Le Culturactif: A lautomne
2006, trois textes ont paru aux éditions de La Joie
de lire à lenseigne dune nouvelle collection
au titre évocateur « Rétroviseur »
: Quelques années de moins que la lune de
Germano Zullo, Comme un autre de Guy Poitry, et enfin
Quand ma mère, long poème dont vous
êtes vous-même lauteure. Pourriez-vous
évoquer les motivations qui vous ont poussé
à ouvrir et créer cette nouvelle collection
?
Francine Bouchet: C'est notre goût
pour la littérature qui nous pousse vers d'autres
sentiers. L'idée de cette collection a émergé
pendant une soirée du Salon du livre de Genève,
une de ces soirées où mes collaborateurs,
c'est-à-dire mes amis, et moi-même imaginons,
avec beaucoup de passion, le meilleur pour nos lecteurs...
A quel public destinez-vous les titres de cette nouvelle série, sachant que vos parutions sont généralement
destinées à un public jeune voire très
jeune. Dans le cas particulier de cette collection, on a
lu dans la presse qu'elle se veut ouverte à tous
les genres littéraires; le fil conducteur en sera
donc lévocation par les auteurs de leurs années
denfance ou dadolescence ?
Même si nous ne le disons pas
explicitement, la collection Rétroviseur est destinée
aux "adulescents", un mot très laid qui
désigne ce public de 18/30 ans. Elle est une invitation
à se pencher sur cette enfance toute proche, à
lui donner un sens, à en écrire l'histoire...
pourquoi pas? La plupart de nos livres pour adolescents
dans notre collection "Récits" peuvent
être appréciés par les adultes. J'aime
passer les frontières. La collection Rétroviseur
concerne l'enfance, par conséquent reste dans la
tonalité de notre catalogue.
Mis à part votre propre
livre, comment avez-vous cherché et trouvé
ces premiers textes ? S'agit-il de commandes de votre part,
pour le livre de Germano Zullo en particulier ? EComment
avez-vous eu connaissance du texte très beau et très
intéressant de Guy Poitry?
Les textes de cette nouvelle collection
sont des commandes. Les consignes sont claires: 22 chapitres
sur l'enfance, celle de l'auteur ou une autre; à
la première personne ou à la troisième.
Tous les genres littéraires sont admis. Enfin, et
c'est très important, le livre doit évoquer,
en fin d'ouvrage, le moment où le héros quitte
ou décide de quitter sa famille.
Le plaisir de l'édition réside dans les rencontres.
C'est au hasard de celles-ci que "naissent" les
écrivains de cette collection. L'intérêt
est de rejoindre l'enfance dans ce qu'elle a d'universel,
en passant par les expériences uniques de chacun.
Germano Zullo a écrit de nombreux livres pour enfants
aux éditions La Joie de lire. Sa poésie pour
adultes est absolument magnifique. Connaissant un peu son
histoire personnelle, sa sensibilité et son humour,
je n'avais rien à craindre. Son livre est la magnifique
histoire de la naissance d'un écrivain.
Guy Poitry, c'est l'engagement littéraire, la précision
du style, l'exigence de la forme. Au-delà, le mystère
de la personne. Et l'écrivain de se révéler
à son lecteur, qui devient son "témoin".
Un mot encore sur mon propre texte.
Il est toujours discutable qu'un éditeur se publie
lui-même. Je pensais le faire sous pseudonyme, mais
mon équipe trouvait cela artificiel, à juste
titre d'ailleurs. Le texte "Quand ma mère"
s'est imposé à moi après la mise en
route de cette collection. J'ai précédemment
publié de la littérature pour adultes aux
éditions de l'Aire, mais je n'aurais pas proposé
ce texte à un éditeur pour adultes. Ce livre
est extrêmement bien accueilli en France...
A quel rythme pensez-vous enrichir
cette collection ? Souhaitez-vous lélargir
aux auteurs dautres régions linguistiques de
Suisse ou de l'étranger ?
Nous publierons deux à quatre
titres par année. Bien sûr, la collection est
ouverte aux autres langues, aux autres cultures.
Eugène, écrivain suisse et Ondjaki, écrivain
angolais seront du prochain voyage.
Propos recueillis par Brigitte
Steudler
Page créée le 17.01.07
Dernière mise à jour le 17.01.07
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