Revue des Arts et des lettres fondée
en 1975
Espaces No 223,
juillet- août 1999 / Sommaire |
Au sommaire de ce numéro
223/1999
- Espaces 2000 : résultats
et commentaires de notre sondage du 21 mars 1999
- Pierre-Olivier Walzer et ses humanités
provinciales: Qu'est-ce que la musique?
- Même les oiseaux,
six nouvelles de Bernard Comment
- Poésie contemporaine
:Fenêtre sur écran,
un poème inédit de Cyril Suquet
- Clémence,
par Yves Bichet
- Pollen du temps,
un nouveau volume de létat de poésie
de Georges Haldas
- Histoire : Joseph Trouillat,
maire de Porrentruy (1848-1860), par Dominique Prongué
Notre nouveau tiré
à part
Les Sacrifiées,
un texte dHenri Warnery (1859-1902) contre lexpérimentation
sur les animaux.
(Avec un portrait de lécrivain). No de commande
: 992, prix : Fr. 10.- + port.
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Pierre-Olivier Walzer
: qu'est-ce que la musique ? |
Pierre-Olivier Walzer : quest-ce
que la musique ?
Quest-ce que la Musique ? Il
semble quil faille se contenter dune réponse
peu métaphysique et peu ornée. Au-delà
de ces sons que je perçois et auxquels je donne des
noms, au-delà de la musique matérielle, il y
a la Déesse : un ensemble de sonorités qui parlent
directement et mystérieusement à notre sensibilité,
qui fait naître en nous, par quelque ensorcelante génétique,
des sentiments et des émotions rayonnantes, peut-être
aussi quelque pensée, suggérant éventuellement
des images ou imitant des spectacles et des bruits naturels.
Tout cela est diffus, harmonieux, envoûtant. Cest
un langage, si lon veut, mais que chacun traduit selon
son humeur et selon son génie. Cest donc un discours
de lâme, dailleurs transmissible et que
dautres peuvent entendre de la même manière,
ce qui fait dire à Proust que, sil ny avait
pas eu linvention du langage, la musique aurait pu être
lunique instrument de communication entre les hommes.
Humanités provinciales, Ed. LAge
dHomme, mars 1999, coll. Contemporains
P.-O. Walzer
(p. 125)
Pierre-Olivier
Walzer, né en 1915, après études
à Lausanne et à Paris, a été
professeur de littérature française à
lUniversité de Berne durant trente ans, et
dans le même temps chroniqueur littéraire au
Journal de Genève. Il a consacré des études
critiques aux poètes Toulet, Valéry, Mallarmé,
Renfer, et édité les oeuvres de Lautréamont,
Nouveau, Cros (avec Forestier) et Corbière dans la
Bibliothèque de la Pléiade.
Avec deux amis, il a fondé à Porrentruy, pendant
la guerre, les Editions des Portes de France. Il a contribué,
derrière Marcel Joray, à la création
de lInstitut jurassien. Il a mis sur pied à
Berne le Centre de recherches Blaise Cendrars, etc. Son
nom reste attaché à la réalisation
de lAnthologie jurassienne, à celle du Dictionnaire
des littératures suisses, à la publication
des Oeuvres complètes de Charles-Albert Cingria.
Il a codirigé la collection
Langages à la Baconnière. Il dirige depuis
le premier jour la collection Poche Suisse à LAge
dHomme.
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Bourses littéraires
Pro Helvetia 1999 par André Durussel |
Bourses littéraires Pro Helvetia 1999
Au cours dune conférence
de presse quelle a donnée dans le Bündner
Kunstmuseum, à Coire, la Fondation suisse pour la culture,
Pro Helvetia, a publié les noms des écrivain(e)s
des quatre régions linguistiques de Suisse, auxquel(le)s
elle a attribué une bourse littéraire pour 1999.
