Nous présentons ci-dessous
des extraits de quatre dossiers consacrés à
des écrivains:
Peter Bichsel
- Milena Moser
- Christian Uetz
- Federico
Hindermann
Peter
Bichsel
Le plaisir de se raconter le
monde
par Daniel Rothenbühler
Extrait de l'entretien
[
]
- Comment voyez-vous aujourd'hui l'événement
littéraire qu'a représenté la parution
du Laitier en 1964?
- C'est très loin. Il m'arrive
lors d'un nouveau tirage de ce livre de le feuilleter et
de m'étonner de ce que ce jeune gars a osé
faire à l'époque. Du culot qu'il a eu. Mais
le succès de ce livre est dû à des malentendus.
Il fut porté aux nues en Allemagne par Marcel Reich-Ranicki,
un critique marqué par une conception réaliste.
Il a décelé dans ces histoires un réalisme
du quotidien qui n'a rien à voir avec elles.
- Est-ce pour cela que Reich-Ranicki
et la critique allemande avaient plus de peine avec votre
deuxième livre, Les Saisons?
- Ce roman est le livre le plus conséquent
que j'aie écrit. C'est par lui que j'ai réagi
à mon succès, ou plus précisément,
au malentendu à l'origine de ce succès.
- Après le succès du
Laitier et l'échec des Saisons, vous semblez vous
être cantonné dans la petite prose. C'est seulement
avec Chérubin Hammer que vous avez renoué
avec la grande prose des Saisons
-
et subi un insuccès
encore plus grand, un fiop retentissant. Aucun de mes livres
ne s'est aussi mal vendu. Je ne m'en plains pas. J'aime
bien ce livre. Mais je suis effectivement un auteur de petite
prose. C'est une question de tempérament. J'adore
les grands romans. J'adore par exemple les gros livres de
Jean Paul. Mais je pense que je les lis comme grands recueils
de petite prose. La grande prose en tant que telle ne m'intéresse
pas, car que je ne saisis pas son unité. Je vis ici
dans un désordre total (il montre son bureau), j'ai
perdu la vue d'ensemble, j'aimerais au moins la garder en
écrivant mes textes.
- Votre prédilection pour
la petite prose est-elle aussi due à votre plaisir
du commencement? Chacune de vos publications implique un
nouveau départ et la structure de vos textes est
marquée par des redémarrages.
- Commencer, c'est affreux. Personne
ne trouve facilement un début. Il n'y a pas d'exception.
Or, l'auteur de la petite prose est condamné à
redémarrer tout le temps. Il sait le faire. Ou plutôt,
il a l'habitude de cette peine. Le romancier par contre
a besoin d'un seul démarrage et puis il a du travail
pendant trois ans. Cela me semble plus confortable.
- Le romancier est-il moins bousculé?
- Dans l'athlétisme il y a
les coureurs de fond. 10000 mètres. Marathon. Merveilleux.
Si j'étais un coureur, je ferais du marathon. Mais
je serais toujours le dernier, car je prendrais trop de
plaisir au parcours, je serais trop lent. Or, on pourrait
dire que le romancier est le coureur de fond et que l'auteur
de la petite prose est le sprinter. Mais ça n'est
pas vrai. L'auteur de la petite prose n'est pas sprinter,
il est coureur de fond sur courte distance. Quand Johann
Peter Hebel commence une de ses nouvelles, on a l'impression
que cela prendra deux cents pages. On s'installe confortablement
et au bout de vingt lignes c'est fini. Mais ça a
commencé comme un grand roman. Ecrire c'est gérer
le temps, c'est une question de patience. Lire également.
Les gens impatients sont perdus pour la lecture.
- Que faites-vous des lecteurs qui aiment
lire des textes qui n'en finissent pas et qui sont déçus
que le vôtres prennent fin si vite?
