Suisse romande, romantisme et surréalisme
dans l'itinéraire de Marc Eigeldinger
atteindre
à un dévoilement exclusif des gisements profonds.
Julien Gracq, in André Breton. Essais et témoignages
recueillis par M. Eigeldinger, Neuchâtel, La Baconnière,
1950
le véritable sens de cette confiance dans les rêves
qu'avait Nerval : il y voyait un moyen de découverte
: non seulement de découverte de soi-même, mais
de connaissance de l'ultime réalité.
Dictionnaire abrégé du surréalisme, article
" Nerval ", Paris, Corti, 1991
Vous me
paraissez aujourd'hui un des seuls défenseurs authentiques
de la vraie liberté et il me semble important de le
dire maintenant.
M. Eigeldinger à André Breton, 7 juillet 947
Marc Eigeldinger n'a jamais caché
sa dette au surréalisme. Une légitime pudeur
l'a simplement retenu de faire ouvertement état de
son amitié personnelle avec André Breton. Les
liens se manifestent dès 1950 dans le recueil d'études
et d'hommages qu'il dirige sur le poète. Le volume
ne rassemble pas seulement les signatures de critiques proches
du surréalisme (Michel Carrouges, Victor Crastre, Rolland
de Renéville) et de deux membres du mouvement, Benjamin
Péret et Julien Gracq. André Breton y donne
plusieurs textes 1. La proximité
s'approfondit tout au long de l'uvre, Rimbaud, le poète
solaire des Illuminations, donnant fraternellement
la main à Breton. C'est donc très naturellement
que ces liens inspirent en 1978 le titre des Mélanges
- Le Lieu et la formule - qui sont offerts au critique
et poète romand pour son soixantième anniversaire
2. On connaît moins, en
revanche, la manière dont cet attachement au surréalisme
se noue chez Marc Eigeldinger à deux autres composantes
essentielles de son inspiration créatrice et critique
: la Suisse romande, à laquelle il appartient, et le
romantisme, qui le retient très tôt. J'aimerais
aujourd'hui tenter d'approcher cette alliance.
La présente réunion y invite, plus intime, plus
directement centrée sur l'homme et l'uvre que
ne l'avait été le volume de 1978 ou la soirée
d'hommage de 1995 3. Max Milner
et Claude Pichois viennent en effet de brosser un portrait
de l'ami qu'ils ont bien connu, en éclairant respectivement
un aspect, le goût du fantastique, d'un côté,
la passion baudelairienne, de l'autre. Ce m'est un double
plaisir de les suivre, et Daniel Sangsue, l'architecte du
colloque, n'a pas laissé cet ordre au hasard. C'est
en effet à leur amitié que je dois la connaissance
de Marc Eigeldinger. Claude Pichois lui a soumis un "
Nietzsche et Baudelaire " de ma plume, qu'il a publié
à la Baconnière dans un volume collectif sur
Le Surnaturalisme français, en 1979. Max Milner
a provoqué la rencontre, en 1983. Leur recommandation
m'a valu, à mon tour, l'amitié du maître,
qui a bien voulu être sensible à mon édition
des Lettres de Flora Tristan, dont André Breton
avait tiré de l'oubli l'ombre " frémissante
", au volume Muse et Madone, qui allait bientôt
paraître 4. Je dois à
Marc Eigeldinger une invitation comme professeur à
l'université de Neuchâtel en 1984-1985 et la
perspective un moment caressée de lui succéder
à la chaire de littérature française
de cette même université. Je me souviens de son
accueil à son domicile de Saint-Blaise, du vaste bureau-bibliothèque
où il aimait travailler, de ses vastes curiosités,
de son amour de la poésie vivante.
Dans la fidélité à ce souvenir et croisant
plus d'une fois la démarche de mes deux prédécesseurs,
je me pencherai sur les débuts de Marc Eigeldinger,
critique et poète. J'y trouve en effet noués
de façon originale et sûre les fils dont sera
tissée l'uvre ultérieure. Je dois à
la générosité de la famille et des divers
ayants droit l'autorisation de m'appuyer sur deux correspondances
inédites - la première avec son compatriote
Albert Béguin, comme lui natif de La Chaux-de-Fonds,
la seconde, plus fournie et peut-être plus substantielle
encore, avec André Breton. Réunir les éléments
de ces échanges dispersés entre Paris, La Chaux-de-Fonds
et Berne, ce sera entrer dans l'intimité du critique,
assister à la naissance d'une vocation 5. Car, à
s'adresser à deux aînés qui se sont mutuellement
connus et estimés, ces correspondances, qui se recouvrent
en partie chronologiquement, introduisent de manière
privilégiée à la rencontre que je vous
annonçais entre la Suisse romande, le romantisme et
le surréalisme. Béguin et Breton méritent
l'un et l'autre ce titre de " maître de l'image
", que le chef de file du surréalisme appliquera
à Saint-Pol-Roux. Ils révèlent le caractère
dynamique, conquérant, mythique de l'imagination auquel
Marc Eigeldinger consacre, dès sa thèse de doctorat,
le meilleur de ses forces. Ils manifestent aussi la dimension
comparatiste tapie au cur de l'uvre.
