On peut dire en effet
que ces poèmes sont simples ; ils le sont parfois
jusquà une sorte de naïveté. Tout
le recueil est étroitement parsemé de citations
et de dédicaces auxquelles S. Dupuis accroche sa
parole, manière peut-être de hisser le ""
e " demblée à niveau des plus grands
: poètes, peintres, musiciens, des noms qui témoignent
en même temps dune relation plutôt inquiète
à lérudition, ou qui servent de refuge
pour ne pas se prêter au miroir intérieur direct.
Ce qui frappe, dans la plupart de
ces poèmes, cest que les mots absorbent leur
objet après lavoir exposé, et le font
disparaître :
Lame trifide dardée
de haut en bas
larc-en-ciel troue le lac
et sy noie.
Disparition multiple, et de tous
les domaines : le nu, le gouffre, Toi/Personne, le silence,
le vide et même ce happement trivial pour le
tombeau de Bacon :
Lhumaine viande
Crucifiée
Tauréée
Mise à sac
Dissoute jusquà plus
Couic
Dans les derniers poèmes seulement
sopère comme un revirement, ou une résurrection
qui, cependant, paraît un peu forcée, et même
là, la gueule du vide menace chaque vers.
Le vide pour dimension transcendantale
? Il semble que non, dans la mesure où il ne sannonce
pas comme une métaphore, mais bel et bien comme un
rien. Peut-être bien, après tout, que cette
poésie reste encagée par tout larsenal
littéraire qui lentoure. Comme si lauteure
navait pas le courage de se saisir de la liberté
offerte, ou encore, plus gravement, comme si elle navait
pas (assez) confiance dans ses propres mots.
Monique Laederach
25 nov. 2000
Sylviane Dupuis : Géométrie
de lillimité, La Dogana, 77 p.
Page créée le 09.10.01
Dernière mise à jour le 09.10.01
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