- J'en fais partie. Je connais la
frustration du lecteur à la fin d'un livre. Non (avec
un rire), je n'écris malheureusement pas pour des
gens qui sont comme moi. De l'autre côté il
y a les professeurs d'école qui abusent de la petite
prose. Très bien, pensent-ils, voilà quelque
chose de bref, cela remplira bien une leçon. Quel
malentendu. Mais celui qui n'aime pas les malentendus ne
devrait pas commencer à écrire. Un auteur
qui cherche à éviter les malentendus fait
de la mauvaise littérature.
- Des malentendus, il y en a plusieurs
auquels vous vous voyez confronté. Que répondez-vous
à ceux qui croient que vous faites de la littérature
au service de vos convictions politiques?
- Je me suis engagé dans le
parti socialiste. J'ai écrit pour le Conseiller fédéral
Willy Ritschard. J'ai été journaliste. Tout
cela m'a fait prendre des responsabilités. Je suis
un homme responsable. J'ai été instituteur.
Je suis devenu père très jeune, à l'âge
de vingt ans. Je ne me suis jamais débarrassé
de ces responsabilités. Et un homme responsable ne
peut pas être un grand auteur. Je ne suis pas un grand
auteur. Je ne suis pas assez fou pour cela. Je porte l'étiquette
de l'auteur politique, mais je n'ai jamais cherché
à le devenir. Au départ je voulais devenir
un auteur tout à fait irresponsable. Mais je n'y
suis pas arrivé, pas en tant que personne, pas dans
cette société. Je ne peux rien y faire. Il
me manque la grandeur de la folie.
- C'est un peu ce que vous avez écrit
sur Gottfried Keller et son Martin Salander. Ne fut-il pas
un très grand auteur?
- Keller était un petit-bourgeois.
Il s'est allié à ce fumier d'Alfred Escher,
contre la démocratie. Et Martin Salander est le document
de l'échec non seulement du radicalisme du XIXe siècle,
mais de l'homme politique Gottfried Keller. C'est un document
du désespoir. C'est pour cela que j'aime ce livre.
Oui, Keller était un petit carriériste. Mais
il avait une qualité qui me fait défaut, c'est
l'irresponsabilité complète. C'est un auteur
irresponsable. Il ne se soucie pas des droits de l'homme,
mais seulement de la justesse du ton. Merveilleux. C'est
un grand auteur.
[
]
L'intégralité de cet
entretien, précédé d'une présentation
de Peter Bichsel par Daniel Rothenbühler et suivi d'un
texte de l'auteur inédit en français, est
disponible dans la revue Feuxcroisés No 6.
Federico
Hindermann
Poèmes
Quanto silenzio
Quanto silenzio bisogna
aver ascoltato, quanto cielo negli occhi
avuto per risentire di là dalla stanza
la luce che allora faceva cantare sopra la boccia
i fiori di pisello appena colti
levati in volo sui verdi
raggi rifratti dei gambi,
e palpitare il vento d'ali di farfalle
rosa, turchesi, una stravolta, bianca
sorpresa in sogno.
Quanti giorni d'inverno indifferenti
durare dietro la porta socchiusa sperando
che trasalga quella voce ancora
e che non invano
vi saremo vissuti vicino.
|
Que de silence
Que de silence il faut
avoir écouté, que de ciel eu dans les
yeux
pour percevoir encore au-delà de la pièce
la lumière qui faisait alors chanter sur la
carafe
les pois de senteur fraîchement cueillis
envolés sur les verts
rayons réfractés des tiges,
et le vent palpiter d'ailes de papillons
roses, turquoise, blanc l'un d'eux chaviré,
surpris en rêve.
