Michel Bühler
Michel Bühler, Lettre à Menétrey, Bernard Campiche Editeur, 2003

Michel Bühler / Lettre à Menétrey

Dans la Lettre à Menétrey, Michel Bühler s’adresse à un ami, mort il y a deux ans. Bilan d’une vie et d’une amitié. Portrait aussi d’un «pays qui dort» (la Suisse) et, en pointillé tout au long du récit, un voyage dans les Territoires Occupés, en Palestine. Une fois de plus, Michel Bühler frappe par sa générosité, sa façon pudique, mais ferme, de dire les choses de la vie. Émergent aussi de ce livre le portrait attachant d’un homme hors du commun et l’histoire d’une grande amitié.

La pente est rude; on a quitté la plaine, le trafic, et maintenant, la route se faufile entre les forêts déjà rougies par l’automne. Le village est là, comme figé, posé sur le replat. Dernier chemin à droite, derrière la scierie. Une maison aux murs blancs, Bühler, Michel, à la porte.
François, le grand-père, a jeté la première pierre contre le mur de l’usine, un soir où la canaille s’en était venue protester. Les yeux malins, dans son cadre en bois, on l’entendrait presque houspiller le monde, les nantis. C’est une tradition: chez les Bühler, les hommes gueulent. Michel est le dernier, il a choisi de gueuler à travers ses livres, ses disques, sur les scènes de théâtre. Mais le pays n’aime pas trop ceux qui gueulent. Le pays est «propre en ordre», sourd, juste ce qu’il faut, le pays dort.

Michel Bühler est du pays; il a vu le monde, rencontré des hommes justes et bons, il en a vu de moins justes et de moins bons. Et il le dit, et il dérange. Il a choisi de dire sa vérité. Et, forcément, de passer pour un gêneur.
Il a cinquante ans passés, Michel Bühler, dont trente, quarante peut-être, à s’user la voix pour quelques-uns, pour ceux qui savent encore écouter, rire, boire et chanter. François disait que «cinquante ans de vie, c’est cinquante ans d’espoir».

Roger Jaunin

Michel Bühler, Lettre à Menétrey, Bernard Campiche Editeur, 2003.

 

Extraits de presse

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Dans ces lignes émouvantes qui sont consacrées à l'ami disparu, on sent bien qu'ils étaient, tout deux, [Menétrey et Bühler] entier et purs. "D'une certaine manière, c'était un peu mon double."

Menétrey, c'est encore le fil rouge de ce livre. Où, au gré de ses humeurs, Michel se raconte, se souvient, se révolte [...] "Pour moi, c'était une façon de dire : voilà comment je vois le monde aujourd'hui. Tout en sachant que je ne détiens pas la vérité. Mais ça faisait un bout de temps que j'avais envie d'écrire quelque chose qui soit branché sur l'actualité.

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Naïf, Bühler ? "Forcément, il y a des gens qui vont le penser." Mais il s'en fout et il a raison. Idéaliste, certainement, ce qui n'est, hélas, pas une valeur à la mode. [...] Il y a bien sûr des choses qui vont mieux, comme les progrès de la médecine. Mais, pour le reste, je suis fâché, déçu. On aurait pu mieux faire, Je ne suis pas désabusé, mais il me semble, quelquefois, que le monde va droit dans le mur."
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Aimé Corbaz
Le Matin
http://www.lematin.ch/
24.08.03

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Bon vivant, habité, parfois, de discrètes angoisses, Menétrey était à la fois épicurien et râleur, se lançant dans des discussions philosophiques plus proches de l'anarcho-surréalisme que de Platon.

Au fil de son cheminement intérieur, Bühler nous emmène dans ses voyages au Hoggar, dans les territoires palestiniens (parfois en compagnie de Menétrey). Il exprime, avec une authenticité qui lui est familière, la présence des vibrations de la nature, les moments de bonheur liés au silence du désert, un dialogue avec les arbres, le bord mouvant de la mer avec "la conscience claire d'appartenir, élément minuscule, à la création".

