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La Boucle

Quand un masque décati s'abat sur le visage aimé,
Et qu'une résignation morbide coule de ces yeux lassés,
Il ne reste plus qu'un écho : celui des trépassés.

La vie sur l'humble abîme de la raison
Tout doucement ruisselle sans passion.

Quand Cronos, l'impitoyable, accélère sa substance,
Et qu'une déformation dégoulinante sillonne le corps en cadence,
Il ne reste plus qu'une supplique : pas de souffrances.

La vie sur l'humble abîme de la raison
Tout doucement ruisselle sans passion

Quand l'espoir se comble de certitudes funèbres,
Et qu'une décision égoïste supprime un futur acerbe,
Il ne reste plus qu'un chant : l'appel des ténèbres.

La vie sur l'humble abîme de la raison
Tout doucement ruisselle

Quand la corde claque dans un bruit ténu,
Et qu'une soumission résolue choque les vertus,
Il ne reste plus qu'un soupir... celui du pendu.

David Crolais

 

 

 

Corpus Christi

En cette journée, je suis né et déjà mort.
Les hécatombes cristallines, rythmées par le souffle hypocrites des pleureuses,
jonchent la route poussiéreuse du mont Golgotha.
Une fournaise sauvage irradie le corps maigre du futur crucifié,
et, dans le même temps, mille bûchers sacrilèges sont allumés.
La croix démesurée est levée et les tortionnaires inconscients
clouent l'éternité sur un morceau de bois, sans remords.
En cette journée, je suis né et déjà mort.
Moi, le prophète anonyme, moi, le barbare virtuellement pacifiste, je remercie
mes bourreaux latins pour l'immortalité sanglante qu'ils m'offrent à cet instant.

David Crolais

 

Page créée le 01.03.01
Dernière mise à jour le 01.03.01

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