retour à la rubrique
retour page d'accueil


Bulletin septembre 2009

 

www.culturactif.ch
Site Internet du Service de Presse Suisse en faveur de la création, de la diffusion et des échanges littéraires

Editorial

Hugo Loetscher, 1929-2009

Wo ein Satellit verglüht
zwei Sternbild weiter
und gleich links –
dies für den Fall
dass ihr mich
sucht
Là où un satellite s'éteint
Deux constellations plus loin
Et tout de suite à gauche –
ceci au cas
Où vous me chercheriez.

Le 18 août dernier, Hugo Loetscher s'est éteint. Quelques jours plus tard paraissait son dernier livre, un texte autobiographique : War meine Zeit meine Zeit (« Mon temps était-il mon temps »). Ainsi une célébration de la vie s'est-elle muée en adieu.
Grand voyageur, il avait résidé en Italie, en Grèce, au Portugal, au Brésil, aux Etats-Unis, en Thaïlande. Il n'en était pas moins resté foncièrement fidèle à la Suisse, où il a toujours gardé une résidence, et à l'égard de laquelle il aura exercé ce que Peter von Matt nomme le « patriotisme critique ».
Dans War meine Zeit meine Zeit , Hugo Loetscher, à 80 ans, regarde une fois encore par-dessus la rivière Sihl, et remet en ordre ses souvenirs et le monde. Ce n'est pas une autobiographie à proprement parler : Loetscher est resté jusqu'au bout trop peu vaniteux pour cela. Il y évoque les rencontres qu'il a faites dans le monde entier, et son enfance et sa jeunesse dans le quartier zurichois du « Kreis 3 », de l'autre côté de la Sihl.
Ce quartier et cette rivière sont devenus pour lui l'étalon de toute chose. Dans tous les fleuves du monde, dans les canaux, les rives, les côtes, les frontières, il a reconnu la Sihl. Aucun pont n'a manqué de lui rappeler le pont sur la Sihl entre Stauffacher et Sihlporte. Même les égouts, ces cours d'eaux cachés, rejetés, auxquels il avait consacré son fulgurant premier livre ( Abwässer – Ein Gutachten , de 1963, traduit en français sous le titre Les Egouts : un rapport ), ont à ses yeux une parenté avec sa rivière, mineure, maltraitée. Qui symbolise le cours et le cycle de la vie, le devenir, le revenir, le passer, le partir. Et la mort.
Memento mori  : cet avertissement est récurrent dans War meine Zeit meine Zeit . Non loin de Wiedikon, où Hugo Loetscher avait autrefois vécu, se trouve le Sihlfeld-Friedhof, le cimetière du champ de la Sihl. Au cours de ses voyages, l'auteur zurichois a toujours visité des cimetières et gardé à l'esprit son propre départ à venir. Dans son recueil poétique Es war einmal die Welt (« Il était une fois le monde »), paru en 2004, la présence de cette pensée résonnait mélancoliquement, notamment dans les quatre vers intitulés Grabspruch auf dem Campo dos Poetas , « Poème funèbre sur le Campo dos Poetas » :

Ich hab kein Leben
aber ein Werk.
Ob das was taugt?
Hätt das Leben was getaugt?
Je n'ai pas de vie
Mais j'ai une œuvre.
Si cela compte pour quelque chose ?
La vie aurait-elle compté ?

Pour ceux qui sont encore là et qui ont lu des livres de Loetscher, ils comptent. Pour ceux qui ont eu la chance de le rencontrer, son humanité, sa bonhomie vivace, son sourire doux et malicieux, tout cela compte. Comme le dit Françoise Delorme dans les pages de ce mois, il est important de réussir à mêler la déception et l'enthousiasme. Et c'est encore un sentiment de joie qui nous vient en pensant à Hugo Loetscher.

Beat Mazenauer
Francesco Biamonte

***

Sommaire

L'invité
--------------------------------------------------------------------------------
Hubert Theler, économiste et écrivain, chercheur à Zurich, à propos du rôle économique du secteur culturel .

 

Les Livres du mois
--------------------------------------------------------------------------------
Hugo Loetscher, War meine Zeit meine Zeit. Avec un texte de Beat Mazenauer.

Yves Berger, Mes deux béquilles. Françoise Delorme signe la critique de ce recueil.

Jean-François Thomas (éd.), Défricheurs d'imaginaire. Pierre-Yves Lador livre son compte rendu impressionné de cette anthologie de la science-fiction en Suisse romande.

Alberto Nessi, La semaine prochaine peut-être. Le dernier livre de l'auteur tessinois est sorti en français. Compte rendu par Brigitte Steudler.

Noëlle Revaz, Efina. Anne Pitteloud s'entretient avec l'auteure.

Sylvain Thévoz et Patrice Duret, Courroies arrobases frontières. Elisabeth Vust livre son commentaire de ce recueil à quatre mains.

 

Les inédits
--------------------------------------------------------------------------------
Philippe Testa et Monique Schwitter nous offrent un texte inédit. Les inédits du Culturactif paraissent en partenariat avec Le Courrier.

 

Et encore...
--------------------------------------------------------------------------------
... les rubriques habituelles mises à jour: Manifestations, Editeurs, Auteurs, ... sur http://www.culturactif.ch

Page créée le 10.09.09
Dernière mise à jour le 10.09.09

© "Le Culturactif Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"