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nous retrouvons un engagement et une dynamique de Bühler [...] à savoir sa révolte contre [...] les "ploutocrates", qui ne réalisent rien d'autre que "l'accaparement des richesses planétaires par une bande de forbans". Bühler s'en prend particulièrement aux "number one" d'outre-Atlantique.
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Henri-Charles Tauxes
24Heures
http://www.24heures.ch
12.09.03

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L'auteur [...] nous donne un ouvrage abouti où alternent des pages truculentes, souvent drôles, et des souvenirs, parfois émouvants, dont la nostalgie retenue, jamais cafardeuse, se mue volontiers en explosion de joie face à la beauté du monde.

Dans chacun de ces chapitres, Menétrey est présent, sans pesanteur. Lorsqu'il se remémore des événements auxquels l'ami qui n'est plus n'a pas pu participer, le chroniqueur poursuit avec lui un dialogue muet, comme une petite musique qui jamais ne disparaît complètement.
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Michel Buenzod
Gauchebdo
http://www.gauchebdo.ch/
03.10.03

La Lettre à Mentérey est à la fois un livre d'amitié, de bourlingue, de nostalgie et de colère. Le meilleur de son auteur !

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D'aucuns dauberont sur les idéaux réaffirmés de notre "gaucho errant", assez peu tendance en dépit de son ralliement naturel à l'altermondialisme, mais nous serions plutôt tenté de tirer notre chapeau à ce démocrate conséquent (qui fut à ce titre des constituants vaudois) pour qui la lutte contre l'injustice reste une valeur de base, et qui nous rappelle que la défense de la liberté et de la dignité humaine fait partie d'une vision du monde et d'une façon d'être civilisé.

A cet égard, la lettre de Menétrey va bien au-delà de la profession de foi : vers la mise en lumière de mille petits faits et petits gestes humains qui modulent ce qu'on pourrait dire le chant du monde et son partage fraternel. Ainsi parle-t-il admirablement du bonheur rare et profond qu'il a éprouvé un soir dans le désert, près de Tazrouk (en un lieu découvert par Menétrey et sa première femme Anne-Catherine), où il s'est senti sur une planète enfin sienne ("Je grandissais jusqu'aux limites du paysage, j'étais le paysage"), de même qu'il nous touche en évoquant sa mère nonagénaire qui l'aide à "tenir debout", sa douce amie ou tous ceux que Georges Haldas disait faire partie de la "société des êtres", avec une franchise et un naturel sans ostentation, entre le tout proche et le très lointain, le journal de ce matin et l'étoile de Menétrey...

Jean-Louis Kuffer
24Heures
http://www.24heures.ch
30.09.03

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Humain. Voilà le mot magique, celui qui constitue le vrai drapeau du poète vaudois, tout à la fois, compositeur, chanteur, homme de théâtre et écrivain. Un humain qui appelle ses semblables à vivre de "solidarité, de bonté et de compassion", qui pourfend le fric, ses maîtres et ses valets, qui revendique ses coups de blues comme ses coups de gueule, qui vous prend au plus profond de soi pour chanter la beauté du monde, de la fraternité et de l'amour.
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Bruno Clément
Le Courrier
http://www.lecourrier.ch/
18.10.03

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L'âge et l'expérience n'ont en rien calmé les ardeurs du chanteur et écrivain rebelle. D'autant plus que "ce qui devrait être normal, la marche vers le meilleur, est tombé de nos jours dans le domaine de l'utopie". Les 4x4 qui paradent à Verbier? "Le symbole parfait et méprisable de la religion du superflu, de la consommation, de l'égoïsme le plus vulgaire."

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Il est comme ça, Michel Bühler, généreux, parfois excessif peut-être, voire naïf, mais toujours intègre et libre.
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Eric Bulliard
La Guyère
http://www.lagruyere.ch/
20.11.03