Les bourses dun montant de 8'000
à 40'000 francs vont à des projets décriture
auxquels les auteurs désirent se consacrer. Les bourses
littéraires (une somme totale de 750'000 francs) devraient
permettre aux écrivain(e)s de délaisser, pendant
plusieurs mois, leurs autres activités professionnelles
pour sadonner exclusivement à lécriture.
Parmi les lauréats de cette année figurent pour
la Suisse alémanique : Erika Burkart (Althäusern),
Gerhard Meier (Niederbipp), Urs Richle (Genève), Franz
Hohler (Zurich), Mariella Mehr (Tomils et Lucignano, en Italie),
Hansjörg Schneider (Bâle), Dieter Bachmann (Arzo),
Eleonore Frey (Zurich), Rudolph Jula (Berlin), Armin Senser
(Loèche Ville), Bruno Steiger (Zurich), Christian Uetz
(Romanshorn), Daniel Zahno (Bâle), Peter Stamm (Winterthur)
; pour la Suisse romande : Sylviane Chatelain (St-Imier),
Corinne Desarzens (La Rippe), Yves Laplace (Carouge), Jean-François
Sonnay (Paris), Frédéric Wandelère (Fribourg),
Roger Favre (Neuchâtel), Marie-José Piguet (Exeter,
Grande-Bretagne), Pascal Rebetez (Mervelier), Lev Shargorodsky
(Genève) ; pour la Suisse italienne : Fabio Muggiasca
(Comano), Marco Alloni (Mendrisio), Leopoldo Lonati (Chiasso)
; enfin pour la Suisse rhéto-romane : Oscar Peer (Coire),
Flavia M. Bearth (Zurich) et Elvira Pünchera.
traducteurs et traductrices
Pro Helvetia a également révélé
à Coire les noms des traducteurs et traductrices ayant
obtenu une bourse de traduction : cette année, la fondation
leur a réservé 150'000 francs de son budget.
Ces bourses vont à des traducteurs et traductrices
qui se sont fait remarquer pour avoir traduit des oeuvres
littéraires dune langue nationale à lautre
: elles leur permettent de se libérer de leurs obligations
habituelles et de se consacrer entièrement à
la traduction dune uvre. Ont obtenu une bourse
de traduction : Giovanna Waeckerlin-Induni (Amden), Hans Leopold
Davi (Lucerne), Markus Hediger (Zurich), Gilbert Musy = (Les
Clées), Matttia Mantovani (Como, Italie), Mariano Tschuor
(Laax) et Gabriela Holderegger (Schluein).
ESPACES se réjouit à
la pensée que Marie-José Piguet et Corinne Desarzens
pourront mieux encore se consacrer à lécriture,
et nous proposer en primeur des pages inédites de leur
travail en cours.
André Durussel
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Un roman posthume
de Georges Borgeaud |
Littérature : Le Jour du printemps, un roman posthume
de Georges Borgeaud
Ce jour, cest précisément
le 21 mars 1959. Le narrateur, prénommé Bernard,
écrit à son jeune ami Antoine Cerniat une phrase
que va lui dicter " un grand mouvement de tendresse amplifié
par sa propre culpabilité " (p. 227). Hélas,
ce roman de Georges Borgeaud, trop longtemps retenu par son
auteur qui est décédé en décembre
1998, ma passablement déçu. Peut-être,
dune part, à cause de cette " culpabilité
" sans cesse ressassée, celle qui fut " la
toile de fond de sa jeunesse ", mais aussi et surtout,
dautre part, parce que ce roman, achevé au début
des années huitante et refusé par Grasset peu
après le succès du " Voyage à létranger
" (1974), contrairement aux grands vins, na rien
gagné dattendre si longtemps dans un tiroir de
lavenue Froidevaux.
