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Jürgen Theobaldy

 


Découpages

Les haies de mûres s’assombrissent,
les cheminées des incinérateurs fument.
Je nomme désert les étoiles au-dessus des stades déserts
et j’ai certainement raison.
Nous partons en tourbillons vers la nuit, penses-y mon âme,
comme moi, tu es éveillée, tu y penses.
Et tu vas être assidue là-dehors,
sur toi l’ombre pourrie du globe terrestre
qui ne pèse pas plus lourd
que l’ombre ici sur mon oreiller.
Le sommeil est un opium pour les voyants!
Nous nous rencontrons au coeur de la jungle
que couronne ma boîte crânienne:
de nouveau, je suis le ciel dans le poing dérisoire
de notre scintillante solitude.
Dans le demi-jour, nous allons vers la mer.
Dans les miroirs des bars à néons
des noyés nous contemplent: visages bleus,
pêcheurs bleus, oiseaux nocturnes bleus;
ceux que j’ai pleurés, personne ici ne les pleure.
A Leipzig, nous nous rencontrons devant le cinéma
sans nous préoccuper de ce qui se passe
actuellement à Leipzig. Et en Chine, nous portons
sur mes épaules un enfant
qui babille de miracles chinois,
feux d’artifice, roses thé, dragons rouges.
Nous comprenons chaque mot.
Des poissons morts dérivent dans le courant.
Il y a dans l’eau des blindés délabrés.
La représentation se termine sur un générique
d’où une foule de noms a été gommée.
D’un cri, ma fille émerge
de sa jungle: des démons dans des habits d’enfants
de ce rouge à la mode, s’égaillent.
Un crépuscule s’infiltre dans les touffes d’herbes,
les cheminées fument. Toi, âme, moi Jane.
Le monde tourne dans l’autre sens. Nous descendons.

© (Der Nachtbildsammler, John Verlag,
Palmenpresse, Cologne 1992)

 


Schnitte

Die Brombeerhecken dunkeln ein,
die Schlote der Verbrennungsöfen qualmen.
Öde nenne ich die Sterne über öden Fussballplätzen
und habe vermutlich recht damit.
Wir drehen in die Nacht hinaus, denk es, o Seele,
du bist wach, wie ich, du denkst es.
Und du wirst fleissig sein, dort draussen,
auf dir den morschen Schatten des Erdballs,
der nicht schwerer wiegt
als der Schatten hier auf meinem Kissen.
Schlaf ist Opium für die Seher!
Wir treffen uns im Inneren des Dschungels,
den meine Schädeldecke überwölbt:
Wieder bin ich der Himmel in der kleinen Faust
unsrer funkelnden Verlassenheit.
Im Zwielicht treten wir hinaus ans Meer.
Aus den Spiegeln in der Neonbar
betrachten uns Ertrunkene: Gesichter blau,
die Fischer blau, Nachtvögel blau;
um die ich weinte, weint hier keiner.
In Leipzig finden wir uns vor dem Kino ein,
ohne Rücksicht darauf, was in Leipzig so
gerade läuft. Und in China tragen wir
ein Kind auf meinen Schultern,
das von Chinas Wundern plappert,
von Feuerwerk, Teerosen, roten Drachen.
Wir verstehen jedes Wort.
Tote Fische schwimmen mit dem Strom.
Zerschossene Panzer stehen im Wasser.
Die Vorstellung schliesst mit dem Nachspann,
aus dem schier endlos viele Namen getilgt sind.
Mit einem Schrei fährt meine Tochter hoch
aus ihrem Dschungel: Dämonen in Kinderkleidern,
modisch rostrot, stieben auseinander.
Dämmerlicht sickert in die Büschel Gras,
die Schlote qualmen. Du Seele, ich Jane.
Die Welt dreht bei. Wir steigen aus.

© (Der Nachtbildsammler, John Verlag,
Palmenpresse, Cologne 1992)

 


Poème

J’aimerais bien écrire un bref poème
de quatre à cinq lignes
pas plus
un poème tout simple
qui dise tout de toi et de moi
et pourtant ne trahisse rien
ni de toi ni de moi.

© (Blaue Flecken, Reinbeck 1974, Rowohlt)

 


Gedicht

Ich möchte gern ein kurzes Gedicht schreiben
eins mit vier fünf Zeilen
nicht länger
ein ganz einfaches
eins das alles sagt über uns beide
und doch nichts verrät
von dir und mir.

© (Blaue Flecken, Reinbeck 1974, Rowohlt)

 

 


Salut à la Chine

Une poignée de corbeaux
dispersés dans le ciel,
la lumière blanche des jours de juin
dans laquelle monte une fumée grise:
il me semble entendre encore l’indignation,
la très-vieille indignation oiselière des jeunes gens
s’éloigner coassant et branlant.

© (In den Aufwind, Friedenauer Presse, Berlin 1990)

 


Gruss nach China

Eine Handvoll Krähen,
über den Himmel verstreut,
das weisse Licht an Junitagen,
in das ein grauer Rauch hinaufsteigt:
Mir ist, als hörte ich Empörung noch,
der Jungen uralte Vogelempörung,
die sich krächzend und torkelnd entfernt.

© (In den Aufwind, Friedenauer Presse, Berlin 1990)

Traduction: Monique Laederach

 

Page créée le: 09.10.01
Dernière mise à jour le 09.10.01

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