retour à la rubrique
retour page d'accueil


Scènes Magazine - Feuilleton littéraire
Entretien avec Isabelle Flükiger

  Isabelle Flükiger, Du Ciel au ventre, L'Âge d'Homme, 2003

La rage au cœur

Retenez bien ce nom : Isabelle Flükiger. Dans le paysage parfois convenu de la littérature romande, son premier livre, Du ciel au ventre*, apporte un souffle résolument neuf et libre. À travers les mésaventures de deux amies fribourgeoises qui décident de monter à Paris pour s'encanailler, et chercher ailleurs les émotions que la Suisse leur refuse, on peut lire un hymne à la liberté sexuelle, jamais vécue comme un fardeau, mais plutôt sur le mode de l'expérience jubilatoire. Interview.

- Depuis quand écrivez-vous ?

- Le premier texte dont je me souvienne est un conte de noël écrit à l'école primaire. Mais c'est plus tard, au collège, que j'ai véritablement commencé à écrire : des poèmes, des nouvelles.…

- Comment est née l'idée du livre ?

-J'ai rêvé d'une copine qui me courait après au bord d'une piscine, sur une avenue juste en dessous de chez moi, et me reprochait de ne pas vivre " à cent à l'heure ".

- Est-ce un récit autobiographique ?

- Pour moi, écrire un récit, c'est suivre un personnage qui vit des péripéties. Mais il n'y a aucune dimension autobiographique. C'est plutôt une manière d'exorciser l'idée de débauche ou d'encanaillement.

-Qu'est-ce que votre héroïne va chercher à Paris ?

-Mon héroïne s'emmerde. Elle vit à Fribourg qui est une ville par définition emmerdante ! Elle rêve de Paris comme d'une ville anonyme où elle pourra faire ce qu'elle veut, loin des regards qui la connaissent. Là-bas, elle pourra être absolument libre.

- D'où vient cet ennui ?

- C'est lié à sa vie et à la ville où elle vit. C'est un personnage plutôt passif qui subit ce qui lui arrive. Elle est obligée d'aller chercher ailleurs les aventures et les émotions.

-Ce qu'il y a d'intéressant dans votre récit, c'est que votre héroïne " libérée " par ses expériences parisiennes revient finalement à Fribourg. Pourquoi ?

- Parce qu'elle est obligée de revenir. Elle habite à Fribourg, elle gagne sa vie à Fribourg, elle a son copain à Fribourg. Dans son esprit, Paris reste une sorte de parenthèse. Peut-être aussi qu'elle revient vers ce qui, à la base, la motive : l'idée de révolte. Il faut toujours revenir vers ce qui nous empêche d'exister.

- La morale de l'histoire, c'est qu'on n'échappe pas à son ennui…

- Oui. C'est une femme toujours partagée entre des sentiments contradictoires, ballottée, déchirée. Ce qu'elle trouve en fuyant à Paris, loin de la réconcilier avec elle-même, la partage davantage.

Propos recueillis par Jean-Michel Olivier

* Du Ciel au ventre, par Isabelle Flükiger, L'Âge d'Homme, 2003.

Retrouvez les pages du feuilleton littéraire sur le site culturactif.ch avec toute l'actualité culturelle de Suisse, ainsi que sur le site www.jmolivier.ch.

Cet article de Jean-Michel Olivier
a été reproduit avec l'autorisation de la revue SCENES-MAGAZINE
http://www.scenesmagazine.com

 

Page créée le 22.04.04
Dernière mise à jour le 22.04.04

© "Le Culturactif Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"