Une relation trouble et ambiguë,
essentiellement épistolaire à partir du milieu
de la deuxième partie de ce roman, va donc sétablir
et sagrandir démesurément entre un écrivain
dâge mûr et son jeune admirateur, et cela
jusquau drame final. Un drame qui est suivi dun
long épilogue, comme sil fallait que le narrateur
tente une dernière fois de se justifier, dexpliquer
linexplicable, refaisant ces chemins sans issue, cette
" sortie de route qui mène en définitive
au lieu où la conclusion de tout nous attend "
(p. 314).
Après le légitime succès
littéraire de son premier roman fortement autobiographique
intitulé " Le Préau ", Georges Borgeaud
avait publié " La Vaisselle des Evêques
" chez Gallimard, puis évoqué sa rencontre
décisive avec la Mer du Nord dans " Le Voyage
à létranger " déjà
cité, un roman magnifique qui lui vaudra le prestigieux
Prix Renaudot. Chargés de poésie, de cet émerveillement
permanent pour les choses simples que lauteur du "
Soleil sur Aubiac " et d" Italiques "
a toujours su rendre avec infiniment de bonheur, ces ouvrages
sont et demeurent à mon avis des chefs-duvre,
servis par une écriture soignée et parfaitement
maîtrisée. Dès lors, jai de la peine
à comprendre pourquoi lécrivain, en pleine
possession de ses talents reconnus, sest lancé
dans ce nouveau roman en partant dun événement
personnel vécu en mai 1957 à Crêt-Bérard
(près de Puidoux VD) lors du soixantième anniversaire
du poète et traducteur Gustave Roud (1897-1976), lobligeant
à bâtir une intrigue où il ne se passe
presque rien, à partir dun personnage principal
un peu détraqué qui va léloigner
de ses thèmes de prédilection, lobligeant
même à inventer dautres personnages peu
convaincants. Il y a certes des passages de cet ouvrage qui
sont excellents. Ceux en particulier où le narrateur
rend visite à des anciens fermiers du Mont-sur-Lausanne
qui lavaient accueillis autrefois, ou encore les dernières
pages du livre, celles-là même que Georges Borgeaud
racontait volontiers en public, à savoir ce chapelet
étincelant et trop lourd, emporté par une pie
et tombé dans la haute herbe dun pré de
montagne où saffairent des faucheurs alignés
Cette thématique rappelle étrangement laccidentel
éparpillement du collier de perles de Madeleine Cédrat
au terme du " Voyage à létranger
" de 1974. De même, Constant Cerniat, le père
adoptif dAntoine, ressemble beaucoup à Léon
Cédrat, le mari de Madeleine.
Georges Borgeaud, soucieux dexploiter
le succès dun chef-duvre en essayant
de le reproduire sous une autre thématique, sest
peut-être fourvoyé ? Et sil est heureux,
pour les spécialistes en génétique de
luvre de lécrivain, que les Editions
Denoël aient pris le risque de publier enfin ce roman,
lensemble, à mon humble avis, ne sen trouve
guère agrandi, ni complété. Je crois
quil faut oser le dire ici, à cause de la profonde
attention que je porte à tout ce qua écrit
cet " oiseau tombé du nid " (p. 127), un
passereau la fois insaisissable et désormais sauvé.
André Durussel
Le Jour du printemps, roman, par Georges
Borgeaud (1914-1998).
Avec une note de lEditeur. Editions Denoël, 9,
rue du Cherche-Midi, F-75006 Paris. ISBN 2-207-24895-X, 319p.
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Six nouvelles de
Bernard Comment |
Littérature : Même
les oiseaux Six nouvelles de Bernard Comment
Il est légitime pour un jeune
écrivain suisse vivant aujourdhui à Paris,
de porter sur son pays dorigine un regard critique,
et cela même si ce regard semble dater de quelques années
déjà
Goût exagéré
de lordre, manie de la sécurité, obsession
des " fiches " ou de la propreté, etc. Mais
est-ce bien là le reflet dune situation actuelle
dans nos villes et nos villages, où tant dexemples
nous prouvent précisément le contraire ? Papiers
demballage et boîtes vides jetées et abandonnées
nimporte où, trottoirs et vergers de nos campagnes
transformés en parcs permanents pour nos voitures,
pieds sur les sièges dans nos transports publics, etc.
