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Irène Bourquin

Notice bio-bibliographique

 


Patmos - Ein Mosaik

Wie eine gigantische Kulisse wirkt das Kreuzfahrtschiff : Eine weisse Wand mit kleinen, hochrechteckigen Fenstern verdeckt den Gästen im offenen Obergeschoss der Taverne die Sicht auf den Hafen von Skala, auf den Hügel von Koumana mit dem blauen Neonkreuz, jenseits der Bucht. Lichterketten schwingen in die Nacht. – Fellinis Amarcord, gestrandet auf Patmos.

Landeinwärts, hoch über Chora : das Johanneskloster, dunkler Brocken, ein paar erleuchtete Fenster, winzig. Darunter, in leisem Bogen die Strassenlampen und einzelne Lichter der Stadt.

Dioe Kuppeln der nahen Kirche, aus halber Höhe gesehen : sanft gewölbte Brüste, aus denen Eisenkreuze wachsen.

Hell beleuchtet der Felsen von Aghia Paraskevi. Auf der Terrasse vor der kleinen Kirche Menschen, ein Hin und Her, heftiges Schattenspiel auf weisser Wand. Ein Schatten zuckt auf, stösst vor, fällt zurück, stösst vor, fällt zurück, zuckt auf. Ein Liebesdrama ? Ein Verbrechen in romantischer Szenerie ? – Ein kleiner Baum, geschüttelt vom starken Wind.

Wirbelnde Streifen, blau und weiss, weiss und blau und blau, blau, und weiss, weiss, blau, weiss : Nach einer Flasche Retsina wird die griechische Flagge am Mast zum abstrakten Ballet.

 


Patmos - Une mosaïque

Coulisse gigantesque, le paquebot de croisière : une paroi blanche percée de petites fenêtres oblongues, rectangulaires, cache aux consommateurs de l’étage supérieur ouvert de la taverne la vue sur le port de Skala, sur la colline de Koumana avec sa croix de néon bleu, au-delà de la baie. Des colliers de lumière s’arquent dans la nuit. Amarcord de Fellini atterri sur les sables de Patmos.

Plus loin sur les terres, bien au-dessus de Khôra : le cloître St Jean, masse obscure, quelques fenêtres éclairées, minuscules. Au-dessous, les réverbères en arc silencieux, et ça et là, des lumières de la ville.

Les coupoles de l’église proche, vues à mi hauteur : des seins doucement galbés d’où naissent des croix de fer.

Vivement illuminé, le rocher d’Aghia Paraskjevi. Sur la terrasse, devant la petite église, des gens, un va-et-vient, un jeu d’ombre agité sur le mur blanc. Une ombre tressaille, soubresaute, retombe, soubresaute, retombe, tressaille. Drame d’amour ? Un crime dans des décors romantiques ? - Un petit arbre secoué par la violence du vent.

Raies tournoyantes, bleu et blanc, blanc et bleu, et bleu, bleu, et blanc, blanc, bleu, blanc : après une bouteille de retsina, le drapeau grec à son mât se mue en un ballet abstrait.

 

 


Klostergeruch
Bienenwachs
Weihrauch und Seife
Putzwedel trocknend
im Gebüsch
schattige grüne Höhlen
Blumenpracht
paradiesisch

Uralte Nonnen
schlurfen schwarz
über den Hof –
im Dämmer der Kirche
leuchtet es auf

 


Odeur de cloître
cire d’abeilles
encens et savon
chiffons mis à sécher
dans les buissons
grottes vertes ombreuses
éclat de fleurs
paradisiaque

Des moniales très vieilles
traversent la cour
traînant les pieds –
dans l’église assombrie
des éclairs de lumière

 

 


Riesenorange
über der schwarzen
Bergsilhouette
am Hafen :
der Mond
o unglaublich
wie unsere Existenz

 


Gigantesque orange
au-dessus de la noire
silhouette de la montagne
près du port :
la lune
improbable autant
que notre existence

 

 


Auf Gräbern
flackernde Lichter
angelehnt die Gittertür
zum Freiden

im offenen Spalt
zirpt eine Grille

 


Sur des tombes
des lumières vacillantes
juste appuyé le portail
vers la paix

dans l’entrebâillement
grésille un grillon

 

 


Teppichmeer

Ein Lastkahn zog langsam vorbei, tief im Wasser liegend, beladen mit grossen Fässern, im Querschnitt leuchtende Kreise: Rot, Blau, Gelb. Im schäumenden Kielwasser tausendfach gebrochen das gleissende Licht der Ägäis.
Heiss war das dunkelgrüne, leicht schmierige Deck der Fähre, wo sie im Schneidersitz sass, ohne Unterlage, die Reisetasche als Rückenstütze, die Nase im salzigen Wind, in Schwaden von Rauch und Ölgestank. – Rucksäcke, Schlafmatten, Koffer, ein schwarzweisser Hund, unruhig sich drehend an der Leine, die um die Reling geknotet war.
Sie hatte gelesen, den Kopf im Schatten des Rettungsbootes. Das zugeklappte Buch lag in ihren Händen ; Rauten mit Zackenrändern, ineinander verhakt, Gitterwerk und Kämme, rot und blau, ocker, gelb und grün – ein kurdischer Teppich, ein Kelim, Gewebe des Lebens. Sie hatte gelesen, sie liess das Buch sinken, liess sich tragen, zeitlos im Raum, in Wellen und Wind.