Je partirai des relations entre Marc Eigeldinger et Albert
Béguin, chronologiquement premières puisqu'elles
s'étendent sur quinze ans de 1940 à 1955, pour
aborder ensuite les liens que le jeune docteur ès lettres
établit avec Breton dès 1947. Ces liens évoluent
vers une amitié qui dure jusqu'à la mort du
chef de file du surréalisme. Dans l'un et l'autre cas,
ces années correspondent aux débuts de la carrière
de Marc Eigeldinger - successivement professeur à l'École
supérieure de commerce de La Chaux-de-Fonds, professeur
au Gymnase cantonal de Neuchâtel et, à partir
de 1962, professeur invité à l'université
de Berne. Il ne sera nommé professeur titulaire à
l'université de Neuchâtel qu'en 1968. De façon
frappante, la même passion de la liberté, le
même goût de la poésie et de l'écriture
guide Marc Eigeldinger vers ces maîtres - le premier
de quinze ans, le second de vingt ans son aîné
- l'un et l'autre esprits de haute volée, grands animateurs
d'entreprises éditoriales.
***
Marc Eigeldinger n'est encore qu'étudiant
en doctorat, lorsqu'il s'adresse en septembre 1940 à
Albert Béguin. Le chercheur a vainement cherché
en librairie et à la bibliothèque universitaire
de Neuchâtel un exemplaire de L'Âme romantique
et le Rêve. Or le livre lui serait utile pour la
thèse qu'il prépare sur l'évolution dynamique
de l'image dans la poésie française. Eigeldinger
s'offre de l'acquérir au prix que Béguin lui
fixera 6. Quinze mois plus tard,
le 5 janvier 1942, c'est au responsable de la collection des
Cahiers du Rhône à la Baconnière,
à l'éditeur des poètes de toutes générations
(Saint-John Perse, Aragon, Eluard, Pierre Emmanuel, etc.)
qui refusent de plier devant la censure et l'ennemi que va
la requête. Marc Eigeldinger lui propose de rendre compte
dans une revue étudiante de Suisse romande, à
laquelle il participe, des ouvrages de la collection des "
Cahiers du Rhône " qu'il voudra bien lui
envoyer. L'audace n'était pas pour déplaire
à Béguin, qui avait lui-même, vingt ans
plus tôt, à Genève, animé une association
culturelle d'étudiants de lettres. Il avait alors invité
Valéry et Aragon à parler devant ses camarades
genevois. La lettre se termine par une offre qui nous retiendra
et qui témoigne de l'intérêt comparatiste
de Marc Eigeldinger : il aimerait soumettre à son correspondant,
lorsque celui-ci en aura le loisir, une assez libre traduction
qu'il a tentée des Hymnes à la nuit de
Novalis.
Le ton de cette intense correspondance
- on compte au total quarante lettres échangées,
les années 1942, 1943, 1944 représentant un
sommet avec respectivement six, quinze et dix lettres - est
donné d'emblée. La littérature, et la
poésie en particulier, sont au cur de l'échange.
Albert Béguin est sollicité comme guide, référence
et éditeur. Il arrive que des relations communes fassent
lien, comme on le voit lorsque Béguin demande à
son compatriote et cadet s'il n'aurait pas l'adresse de l'un
de ses amis d'enfance qu'il a perdu de vue, et avec lequel
il aimerait renouer : Édouard Rieckel. Or ce dernier,
qui avait été au demeurant un camarade de classe
d'Alberto Giacometti, se trouve être l'oncle maternel
de Marc Eigeldinger. Béguin est alors vite éclairé
: son ami, lui est-il répondu, que sa formation d'ingénieur
avait conduit à travailler à l'électrification
de l'Algérie, est désormais de retour en Suisse
; il s'est fixé à Genève. La demande
factuelle n'occupe cependant qu'un rapide post-scriptum 7.
L'essentiel de l'échange porte sur la poésie.
Albert Béguin deviendra plus d'une fois l'éditeur
de Marc Eigeldinger. Il publiera, la même année
1943, sa thèse Le Dynamisme de l'image dans la poésie
française et un recueil de vers, Le Tombeau
d'Icare, plaquette qui figure dans la prestigieuse collection
rouge " Poètes " des Cahiers du Rhône.
Mais que d'hésitations, d'obstacles et de délais
avant d'en arriver là ! Débordé d'activités,
Béguin est régulièrement en retard dans
sa correspondance. Si le trait est permanent, il n'explique
pas la relative réserve qui caractérise l'échange.
Béguin ne manque ni de générosité
ni de franchise. Il se dit intéressé par les
manuscrits qui lui sont soumis ; il en relève les rares
qualités. Mais il ne peut s'empêcher d'élever
des objections, et discute pied à pied. L'admiration
n'est jamais entière, tant s'en faut. L'échange
se ressent de cette distance : l'apostrophe initiale ne s'élève
jamais au-dessus du " cher Monsieur ", tandis que
la formule de politesse finale, distanciée, en demeure
à des " sentiments les meilleurs ", variés
en " croyez-moi votre " suivi de la signature. L'amitié
est virtuelle, son aveu retenu. Une question de tempérament
sépare, en dernier lieu, les deux hommes.
Béguin cherche vainement dans les poèmes d'Eigeldinger
une voix qui lui soit tout à fait personnelle. Il les
trouve trop marqués par Valéry, qui n'est pas
son poète préféré.
Quant à Valéry, même
si vous n'avez pas subi son influence très directe
et si vous l'avez approfondi tardivement, vous avez nécessairement
baigné dans son ambiance intellectuelle, qui est partout
dans notre époque. Je ne dis pas qu'il soit un mauvais
maître, ni un médiocre poète - Dieu me
garde de pareils jugements ! - mais je pense qu'il ne représente
qu'une des voies possibles de la poésie actuelle, et
peut-être pas la plus féconde. Son expérience
est précieuse, mais est-elle susceptible de beaucoup
de prolongements ? Je crois qu'il y a une poésie liée
à la " métaphysique de l'être ",
comme vous dites, mais de façon plus complète,
plus vivante, plus poétique et plus humaine, soit chez
un Eluard (dont vous parlez très bien) soit chez un
Patrice de La Tour du Pin (qui est aussi de vos familiers)
soit chez Pierre Emmanuel. - Mais surtout, il importe que
tout poète se fasse sa langue, et les imitateurs de
Patrice ou d'Emmanuel (déjà nombreux si j'en
juge par les manuscrits qu'on me soumet) ne me paraissent
pas moins menacés que ceux de Valéry par cette
fatalité que comporte une " école "
trop fidèlement suivie 8.