Quant la sécurité de lEtat social, ce
qui paraissait solide et intouchable se désagrège
aussi inexorablement. Dans le monde du travail, par exemple,
lemploi durable devient presque une exception. On est
employé pour un temps limité et provisoire,
au gré des restructurations, des délocalisations
et des évolutions du marché mondial. De même
sur le plan éthique, leugénisme cher à
Auguste Forel dans " Les fourmis de la Gare de Berne
" a fait place à un espécisme qui ne vaut
guère mieux, et devant lequel Eugen Drewermann sélève
avec raison.
Bernard Comment dont ESPACES
avait présenté son précédent roman
intitulé " Florence, retour " (1994) juillet
1995, No 199, p. 3 brode sans en avoir lair ses
petites phrases où lexcès rejoint parfois
les clichés. Á titre dexemple, cet isolement
volontaire de la Suisse dans " Château deau
", avec sa portée métaphorique et symbolique
évidente, est une fable moderne du " Réduit
National ", ou de la CGSE (Conception générale
de survie enfermée) et ma étrangement
rappelé le rapport final de la célèbre
GEK (Gesamte Energie Konzeption) des années huitante.
Or, si cette nouvelle se trouve aujourdhui dans le feu
de lactualité en ce qui concerne lavenir
des barrages et des installations de production hydro-électrique
en Suisse à lheure de la libéralisation
du marché de lélectricité, elle
semble ignorer que linterconnexion des grands réseaux
européens existe dans ce domaine depuis fort longtemps.
Enfin, dans " Migrations ",
une femme seule liquide son appartement après avoir
eu la visite de son grand fils, préférant se
défaire de tout ce qui la rattache au passé,
à la famille, aux héritages, parce que ce sont,
dit-elle, des amarres qui ne correspondent plus à aucun
territoire (p. 157).
Oui, tout cela est triste, parce quil
manque volontairement à ce livre de Bernard Comment
une parcelle despérance, ou une portée
rédemptrice qui serait implicite derrière ces
aliénations contemporaines.
Bernard Comment, Même les oiseaux,
Editions Christian Bourgeois, 1998, 172p. ISBN 2-267-01469-6.
Illustration de couverture : détail du Château
de Chillon, photo Maurice Blanc
André Durussel
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Au fil de leau,
des photographies de Michel Roggo à Nyon |
Muséologie et écologie
: Au fil de leau, des photographies de Michel Roggo à
Nyon
La nouvelle exposition du Musée
du Léman, à Nyon, est visible jusquau
dimanche 19 septembre 1999. Elle nous invite à découvrir
lextraordinaire foisonnement de vie que contient une
rivière, grâce à Michel Roggo, photographe
à Fribourg.
Lexposition sarticule autour
dun écran géant de 12 mètres de
longueur et 2 mètres de hauteur, qui présente
un diaporama sonorisé des meilleures prises de vue
de cet amoureux de la nature. Cet écran est lui-même
intégré dans un décor représentant
une forêt riveraine, avec sa faune particulière.
Ce décor a été réalisé
par le Service des Espaces verts de la ville de Nyon.
Le diaporama est composé de cinq
thèmes, à savoir :
- le nouveau fleuve
- une explosion de vie
- la nuit
- le peuple des eaux
- la forêt riveraine
De part et dautre de lécran,
le visiteur découvre, dans de grands aquaterrariums,
la plupart des amphibiens de nos régions tempérées,
tels que salamandres, grenouilles, crapauds et tritons alpestres
au ventre orange. Ces hôtes temporaires seront remis
dans leur environnement naturel au terme de lexposition
nyonnaise.