Und sie sah : der Schreibtisch zuhause, weisse Platte auf schwarzen Vierkantenbeinen, beladen zum Biegen und Brechen, mit Türmen von Büchern, die zu lesen, zu rezensieren wären, mit farbigen Plastikmappen voller Notizen, mit Bündeln von Briefen, die der Beantwortung harrten, mit Rechnungen, Mahnungen, Anfragen aller Art, mit Marmorwürfeln aus Carrara – schwarz, von weissen Blitzen durchzuckt - , die Pendenzen beschwerten, mit der roten Design-Lampe, den biegsamen schwarzen Schwanenhals nach oben gereckt – der Schreibtisch versank langsam, unaufhaltsam, im dunkelroten Orientteppich, die Pfostenbeine, die Platte, die Bücher, Papiere, Merkzettel, das ganze wohlgeordnete Chaos. In roten Mäanderwellen schlug der Teppich über dem Bücherkram zusammen, die trichterförmige Lampe versank zuletzt, ein Nachschauern noch, ein Verebben, das auslief in die weissen, wirbligen Fransen.

(Aus : Patmos – Texte aus der Ägäis, Bodoni-Druck, Verlag im Waldgut, Frauenfeld, 2001)

 


Mer de tapis

Une péniche passait lentement, bas sur l’eau, chargée de grands tonneaux, cercles lumineux en coupe transversale : rouge, bleu, jaune. Dans l’écume du sillage, mille fois réfractée, la lumière éclatante de la Mer Egée. Le pont vert sombre, légèrement graisseux, du bac où elle était assise à même le sol, son sac de voyage en guise de dossier, le nez dans le vent salé, dans des volutes de fumée et de puanteur d’huile, était brûlant.. – Sacs à dos, matelas de mousse, valises, un chien noir et blanc tournant, inquiet, autour d’une laisse nouée au bastingage.
Elle avait lu, la tête à l’ombre des canots de sauvetage. Le livre, fermé, reposait dans ses mains : losanges à dentelures, imbriqués les uns dans les autres, grillages et peignes, rouges et bleus, ocre, jaune et vert – un tapis kurde, un Kélim, tissage de la vie. Elle avait lu, elle laissa choir le livre, se laissa porter, hors du temps, dans l’espace, les vagues et le vent.

Et elle vit : sa table à écrire, chez elle, plateau blanc sur des pieds carrés noirs, chargé jusqu’à ployer, jusqu’à se rompre de piles de livres qu’il faudrait lire et disséquer, fourres de plastique de couleur pleines de notes, paquets de lettres qui attendent qu’on y réponde, factures, avertissements, demandes de toute espèce, dés de marbre de Carrare – noirs, traversés d’éclairs blancs – posés sur des affaires en suspens, lampe design rouge au col de cygne tendu vers le haut - la table à écrire sombrait lentement, inéluctablement, dans le tapis d’Orient rouge foncé, pieds, plateau, livres, papiers, billets, tout ce chaos bien ordonné.
En méandres de vagues rouge foncé, le tapis se referma sur les paperasses, la lampe en forme d’entonnoir sombra en dernier, un ultime soubresaut encore, une vague finale qui déclina dans les franges blanches du tapis.

(Extraits de Patmos – Texte aus der Ägäis, Bodoni-Druck 67, Im Waldgut, Frauenfeld, 2001.)

 


Hat ein Berg
ein Gefühl von sich
und wenn ja
wo beginnt es
wo
stösst es
an den
Nachbar-
berg
wo läuft es
                    aus in
                                blühende Wiesen ?

 


Une montagne a-t-elle
une perception de soi
et si oui
où commence-t-elle

heurte-t-elle
à la
montagne
d’à côté
où se
                    perd-elle dans
                                                des pâtures en fleurs ?

 

 


Monte Tamaro

Im dunklen Bauch
von Bottas Arche
über die Täler fliegen
Bullaugensicht
leise knacken die Eichenbänke

Brückenkirche
Bergsporn in den Himmel
von der Glockenkanzel
ein Sprung
in die Wolken

Cucchis Hände
Engelsflügel
fangen dich auf

(Unveröffentlicht)

 


Monte Tamaro

Dans le ventre obscur
de l’arche de Botta
voler par-dessus les vallées
vues comme par hublots
les bancs de chêne craquent doucement

église bâtie en pont
éperon montagneux dans le ciel
à partir de la chaire des cloches
un saut
dans les nuages

les mains de Cucchi
ailes d’anges
te recueillent

(Inédits)

 

  Notice bio-bibliographique

 

Irène Bourquin, née à Zurich en 1950. Etudes d’histoire et de germanistique à l’Université de Zurich, promotion 1976. De 1977 à 1998, rédactrice culturelle du journal régional « Der Landbote » à Winterthur. Maintenant auteure et journaliste libre.

Irène Bourquin écrit de la poésie, des proses brèves, des récits et du théâtre. Membre de la SSEE.

Parmi les publications : Atlasblau, proses brèves et poésie, Adonia-Verlag, Thalwil, 1991 ;

Im Auge des Taifuns, poésie, pendo-verlag, Zurich, 1992 ; Das Meer im Dachstock, poésie et prose brève, pendo-verlag, Zurich 1995 ; Patmos – Texte aus der Ägäis, poésie et prose brève, Bodoni-Druck 67, Ed. Im Waldgut, Frauenfeld, 2001.
Théâtre :
Klone, erhebt euch, trois rôles pour un acteur, theater-verlag desch, Munich, 1998 , Première au Kellertheater Winterthur, 1999; Laptop und Lachs, 2000, Première au Kellertheater Winterthur, 2002.

traduction française de Monique Laederach

 

Page créée le: 09.10.01
Dernière mise à jour le 09.10.01

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