Revue des Arts et des lettres fondée
en 1975
Espaces No 224 septembre-octobre
1999 / Sommaire |
Au sommaire de ce numéro 224/1999
- Editorial
: Contes dautomne
- Un poème
: Alice de Chambrier, Octobre 1879
- Un film
: Conte dautomne, dEric Rohmer
- Des livres
: Un nouveau roman de Mireille Küttel : La Grande Maison
- Bille Corinna S. et Gétaz Matthieu : A pied du
Rhône à la Maggia.
- A lire
: Un croquis dété de André Durussel
et Un souvenir de G. Patanè
- Reflets des
activités du CTL par Alena Vacek
- Expositions
: Amiel et lautobiographie - Les poules de Heinz Altenhofer
à lEstrée
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Editorial |
Contes dautomne
Il y a celui dEric Rohmer, que
le professeur Guy-Th. Bedouelle (Fribourg) nous présente
dans ce numéro, mais aussi celui de " La Grande
Maison ", ce nouveau roman de notre abonnée Mireille
Küttel. Cet " esquif léger qui fuit en se
jouant " dAlice de Chambrier, cest aussi,
dans une autre métaphore, la trajectoire prise par
nos ESPACES en cet automne 1999, tandis que Giuseppe Patanè
nous rappelle avec " La colonne du Saloon décapitée
" que lhumour est lié à lart
moderne.
Oui, ESPACES continue ! Il va traverser
avec vous son prochain (et peut-être dernier) hiver
et prépare des numéros thématiques riches
et variés jusquau bouquet final, en octobre 2000,
un bouquet qui sera aussi une forme dhommage à
la mémoire de Denis de Rougemont, tandis quen
décembre 2000 (No 231), nous nouerons une gerbe de
souvenirs et de témoignages inédits en provenance
de nos lecteurs et auteurs, animateurs de ce " léger
esquif " pendant vingt-cinq années.
André Durussel
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Fugitive, par Alice
de Chambrier |
Fugitive
Nous sommes étrangers et passons
sur la terre
Comme un esquif léger qui fuit en se jouant
Sous les furtifs baisers dune brise légère,
Et dans lhorizon bleu disparaît lentement ;
Heureux, si le sillon quil marque dans sa fuite
Demeure quelque temps après quil a passé
;
Si quelque tourbillon nefface pas de suite
Le chemin quen son cours rapide il a tracé ;
Heureux si, dans les lieux doù le sort nous entraîne,
Il nous demeure un Cur où nous vivions encor,
Un seul cur qui nous suive en la plage lointaine
Que lon nomme ici-bas le sépulcre dun mort.
Alice de Chambrier
Octobre 1879
(Poèmes choisis, préface
par Guy de Chambrier Edit. LAge dHomme, coll.
Poche Suisse dirigée par P.-O. Walzer, 1998, p. 95)
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Conte dautomne,
par Eric Rohmer |
Cinéma : Conte dautomne, dEric Rohmer
Eric Rohmer est un cinéaste
de la fidélité, à lui-même, à
son style, à ses convictions mais aussi à ses
acteurs. Certes, depuis quarante ans que Rohmer fait des films,
ces derniers se sont souvent renouvelés devant sa caméra,
dautant que le cinéaste affectionne les êtres
jeunes, vulnérables, prêts à aimer. Mais
il y a une famille dacteurs quon retrouve dans
les variations rohmériennes : y figurent en bonne place
la grande, blonde et vive Maria Rivière, qui, en particulier,
fut la rivale de la Femme de laviateur (1981) et la
petite brune et tout aussi piquante Béatrice Romand,
quon avait déjà remarquée adolescente
dans le rôle de la sur de cette Claire dont on
na pas oublié le fameux genou qui donne son titre,
en 1970, à lun des plus beaux films du cinéaste.
Les films de Rohmer sont toujours précisément
situés dans une ville, une région, un milieu,
des professions. Conte dautomne se déroule dans
la vallée du Rhône entre campagne, cest-à-dire
vignobles, et villes, surtout Carpentras et Saint-Paul-Trois-Châteaux.
Dans cette dernière localité, aux beautés
méconnues, Isabelle (Marie Rivière) exerce le
métier de libraire quelle délaisse un
peu le temps du film car elle est occupée aux préparatifs
du mariage de sa fille. Magali, au nom déjà
provençal (Béatrice Romand), est terrienne,
soccupe seule de ses vignes puisquelle est veuve
: elle se sent plus vigneronne que viticultrice comme on dit
maintenant. Ce sont deux grandes amies qui se connaissent
" depuis toujours ".
