Quelqu’un tombe, et dans sa chute est traversé par mille et une images, pareilles à ce défilement connu de ceux qui ont frisé la mort, la grande émotion. Sauf qu’ici, c’est la vie qui menace et effraie.
De cet effondrement littéral et symbolique jaillissent un rythme et un air.
On parlera de petite musique, celle qui, une fois venue par on ne sait où, ne nous quitte plus. Et ne cesse de revenir, lancinante et entêtante.
C’est la vie qui fait son manège. Il n’est plus alors de trame tranquille ni de douce mélodie. La phrase cahote et la voix déraille.
Dans la chute, il y a un moment où la vitesse devient constante. Arrivé à ce point de stabilité, la chute pourra durer des jours, des mois et des années, sans varier d’un pouce. Il me semble que je tombe depuis des heures mais il m’est difficile d’être plus précis, d’une part, parce que je ne porte pas de montre, pour des raisons qu’il serait oiseux de développer ici, et d’autre part, quand bien même j’en posséderais une, elle ne me servirait à rien puisque le trou est noir comme du cirage ou comme les ténèbres…
Il s’agit du premier récit de Julien Maret, qui vit dans la région du Valais.
Julien Maret est né en 1978 dans le canton du Valais, situé dans les Alpes suisses. C’est son premier roman.
Rengaine, Ed. Corti, Paris, 2011.
Page créée le 03.08.11
Dernière mise à jour le
03.08.11
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