Combien de jours d'hiver indifférents
endurer derrière la porte entrouverte en espérant
que tressaille encore cette voix
et que nous n'aurons pas vécu
près d'elle en vain.
|
|
|
Che
carezza
Che carezza sfiora le case,
polline rosaverdino dorato
sciama, si posa, mi vela la vista
come allo sposo la sposa;
dalle cimase vicine dei tetti
la brezza officiante preliba profumo
festoso di campi, di orti e d'un cielo
mai stato così familiare
ai fornelli, all'altare delle cucine,
ma che spazia distante da qui,
tale l'amante s'affama d'amare
e non si dà pace: mistero
balbetta, con in gola il grumo
del solo nome in lode,
il più vero da dire,
non sa, ringrazia,
si tace.
|
Quelle caresse
Quelle caresse effieure les maisons,
pollen rose vert pâle doré
essaime, se pose, me voile la vue
comme au marié la mariée;
des cimaises proches des toits
la brise officiant savoure d'avance un parfum
festif de champs, de jardins et d'un ciel
qui n'a jamais été si familier
aux fourneaux, à l'autel des cuisines,
mais qui plane loin d'ici,
comme l'amant s'affame d'aimer
et ne tient plus en place: le mystère
balbutie, dans la gorge le nud
du seul nom à louer,
le plus vrai à dire,
il ne sait pas, remercie,
se tait.
|
Traduction : Christian Viredaz
Ces poèmes et d'autres, accompagnés
d'une présentation de Federico Hindermann par Fabio
Pusterla est d'une longue réponse écroite
par Hindermann à la série de questions quelui
adressait Pusterla sont disponibles dans la revue Feuxcroisés
No 6.
Milena
Moser
Le joyeux chaos
par Sandrine Fabbri
Extrait de l'entretien
[
]
- La figure du père est très
importante dans votre uvre. On y rencontre de nombreux
pères charmants, en général polygames,
pleins de bonnes intentions mais distraits, parfois menteurs
par obligation parce qu'ils mènent une double vie
comme le héros de Mon Père et autres imposteurs.
Comment était votre propre père?
- Mon père était toujours
là, car il travaillait à la maison. Il était
ouvert, convivial, il aimait manger, boire, rire, raconter
des histoires. Cependant, j'avais à la fois l'impression
de le connaître et de ne pas le connaître. Il
était très éloquent mais se livrait
peu, ne dévoilait pas son intimité. Il y avait
une frontière qu'on ne pouvait pas dépasser
avec lui.
J'ai été marquée par la façon
dont il a vécu sa vie d'écrivain. Pour lui,
les réactions des autres, la réception, les
échos critiques étaient très importants.
Malheureusement, il n'a jamais rencontré le succès
qu'il avait espéré. Il était amer.
L'ironie du sort est que l'une de ses pièces est
devenue un must aux Etats-Unis. Seize ans après sa
mort. [
]
Sans que cela soit conscient, je me suis intuitivement détachée
de ce qu'on écrit, pense de moi. Mon père
allait avec Max Frisch à la Kronenhalle (restaurant
célèbre de Zurich situé non loin du
Schauspielhaus où se retrouvaient traditionnellement
les écrivains dont Dürrenmatt). Tout le monde
reconnaissait Frisch, bien sûr, mais pas mon père.
Cela le faisait souffrir. Mais il allait quand même
là-bas, Frisch dans sa Jaguar, lui dans sa Peugeot,
et il rentrait déprimé. Moi je ne suis pas
totalement immune, mais sans doute plus que les autres.
Grâce à l'expérience de mon père,
je me suis blindée contre l'extérieur. Je
lui dois cela.
Dans mon uvre, je m'invente un père idéal.
Mon père était toujours à la maison,
mais on ne le voyait que peu. Il travaillait, il écrivait.
Il oubliait nos prénoms, nos anniversaires. Lorsque
j'ai eu 13 ans, il est parti en Allemagne, il s'est remarié.
Il m'a envoyé la même lettre lorsque j'ai eu
16 ans qu'il m'avait déjà envoyée pour
mes 13 ans. C'est peut-être pour cela que je suis
obsédée par les anniversaires, j'en fais des
fêtes magnifiques.
