retour à la rubrique
retour page d'accueil


François Vassali
François Vassali, Un espoir a peut-être vécu ici, L'Arpenteur, 2002.

  François Vassali / Un espoir a peut-être vécu ici
 

ISBN 2-07-076365-X

"La nuit est douce et profonde. Les dernières lumières se sont éteintes il y a longtemps, et j'écoute maintenant un petit oiseau qui chante tout seul dans le silence. Comme sa chanson est courageuse. De maison en maison, les murs se renvoient un écho en forme de question. On dirait qu'une foule silencieuse s'est rassemblée dans la rue pour écouter cet oiseau qui chante au milieu du monde. C'est quand l'homme est endormi que se disent les choses les plus importantes. Dans l'obscurité de la nuit, une voix solitaire s'élève pour rappeler aux habitants de la terre que quelque chose existait avant la création. Les grande plaines qui s'étendent sous le ciel, les villes célèbres, les forêts paisibles au flanc des montagnes cachent d'autres paysages. Dans le ventre de leur mère, les enfants entendent une rumeur plus vieille que le monde. C'est pourquoi cette vie passe comme un rêve, parce que chaque être vivant sent confusément qu'il vient d'ailleurs. Sa vraie maison, elle se dresse bien loin dans l'univers, dans un endroit calme et oublié. Je me souviens de chambres que je n'ai jamais vues, de phrases entendues dans certaines régions du sommeil. Des personnes inconnues se sont approchées de moi et m'ont parlé comme si elles me connaissaient depuis toujours. Toutes ces images reviennent chaque nuit me rendre visite, et maintenant je suis sûre qu'elles disent la vérité."

François Vassali, Un espoir a peut-être vécu ici, L'Arpenteur, 2002.

 

 Un mot de l'auteur sur "Un espoir a peut-être vécu ici"

 

Un espoir a peut-être vécu ici

Je suis incapable de parler de ce livre. J'ai eu tellement de peine à l'écrire. Quelqu'un - je n'ai jamais pu savoir qui - se dressait entre la page et moi et m'empêchait de dire ce que je voulais dire. Parfois j'attendais des mois qu'une phrase juste me rende visite. Mais rien ne venait et je désespérais alors de pouvoir terminer quoi que ce soit de compréhensible pour un autre lecteur. Comment l'imaginer justement cet autre lecteur? Aujourd'hui nous sommes deux fois plus nombreux sur la terre que le jour de ma naissance. Nous sommes donc deux fois plus seuls, et celui ou celle qui décide de prendre un stylo ou une plume pour tenter d'exprimer quelque chose doit savoir qu'il parlera dans le désert. Je n'ai pas peur de ce désert, et je souhaite même qu'il s'étende encore un peu plus autour de nous afin qu'il soit plus facile pour chacun de reconnaître son frère parmi les hommes.

François Vassali

 

  Extrait de presse

 

Le temps nostalgique

C'est la beauté d'un monde désappris. Invisible à la lumière du jour, entrevu certains soirs d'angoisse à travers les larmes. C'est la sensation jamais apaisée d'une promesse originelle, non tenue par l'existence. C'est, hélas, le simulacre du quotidien pour oublier le chagrin. "Certains pourtant se parlent, mais leurs voix se ressemblent toutes, et les mots dans leurs bouches font penser à cette argenterie qu'on sort des armoires à l'occasion d'une visite." Incapable de se résigner à l'inévitable trahison de la vie, François Vassali, écrivain genevois, aspire à la réconciliation entre "le monde du dehors et le monde du dedans". Son premier roman, Un espoir a peut-être vécu ici, est une tentative pour rectifier les mensonges qui corrompent toute destinée. Entre tristesse et amertume. Lors d'une douloureuse confidence. François Vassali, prône l'éveil des consciences ensommeillées, le retour à la vérité des premières années, des premières espérances. "Je crois que les hommes ont vu quelque chose d'effrayant s'agiter dans leurs rêves. Oui quelque chose tourmente l'humanité depuis des siècles mais personne ne veut vraiment en parler." En quête de ce secret, "l'un des mieux gardés de toute la création", de cet autrement de la vie dédaigné dès l'enfance, peut-être dès la naissance, François Vassali aborde une littérature de l'inquiétude qui ne se résout pas à la défaite du bonheur. Mélancolique et grave, sa prose radieuse prospère sur la désolation d'un propos aux intonations parfois prophétiques : "L'immense somme de silence que nous les hommes nous avons jusqu'ici retenue prisonnière commence à montrer des signes de révolte (...). Dans les prochains siècles, les prochaines années ou les prochains mois, surviendra forcément un événement très grave qui nous plongera tous dans un grand désarroi", écrit-il.

Cet ouvrage, qui nous enseigne à survivre à nos déceptions, à fuir le réconfort du mal et de la cruauté, s'impose comme un avertissement. On l'aura compris : un écrivain a vécu dans ce livre magnifique.

François Vassali, Un espoir a peut-être vécu ici, L'Arpenteur, 2002.

Pascal Paillardet
L'Arpenteur
20.08.02

 

Page créée le: 23.08.02
Dernière mise à jour le 23.08.02

© "Le Culturactif Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"