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Hans R. Burger

Notice biographique

 


Öpper

Öpper seit öppis
u öpper seit nüüt.

Öpper seit :
Dä isch no niemer,
dä isch no nüüt.

Öpper seit :
Me isch öpper –
we me öppis
het.

Und öpper seit :
Me mues dänk öppis
Säge.

Öpper seit
gäng öppis,
aber öppis
seit öpper
nie.

 


Quelqu'un

Quelqu’un dit quelque chose
et quelqu’un ne dit rien.

Quelqu’un dit :
Ce type, c’est encore personne,
c’est encore rien.

Quelqu’un dit :
On est quelqu’un
quand on a
quelque chose.

Et quelqu’un dit :
Faudrait peut-être dire
quelque chose.

Quelqu’un dit
toujours quelque chose,
mais il y a une chose
que personne ne dit
jamais.

 

 


Massnahme

Me seit
es tüej sech öppis,

me seit
me nähm eim ds Määs.

Massnahme
müessi ja sy.

Aber me trifft se
sälte daheime,

me trifft se
meischtens da
wo si anderi
träffe.

 


Mesures

On dit que
quelque chose
se prépare,

on dit
qu’on va prendre des mesures.

qu’il faut bien
prendre des mesures.

Mais on les prend
rarement chez soi.

En général,
on les prend là
où elles s’en prennent à
d’autres.

 

 


So isch s bi üüs

So isch s bi üüs,
was weit dihr meh ?

Hei mer s öppe
nid guet
u geits is
nid gäbig ?

Geit s nid gäng
luschtig u läbig,
so geit s doch sittig.

Mir hei doch öppis
u sy doch häbig.

Mir tue nis güetlech,
u so, wi mer s hei,
isch s gmüetlech.

Uheimlech gmüetlech.

Poèmes parus dans
« Trischtan Tromsigs Bärner Orangsche – mit Wy und Essig »
Francke, Berne 1984 –
légèrement modifiés, avec l’autorisation de les publier

 


Chez nous, c’est comme ça

Chez nous, c’est comme ça,
qu’est-ce que vous voulez de plus ?

Est-ce qu’on
n’est pas bien
est-ce qu’on n’a pas
tout ce qu’il faut ?

Si ce n’est pas toujours
drôle et vivant
c’est quand même tranquille.

On a quand même quelque chose
et on est économes.

On se donne l’air gentils,
et là, comme on est
c’est assez confortable -

terriblement confortable.

 

 


Bruder, Schwester

Bruder, Schwester, warum
brodelt der versiegte Brunnen
so heiss, so rot ?
Schwester, Bruder, warum
duftet es bitter
nach schmorendem Fleisch ?
Warum ist die Stille des Sterbens
so scharf, so schrill ?
Warum, warum,
ach, Schwester in Schwarz ?

Und das Grün ist zerschossen,
in Baumkronen lauern
bewaffnete Brüder
mit Geschossen, pfeifend und reissend.
Und die Angst ist billig
und leidvoll ihr Lohn,
und die Toten sind willig
und ungerecht
gerächt.

Aber die siebenmal Satten
schaben aus Schüsseln
die Reste vom Mahl
in Scherben und knochige Hände
und lassen leckende Zungen
gierig salben ihr sattes Gewissen.

 


Frère, soeur

Frère, soeur, pourquoi
la fontaine tarie a-t-elle
ces bouillons si rouges, brûlants ?
Frère, sœur, pourquoi
cette odeur âcre de
viande grillée ?
Pourquoi le silence quand on meurt
est-il si violent, si perçant ?
Pourquoi, pourquoi,
oh ma sœur tout en noir ?

Le vert est criblé de balles,
dans les branches des arbres
des frères armés font le guet
avec des projectiles qui sifflent et qui saccagent.
Et la peur ne coûte presque rien,
le salaire est douleur,
et les morts sont dociles,
injustement
vengés

Mais les sept fois rassasiés
raclent au fond des plats
les restes du repas
en miettes et les mains osseuses
et laissent des langues lécheuses
pommader avidement leur conscience rassasiée.

 

 


Lubenec

In Lubenec
an der Kirchenuhr,
gebrochene Ziffern,
verzogene Zeiger,
rostet die Zeit.

Aber getrost,
in Karlovy Vary
gehen die Fichten
unangefochten
ins tükische Bad.

In Lubenec
die Kirchenuhr
schlägt uns stumm
die Stunde.

 


Lubenec

A l’horloge de l’église
de Lubenec,
chiffres brisés,
les aiguilles tordues,
rouille le temps.

Mais, confiants,
à Karlovy Vary,
les sapins vont,
en toute sérénité
dans le bain perfide.

A Lubenec,
l’horloge de l’église
pour nous sonne, muette,
l’heure.

 

 


Impressionen, Helsinki

KIRJAILIJATALO VILLA KIVI
Ein und aus
eilen die Dichter
mit Kies an den Schuhen
und Absätzen und Bildern
im Kopf.
In ihren Zimmern
tippen sie tastende Signale
in die Einfalt ihrer Maschinen
und zimmern die bösen
oder zarten Verse
und die dicken Romane.
Das Wasser der Bucht
wirft wilde Reflexe
an ihre Decken,
und Ahorn und Espe
beschreiben den Takt
ihrer Gedanken.
Unbeschrieben
ist das Haus und weiss,
wie ihre Papiere,
von der Zeit, die verstrich,
und dem ärmlichen Stein,
den es hölzern
und herrschaftlich
ehrt.

Villa Kivi, 6.7.99
Maison des écrivains, la Villa Kivi rappelle la mémoire d’Aleksis Kivi (en réalité A. Stenvall), l’auteur du roman Sept frères.
En finnois, kivi signifie pierre

 


Helsinki, impressions

KIRJAILIJATALO VILLA KIVI
Les poètes entrent et sortent
à la hâte,
du gravier à leurs chaussures
des enjambements et des images
plein la tête.
Dans leurs chambres
ils tapent des signes tâtonnants
sur leurs machines innocentes,
et fabriquent leurs vers
tendres ou méchants
et leurs épais romans.
L’eau de la baie
projette des reflets sauvages
sur les plafonds,
et les érables, les trembles
décrivent le rythme
de leurs pensées.
La maison est une feuille blanche, sachant
comme leurs pages
que le temps a passé,
sachant la pierre indigente
qu’elle honore
par le bois et par
sa splendeur.

 

  Notice biographique


Hans R. Burger est né à Berthoud ; il a fait des études germaniques et linguistiques, promotion à la Brown University de Providence, Rhode Island, USA ; pendant plusieurs années, docent et professeur assistant pour les études germaniques en Nouvelle-Angleterre, puis enseignant d’anglais et d’allemand au Séminaire cantonal de Bienne. A publié sous divers pseudonymes, entre autres sous celui de Trischtan Tromsig, Bärner Orangsche mit Wy une Essig, des poèmes en dialecte alémanique (1984) et une adaptation dialectale du fameux livre de Wilhelm Busch : Max u Moritz bärndütsch (1995). Plusieurs séjours d’étude et de travail à Strasbourg, Rome, Prague, Moscou et, en 1997, dans la Maison des Écrivains Villa Kivi à Helsinki, invité par la Société des Écrivains finlandaise.

Traduction: Monique Laederach

 

Page créée le: 09.10.01
Dernière mise à jour le 09.10.01

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