Jean-Jacques Langendorf
La nuit tombe, Dieu regarde, Editions
Zoé.
Retrouvez également
Jean-Jacques
Langendorf dans nos pages consacrées
aux auteurs de Suisse.
Jean-Jacques
Langendorf/ La nuit tombe,
Dieu regarde |
ISBN 2-88182-418-8
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Eté 1914, L'Emden, un
croiseur allemand, sillonne la mer de Chine et l'Océan
Indien pour y couler les navires ennemis. A son bord,
Hohberg, un baron autrichien et arabisant qui a longtemps
fait du renseignement pour Vienne grâce à
sa connaissance des langues et des civilisations proche-orientales.
Pendant ce voyage, Hohberg
revoit son enfance au Caire où il a contracté
le "virus arabe", son château de famille
en Basse Autriche, ses randonnées à
cheval en Moravie et en Bohème... L'Histoire
défile, des champs de bataille bohémiens
de 1866 à ceux de la Première Guerre
mondiale, des ports de Tsing Tao à ceux de
Penang, Madras ou Trieste, des venelles du Caire à
celles d'Alep et de Saana, des combats des Jeunes
Turcs à Constantinople à ceux de Berlin,
en 1919. Et à travers Hohberg, de plus en plus
las de la guerre et de la politique, c'est la vieille
monarchie austro-hongroise qui rejoint, dans son agonie,
l'empire ottoman.
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En se basant sur un fait historique, Langendorf rend visible
le goût de la guerre dans les profondeurs de l'homme
archaïque. Mais en contrepoint de la fureur belliqueuse
s'affirme le personnage de l'orientaliste. Pendant ce temps
Dieu regarde et prend une décision inéluctable.
Jean-Jacques
Langendorf, écrivain et historien, est né
en 1938 près de Genève et vit en Autriche.
Auteur de plusieurs romans et recueils de nouvelles, il
a aussi publié des ouvrages consacrés à
la tactique et à la stratégie, à la
marine austro-hongroise ainsi que des biographies.
Un roman historique ample et passionnant
/ Un
article du Passe-Muraille signé Francesco Biamonte
La nuit tombe, Dieu regarde, Editions
Zoé.
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Article
d'Isabelle Martin / Le Temps |
En 14-18, Dieu est mort et
la guerre a tout tué
L'historien militaire et romancier
Jean-Jacques Langendorf se fait visionnaire pour raconter,
avec la fin des empires austro-hongrois et ottoman, celle
d'une certaine idée de la civilisation. Superbe !
....Construit en trois parties, La
Nuit tombe, Dieu regarde est à la fois un récit
d'aventures et un roman métaphysique où se
chevauchent passé et présent, récit
indirect et passages en italiques; ces derniers se partagent
entre l'autobiographie de Glaser et les interventions du
mystérieux personnage de l'ange, "Dieu déchu"
dont la progressive incarnation va de pair avec la longue
agonie de l'humanité, qui s'épuise en des
combats où font désormais défaut l'esprit
d'initiative, la force de caractère et l'imagination.
On retrouve là le pessimisme de l'écrivain
conservateur convaincu pour qui le progrès se situe
dans le passé: "Abîmer en voulant faire
mieux, c'est sans doute cela le progrès", fait-il
dire à un Hohberg désabusé. En panne
dans le désert du Yémen, jouet des bizarreries
du destin qui le confronte à des imbroglios à
triple ou quadruple fond, le baron finit par retrouver la
paix de l'âme en s'abandonnant à la fatalité:
il se résout à n'être plus ce passager
furtif, ce spectateur qui regardait les choses à
distance. C'est sans regrets qu'il quittera, à son
retour dans Berlin insurgé, un monde dans lequel
il se sent englué.
.......le livre abonde en portraits
de personnalités connues (Enver Pacha) ou d'individus
ordinaires saisis dans leurs spécificités
physiques et morales, en notations sur les paysage de Moravie
ou de Galicie, les rues de Sanaa ou du Caire - sans oublier
quelques récits mémorables distillés
par un conteur au mieux de sa forme.
Jean-Jacques Langendorf, La Nuit tombe,
Dieu regarde, Zoé 318 p.
Isabelle Martin
25.11.00
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Article
de Jean-Bernard Vuillème / 24
Heures |
Carte d'identité
Jean-Jacques Langendorf
Naissance.
En 1938 près de Genève. Il vit en Basse-Autriche
Ecrivain
atypique. Il a rédigé aussi bien
de nombreux ouvrages historiques, en allemand et en
français, que des ouvrages de stratégie
et de tactique militaires, des biographies, des romans
et des nouvelles.
Film.
mercredi 6 décembre, à la salle Paderewski
du Casino de Montbenon: un film de la série
Plans-Fixes, Jean-Jacques Langendorf, de la bombe
à la couronne. Intervention de Bertil Galland.