Isabelle, habituée à
deviner les humeurs de son amie, pressent une certaine tristesse,
une lassitude peut-être, un peu plus que dhabitude,
même si Magali joue fort bien de sa fatigue physique,
de ses levers matinaux, pour maintenir une sauvagerie quelle
se reproche vaguement. Peut-être cette touche de nostalgie
lui vient-elle de sa nouvelle amitié, lumineuse, vraie,
filmée avec bonheur par Rohmer, avec une jeune femme,
Rosine, qui lui parle de ses problèmes sentimentaux.
Une sorte de relation de mère à fille sétablit,
mais Isabelle, qui a des idées sur tout, estime que
le moment est venu dun nouveau départ.
A partir de là, Isabelle et
Rosine vont vouloir prendre en main le destin de Magali et
nauront de cesse de lui faire rencontrer de séduisants
quadragénaires. Chacune a sa méthode, ses secrets,
ses roueries, et ses arrière-pensées. Comme
dans une pièce de Marivaux, auquel on na jamais
tort de comparer Rohmer, vont sentrecroiser les jeux
de lamour et du hasard, les fausses confidences, les
stratagèmes et aussi les épreuves que Magali,
fort étonnée, passera avec succès.
On pourrait seulement se délecter
de tant de subtilités, de ces dialogues vivants et
pourtant si littéraires, du jeu des acteurs, du retournement
des situations, des chaleureuses images de Diane Baratier,
si Rohmer ne nous conduisait pas plus loin. Cest quen
effet, si Magali sort victorieuse de ces machinations et si
elle reconnaîtra en Gérald lhomme avec
lequel elle pourra vivre les automnes et les hivers de sa
vie, cest parce que tous deux traversent le film avec
leur sincérité. A la différence des marieuses
qui vont échouer, en quelque sorte, par trop dintelligence
rationnelle, presque manipulatrice, ils se rejoignent dans
la vulnérabilité, dans lopacité
de leur désir de changer de vie. Comme des jeunes gens.
Au fond, Rohmer, même sous les couleurs de lautomne,
nous parle de la jeunesse et de ses sincères passions.
Guy-Th. Bedouelle
avec laimable autorisation de " CHOISIR "
(Décembre 1998, p. 27-18)
Eric Rohmer,
de son vrai nom Jean-Marie Maurice Scherer, est né
à Nancy en 1920. Auteur dans les années 1950
de nombreux articles sur Rossellini, Hawks, Renoir ou Hitchcock,
il devint rédacteur en chef des très influents
Cahiers du cinéma de 1957 à 1963. Lorsquil
commença à réaliser ses propres longs-métrages,
Rohmer développa un style apparemment simple. Annoncés
comme un cycle de " Contes moraux ", les six films
qui sy rattachent mettaient en scène des hommes
et des femmes en proie à une dichotomie entre lanalyse
de leur comportement et leurs actions. Eric Rohmer, peu
intéressé par les drames et intrigues traditionnels,
sest au contraire attaché à décrire,
dans les moindres détails, la confrontation entre
lapparente liberté de ses personnages et leur
exigence morale, comme en témoignent la Collectionneuse
(1963), Ma nuit chez Maud (1969), Le genou de Claire (1970)
et Lamour laprès-midi (1972). En 1980,
Eric Rohmer se lança avec la Femme de laviateur
dans un nouveau cycle de films, " Comédies et
Proverbes ". En 1990, avec Conte
de Printemps, il annonça encore ce troisième
cycle, Contes des Quatre Saisons.
Espaces a déjà présenté Pauline
à la plage sur son No. 105, juin 1985.
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La Grande Maison
par Mireille Küttel |
Un nouveau roman de Mireille
Küttel : La Grande Maison
La Grande Maison, cest une pension
où vivent des personnages venus de tous les horizons.
Cest la vie dune sorte de famille recomposée,
actrice et victime à la fois de la modernité
avec ses " laissés pour compte ", ces cas
quelle rejette sur ses berges imprécises et qui
deviennent les adeptes dune forme de morale du provisoire,
essentiellement matérialiste, et qui pourra peut-être
les réinsérer un jour dans ce même circuit
qui les a éjectés, ceci à linverse
dun précédent roman où, à
" Bel Automne ", on était censé achever
sa vie. (La Conversation, 1996). Voici par exemple le cas
dIrma :
" Ce qui la gêne, cest
de penser aux emplois qui seront supprimés ces prochaines
années au sein de lentreprise privatisée.
