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Nuit après nuit, j'écoutais mesure par mesure. Parfois une syllabe m'échappait et je tendais l'oreille.
Ainsi s'ouvre le préambule de « Une nuit un jour ».
Nous voici prévenus.
Le poète qui s'adresse à nous est d'abord un poète qui écoute. Comme ceux qu'il a convoqués en exergue à son recueil : Pierre-Louis Matthey, le Gustave Roud de « Requiem », les veilleurs de la tradition soufie ou ceux du Livre (Job, Jérémie, Esaïe).
Quelqu'un se tient au coeur de cette poésie. Jamais nommé. Mais nous savons qu'il est
le manque qui accroît le manque
la soif attisant la soif
l'ivresse enivrant l'ivresse.
Pourtant, loin d'être éthéré, |
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Jean-Pierre Vauthey nourrit son chant de tout ce qui fait l'humaine condition :
invoque la mère, (le baiser matinal au seuil du jardin),
le père, (tes ailes refermées en silence sur mes épaules),
l'ami (il m'a répondu que sa planète couvait déjà l'été)
le fils (à qui il n'a plus à léguer qu'un carquois et un calumet). Oeuvre difficile ?
L'auteur nous avertit : le poème est un clair-obscur, faute de quoi il n'est pas un poème mais seulement un prospectus de voyage pour dolents des heures creuses. A qui pourrait s'en effaroucher, la musique de la langue, déjà, serait une lampe.
Denise Mützenberg
Une nuit un jour, Editions Samizdat, 2008
Page créée le 16.10.08
Dernière mise à jour le
16.10.08
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