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Norbert Loacker

Notice biographique

 


Eine Sänfte Den Augen
Für Barbara

I

Auf guten Stufen
zu Spinalbe überlässt
die helle Nacht tanzend
nach den Urnenflöten von Clusium
dem leichten Morgen die Macht.
Von breiten Stufen weicht£
nach alter Ordnung die Kühle
in die Krypten
bereit
zu gesuchter Audienz in Kamin und Keller.
Über runden Marmorstufenleisten
die stossenden Bruchschreie junger Hähne
und die hungrigen Pläne der Katzen.
In runden Schluchten
um Asso und Orcia lagert
opaker Urstoff für tuskische Lust
harrend
der aufkommenden Sonne.

 


Une litière pour les yeux
Pour Barbara

I

A bonnes marches
en dansant sur la route de Spinalbe,
après les flûtes cinéraires de Clusium,
la nuit claire délègue son pouvoir au matin léger.
Sur les marches spacieuses, la fraîcheur
se retire selon l’antique loi
dans les cryptes
prête
à sa précieuse audience dans les cheminées et la cave.
Au-dessus des plinthes des degrés de marbre,
les cris rompus poussés par les jeunes coqs
et les intrigues affamées des chats.
Dans les gorges rondes
aux alentours d’Assio et d’Orcia se cache
l’opaque substance originelle des voluptés étrusques
attendant
que le soleil se lève.

 

 


II

Blatt um Blatt legt
die Sonne Wärme
in Chiusure auf die Klapptische.
Im Baumgrün der Bänke
erzählt sich wolkenlos
der Vortag.
Leck segelt im Frühnebel
Monte Oliveto über die Taltiefen
nach Jahwes Werften.
Lege die Hand auf den Tisch.
Alt in seinen Frauen und Stufen
ist Chiusure,
verschollen im Inneren
einer schwarzen Rose.
Turta di mandorle –
dies, spricht Chiusures steinerne Stimme,
ist mein Leib.
Lege die Hand auf den Tisch.

 


II

Feuille après feuille
le soleil dépose de la chaleur
sur les tables pliantes de Chiusure.
Dans le vert feuillu des bancs
le jour précédent
se raconte sans un nuage.
Dans la brume matinale, sur les vallées,
le Monte Oliveto navigue avec une voie d’air
vers les chantiers de Jéhova.
Pose ta main sur la table.
Vieille dans ses femmes et ses marches
Chiusure a
disparu à l’intérieur
d’une rose noire.
Turta di mandorle –
Ceci, dit la voix pierreuse de Chiusure,
est mon corps.
Pose ta main sur la table.

 

 


III

Die Fingerbreiten fühlen
unterwegs nach San Giovanni d’Asso.
Die Nähe zerbröckeln sehen
unter den Füssen der Eidechsen.
Im ziegelroten Mantel

– DEIPARAE SACRUM –

sammeln sich Morgenstunden
zum kalten Gebet
um Vergänglichkeit.
Auf der Kuppe
mediceisch gekantet
Kuben der Macht
frostigen Inhalts.
Willig zu Füssen hält
sich das Umland hinüber
bis Montalcino.

 


III

En route pour San Giovanni d’Asso,
éprouver les exiguïtés.
Voir s’émietter ce qui est proche
sous les pattes des lézards.
Dans son manteau d’un rouge de tuile

– DEIPARAE SACRUM –

les heures matinales se rassemblent
pour une froide oraison demandant
l’éphémère.
Sur le sommet
de moulure médicéenne
les cubes du pouvoir
au contenu glacial.
Docile aux pieds,
le paysage alentour s’étire
jusqu’à Montalcino.

 

 


IV

Der Kardinal hat
den Palast verlassen.
Über dem Portal
das Totenhemd aus Antiquazeichen.
Leer predigt der Himmel
sein Amen zum unendlichen Wetter.
Bewusstlos kreisen Schafe
um die trasimenische Schlacht.

 


IV

Le cardinal a quitté
le palais.
Au-dessus du portail
le linceul en caractères romains.
Vide, le ciel profère
son amen pour le temps inaltérable..
Inconscients, des moutons tournent
autour de la bataille de Trasimène.