Entrée libre.
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Histoire d'humains sur la mer de Chine
et l'océan indien
La Grande Guerre sous le regard
de Dieu
Historien militaire d'une grande
érudition et romancier ambitieux, Jean-Jacques Langendorf
prête une dimension mythique à l'aventure du
croiseur allemand l'Emden.
La nuit tombe, Dieu regarde. Ce titre
énigmatique résume toute la vision de ce roman
historique passionnant. Sur quoi la nuit tombe-t-elle ?
Sur des valeurs anciennes comme l'honneur, la loyauté,
le sens du devoir et de la responsabilité, une idée
de continuité manifeste dans le culte des ancêtres.
Malgré sa diversité, un univers régi
par des codes de comportement fait naufrage. L'activité
guerrière elle-même ("favorite de l'humanité")
fournit des signes de cette décadence morale, visible
par exemple dans le fait que "le noble art" se
métamorphose en massacre organisé. Et pourquoi
la nuit tombe-t-elle ? Pas parce que le Reich allemand a
perdu la Première Guerre mondiale, ni même
parce que le vaincu s'est vu infliger des conditions humiliantes,
mais parce que Dieu, pris de lassitude et de désespoir
à force de regarder, décide de chuter, c'est-à-dire
d'entrer littéralement dans l'humain. Ce n'est pas
la venue d'un nouveau rédempteur, tout juste Dieu
réduit en humanité "et au moment où
je serai avec elle, dit-il, je ne serai plus pour elle".
Les hommes, sans retour possible, sont alors engagés
sur la voie d'une longue et cruelle agonie.
Des héros défaits
Etonnante vision mystique, quasi
manichéenne, pour un historien militaire comme Jean-Jacques
Langendorf ! Il se trouve que cet historien, étourdissant
d'érudition, se double d'un romancier autorisé,
lui, à pousser les faits, fussent-ils historiques,
du côté d'une hypothétique interprétation
de l'histoire, laquelle semble d'ailleurs déborder
des personnages, ces héros défaits, plutôt
qu'émaner d'un auteur dont la religion serait faite.
Il n'y a plus de place pour des héros de cette trempe,
et Langendorf ne saurait mieux le signifier qu'en abandonnant
le lecteur sur la scène du personnage central de
son roman, le baron autrichien Hohberg, en train de se brûler
la cervelle. Le nationalisme allemand renaissant dans les
cendres de la défaite, bientôt voué
à la barbarie, exclut un patriotisme comme le sien.
Cette décadence aurait commencé à l'issue
du premier conflit mondial, qui la portait en germe, avec
la vision sous-entendue que nous serions encore occupés
à en savourer les fruits amers, comme si le monde,
du moins un certain monde, s'était effondré
en même temps que la vieille monarchie austro-hongroise
et l'empire ottoman.
L'aventure de l'Emden
L'aventure de l'Emden, un croiseur
allemand sillonnant la mer de Chine et l'océan Indien
pour y couler les navires ennemis, sert de fil conducteur
à ce roman ambitieux. Il traque ses proies, arraisonne
les cargos chargés, embarque équipages ennemis
et marchandises avant de couler leurs bateaux au nez et
à la barbe de la flotte britannique. Entrecoupées
d'escales et des exténuantes corvées du charbonnage,
ces scènes de violence maritime se succèdent
jusqu'à devenir routine, mais le chasseur risque
bien sûr constamment d'être à son tour
chassé. L'Emden n'y échappera pas, et l'aventure
des officiers et de l'équipage rescapés se
poursuivra sur terre, dans des conditions encore plus rudes.
Un roman était-il bien nécessaire
pour narrer cette équipée historique déjà
traitée par des historique, dont Jean-Jacques Langendorf
lui-même ? La réponse est oui, sans l'ombre
d'un doute, en tournant son ultime 315e page. Au-delà
des faits historiques, l'auteur prête une dimension
quasi mythique à cette aventure et à ses principaux
acteurs, le capitaine von Müller, son second von Mücke
et surtout Hohberg, "un passager furtif aux fonctions
mal définies, mi-civil mi-militaire". Ce polyglotte
pétri de culture arabe participe de la guerre et
de sa brutalité en même temps qu'il revit son
enfance et que l'histoire défile dans sa mémoire.
Laquelle constitue en quelque sorte la structure du roman,
qui en contient plusieurs. C'est un superbe personnage littéraire
interrogeant l'histoire et l'humain comme seul un roman
peut le faire.
Jean-Jacques Langendorf, La nuit
tombe, Dieu regarde, Editions Zoé, 315 pages.
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Jean-Bernard Vuillème
5 décembre 2000
Sur Internet :Association Films
Plans-Fixes http://www.filmnet.ch/pf/pf_1177.htm
Page créée le: 09.10.01
Dernière mise à jour le 09.10.01
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