Les photos projetées, de grande
qualité, sont un véritable plaidoyer pour le
maintien de la biodiversité, mais aussi pour nous rappeler
combien la rivière est un milieu riche, mais hélas
menacé par les polluants chimiques et par les atteintes
de lagriculture intensive telle quelle est pratiquée
aujourdhui.
Le sujet de prédilection de
Michel Roggo est la nature, sous toutes ses formes. Limage
quil privilégie, cest celle de lanimal
dans notre environnement naturel, sans plongée sous-marine
ni autre artifice qui perturbe la prise de vue.
Une exposition à voir absolument.
Le Musée du Léman, quai Louis-Bonnard 8 à
CH-1260 Nyon VD est ouvert du mardi au dimanche, de 10h. à
12h. et de 14h. à 18h. (Tél. 021/361 09 49).
G. Patanè
Notre illustration : une truite de rivière
dans son environnement naturel (photo M. Roggo)
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Feuxcroisés |
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Feuxcroisés,
une nouvelle jeunesse pour un sexagénaire
Le premier numéro
de cette publication annuelle, peut-être
trop volumineux avec ses 270 pages, à limmense
avantage douvrir demblée (et
généreusement) son éventail
aux littératures de la Suisse (Tessin et
Grisons y compris), mais en partant de la Suisse
dite romande, cest-à-dire des littératures
vues et commentées par des traducteurs.
Feuxcroisés, au lieu de croiser les fers
et de se plaindre, croise effectivement des feux,
comme ceux que lon allume encore dans ce
pays au soir du premier août (
et malgré
les prescriptions de lOffice fédéral
de lenvironnement, le célèbre
BUWAL, concernant les combustibles autorisés
)
et représente ainsi le nouveau visage du
célèbre Service de Presse Suisse
fondé au début de la deuxième
guerre mondiale, bien connu des écrivains
et journalistes de nos régions. Mais Feuxcroisés
a compris aussi les nouveaux enjeux de lédition
virtuelle et se trouve doté dun site
Internet, celui-là même avec lequel
ESPACES a engagé dès le mois davril
1999 un partenariat qui savère très
fructueux. Ainsi, nous nous réjouissons
de consulter les travaux de Feuxcroisés
en tapant: www.culturactif.ch
Le comité de rédaction,
composé de Marion Graf, Jean-Luc Badoux,
Daniel Rothenbühler et René Zahnd,
nous paraît réunir à la fois
la compétence, une bonne connaissance du
terrain, mais surtout la biodiversité culturelle
indispensable à ce genre dentreprise.
En effet, nous estimons aussi que " le désintérêt
entre les cultures menace actuellement le pays
de fragmentation " (Bernard Cathomas, dir.
romanche de la Fondation Pro Helvetia, p. 19).
Par ailleurs, M. Peter Bloch, germaniste soleurois
bien connu, rejoint cette position et cite lexemple
de la Foire du livre de Francfort, en octobre
1998, où cette configuration éclatée
était hélas symptomatique (p. 27).
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Dans les textes littéraires,
nous avons découvert avec bonheur les propos dAnne
Lavanchy consacrés à Gehrard Meier et à
son uvre attachante, ainsi quun entretien avec
lécrivain et un superbe inédit intitulé
Le canal linéaire. Les poèmes de Giorgio Orelli,
traduits par Christian Viredaz, précédent ceux
de Luisa Famos, cette jeune femme née à Ramosch
et décédée le 28 juin 1974 après
une brève existence toute entière brûlée
par la poésie. Une poésie qui va heureusement
paraître prochainement dans la collection " Poche
Suisse " à lAge dHomme, dans une traduction
de Gabriel Mützenberg, notre ami et abonné genevois.
Mentionnons encore à nos lecteurs
que ce premier numéro est accompagné dune
revue de presse des livres décrivains suisses
traduits en français en 1988, où lon trouve
les noms de Giovanni Orelli (cousin de Giorgio Orelli), Walter
Vogt et Urs Karpf, ce dernier étant lauteur de
ce vaste roman socio-culturel biennois intitulé "
Un Temps pour toutes choses ", publié aux Editions
Zoé en 1998 dans une traduction de Raymond Lauener
et Anne Lavanchy.