 

 


V

Nie, Secondo, geht
eine lange Strasse
verloren unter Rosselinos Händen.
Ohne Haltbarkeit sind
die Morgennebel in den Cretemulden.
Muskellos
wie platonische Ideen fliegt
dein Blick zum Amiataberg.
Was zählt :
So wenig wie Rom rückt
Corsignano von der Stelle.
Was zählt ist
die Strasse, das Sumpffieber, die Gicht, der Tod.
Linderung geben
Garten und tiarische Loggia,
die Schwingung des Amiata im Fernblau von Veilchen,
eine Sänfte den Augen
heimwärts.

 


V

Jamais, Secundo, une
longue route ne se perd
d’entre les mains de Rosselino.
Dans les vallons, les brouillards matinaux
n’ont aucune stabilité.
Sans muscle
comme les idées platoniciennes,
ton regard vole vers le Monte Amiata.
Ce qui compte :
De même que Rome,
Corsignano ne se meut pas d’un pouce.
Ce qui compte,
c’est la route, la fièvre paludéenne, la goutte, la mort.
Le soulagement vient
du jardin et de la loggia en forme de tiare,
les vibrations du Monte Amiata dans le lointain bleuté de violettes
est une litière pour les yeux
en route pour chez soi.

 

 


VI

Was, Pius, wenn sie
erschienen wären,
als du ihr Corsignano
umbenanntest
nach deiner Herrlichkeit,
alle
auf dem Corso, den soeben
Rosselino in Augenschein nahm,
modern,
die Alten aus deiner Jugend,
die aus den Rapsfeldern
und vom Monte Amiata,
ihre Gesichter, Körper, Redeweisen,
wie sie waren ?
Du aber
ein Papst ?
Besser, sie blieben in Gräbern und Kammern,
weit vor Pienza,
gespentisch
für das Gespenst.

 


VI

Quoi, Pie, s’ils
étaient apparus
lorsque tu as changé le nom
de leur Corsignano
au gré de ta magnificence,
tous
sur le Corso que Rosselino£
observait tout à l’heure,
moderne,
les vieux de ta jeunesse
ceux des champs de colza
et du Monte Amiata,
leurs visages, leurs corps, leur idiome,
tels qu’ils étaient ?
Mais toi :
un pape ?
Il valait mieux qu’ils restent dans leurs tombes et leurs chambres
loin devant Pienza,
fantomatiques
pour le fantôme.

 

 


VII

Behäbig lächelt
über seiner Asche der Etrusker,
neidlos den Bauch
blähend über dem Fortgang
des tanzenden Lebens.
Reigen von Frauen und Flöten
wiegen die Urne
vor Ort.
Reglos nun fältelt die Toga
sich über reichlich Gehabtem.
Die Nekropole räumte der Tod einst,
widerlegt
von der ewigen Ruhe
des tuskischen Doppelkinns.

 


VII

L’Étrusque sur sa cendre
sourit avec béatitude,
étalant sans dépit
son ventre au-dessus de la continuité
dansante de la vie.
Des farandoles de femmes et de flûtes
bercent l’urne
devant le lieu.
Figée désormais la toge reste
plissée sur les fastueuses possessions passées.
La mort, jadis, a agencé la nécropole,
battue en brèche
par le calme éternel
du double menton étrusque.

 

  Notice biographique

 

Norbert Loacker, né en 1939 en Autriche, études de philologie, histoire et philosophie, enseigne dans un gymnase de Suisse alémanique. Il est président de la Fondation Carl-Seelig. Membre de la commission littéraire du Vorarlberg.

Publications: Aipotu, roman, Kindler, Münich, 1980; Die Vertreibung der Dämonen, roman, Hanser, Münich, 1984, et TB Fischer, film; Maddalenas Musik, roman, Benziger, Soleure, 1995. Divers essais, dont des commentaires sur R. Walser, et un livre sur les cimetières de Zurich (ill. Christoph Hänsli)

traduction française de Monique Laederach.

 

Page créée le: 23.12.02
Dernière mise à jour le 23.12.02

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