évolution, mais d'une évolution qui serait à la fois énorme, instantanée et surprenante - alors qu'elle est dans la réalité progressive, lente et annoncée. Le caractère hyperbolique des propositions scientifiques et techniques présentées dans les romans de SF produit un effet de distanciation qui devrait être propice à la réflexion.
Dans cette même idée, quels sont les motifs, thèmes, préoccupations émergents dans la SF des dernières années? Quels sont les liens directs avec le monde scientifique? Dans quelle mesure les thèmes nouveaux de la science ont-ils été intégrés dans la SF dans le passé et aujourd'hui?
La SF s'est développée dès que l'activité scientifique et technique commença à poser, en soi, problème ("en soi", c'est-à-dire plus seulement par opposition à d'autres savoirs, en particulier religieux). Très vite, certaines sciences de la nature sont apparues plus dangereuses que d'autres. Ainsi, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, tout ce qui a trait à la biologie humaine, à la médecine, à la chirurgie, effraye manifestement. Pourquoi ? Il semble que l'on s'inquiète de ce qu'un être humain puisse être l'objet d'une manipulation (rationnelle) par un autre être humain. Ce n'est pas un hasard si les débuts de la SF sont marqués par des noms de "Docteurs" : Frankenstein, Moreau, Jekyll, Lerne, Cornelius
Au cur de la SF, il y a peut-être cette question de l'instrumentalisation de l'homme par lui-même. Aujourd'hui la génétique a remplacé la chirurgie, mais ce sont les mêmes questions et les mêmes inquiétudes qui persistent. D'autres sciences ont fait et font encore les beaux jours de la SF : la physique, bien sûr, la physique nucléaire succédant à la mécanique et à l'électromagnétisme, mais là aussi, ce sont des peurs inchangées qui s'expriment face à la puissance des énergies disponibles. Certains savoirs, en revanche, semblent demeurer durablement inoffensifs : l'astronomie semble depuis trois siècles être peu susceptible d'applications dangereuses et sans doute peut-on expliquer ainsi l'engouement qu'elle suscite. Tout cela est très stable, malgré les bouleversements (physique quantique, relativité, génome
) que l'histoire des sciences a vécus.
La SF souffre-t-elle de problèmes de vieillissement spécifiques?
Les nouvelles thématiques (trous noirs, galaxies, bombe atomique, clonage
) ne modifient pas les interrogations centrales de la SF : quelle est la place de l'homme dans l'univers ? quelles conséquences son activité cognitive a-t-elle sur lui-même et sur le monde ? quelle liberté doit-il conserver par rapport à ce qu'il sait et à ce qu'il peut ? quelle responsabilité a t'il par rapport à la nature et par rapport à sa propre nature ? La SF ne se périme pas plus (et pas moins) que les autres récits de fiction. Nous continuons à lire La Chartreuse de Parme, même si les murs sexuelles ont changé; nous continuons à lire les aventures de Sherlock Holmes, même si les techniques d'investigation ont progressé. Et nous continuons à lire Wells ou Asimov, même si les sciences ont évolué. Car l'essence de ce qui est en jeu dans ces récits - l'amour, le crime, le savoir - ne change pas, et continue de nous questionner.
Quelle est la place de la SF dans la littérature française (et, le cas échéant, dans la littérature suisse francophone)? A-t-elle un statut très différent dans d'autres littératures (on pense en partiuclier à l'anglo-saxonne, "from H.G. Wells on"?
Le roman français (et anglais) a eu à l'origine de la SF un rôle pilote . Le roman scientifique des années 1860-1920 a été particulièrement novateur. A t'on vraiment fait mieux en matière d'extra-terrestres que J.-H. Rosny aîné, j'en doute. La SF américaine a pris le relais après la seconde guerre mondiale, et l'a sans doute conservé malgré la rénovation libertaire et écologiste du genre dans les années 1970 en France. La SF francophone n'a plus aujourd'hui un rôle de premier plan, mais la cause n'est sans doute pas à rechercher au sein de l'histoire interne du genre. La SF francophone européenne pâtit d'un mal plus général : la "grande" littérature française n'a toujours pas renoué avec le romanesque, avec l'aventure, avec l'imagination, bref avec la Fiction. Les littératures anglo-saxonnes (et d'autres, très importantes, comme la littérature hispanophone) ne souffrent à l'évidence pas du même syndrome.
C@S
Archipel, par Pierre Lepori
La rivista "Archipel", fucina di giovani talenti afferente alla facoltà di lettere dell'università di Losanna, prende i suoi bei rischi, proponendo numeri monografici intesi a sondare i vari generi di scrittura in Svizzera romanda. Diciamo rischi, perché il numero precedente all'attuale - dedicato alla letteratura gay- non aveva dato i risultati sperati, forse essendo ancora un po' presto per un tal esercizio. Discorso diverso per questa nuova antologia, dall'allettante titolo ÎLES SUR LE TOIT DU MONDE, realizzata con la consueta cura grafica, in collaborazione con la Maison d'Ailleurs, il museo di fantascienza con sede a Yverdon. E' il suo direttore, Patrick Gyger, ad introdurre il volume con uno sguardo storico e territoriale sintetico ma efficace, prima di aprire la danza dei racconti. Dodici autori, su quaranta che hanno proposto i loro testi alla redazione sono presentati nel volume. Ad apertura di partita, François Valéry costruisce un divertente meta-racconto su se stesso alle prese con l'antologia in cui si trova e impartisce qualche colpo preliminare contro la possibilità di una scuola romanda di SF. Se non c'è forse una scuola romanda, i racconti che seguono hanno però almeno molti tratti comuni: predomina una fantascienza dagli spiccati tratti sociali - tra Bradbury a Sheckley, nelle varianti poetica ed ironica: si vedano i romantici racconti di Vincent Gessler e Laurence Scheurer, in cui gli eroi riscoprono l'amore nel regno delle tecniche più ricercate di simulazione virtuale, oppure il minimalismo meno ottimista di Frédéric Jaccaud. Da sottolineare la presenza abbastanza insistita del cybersex in più di un racconto, ma anche qualche incursione nella space opera più fantasiosa con Jean-François Thomas o Thomas Sandoz. La palma del racconto più "svizzero-plausibile" potrebbe andare, in questo contesto al riuscitissimo Homo delator di François Roullier: in un ambiente automatizzato in cui predomina il cinismo più sofisticato, un impiegato silurato si vendica e sconvolge la somma pace del lavoro, prima di essere re-integrato, in un modo davvero paradossale. Ma quasi tutti i dodici racconti - ed è caso raro per un'antologia - hanno qualcosa di intrigante o divertente.
Pierre Lepori
http://www.rtsi.ch/
© Rete2 (RSI)
17.12.2003
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