Mais zut, un moment de honte est vite passé, et lorsque
le monde et sa morale changent, ne vaut-il pas mieux se laisser
emporter par le courant ? " (p. 123).
Mais quel courant ? Marie-Pierre, la
patronne de cette " Grande Maison ", contrairement
à Lacathie de Monique Laederach (1) nest pas
une ancienne prostituée qui a repris " LEvêché
", mais une femme seule avec son immeuble depuis la disparition
mystérieuse de Léonard, ce mari fantôme
qui ne revient pas dun voyage en France. Et cest
elle, Marie-Pierre, qui va conférer au roman sa structure
narrative particulière, avec ce désenchantement
permanent où toute référence à
la poésie et à la beauté du monde semble
incongrue ou exclue. Cest la chronique des activités
dune femme vieillissante, debout face aux vents contraires,
dans un immeuble qui se désagrège lui aussi
inexorablement par le départ de certains pensionnaires,
par la mort de " Prince ", le chat de la maison,
puis celle du " Président ", un grand arbre
du parc, celui qui symbolisait précisément la
durée et lenracinement, à la manière
de cet ancien président de la Confédération
en mémoire duquel elle tient à assister aux
obsèques.
Mais peut-être bien que cette
" Grande Maison ", cest aussi, au second degré,
notre Europe toute entière en cette fin du vingtième
siècle, plongée dans ses dilemmes économiques
et sociaux face à un marché de plus en plus
asservi à la libéralisation ?
La Grande Maison, cest un roman
sociologique qui invite le lecteur à mieux regarder
autour de lui. Un roman en prise avec cette absence despérance
qui devient la caractéristique principale dune
génération qui avait déjà quarante
ans en mai 1968 et qui, au dernier moment, assiste à
un étrange coup de théâtre.(2)
La Grande Maison, Editions lAge
dHomme, coll. Contemporains, été 1999
André Durussel
1. Les Noces de Cana, par Monique
Laederach. Roman. Edit. LAge dHomme, Lausanne
1996.
2. Mireille Kuttel présente " La grande Maison
" au Lyceum-Club, Maison des Charmettes, Ch. des Charmettes
4 à Lausanne ce vendredi 8 octobre 1999 à 17h.
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A pied du Rhône
à la Maggia par S. Corinna Bille et Matthieu Gétaz |
A pied du Rhône à la Maggia
Cest litinéraire
entrepris durant lété 1954 par Corinna
Bille et Maurice Chappaz, accompagnés de leur fils
Blaise, âgé alors de dix ans, qui va les conduire,
durant cinq jours, de Fiesch, en Valais, à Cevio, au
Tessin, dans la nature riche et sauvage du Binntal et du Val
Maggia.
Durant lété 1997,
un jeune photographe de Vevey, Matthieu Gétaz, réalise
à son tour litinéraire transcrit par Corinna
Bille et réalise un somptueux album photographique
qui accompagne les notes de lauteur de " La Demoiselle
sauvage " (Prix Goncourt de la Nouvelle, 1975).
" A pied du Rhône à
la Maggia " inaugure une nouvelle et plaisante collection
intitulée " Des mots sur le sentier ", qui
propose des promenades à parfum littéraire dans
lesprit des " Mémoires dun touriste
" que publiait Stendhal en 1838.
André Durussel
Bille Corinna S., et Gétaz Matthieu
: A pied du Rhône à la Maggia. Ouvrage illustré,
128p. 18,5/12 cm. Editions La Joie de Lire SA, 2bis, rue Saint-Léger,
CH-1205 Genève. Prix Frs. 35.-, juin 1999.
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Un croquis dété
: Les cerises de Grenoble |
Un croquis dété
: Les cerises de Grenoble
- Grenoble, le 11 juin 1999
Me voici arrivé dans le pays
de Stendhal après un beau voyage en train de Genève
où, peu après Bellegarde, la vallée verdoyante
souvre comme un grand livre dété.