Et plus loin :
Je sens la très grande qualité
de ces poèmes, leur musique sûre, leur perfection
formelle ; mais je suis encore gêné, comme dans
vos uvres antérieures, par trop de souvenirs
mallarméens et valéryens, qui influencent vos
rythmes, votre vocabulaire, vos images. Il m'est difficile,
- et c'est pourquoi je veux vous relire très attentivement,
- de bannir toute cette forme connue pour laisser apparaître
ce qui est vous. J'ai peur que vous ne soyez vraiment hanté
par les mots, les coupes, les artifices de Valéry,
et que votre oreille ne les cherche en croyant rechercher
votre musique propre. Certes, je sais ce que vous me direz
: que votre idée de la poésie admet fort bien
cette tradition assumée et cette fidélité
à une technique qui vous paraît acquise et transmissible.
Je ne conteste pas cela, mais des ressemblances trop précises
me gênent pourtant. Et vous savez que si j'admire, mais
un peu froidement, la poésie valéryenne, je
suis assez loin d'elle pour n'être pas tout à
fait apte à l'aimer chez les disciples.
Ceci n'est qu'une première impression. J'y reviendrai,
et avec la sympathie que vous savez.
Quant à la publication dans notre nouvelle série
rouge, je ne pourrai en décider qu'après vous
avoir relu. Dès maintenant je vois que votre nouvelle
suite est d'une qualité qui nous ferait honneur. Mais
est-ce bien assez ? Et faut-il que j'accueille ce qui ne répond
pas à l'idée que je me fais de la poésie
ou à mes préférences véritables
? J'ai besoin d'y réfléchir encore 9.
En matière de critique, le jugement
est plus sévère encore. Le manuscrit tiré
de la thèse lui paraît très incomplet,
l'information défaillante. Les réserves qui
accompagnent l'acceptation d'un manuscrit laissent à
penser ce qui arrive en cas de refus. La déception
est franchement avouée : " J'avais espéré
tout autre chose et je crois que vous devez arriver à
tout autre chose 10 ".
Béguin discute, éclaire, sollicite parfois un
avis. Mais l'éditeur appartient à une autre
famille d'esprits, plus radicale, plus exigeante, plus engagée
aussi que son correspondant. Sur le point de faire suivre
à Hermann Hauser, patron de La Baconnière et
son fidèle second, le manuscrit de ce qui sera publié
en 1945 sous le titre Poésie et tendances, Béguin
écrit à Eigeldinger :
Je recommande votre manuscrit à
M. Hauser, à qui je l'envoie par le même courrier.
Et je le recommande sincèrement, car j'y ai trouvé
un grand intérêt. Ce n'est pas que je ne continue
à me sentir assez éloigné de votre position,
ainsi que je crois vous l'avoir manifesté à
propos de vos poèmes et de votre Traité de l'angélisme.
Mais je reconnais la qualité sensible et intelligente
de vos essais. Chacun d'entre eux est une esquisse valable,
qui dessine le visage d'un poète. Et on reconnaît
d'un bout à l'autre votre position critique immuable.
Parfois je souhaiterais pour ma part des études un
peu plus développées, et j'ai l'impression qu'il
vous arrive de vous arrêter après les premières
descriptions d'une uvre, au moment même où
un regard plus appesanti sur son objet en pénétrerait
les secrets profonds 11.
Le dialogue est exigeant, sans concession.
" L'éloignement " dont Béguin ne craint
pas de faire état est un hommage à la loyauté
de l'échange entre deux hommes que les circonstances
placent l'un et l'autre sous les drapeaux en 1944-1945. La
franchise n'interdit en rien la collaboration. Marc Eigeldinger
sollicite Albert Béguin pour une contribution au volume
collectif qu'il prépare sur Paul Valéry. Son
correspondant, qui a désormais quitté la chaire
qu'il occupait à l'université de Bâle
pour rejoindre comme conseiller de la direction les jeunes
Éditions du Seuil, décline l'offre, faute de
temps 12. Mais d'autres projets communs se réalisent.
Gardons-nous en effet de tirer des conclusions hâtives
des archives Béguin déposées à
La Chaux-de-Fonds, où les lettres de Marc Eigeldinger
s'arrêtent en 1945. La trace est loin de s'effacer aussi
vite. L'échange se poursuit jusqu'à la mort
de Béguin. Mais les documents sont à chercher
soit dans les archives du Seuil, soit dans celles de Marc
Eigeldinger.
Les dernières lettres reçues par ce dernier
suivent près de dix ans de silence. Elles sont datées
respectivement du 14 juillet 1954 et du 10 mars 1955, l'une
et l'autre à l'en-tête de la revue Esprit,
dont Béguin prend la direction à la mort de
Mounier, son fondateur. Elles sont révélatrices
: dans la première, Béguin décline un
Breton de Marc Eigeldinger au Seuil, Gallimard retenant
les droits ; dans la seconde, il décline une conférence
sur Claudel devant des collégiens, mais s'engage sur
un projet d'édition d'essais sur la poésie.