Dans mon dernier livre, Sofa, Yoga, Mord, Wildvogel
est le père idéal, mon fantasme du père
idéal. Il arrive et il prend tout en charge. Il arrange
tout. Il est merveilleux.
- Nombre de vos personnages mènent
une double vie, les hommes parfois sont mariés un
nombre considérable de fois
êtes-vous
fascinée par les vies multiples?
- Je suis fascinée par ce
qui est caché. J'ai le fantasme de pouvoir disparaître
et de pouvoir me réinventer ou, tout au moins, d'avoir
une double vie. Cela dit, l'écrivain vit plusieurs
vies sans quitter son bureau
Dans Cur d'artichaut, le père, Pierre,
épouse toutes les femmes parce qu'il ne peut tout
simplement pas dire non à une femme. Mais c'est aussi
une façon de ne pas limiter les possibilités.
Je parle de familles qui sont toujours défaites puis
recomposées, comme l'était celle de mes parents,
comme l'est la mienne. Je suis en quête de la vraie
famille, la vraie famille n'est pas la famille normale indemne
de divorces. Mon premier mari vient toujours nous rejoindre
à Noël. C'est important. Il fera toujours partie
de la famille. La vraie. On a trop tendance à confondre
amour et famille. Se détester n'a aucun sens.
- Vous dites être fascinée
par ce qui est caché. En effet, vous plongez dans
les abîmes de l'âme, vous déterrez des
secrets de famille. Bien, cela n'est pas un hasard si tous
vos livres ont une trame de polar. Avez-vous choisi le polar
parce que cela correspond à votre désir de
fouiller, d'explorer les recoins psychologiques, d'enquêter
sur l'âme?
- Le métier d'écrivain
ressemble à celui de la femme de ménage qui
à son tour ressemble à celui d'un détective
privé. On se mêle de la vie des gens, réels
ou fictifs, on se met dans leur peau, sous leur peau même,
on vit un peu la vie des autres. Pour moi, il n'y a rien
de plus fascinant que d'essayer de deviner ce qui fait "marcher"
les autres, de deviner comment ils fonctionnent, à
quoi ils rêvent.
[
]
L'intégralité de cet
entretien, précédé d'une présentation
de Milena Moser par Sanbdrine Fabbri et suivi d'un texte
inédit de l'auteur est disponible dans la revue Feuxcroisés
No 6.
Christian
Uetz
Au commencement: la parole
par Andreas Mauz
"Pourquoi tinté-je quand
mot me sonne,
mot? Parce que mots sonnants sonnaillent,
et quand mot me sonne, moi qui suis mot,
je tinte mot."
Luren (1993), Reeden (1994), Nichte
(1998), Zoom Nicht (1999), Don San Juan (2002). Les titres
des livres déjà parus de Christian Uetz indiquent
qu'il travaille sur un terrain plutôt éloigné
du lyrique au sens courant. Sûr de son affaire, il
avait, dès ses premiers textes, laissé derrière
lui les catégories professionnelles des gens de lettres.
Il ne voulait être ni auteur dramatique, ni romancier,
ni essayiste, ni poète, ni lyrique, mais: lourique.
"Je suis un lourique. / Ce que je corne sont des louries.
/ Car louries sont houris de rien. / Je lourise."
"Lure/lourie": ce qui semble désigner un
instrument à vent du Moyen Age se révèle
un genre littéraire, et celui qui, comme Uetz, s'est
voué à ce genre, est un lourique. Si les louries
sont des houris, le lourique est quelqu'un qui partage leur
couche et les caresse, non pour le seul plaisir des sens,
mais en amant véritable. Il y a une grande tendresse
dans la façon dont Uetz corne ses louries. Son travail
sur la parole laisse beaucoup de marge aux paroles elles-mêmes,
car ce sont elles qui créent le lourique. Ce qu'elles
lui doivent est au moins égal à ce que lui-même
leur doit. "Les paroles, d'où les crées-tu?