André Durussel
Feuxcroisés No 1/1999. Littératures
et Echanges. Revue du Service de Presse Suisse, Ch. du Levant
20, CH-1005 Lausanne. ISSN 1423-7482. Diffusé par les
Editions Zoé, 11, rue des Moraines, CH-1227 Carouge
GE et vendu dans les librairies.
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Yves Bichet : une
"Clémence" peu clémente |
Yves Bichet : une " Clémence
" peu clémente
Recevoir nouveau recueil du poète
français Yves Bichet est toujours un événement,
une véritable surprise. Dans " Clémence
" (poèmes et proses), ma préférence
sest portée demblée aux poèmes.
Non pas que les proses soient moins intéressantes ou
soignées, mais peut-être parce quelles
utilisent un vocabulaire " professionnel " (Cf.
" Deuxième motif " puis " Amédée,
bis " aux p. 87-89) qui peut surprendre, parce quil
ne donne pas dans la dentelle (p. 9).
La suite de poèmes placés
sous le thème de " Lenfant " est de
très belle venue. Ces poèmes évoquent
cette " transaction secrète " qui va de lenfance
à ladolescence. Ainsi, dans " Vergers "
(très rilkéen
) où dans " Interdite
", à la p. 29 :
La rivière est là, comme
les souvenirs
pour toujours.
Tends ta main, veux-tu, range les instruments.
Cette paix que tu abandonnes au peigne, mon amour
la voici sur le seuil de la chambre,
avec toi si changée,
sur le seuil
séloignant dans le miroir,
interdite.
Quant à " La source de
la Lance ", il sagit dune évocation
étrange autour de laquelle volètent des anges.
Et comme il est plus facile de glorifier que de raconter,
Yves Bichet se place parmi les " gardiens den bas
" afin dapprendre, écrit-il, à peser
lair autour de soi. " La maison du crabe ",
dont une première mouture avait paru en 1985 aux Editions
de lAlphée, nous donne loccasion de retrouver
Marie, " Marie la creuse ", dans des vers amples,
aux résonances christiques, où se déploient
toute la force inimitable et le talent dYves Bichet,
né en 1951 et vivant à Grignan (Voir "
Le rêve de Marie " dans ESPACES No 203, mars-avril
1996, p. 2).
André Durussel
Bichet Yves : Clémence. Edit. Le
temps quil fait, 31, rue de Segonzac, F-16100 Cognac.
100p. 19/14 cm avec une illustration de couverture signée
Christine Bry, ISBN 2-86853-305-1 (1999).
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Fenêtre sur
Ecran par Cyril Suquet |
Esclaves de la télé
?
Dans ses débuts comme romancier,
François Mauriac avait écrit " Lenfant
chargé de chaînes ". Or, il ny a pas
que les enfants (devenus dailleurs beaucoup plus lucides
et sélectifs devant le petit écran) que la télévision
tente dasservir, offrant actuellement un immense choix
de chaînes
Cyril Suquet, résidant dans
le Val-de-Marne, près de Paris, nous propose avec "
Fenêtre sur écran " un poème inédit
au moyen duquel il situe limpact tragique de cette "
momie allumée " :
Fenêtre sur Ecran
Le chronomètre est branché,
Mamie et ses manies de télé,
Le regard effacé, les yeux paralysés,
La momie est allumée.
Son univers est muré de tous côtés,
Ni portes, ni fenêtres,
Pas de vie, pas de saisons,
Juste une télévision.
Sa journée est calée sur la grille télé,
Un programme chargé démotions,
De parodies et de dérision,
Aucune âme ne viendra la perturber,
La fiction la vue renaître.