Il doit récupérer à Milan des textes
qu'il a donnés sur ce sujet et qui doivent enfin paraître
dans l'année, en traduction italienne. " Nous
verrons, ajoute-t-il, à composer un recueil français
". Malade, éprouvé par les rivalités
intestines au sein de la revue Esprit, Béguin
part pour Rome dans les premiers mois de 1957. Il y meurt
le 3 mai. Si la correspondance s'arrête par nécessité,
la fidélité est mutuelle et les projets ne se
brisent pas tous sur la mort. Une seconde plaquette de poésie
de Marc Eigeldinger, Terres vêtues de soleil,
paraît encore dans la série rouge des Cahiers
du Rhône. L'achevé d'imprimer de ce vingt-cinquième
volume de la série porte la date du 11 novembre 1957.
Le poète reste attaché au conseiller, à
l'ami qui a fondé la collection. On le voit à
l'hommage posthume qu'il lui offre, à l'accueil éditorial
qu'il lui réserve à son tour.
L'hommage à Béguin ne figure dans aucun des
grands recueils qui ont été consacrés
à l'éditeur et au critique. On le chercherait
en vain, par exemple, dans le volume publié en décembre
1957, à la Baconnière, dans la collection des
" Cahiers du Rhône " que Béguin
avait jadis dirigée 13.
Il occupe trois courtes pages, l'année suivante, dans
une revue de Genève et Lausanne, au comité de
laquelle Béguin avait appartenu. Mais le titre, "
Albert Béguin et la vocation de poésie ",
marque où l'influence a porté : au cur
même de la création 14.
Marc Eigeldinger accueille dans sa collection " Langages
" la réédition du Balzac et deux
volumes d'écrits rassemblés par Pierre Grotzer
15. La Baconnière devient
ainsi, à côté de Corti et du Seuil à
Paris, respectivement éditeurs de L'Âme romantique
et le rêve, et du Bernanos, du Balzac
et de quelques autres grands textes, l'éditeur attitré
de Béguin en Suisse. Ami et collaborateur d'Eigeldinger,
Pierre-Olivier Walzer fait le reste en publiant, dans la collection
" Documents " qu'il dirige, toujours à La
Baconnière, un inventaire des archives et des écrits
de Béguin 16. Sans partager
la fougue anti-structuraliste de Grotzer, Eigeldinger sert
ainsi fidèlement l'analyste du romantisme, le restaurateur
de la veine imaginaire et merveilleuse dans les lettres, l'érudit
familier de la tradition et de l'occultisme - autant de traits
par lesquels il en était proche.
***
Venons-en maintenant à la seconde
correspondance, celle qui gravite autour de Breton. Béguin,
l'ami de Breton, son conseiller en matière de romantisme
allemand depuis 1933, son collaborateur même, a-t-il
pesé dans le contact ? Il en a sans doute contribué
au désir de l'établir. Eigeldinger ne se recommande
pourtant pas de lui au moment d'entrer en relations, en mai
1947. Il prend l'initiative de son propre chef, en tant que
fondateur d'une collection aux Éditions de La Baconnière.
Il propose à Breton, dont bien des textes publiés
en revues n'ont pas encore été repris en volume
à cette date (et ne le seront pas avant 1953, dans
La Clé des champs), de les éditer. Il
fait valoir que la Suisse, qui n'a encore rien publié
de lui, présente une lacune qu'il s'emploierait volontiers
à combler. Deux autres lettres de la même année
ne seront encore suivies que d'une première attention
lointaine : l'envoi d'Arcane 17 dédicacé
et d'un numéro de revue, le Cahier d'art consacré
à Jacques Hérold. Mais que Marc Eigeldinger
annonce, en octobre de l'année suivante, son passage
à Paris et son désir de rencontrer le chef de
file du surréalisme, et la réponse est aussitôt
chaleureuse, déjà amicale.
À vrai dire, un petit retard s'est glissé dans
la réponse, et la lettre arrivera trop tard pour que
la visite projetée se réalise. Mais Marc Eigeldinger
a, depuis quelques mois, retenu l'attention de son correspondant
par plusieurs propositions ou déclarations. Il l'a
assuré d'abord de son intention d'écrire un
article de revue sur lui. " Vous me paraissez aujourd'hui
un des seuls défenseurs authentiques de la vraie liberté
et il me semble important de le dire maintenant ", lui
a-t-il confié le 7 juillet 1947. Au début de
l'automne de la même année, il précise
qu'il " prépare une anthologie de la poésie
française moderne dans laquelle [il] voudrai[t] à
tout prix [lui] consacrer une place importante ". Et
la même lettre ajoute : " Par la suite je rédigerai
également une brochure d'une quarantaine de pages sur
votre conception de la liberté, en la rapprochant de
celle de certains révolutionnaires de 89 et de certains
socialistes français du XIXe siècle 17."
Deux gestes supplémentaires déterminent la réponse
de Breton. En premier lieu, l'envoi par son correspondant
d'une étude que l'un de ses élèves au
Gymnase de Neuchâtel, Gérald Schaeffer, a rédigée
sur lui 18. Breton, vivement
touché, rectifie de menues erreurs d'interprétation
sur des points délicats des États généraux
et d'Arcane 17, et propose même son aide, en
cas de publication du travail. Il ne manquera pas, par la
suite, d'associer maintes fois Gérald Schaeffer aux
pensées amicales qu'il adresse à Eigeldinger.
La seconde attention qui touche Breton est l'annonce d'un
projet de volume en son honneur, qui ferait appel à
quelques-uns de ses disciples ou amis préférés.
Cette fois, les distances tombent. Breton répond le
12 octobre 1948. Et dès cette première lettre
conservée de sa plume - la quatrième lettre
de l'échange - le ton est trouvé. Breton communique
aussitôt son adresse personnelle 19.
