Mort écrite

Ils l'ont tué,
Oui, désormais, j'en suis convaincu,
Ils l'ont eu,
Et je vous l'écrit.

Il écrivait comme on respire,
C'était sa vie, sa nourriture, sa raison d'être.
Ses écrits n'étaient qu'émotions et larmes bleues.
Ses écrits respiraient, suaient, dénonçaient,
Ils ne l'ont jamais vu, ils ne l'ont jamais lu.

Ils l'ont ignoré.
Oui, désormais, je l'ai compris,
Ils se sont tus,
Et je vous le dit.

Au regard de son style novateur et plein d'allant,
Ses vers couraient et sentaient la lavande,
Ses rimes débordaient de couleurs,
Ils ne l'ont jamais compris,
Ils ne le sentaient pas.

Ils l'ont écoeuré.
Oui, désormais, je comprends,
Ils l'ont interdit,
Et je vous le rends.

Son écriture était pure et vivifiante,
Il ne respectait pas les formes,
Son talent sortait des sentiers battus,
Il n'était pas conforme,
Il n'était pas du sérail,

Il n' a plus écrit,
Il est mort.

Ils l'ont assassiné,
Sa mémoire reste,
Ses écrits ne sont plus que poussière,
Oui, désormais je le crie,
Trop tard.

© Cyril Suquet
Décembre 1998

Email : suquet@poly.polytechnique.fr

Page créée le 23.03.00
Dernière mise à jour le 23.03.00