Je suis là pour des motifs professionnels et pour un
jour seulement. Mais comme le départ du train de retour
nest fixé quà 15h10, jen profite
pour me rendre au Musée Stendhal qui, dans le magnifique
cadre du Jardin ombragé de la ville, à proximité
immédiate de la place de la Grenette, accueille les
visiteurs de 14h. à 18h. par son entrée sur
le Quai Hector Berlioz. Il y a là une remarquable exposition
consacrée aux illustres illustrateurs des oeuvres du
grand romancier dauphinois, ainsi que des pages manuscrites
originales tirées de " La vie dHenry Brulard
", de " Lucien Leuwen " et " De lamour
" en particulier, prêtées par la Bibliothèque
municipale de Grenoble. Ce Musée possède en
outre des exemplaires de la brochure rouge de 1978, intitulée
" Grenoble et le Dauphiné vus par Stendhal "
rédigée par V. del Litto.
Je sors du Musée avec ma brochure
sous le bras et, sur la place du marché, jachète
une livre de cerises noires pour Marie-Claire. Je massieds
sur un banc et je tombe sur ces lignes de Stendhal lui-même
:
- Grenoble, le 10 août 1837
" Ce matin, on ma réveillé
à sept heures pour aller manger des cerises à
la vogue de Montfleury ; cest un ancien usage, et un
ancien couvent de dames nobles à une demi-lieue de
la ville, dans une position unique au monde... Les paysannes
des environs, dans leurs plus beaux atours, vendent de petits
paquets de cerises arrangées en bouquets, et des fraises
admirables cueillies dans les bois du côté de
la Grande-Chartreuse ".
Une fois encore, la littérature
nous montre sa contemporanéité prodigieuse et
la ville de Grenoble la qualité de son accueil. Cest
peut-être cela, le véritable tourisme culturel.
Celui dont Stendhal a été un illustre pionnier.
André Durussel
Signalons aussi à nos lecteurs
le récent roman dErnest Mignatte : " Le
Copiste de Monsieur Beyle ", publié en septembre
1998 par Michèle Stroun aux Editions Metropolis, rue
Pedro-Meylan 8 à CH-1208 Genève, un livre retenu
par le Jury du Prix Lipp 1999
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La colonne du Saloon
décapitée, par G. Patanè |
Un souvenir de G. Patanè
: La colonne du Saloon décapitée
Loncle de lun de mes anciens
élèves possède un manoir. Cest
un nouveau riche qui se veut un mécène des arts.
Dans lune de ses grandes salles, japerçois,
posées à plat sur le sol, des plaques de plâtre
et des barres de fer rond appuyées à une paroi.
- Vous allez faire des travaux ?
- Non ! me dit-il, fort contrarié,
ce sont des créations dartistes davant-garde
bien connus ! Lillustre Mic Mac Cormic a non seulement
eu lidée généreuse de poser ces
plaques de 0,45 par 0,45 par terre, mais il a eu lheureuse
idée de former un grand carré avec un total
de 9 plaques de plâtre à la candeur immaculée
; de plus, la distance entre les plaques est toute personnelle,
elle dénote sa très grande sensibilité.
Cest le non moins illustre Mackintosh qui a si artistiquement
disposé les barres de fer contre les vieux murs de
ce manoir. Jai déboursé plusieurs milliers
de dollars pour ces purs chefs-doeuvre de lart
contemporain !
* * *
On ne pourra jamais me reprocher un
manque dintérêt pour les propositions des
artistes contemporains, puisque jai eu loccasion
dêtre parmi les organisateurs des Biennales de
la Tapisserie, et des Salons de Galeries-Pilotes au Musée
cantonal du Palais de Rumine à Lausanne, et dêtre
membre du jury de lexposition des peintres-lissiers
romands au Château de La Sarraz !
Jai ainsi connu dauthentiques
artistes (Lurçat, Henri-Georges Adam, Giglioli, Crippa,
Prassinos, Grau-Garriga, Jagoda Buic) et aussi des médiocres,
des prétentieux et leurs acheteurs à linsondable
stupidité.
* * *
Lors de la préparation de ces
expositions internationales, nous avions eu la visite dun
responsable des Douanes à Rumine pour enregistrer sur
place la valeur déclarée de chaque oeuvre ayant
passé la frontière.
Un jour, devant une vieille colonne
en bois dun saloon, expédiée par un "
maître " du Far West, lemployé des
douanes me demande sa valeur.
- 16.000 francs suisses.
- Vous voulez rigoler ! Ce bois est
complètement bouffé par les vers.
Mon interlocuteur ne comprend plus
; en général, aux frontières, il est
contraint daugmenter les valeurs déclarées.