La préparation du volume occupe les mois suivants et
correspond à des échanges exceptionnellement
fournis : trois lettres en 1948, sept l'année suivante.
Breton prend part à l'élaboration du livre,
une fois qu'il s'est assuré qu'il ne s'agissait pas
d'une commémoration, genre qu'il n'apprécie
guère. Mais d'abord, le 8 janvier 1949, il inscrit
en tête d'un exemplaire de l'édition originale
de l'Ode à Charles Fourier, plaquette allongée
publiée par les soins de la revue Fontaine,
avec mention de la collection " L'Âge d'or ",
dirigée par André Parisot, publiée en
février 1947, sous une couverture et avec des illustrations
de Frederick Kiesler (1890-1965), artiste que Breton avait
connu aux États-Unis, cette superbe dédicace,
datée du 8 janvier 1949 : " "Les attractions
sont proportionnelles aux destinées"/ et mon plaisir
est de remettre/ cet exemplaire aux mains de mon ami/ Marc
Eigeldinger " 20. Le chef
de file du surréalisme aide au choix des contributeurs,
les relance, le cas échéant. Dans l'été,
tandis qu'il passe quelques jours en Bretagne, en compagnie
de Benjamin Péret, il se réjouit de faire suivre
le poème que ce dernier avait annoncé et vient
de composer, " Toute une vie ". Sa " note aiguë
", commente-t-il, brisera l'excès de sérénité
et de bien-dire des autres textes 21.
Mais lui-même, qui a généreusement promis
des textes inédits, accumule les retards et fait traîner
les choses. Il apprécie la patience de son correspondant,
qui le ménage.
Cependant, le livre ne tient pas ses promesses éditoriales.
Il n'est pas diffusé à Paris, à la différence
de celui de Jean-Luc Bédouin, chez Seghers, présent
dans toutes les vitrines des libraires ; le service de presse
est défaillant, et les auteurs ne reçoivent
pas l'exemplaire qui leur a été promis. Breton
s'en montre déçu, sans charger notre ami, souffrant
à l'époque 22. Marc Eigeldinger a d'ailleurs rendu
visite à Breton, lui remettant la réédition
de sa plaquette de poésies, Tombeau d'Icare, d'abord
parue en 1943. Elle reste à portée de main du
destinataire, qui y revient souvent, dit-il, " chaque
fois peut-être (et c'est souvent) que par ailleurs je
vois le ciel se voiler dans la voix humaine 23. "
Les échanges s'espacent un peu dans les mois et années
suivants, ponctués par des échanges de livres,
avant de renaître plus intenses à l'occasion
d'une crise qui affecte gravement Breton. Il se plaint de
persécutions de la part d'un groupe de détracteurs
suisses. Celles-ci l'affectent si gravement qu'il a glissé
une note dans la revue Medium. Eigeldinger prend la
chose à cur, enquête à Lausanne
avec le fidèle Gérald Schaeffer, et rassure
bientôt son correspondant 24.
Cette même année 1953, la publication de La
Clé des champs donne l'occasion à Eigeldinger
de préciser la part qu'il aime particulièrement
chez son correspondant : la célébration du rêve,
de l'analogie et de l'amour absolu. Il a relu " Fronton-Virage
", " qui est si essentiel ". Et il ajoute :
Je n'ai pas manqué de relire
aussi Signe ascendant pour lequel j'ai un faible, car il touche
de près à mes préoccupations les plus
chères en poésie.
Bien que composé de textes très variés,
l'ensemble de La Clé des champs constitue un tout,
une unité qui me paraît centrée sur le
problème de la philosophie hermétique. Les révélations
de l'occultisme et les interprétations qu'il autorise
sont parmi d'autres un des apports les plus riches de votre
dernier livre. Je m'en rends peut-être assez bien compte,
parce que je suis actuellement penché sur le problème
de la vocation chez Balzac (la vocation artistique et non
littéraire) et que je suis amené à faire
certains rapprochements avec la pensée de la tradition
25.
La correspondance aurait pu connaître
une passe difficile lorsqu'elle reprend trois ans plus tard,
dans l'été de 1956. Eigeldinger vient d'achever
une étude sur le peintre Odilon Redon, qu'il envisage
comme " l'un des plus authentiques annonciateurs du surréalisme
" et dont il propose en conséquence le texte à
son correspondant pour la revue Le Surréalisme même
26. Breton, particulièrement
embarrassé, dans la mesure où il est "
aussi peu conquis que possible " par le peintre dont
le " tour d'esprit lui reste fondamentalement étranger
", temporise. Il ne répond que trois mois plus
tard, après une nouvelle lettre d'Eigeldinger lui précisant
qu'il a apporté des compléments à son
texte. Breton est sur des charbons ardents. Il lui en coûte
de décevoir celui que la formule initiale apostrophe
comme " Très cher Marc Eigeldinger ". Il
se doit cependant de refuser pour des motifs qu'il expose
longuement. Il termine sur l'espoir que le refus n'altère
en rien leurs rapports, et assure son correspondant de sa
parfaite estime et de sa vive affection 27. Marc Eigeldinger,
dont on a dit plus d'une fois la franchise, répond
sans tarder : comme il ne met aucune vertu plus haut que la
sincérité, il n'a aucune raison d'en vouloir
à Breton auquel il renouvelle son attachement. Il ne
quitte pas pour autant son point de vue, et défend
Redon contre des accusations qui ne lui paraissent pas toutes
méritées 28.
La dissension sur Redon ne laisse effectivement aucune trace.