/ Je ne les crée pas / ce sont elles qui me créent.
/ Elles me créent, me fabriquent, sont moi-même.
/ Mais elles ne créent pas non plus ni ne fabriquent
/ et rien de rien de rien, / c'est surtout cela qui est
important. / Oui vraiment." Ces lignes montrent que
Uetz est obligé de reconnaître l'autorité
du mot alors même qu'il veut la mettre en question.
La puissance supérieure de la consonance fait capoter
la question. Le triple "(de) rien" - surtout si
l'on connaît le goût de Uetz pour la négation
et en particulier pour le "nicht" - est un triple
"sanctus".
Cela indique déjà ce qui fait du mot le fondement
de la poétique de Uetz. Son importance ne tient pas
en premier lieu à son sens, à la sémantique;
d'abord et surtout le mot est sonorité. Ce qui compte
au premier chef, c'est sa qualité phonétique
qui, par son potentiel d'associations, exerce sur le poète
une "contrainte sonore" "Klangzwang"
irrésistible. Dans le mot un sens supérieur
se manifeste, qui est d'abord accessible à l'oreille;
comprendre un mot veut dire ici "commuter" "versdrehen".
Le fait que Uetz s'abandonne au mot - est obligé
de lui céder - fait de ses lectures un événement.
On ne peut pas ne pas l'écouter, dit-on à
juste raison. Sa performance verbale a peu de rapport avec
ce que nous appelons communément lecture. Il ne lit
pas, il déclame, à un rythme infernal, par
cur, la prose aussi. Sa récitation a quelque
chose d'extatique. Il n'y a pas de place pour la table et
le verre d'eau. Sans cesse il est en mouvement, arpente
la salle comme un tigre tandis que les cascades de paroles
jaillissent de lui, passant abruptement de l'allemand à
son dialecte thurgovien.
Ce serait mal comprendre les textes de Uetz que d'y voir
une simple poésie phonétique. Même si
l'élément musical domine, le sens n'est jamais
coupé du son. Au contraire, il y a poésie
quand "sens et son" agissent de concert. "Plus
la simultanéité sens-son est évidente,
plus il y a fusion de la signification et de la sonorité,
plus c'est poétique, et "plus c'est poétique,
plus c'est vrai." (Bravo Novalis!)" (C'est ce
qu'on lit dans l'essai "Mot et sonorité",
en appendice au volume de prose Zoom Nicht. ) Quand la pratique
poétique de Uetz, au-delà des procédés
itératifs et commutatifs et du plaisir à la
tautologie, casse les paroles elles-mêmes - de la
façon la plus radicale dans Nichte - c'est d'une
manière qui, loin d'en détruire le sens, l'ouvre.
Le mot se déploie en une polyphonie qui rend audible
ce qui jusque là n'était pas entendu. Uetz
ausculte les mots, procédant de façon quasi
étymologique, il en décèle les sens
seconds par des écoutes productives et fait remonter
à la surface ce qu'ils cachent de refoulé.
"Enghell", (clair et resserré, mais aussi
"Engel": ange), "dunkhell" ("dunkel":
sombre, "hell": clair) "Masochristen"
(seul le r transforme le masochiste en "masochrétien"),
"Hallustziehnationen" (dont la composition fait
entendre "hallucination", mais aussi "Hall":
le son; "Lust": le plaisir; "Nation":
la nation
), "Glott" ("Gott": dieu;
et "glotte").
Certes, c'est aussi un jeu, mais un jeu qui, à tout
moment, a conscience de son sérieux. Même le
calembour le plus banal renvoie à la dimension profonde
qui s'exprime dans le mot avant toute volonté de
dire. [
]
L'intégralité
de cette présentation, suivie d'un entretien et de
poèmes inédits de l'auteur (en allemand et
en français), est disponible dans la revue Feuxcroisés
No 6.
Page créée le: 30.04.04
Dernière mise à jour le 03.05.04
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