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Atelier d'écriture du Département de français moderne
Université de Genève

Consigne : écrire son autoportrait, avec comme référence le début de L’Age d’homme de Michel Leiris.

Je suis à la fleur de l'âge et dans cet âge je me sens bien. Mince mais découpée comme une Méditerranéenne, petite, mes jambes sont plutôt arrondies. Jeune fille, je portais une longue queue de cheval avec une frange. Depuis plusieurs années, j'ai les cheveux coupés au carré ou dégradés. Ils sont brun foncé, de la même couleur que mes yeux, qui deviennent noisette clair, lorsque je pleure.Mes sourcils sont fournis comme ceux de toute ma famille et je n'aurais pas l' idée de les épiler. Une frange dissimule mon front qui est bombé, presque enfantin. Mon cou est long et ressemble, d'après une amie, à ceux des modèles de Modigliani. Ma peau est basanée. J'ai un nez droit, une bouche aux lèvres minces qui aime sourire. Mes joues sont rondes et ma peau serait très douce, comme du satin selon ma mère et mon mari.

J'ai une démarche de danseuse, je tiens mes pieds à l'extérieur, car j'ai beaucoup pratiqué la danse. Aussi mes mollets sont-ils musclés et mes pieds très cambrés avec des chevilles fines. J'ai une garde-robe classique fournie de nombreux tailleurs et de pantalons de préférence larges. Je déteste le lèche-vitrine si bien que je ne connais pas la mode. Quand je me décide à garnir ma garde-robe, je me précipite dans de petites boutiques, découvertes depuis longtemps, où j'achète toujours plusieurs habits le même jour. Je prends du temps pour choisir mes habits, j'hésite, je manque souvent de confiance et parfois la vendeuse m'autorise à les prendre à la maison pour demander l'avis de mon entourage. Ils sont chers afin de durer plus longtemps et de m'éviter de nouvelles emplettes. Je suis coquette et j'adore plaire aux hommes comme aux femmes. Je me maquille peu, parce que je n'ai pas le don du maquillage. Mais mes lèvres sont toujours teintées de rose et parfois je souligne les cils de la paupière inférieure d'un crayon noir. Autrefois, j'ombrais mes paupières de gris ou de vert, toutefois, depuis que mes yeux deviennent allergiques aux fards, j'y ai renoncé. J'accorde beaucoup d'importance à la santé de mes yeux que je baigne tous les matins à l'eau de Volvic.

Il me semble que je souffre de plusieurs tics, plus ou moins apparents. Très souvent, j'effleure mes narines, car, depuis que j'ai subi une opération à cause d'un saignement de nez, je redoute sans cesse qu'il ne saigne. Ainsi je vérifie scrupuleusement qu'il n'y ait aucun écoulement. Je me tiens le menton chaque fois que j'écoute parler un interlocuteur et je passe fréquemment ma main dans les cheveux. Je bouge beaucoup quand je suis assise; je change constamment de position de jambes que je croise et ne devrais pas croiser en raison d'une tendance aux varices.

Ma timidité me pousse parfois à hésiter dans le choix des mots et à raffiner. Plutôt que de parler, je préfère communiquer par lettre. Je suis de nature sauvage, même si la compagnie des autres m'enchante. Je demeure très fidèle dans mes amitiés qui sont de grande qualité, au lieu d'être nombreuses. J'aime beaucoup recevoir des amis à dîner, aller au cinéma ou au théâtre avec eux. Il est indispensable d'alimenter l'amitié, sinon elle se meurt. Les confidences me plaisent parce qu'elles cimentent et approfondissent les liens. La superficialité, les conversations de salons ne m'intéressent pas. De nature grave, je me détourne des futilités. Je suis très exigeante envers moi-même, moins envers les autres, et très disciplinée. Je passe des heures à lire, à écouter de la musique tout en écrivant. Je ne me lasse pas de me promener le long du Rhône ou sur les quais au bord du lac, dans la campagne ou des grandes villes. Je ne crains pas la solitude à l'extérieur. A ce moment-là, je réfléchis à ce que j'ai écrit, je rêve ou je me raconte des histoires. Si je suis accompagnée, la promenade est d'autant plus belle. La nature me fascine et tout ce qu'elle offre au regard me semble plus achevé et plus harmonieux que les créations des hommes. Bien que la musique me paraisse représenter le sommet des arts humains, il suffit que je m'arrête sur le chemin pour écouter plus attentivement le bruissement des feuilles et le clapotis de l'eau, j'ai l'impression alors que les mélodies au sein de la nature sont encore plus enchanteresses, plus envoûtantes.

J'ignore quelles images irradient de ma personne face à des inconnus, mais ce que je sais, c'est que ma famille et mes amis me témoignent beaucoup d'affection et de tendresse, parce qu'ils me sentent toujours disponible, ouverte et aimante.

© Josiane Clerc

 

Page créée le 20.11.01
Dernière mise à jour le 20.06.02

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