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Pierre Voélin
Pierre Voélin, La nuit accoutumée, Editions Zoé 2002

Retrouvez également Pierre Voélin dans nos pages consacrées aux auteurs de Suisse.

  Pierre Voélin / La nuit accoutumée
 

ISBN 2-88182-459-5

 

Pierre Voélin aborde, dans une suite de méditations, tantôt brèves et concentrées, tantôt fragmentaires, diverses et inquiètes, les questions les plus actuelles de notre présent en décomposition. Il attire notre attention sur le sens des mots, l'emploi juste et cohérent d'un langage capable de relier entre eux les hommes, les dieux, le monde. Travaillant au champ de mémoire, il sait que les mots se prêtent au pire mensonge et que c'est par là qu'Auschwitz a commencé.

Il éveille notre vigilance sur la terreur régnante, aussi ordinaire qu'autoritaire, qui brise le temps et la mémoire, tue la sensibilité, compromet le silence et le rêve, même rassure à court terme.

Il propose une manière autre d'être présent au monde: les yeux ouverts sur le proche et le quotidien - merles et moineaux, herbes et poussières des routes -, un souci du silence et de la prière - comme du pain et du sel posés sur la table-, la « recherche d'une vérité de survie ».

ll s'appuie, lui, sur l'exemple d'Antigone, de Mandelstam ou de Charlotte Delbo, le vent salubre de Rimbaud, la royauté oblique et secrète de Charles- Albert Cingria. À sa suite, que chacun crée ses propres litanies afin d'inventer un espace solidaire où s'activerait une « main couturière ».

D.J.


Poète de la frontière, Pierre Voélin, originaire de la Franche-Comté, a passé son enfance et son adolescence à Porrentruy. Il a publié, depuis quinze ans, six livres sous la forme de «suites poétiques» et quelques brefs essais. L 'œuvre en prose était jusqu'à ce jour inédite.

Pierre Voélin, La nuit accoutumée, Editions Zoé 2002.

 

  Extrait de : La nuit accoutumée

aux habitants de Sarajevo - pour qu'ils survivent

Une écriture de pierre et de verre, le souffle prisonnier dans le cristal de roche, le mica, la sylvanite - à placer sous le signe de la mémoire, de la survie d'une humanité infiniment blessée.

Ecriture née dans les ruines, y retournant, se déployant à partir d'elles seules. Psaumes brefs, sourdement éclairés par le sang, adroitement reliés, paroles à demi étranglées par le flot des larmes - tant de larmes !

On la voit suivre des yeux la cohorte des vaincus, des humiliés, des offensés. Elle songe le partage des peuples, déportés, assassinés à chaque tournant d'un siècle d'épouvante.

Ecriture qui ne fera pas le deuil, elle, drapée dans l'infini du deuil pour cette raison que "tous les poètes sont des juifs", selon le mot de Marina Tsvétaïeva.

Et pas d'autre sens que celui d'une expiation. Elle longe le silence des victimes. Elle épouse chacune de leurs ombres. Elle demande pardon avec les dents et la glotte des bourreaux.

Extrait de : La nuit accoutumée, Editions Zoé 2002.

 

  Extrait d'une Lecture donnée par Pierre Voélin

Courts extraits d'une Lecture de Pierre Voélin à la librairie Albert-Le-Grand, le 28 juin

[...] mon livre est d'abord et avant tout un livre d'éloge et de célébration ; j'y célèbre, dans le désordre : Gandhi, Socrate, Michaux, Cingria, Borgeaud, Quignard (son style), la merveilleuse Emily Dickinson, Gérard Maley Hopkins, Jaccottet, Saba, Rimbaud, Cioran (son écriture), Monique Saint-Hélier, Charlotte Delbo, Perec, Pascal, Montaigne, Brautigam, Nicolas Bouvier, Ossip Mandelstam, les Jean : Paulhan, Joubert, Grosjean, Starobinski, Georges Schehadé, Baudelaire, La Fontaine, Cristina Campo, Pierre Michon, Henri Thomas, Giacometti, Ozu, Andreï Tarkowski, Renoir, Char, etc, etc...

et ce poète René Char - que j'aime depuis mes seize ans, écrit :

"Si l'homme parfois ne fermait pas souverainement les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut d'être regardé"

Qu'est-ce à dire ? Deux mouvements : l'un de fermeture qui en commande un autre, d'ouverture; reconnaître et aimer d'une part ; refuser de l'autre ; mon livre est tissé de ces deux mouvements : mais où sont les lecteurs dans un monde de bruts de mieux en mieux aménagés pour des bruts ?

[...]
"Je ne suis pas un nom" avait coutume de dire Cingria; eh bien, moi non plus je ne suis pas un nom... Je me souviens du plaisir qui fut le mien en arrivant à Fribourg, en 1976, de savoir que Cingria y fut des ans - dans une indifférence à peu près complète. Seuls les étudiants de Belles-Lettres eurent l'idée saugrenue de lui demander un texte sur leur ville et ce sera les délicieuse Musiques de Fribourg. Quelle idée, n'est-ce pas, demander un texte à un écrivain ! Quand on est poète vivant dans ce pays, éprouvant chaque jour l'amour démesuré que les citoyennes et les citoyens portent à la littérature et à ses représentants, il est difficile de ne pas se projeter dans cette admirable figure de poète. Lui et moi, pour tout dire, nous échangeons d'abord, ici, des fous-rires... On se souvient : "Ce Fribourg, dans le fond, c'est un patelin de gens terrés dans un fromage... etc...etc..."

Je vais vous lire un texte à lui consacré (p.109): D'une royauté secrète....

alors que je suis roi...
Charles-Albert Cingria

[...]
Roi, il le fut, selon la lumière et le vent, selon les routes qui transpirent sous les nids d'étoiles, selon le murmure des roseaux à des carrefours, la nuit, dans la poussière des venelles de toscane, dans la traversée, à d'autres heures, tous feux éteints, de petites villes et de villages quelque part le long des basses terres de Champagne pouilleuse...

Extrait de : La nuit accoutumée, Editions Zoé 2002.

 

  Extraits de presse


La nuit accoutumée

Poète aux origines jurassiennes et à la moustache incisive, Pierre Voélin nous livre avec "la nuit accoutumée" une pensée en marche, intense et inquiète.
[...]

De Sarajevo au rôle de la poésie aujourd'hui [...]Voélin nous prête son regard inconsolable, pudique, plein d'une empathie presque lyrique.
[...]

Pierre Voélin, La nuit accoutumée, Editions Zoé 2002.


30.05.02

Voélin, autoportrait en pourfendeur

Connu jusqu'ici surtout comme poète à la parole exigeante, qui ne craint pas de creuser le silence et d'éprouver le lecteur, l'intellectuel nous revient aujourd'hui avec un essai.

C' est une suite de méditations, de proses fragmentées, fruit d'une réflexion inquiète sur l'Histoire, son long cortège de barbarie, et notre présent menacé de décomposition. Il y a chez ce poète de la frontière, natif de Porrentruy et enseignant de longue date à Fribourg, un petit côté Léon Bloy, écorché vif au verbe mystique, contempteur des lâchetés et conformismes d'aujourd'hui.
[...]

Alain Favarger

01.06.02

 

Page créée le 27.06.02
Dernière mise à jour le 27.06.02

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