Témoin cette dédicace que le maître porte
dans un exemplaire de l'édition originale d'Arcane
17, datée de 1944 à New York, chez Brentanos
: " À Marc Eigeldinger/en faisant intégralement
mienne/sa conception d'une/ poésie gnostique,/à
l'AMI TOUT DE LUMIERE/ André Breton ". Le correspondant
qui lui avait adressé le livre, cher entre tous à
son cur, en le priant d'y inscrire un mot, pouvait-il
rêver de meilleure reconnaissance que cet accord sur
le sens à donner à l'ésotérisme
et à la magie, qui, - selon les termes mêmes
de l'ouvrage - quelques réserves que l'on puisse faire
sur leur principe, maintiennent à l'état dynamique
le système poétique du symbolisme universel
? L'envoi s'éclaire de cet autre, déposé
sur un exemplaire de La Clé des champs, en 1953
: " À mon Ami/ Marc Eigeldinger/ homme d'avant
le mal, de tout cur/ André Breton " 29.
La communion entre les deux hommes, on le voit, engage loin
dans la compréhension de l'uvre de chacun.
Sans m'arrêter sur le détail
des relations, j'en retiendrai deux éléments
encore. En premier lieu, le dévouement avec lequel
Marc Eigeldinger s'investit en faveur de la publication d'un
volume de Benjamin Péret, Les Arts du Brésil.
Le refus des éditeurs, qui jugent déficiente
la qualité des clichés photographiques qui accompagnent
le texte, ne décourage pas notre ami, qui, fort d'une
amitié vraie pour Benjamin Péret, explore toutes
les pistes. Le décès de Benjamin Péret,
le 18 septembre 1959, ne met pas fin aux efforts de M. Eigeldinger
qui se déploient en vain jusqu'en janvier 1961. Je
m'arrêterai ensuite sur les riches éléments
de l'année 1964. La chaleur des relations y est attestée
par non seulement par les échanges intellectuels, Breton
fournissant par exemple à Marc Eigeldinger un court
texte pour son étude sur Vigny, publiée chez
Seghers, mais par une visite de Marc Eigeldinger et de sa
femme Lylette à la résidence d'été
des Breton, à Saint-Cirq-Lapopie. Je n'omettrai surtout
pas un détail pittoresque : la manière dont
à la demande de Breton, Eigeldinger collabore aux collections
de curiosités qu'affectionne Breton, grand amateur
de marché aux puces. Deux lettres au moins font état
de recherche en Suisse de moules à gaufres. Lylette
Eigeldinger les portera elle-même à Paris, à
la faveur d'un voyage - les moules à gaufres, me confiait-elle,
s'étant changés en moules à hosties.
***
Il est temps de rassembler les fils
de ces échanges et amitiés qui n'excluent pas
le pittoresque. Je n'aurai sélectionné dans
l'exceptionnelle richesse de la correspondance de Marc Eigeldinger
que deux ensembles. L'arbitraire est évident. Un coup
d'il sur l'inventaire des lettres reçues, désormais
déposées aux Archives littéraires suisses
de Berne, en convainc. On trouve représentés
parmi les créateurs et dans la critique - outre les
figures que nous avons croisées (Gracq et Blanchot,
les Genevois Marcel Raymond et Jean Starobinski, le Jurassien
Pierre-Olivier Walzer, les Français Gaston Bachelard
et Rolland de Renéville, Jean-Pierre Richard) - une
foule de noms parmi lesquels il serait coupable d'oublier
Jouve et Bonnefoy. L'un et l'autre poètes occupent
en effet une place de choix chez notre ami, dont témoigne
le nombre des lettres qu'ils lui adressent. Jouve, sur lequel
Eigeldinger dirige un ouvrage collectif en 1946, est à
lui seul représenté par soixante-douze lettres
et cartes autographes, de 1941 à 1960 30.
L'auteur de Douve vient aussitôt après puisque
la correspondance, resserrée sur dix ans, de 1977 à
1987, compte quarante-trois lettres. On sait que Bonnefoy,
non content de participer au volume d'hommages de 1978, préface
la sélection de poèmes que Marc Eigeldinger
donne en 1987 et prend encore la parole à la soirée
commémorative de 1995.
Mon propos, insoucieux de dresser aucun inventaire ni palmarès,
aura été d'envisager la naissance d'une vocation.
Je me réjouirais si ma contribution, nettement circonscrite,
attire à nouveau l'attention sur un auteur dont on
comprend mieux désormais comment il est devenu l'un
des pionniers des études sur l'imaginaire. Peut-être
ces lignes ouvriront-elles la voie à des études
sur les grandes figures qui, de Rousseau à Jouve et
Breton, sans oublier les peintres, accompagnent ou cristallisent
sa méditation 31. Au jour où l'université
fête le legs qui lui est fait par la famille de la Bibliothèque
de Marc Eigeldinger, je suis convaincu que Daniel Sangsue
saura présider à ces travaux de jeunes chercheurs
et les encourager.
L'évolution ultérieure du critique est contenue
en germe dans les correspondances que j'évoquais. La
part faite à la création romande aura été
un peu sacrifiée dans ces pages, et je m'en excuse.
Béguin et Marcel Raymond ne suffisent pas à
la représenter. La commande passée par le Conseil
d'État de Neuchâtel pour les célébrations
marquant le cent cinquantième anniversaire de l'entrée
de ce canton dans la confédération helvétique,
Les Voix de la forêt, en témoigne plus
immédiatement. Le texte fut composé sous forme
de cantate par Samuel Ducommun 32. La Suisse romande inspire
une série d'articles, sur le peintre Pierre-Eugène
Bouvier, les écrivains Pierre-Louis Matthey, Jean-Paul
Zimmermann, Philippe Jaccottet ou Ramuz, par exemple 33. Si
j'ai cédé à la fascination des maîtres
que Marc Eigeldinger s'est librement élus, on voit
cependant sur l'exemple de la postface donnée à
l'édition posthume de deux recueils de Jean-Paul Zimmermann
comment l'inspiration jurassienne, chaux-de-fonnière
ou neuchâteloise, s'accorde à l'autre versant
de l'écriture : par son horizon mythique. Que cette
mythologie soit celle de l'innocence ou de la faute, elle
rejoint celle que Marc Eigeldinger, éveillé
par la lecture de Béguin et de Breton, avait passionnément
interrogée chez les écrivains de langue française,
de Rousseau à ses contemporains 34.
