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Atelier d'écriture du Département de français moderne
Université de Genève

Consigne : Dialogue à compléter. Les répliques d’Elle sont empruntées au début de L’Heure grise ou le dernier client d’Agota Kristof ; celles de Lui sont à reconstituer ou à imaginer.

Dialogue

ELLE : Oh, mes pieds… (Elle se frotte les mains.) Et mes doigts… tout gelés.

LUI : T’as raison, on se les caille. Même par ce temps tu t’obstines. Et si je t’avais pas ramassée !

ELLE : Je n’ose pas y penser. (Un temps.) Ici, il fait bon.

LUI : Aujourd’hui, c’est moi qui régale. (Il se lève, elle attend, il revient avec deux verres.) Alors toujours au turf, à attendre le micheton.

ELLE : Evidemment. (Ils boivent) Et toi ?

LUI : Oh moi, ça roule plutôt pas mal. Mais tu t’intéresses à moi maintenant ! On va pas commencer à se faire des confidences. Est-ce que je demande à Madame comment elle occupe ses loisirs?

ELLE : Tu me l’as assez demandé, non ? C’est mon tour.

LUI : Ton tour ! (Il feint de s’énerver). Depuis quand est-ce qu’une femme se permet de me donner des ordres ! Tu me prendrais pas pour un petit julot casse-croûte, des fois !

ELLE : Tiens, pourquoi ?

LUI : Ben… c’est que je suis connu moi. (Il s’énerve) Partout on me respecte.

ELLE : Ah ! (Ils boivent) Il y a longtemps que tu n’es pas venu.

LUI : Ces temps, tu vois…(il hésite). Je me suis pris des petites vacances. J’ai fait un passage sur la Côte, la grande vie quoi ! (Il reprend tout son aplomb). Mais t’en poses des questions !

ELLE : Non, mais je me demandais…

LUI : Quoi tu te demandais ?(fanfaron)

ELLE : Tu étais de nouveau pris ?

LUI : Tu dérailles, je t’ai dit que j’étais en voyage !(de nouveau énervé).

ELLE : La main dans le sac ?

LUI : Non mais, tu te prends pour Jeanne d’Arc ? T’entendrais pas aussi des voix par hasard.

ELLE : Non. C’était long ?

LUI : Quoi c’était long ?

ELLE : Ton séjour en prison ?

LUI : Oh là là ….Qui est-ce qui a bien pu bavasser ? Ah si je le chope celui-là ! Oui j’avoue, cette fois j’en avais pris pour six mois. Y a pas de quoi en faire un plat.

ELLE : Chaque fois que je suis longtemps sans nouvelles de toi, je me demande si tu es en prison ou si tu es mort. Te rends-tu compte, si tu étais mort, on ne me préviendrait même pas.

LUI : Mort, mort… parle pas de malheur. Et puis si ça arrive t’as raison, là où je serais je pourrais pas t’envoyer de cartes postales.

© Frédéric Pletscher

 

Page créée le 20.11.01
Dernière mise à jour le 20.06.02

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