Ses enfants sont ses émissions,
Ses aventures deviennent des films,
Le petit écran, ses seules discussions.
Son langage est codé, sa nourriture télécommandée,
Mamie sest éteinte avec lécran
noir.
Ni portes, ni fenêtres,
Pas de vie, pas de saisons,
Aucune raison dêtre,
Juste une télévision comme horizon.
Cyril Suquet
Mars 1999
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Pollen du temps
par Georges Haldas |
Un nouveau " carnet "
de lessayiste genevois Georges Haldas : Pollen du temps
Ces carnets de 1996, comme les précédents,
nont rien de commun avec un journal intime, et moins
encore avec un recueil daphorismes. Ce sont des réflexions
" en profondeur ", fécondées par une
observation silencieuse du monde et une émotion poétique
sans cesse en état de veille, ou inspirée par
une uvre en chantier.
On relèvera ici, à titre
dexemple, ce que lauteur écrit au sujet
de lespérance :
Lespérance, cest
de savoir que tout, à un moment donné, - et
le pire peut se retourner. La boue devenir or, etc.
Mais ne pas oublier quinversement lor, soudain,
trop content de lui, peut, dans la seconde même, retourner
à la boue ou se changer en sable. (20 mai 1996)
Lespoir sinscrit dans le
temps. Lespérance dans léternité.
(25 mai 1996)
Dans un tout autre registre, voici
quelques lignes qui me font aussi rire (ou pleurer
)
lorsque je pense à certains membres de nos associations
cantonales décrivains (dont je fais partie) :
Se prennent au sérieux parce
quils ont sorti trois menues plaquettes de poèmes
et un pauvre petit roman à leau de javel. Á
partir de quoi ils participent le plus sérieusement
du monde à des colloques sur " la fonction sociale
de lécrivain ". De quoi rire. (26 mai 1996)
Haldas Georges : Pollen du temps, carnets
1996. Bibliothèque LAge dHomme. Avec une
illustration de la couverture signée Louis Soutter.
ISBN 2-8251-1232-1. 186p. Létat de poésie,
1999.
André Durussel
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Mémento d'Espaces |
Le signe de Sarepta
Cest le titre de notre cantate
créée à Payerne, Morges et Moutier en
octobre 1995 pour les vingt ans de la revue ESPACES, écrite
par Dominique Gesseney-Rappo et interprétée
par lUnion-La Bruyère de Lucens et environs (Alain
Devalloné) et le Quatuor de cuivres de Fribourg, ainsi
que trois solistes professionnels.
Cette uvre est entrée
récemment dans le répertoire de lensemble
vocal EUTERPE, dirigé par Christophe Gesseney et, comme
nous lavions signalé dans un précédent
numéro, a été donnée à
Mézières (VD) le vendredi 26 mars 1999 en présence
dun nombreux public et quelques fidèles abonnés
à notre publication.
Dans cette même formation, avec
une Anne Ramoni (soprano) dans le rôle poignant de la
Veuve, un Elie parfaitement incarné par Michel Brodard
et la haute-contre Thierry Dagon dans le rôle du récitant,
le Signe de Sarepta a été présenté
au Temple dYverdon-les-Bains le dimanche soir 6 juin
1999 au terme dune semaine de réflexion sur le
thème de la vie et de la résurrection, accompagnée
dune exposition de peintures contemporaines sélectionnées
par Daniel Alexander.
Dans le cadre des concerts spirituels
en léglise de Saint-François, à
Lausanne, lensemble EUTERPE donnera cette uvre
le vendredi soir 24 septembre 1999, et nous invitons tous
nos fidèles lecteurs et abonnés à assister
à ce concert qui tombe, peut-être par hasard,
le jour même des soixante et un ans de lauteur
du livret !
Un CD de cette uvre est en souscription.
(Tél. 021 905 24 72 )
André Durussel
Page créée le 10.07.99
Dernière mise à jour le 09.10.01
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