Béguin et Breton ont été
des maîtres d'écriture. Mais la chaleur personnelle
de la relation, l'accord s'établissent électivement
avec le chef de file du surréalisme. Ils imprègnent
la création de Marc Eigeldinger. Je ne pouvais en suivre
la trace dans l'uvre sans excéder les limites
de cette contribution. Si Breton a une dette éminente
à l'égard de Béguin, qui l'a introduit
à la connaissance de l'Allemagne romantique, et s'il
l'a ouvertement avouée, au risque de se détacher
du critique plus ouvertement engagé, il est, en revanche,
resté discret sur le lien qui l'unissait à son
ami neuchâtelois. Il n'en a jamais, semble-t-il, fait
état sur l'extérieur. " Je ne cite pas
tous mes amis ", confie-t-il légitimement dans
ses Entretiens. Poétique, liée à
la matérialité rêveuse des éléments,
l'amitié pour Marc Eigeldinger - selon Breton, un "
homme d'avant le mal ", un veilleur " qui veille
au "vivier d'eau claire" 35"
- était réelle. On a pu en juger à l'embarras
éprouvé, lorsque le directeur du Surréalisme
même a été conduit à refuser
la publication d'un texte sur Redon. Le refus n'a en rien
affecté la prégnance du poète dans la
pensée de Marc Eigeldinger : lumière majeure,
il représente le pôle affirmatif, solaire, le
pendant victorieux du déchirement des Baudelaire, Nerval
et Jouve.
Stéphane Michaud
Notes
1 : André Breton, essais et témoignages,
Neuchâtel, La Baconnière, 1950. Une nouvelle
édition remaniée, augmentée de contributions
Michel Beaujour, Jean Starobinski et Pierre Olivier Walzer,
avec un nouveau choix de textes de Breton, paraît chez
le même éditeur en 1970.
2 : Le Lieu et la formule. Hommage à
Marc Eigeldinger, Neuchâtel, La Baconnière, coll.
" Langages ", 1978. L'expression, reprise du poème
" Vagabonds " dans les Illuminations, est citée
par André Breton dans Arcane 17 (A. Breton, uvres
complètes, éd. Marguerite Bonnet, " Bibl.
de la Pléiade ", éd. en cours, 3 vol. publiés,
1988 et suiv., t. I, p. 48. Sauf exception mentionnée,
toutes les références à Breton renvoient
à cette édition, abrégée en OC).
3 : Un certain nombre de poètes
et critiques accompagnent, dans Le Lieu et la formule, la
démarche créatrice de M. Eigeldinger, parmi
lesquels Pierre Emmanuel et Yves Bonnefoy, Michel Jeanneret,
Max Milner, Jean-Pierre Richard et Jean Starobinski. La simple
liste des contributeurs marque sa place dans la vie des Lettres.
À l'exception toutefois de quelques rares textes, la
" Célébration de Marc " de Pierre
Emmanuel, les pages de Claude Pichois et de Pierre-Olivier
Walzer, les discrètes lignes enfin des Éditions
de la Baconnière pour saluer le poète, l'essayiste,
le critique d'art et le directeur de collections dont le nom
est si largement représenté dans le catalogue
de cette maison, l'uvre de notre ami n'était
pas directement au cur du propos. La Faculté
des Lettres de l'université de Neuchâtel et les
Archives littéraires suisses, à Berne, invitaient
le 24 janvier 1995 à un hommage au poète et
critique. S'y sont exprimés Yves Bonnefoy, André
Gendre et John E. Jackson.
4 : Deux volumes aux Éditions du
Seuil, respectivement en 1980 et 1985.
5 : Mes remerciements vont à tous
ceux qui ont permis la consultation de ces documents : Mmes
Aube Elléouët-Breton et Monique Paul-Béguin,
M. Frédéric Eigeldinger, respectivement ayants
droit d'A. Breton, d'A. Béguin et de M. Eigeldinger
; Mme Sylvie Béguelin, conservateur des fonds spéciaux
(et donc du fonds Béguin) à la Bibliothèque
de la ville de La Chaux-de-Fonds, Mme Marie-Thérèse
Lathion, conservatrice du fonds Eigeldinger aux Archives littéraires
suisses (désormais abrégées en ALS),
à Berne, et M. Yves Peyré, conservateur de la
Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, à
Paris.
6 : Pour une appréciation récente
de l'uvre critique de Béguin et en particulier
de L'Âme romantique et le rêve (1937), voir mon
article " Le moment Béguin ", uvres
et Critiques, XXVII, 2, 2002, p. 91-104.
7 : Lettre d'A. Béguin, Bâle,
14 juin 1942 (Berne, ALS) et réponse de M. Eigeldinger,
Faouy, 4 août 1942 (Bibliothèque de la ville
de La Chaux-de-Fonds).
8 : Bâle, 14 juin 1942, Berne, ALS.
9: Bâle, 12 décembre 1942,
Berne, ALS.
10 : Bâle, 14 mars 1944, Berne,
ALS.
11: Bâle, 1er février 1945,
Berne, ALS.