Celui-ci à peine parti, on saffaire
autour des " oeuvres dart ". La colonne tombe,
et comme elle est bouffée par les vers, le chapiteau
se détache malencontreusement de son fût. Que
faire ? Quel malheur ! Quel désastre ! Lauteur
nest pas là. Il est resté aux States .
Tant bien que mal, on cherche, avec du fil de fer, à
réunir à nouveau le chapiteau avec le restant
de la colonne. Cela fait penser au bouchon retenu à
la bouteille de champagne !
Puis cest le grand jour, les
discours, les conseillers dEtat, le Président
de la Confédération, les invités (amateurs
sincères et snobs réunis).
Quelques années auparavant,
Blanche, la veuve de Ferdinand Hodler, mavait conseillé
découter tout ce qui se dit dans une exposition
; cest fort instructif. Il y a aussi le cabotin bavard
: il veut expliquer ses oeuvres. Il ignore quune uvre
bien venue sexprime toute seule, Il y a aussi des visiteurs
paniqués qui ne veulent en aucun cas passer pour des
ploucs indécrottables.
Près de la colonne décapitée,
rafistolée, je vois arriver deux dames dâge
canonique, mais désirant jouer les minettes dans le
vent, avides de culture :
- Cest beau ! Oh ! Que cest
beau ! Regarde, Adélaïde, cest hypergénial
! Ces Américains, pardon ! nont pas fini de nous
étonner. Quel humour... Lemploi du fil de fer,
quelle trouvaille..., quel talent, quel symbolisme ! ...Combien
jaime... Adélaïde, cest beaucoup plus
quhypergénial !...
Giuseppe Patanè
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Reflets des activités
du CTL, par Alena Vacek |
Reflets des activités
du CTL par Alena Vacek
Le Centre de Traduction Littéraire
de Lausanne a été fondé le 25 avril 1989
au BFSH 1, UNIL, CH-1015 Lausanne. Cette présentation
est tirée de leur site www.unil.ch/ctl/recherche/ que
nous reproduisons pour nos lecteurs.
Un pays plurilingue
La Suisse plurilingue représente
un merveilleux biotope pour létude de la traduction
littéraire. En effet, lusage de quatre langues
nationales révèle, dans la vie culturelle helvétique,
de nombreuses volontés de cohésion. Cependant,
les trois principales régions linguistiques, la Suisse
alémanique, la Suisse romande et la Suisse italienne
se nourrissent de cultures différentes et se tournent
souvent vers des capitales culturelles situées en dehors
des frontières nationales. Le célèbre
" Röstigraben ", une sympathique et folklorique
barrière pour daucuns et un fossé infranchissable
pour dautres, symbolise bien les différents problèmes
dintégration nationale que rencontre la Suisse
depuis le début de ce siècle.
Diffusion et médiation de
la littérature suisse en traduction
Ainsi, lhistoire de la traduction
littéraire en Suisse au 20e siècle dévoile
différents enjeux par le biais des nombreux médiateurs
qui conditionnent les transferts culturels, des médiateurs
tels que les traducteurs, les maisons dédition
ou encore les institutions. En effet, il est impensable dimaginer
la réception de la littérature suisse sans citer
le nom de nombreux traducteurs de talent qui sont encore,
souvent, des auteurs et/ou des intellectuels engagés
: Etienne Barilier ou Walter Weideli par exemple. Quelques
institutions telles que la collection ch. Pro Helvetia et
certaines maisons dédition comme Zoé ou
Limmat Verlag assurent également un rôle important
dans la diffusion de la littérature suisse... en Suisse
!
Questions dappartenance nationale
et linguistique
Car voici une des gageures de la littérature
helvétique en traduction : est-elle un produit de consommation
locale ou rayonne-t-elle également à létranger
? En effet, peu décrivains tels que Max Frisch,
Friedrich Dürrenmatt ou C.F. Ramuz peuvent revendiquer
le label helvétique et jouir dune audience internationale.
En revanche, de nombreux auteurs, traduits ou non, se retrouvent
rapidement assimilés au pays de leur maison dédition
souvent située en dehors des frontières territoriales.
Les traducteurs, eux aussi, subissent les conjonctures de
la politique éditoriale. Cest pourquoi la traduction
littéraire en Suisse pose beaucoup de questions liées
à lappartenance nationale et linguistique des
quatre littératures helvétiques
A. Vacek
Publications
Le CTL a publié dans son
cahier No 30 les actes de la " Journée Jacques
Chessex ", avec des contributions de Mariela Agosthino
de la Torre, Ursula Dubois, Walter Lenschen, Marius Michaud,
Serge Molla (Moudon), Violeta Perez Gil, Marcel Schwander
et Denise von Stockar. Prix : Frs. 7.50. En vente au CTL,
BFSH 2, 1015 Lausanne.