12 : Réponse d'A. Béguin,
Saint-Maur, Indre, 10 août 1945 (ALS). Dirigé
par M. Eigeldinger, Paul Valéry, essais et témoignages
paraît à La Baconnière, en 1945.
13 : Albert Béguin, essais et témoignages,
Neuchâtel, 1957. Textes notamment de Jean Cayrol, Julien
Green, Georges Poulet, Marcel Raymond et Jean Rousset.
14 : Revue de Belles Lettres, 6, 1958,
41-44. Daté de novembre-décembre 1958, le numéro
spécial qui est consacré à Béguin
paraît en août de l'année suivante. Il
comporte, parmi d'autres extraits de la correspondance de
Béguin, la transcription intégrale de la lettre
que celui-ci adresse à M. Eigeldinger, le 9 octobre
1943 (ibid., p. 28-29).
15 : Création et destinée,
I et II, La Baconnière, 1973 et 1974.
16 : Pierre et Béatrice Grotzer,
Les Archives Albert Béguin ; P. Grotzer, Les Écrits
d'Albert Béguin. Essai de bibliographie.
17 : Neuchâtel, 23 octobre 1947
(Paris, Bibl. littéraire Jacques Doucet).
18 : Suite à ce travail, Gerald
Schaeffer (1929 -1979) se voit proposer par Marc Eigeldinger
une interprétation de l'Ode à Charles Fourier.
L'auteur n'a pas vingt ans lorsque sa contribution paraît,
sous le titre " L'Ode à Charles Fourier et la
tradition ", dans le volume André Breton, essais
et témoignages, 1950, p. 83-109. L'étude est
reprise et amplifiée dans l'édition de 1970,
sous le titre " Un petit matin de 1937 " (p. 241-278).
Disciple préféré de M. Eigeldinger, G.
Schaeffer, exégète de Nerval et de Breton, meurt
prématurément. M. Eigeldinger lui consacre une
notice nécrologique dans Romantisme , 1980, n°27,
p. 152.
19 : Paris, 12 octobre 1948 (Berne, ALS).
20 : Coll. Vincent Eigeldinger, Saint-Blaise,
Suisse.
21 : Sein, 29 juillet 1949 (Berne, ALS).
22 : Lettres de Paris, 3 et 20 mars 1950
(Berne, ALS).
23 : Lettre citée du 3 mars 1950.
24 : Lettres de Breton, Saint-Cirq-Lapopie,
5 et 24 juillet 1953 (Berne, ALS) ; réponses d'Eigeldinger,
Neuchâtel, 8, 12 et 21 juillet 1953 (Paris, Bibl. littéraire
Jacques Doucet).
25 : Neuchâtel, 27 septembre 1953
(Paris, Bibl. littéraire Jacques Doucet).
26 : Neuchâtel, 25 août 1956,
(Paris, Bibl. littéraire Jacques Doucet).
27 : Paris, 28 novembre 1956 (Berne, ALS).
M. Eigeldinger a publié de larges extraits de cette
réponse dans Suite pour Odilon Redon, Neuchâtel,
La Baconnière, 1983, p. 65-66.
28 : Neuchâtel, 5 décembre
1956 (Paris, Bibl. littéraire Jacques Doucet).
29 : Collection Vincent Eigeldinger, Saint-Blaise,
Suisse.
30 : Jouve vient toutefois après
Pierre Oster et André Rolland de Renéville,
dont le fonds Eigeldinger conserve respectivement cent quatre
et quatre-vingt-une lettres.
31 : Le volume dirigé par Jean-Claude
Mathieu, Territoires de l'imaginaire. Pour Jean-Pierre Richard
(Éd. du Seuil, 1986), qui regroupe un certain nombre
de grands noms de la critique de l'imaginaire, ne comporte
par exemple aucune contribution de M. Eigeldinger. Le dernier
hommage à notre ami se trouve dans le volume collectif
recueilli par André Guyaux : Dix études sur
Une saison en enfer. In memoriam Marc Eigeldinger, Neuchâtel,
La Baconnière, coll. " Langages ", 1994.
32 : La Baconnière, coll. "
La mandragore qui chante ", 1964 (achevé d'imprimer
du 12 septembre). Un livret programme a été
publié à La Baconnière pour l'exécution
de la Cantate à Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds,
Le Locle et Lausanne, les 12, 13 et 18 septembre. L'orchestre
de la Suisse romande était dirigé par Robert
Faller.
33 : Voir l'inventaire du fonds aux Archives
littéraires suisses, établi par Mme Marie-Thérèse
Lathion, p. 9, 11, 20.
34 : J.-P. Zimmermann, Progrès
de la passion, suivi de Le Pays natal, postface de Marc Eigeldinger,
Lausanne, Coopérative Rencontre/ Éd. Payot/
Feuille d'avis de Lausanne, Bibliothèque romande, s.
d. [1989 ?]. J.-P. Zimmermann (1889-1952), auteur de poèmes,
de récits et de drames, passe toute sa vie dans le
canton de Neuchâtel, à l'exception de deux années
de formation à la Sorbonne et d'une année d'enseignement
à Moscou. M. Eigeldinger avait été son
élève au lycée de La Chaux-de-Fonds.
25 : Dédicaces portées respectivement
sur l'exemplaire de La Clé des champs (Sagittaire,
1953) et de l'édition Pauvert des Manifestes du surréalisme
(1962). On y ajoutera celle-ci, portée dans une édition
antérieure des Manifestes, au Sagittaire, en 1955 :
" À Marc Eigeldinger/ au charmeur de papillons/
à l'Ami/ André Breton " (coll. Vincent
Eigeldinger).
Page créée le 15.02.06
Dernière mise à jour le 15.02.06
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