André Durussel
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Amiel et lautobiographie,
par André Durussel |
Amiel et lautobiographie
LAssociation française
pour lautobiographie (APA), dont le siège est
à Ambérieu-Le-Bugey, a organisé, le lundi
5 juillet 1999, à la Bibliothèque publique et
universitaire de Genève, une visite commentée
fort intéressante de lexposition intitulée
" Journaux intimes des 18ème et 19ème siècles
autour dHenri-Frédéric Amiel (1821-1881),
auteur dont, avec plus de seize mille pages, le Journal intime
fait de Genève la capitale de lintrospection
! Un statut que lui avait déjà préparé
le Jean-Jacques Rousseau des Confessions,
des Dialogues et
autres Rêveries.
Mais les ressources de la BPU de Genève ne se limitent
pas à ces deux seuls géants. Célèbres,
eux aussi, ou sauvés de loubli par un petit carnet
ou une épaisse pile de feuillets, ils sont nombreux
à nous parler deux ou de leur entourage. Loin
dêtre toujours objet secret, écrit pour
soi seul et gardé sous clef avec vigilance, le journal
se donne à lire et à copier, sécrit
en famille et en réciproque. La petite sélection
de témoignages présentés dans des vitrines
permet aussi de suivre certains auteurs dans leur réflexion
sur la méthode, voire la légitimité de
la démarche autobiographique. Cest ainsi quil
nous a été donné dadmirer les feuillets
ou carnets de Georges-Louis Le Sage, Maine de Biran (1766-1824),
Albertine de Saussure, Charles de Constant-Rebecque et Rosalie
de Constant-Rebecque, Louis Odier et sa fille Amélie
(1786-1840), ainsi que celui de Suzanne Odier-Céard,
Louise Picot-Rigaud, Thomas Harvey, Daniel Baud-Bovy, Maurice
Baud, Jean-Marc Hornung, Charles Hiem, et, bien sûr,
des pages du célèbre " Journal intime "
dHenri-Férédric Amiel, ainsi que son manuscrit
intitulé " Question matrimoniale " sur lequel
il a travaillé de 1852 à 1872.
Au préalable, Anne Cottier,
introduite par Luc Weibel, a retracé lhistoire
de lédition des oeuvres complètes dAmiel
en 12 volumes, par M. Vladimir Dimitrijevic, le courageux
patron des Editions de lAge dHomme. Une édition
qui sest étendue sur vingt années et dont
les responsables se nomment Marcel Reymond, Jean Starobinski
et Bernard Gagnebin, puis Philippe Monnier et Anne Cottier,
sans oublier Claude Frochaux.
André Durussel
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Mémento d'Espaces |
Beaux-Arts : Les poules de Heinz
Altenhofer à lEstrée
Du 3 septembre au 15 octobre, la Fondation
lEstrée à Ropraz VD accueille les toiles
du peintre Heinz Altenhofer. Entre labstraction et le
figuratif, les camps de concentration pour animaux sont lun
des thèmes de prédilection de lartiste
et les excellentes lignes dIsabelle Guisan se passent
de tout commentaire :
Des poules pour dire la vie intense,
concentrée, enfermée. Mais la puissance des
formes charnues qui émergent du geste et de la couleur
suggère au lieu de dire. Je vois donc un envol dailes
tendues qui tentent éperdument déchapper
à lenfer dun ciel dhiver. Des têtes
baissées, massées, murmurent leur trop-plein.
Des corps ronds et chauds qui sabandonnent presque résignés
à la perspective de la mort.
Exposition ouverte tous les jours
de 14h. à 19h. sauf le mardi. CH-1088 Ropraz VD. Tél.
021/903 11 73.
MOUDON
Nous vous prions de réserver
un bon accueil au programme général des concerts
organisés par lAssociation pour Saint-Etienne,
à Moudon, pour la saison 1999-2000, qui a pu être
encarté dans ce numéro doctobre grâce
à la bienveillance de M. Willy Oberhänsli, secrétaire
de lAPSE et abonné à ESPACES.
Page créée le 10.09.99
Dernière mise à jour le 09.10.01
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© "Le Culturactif
Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"
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