Le héros de l'écrivain Pasavento
est Robert Walser, dont il admire l'habileté
à passer inaperçu. Vivre le destin
de cet auteur signifie pour Pasavento se retirer
du monde. Il veut s'éloigner et, un beau
jour, il disparaît. Il se dit qu'on le recherchera,
qu'il lui arrivera ce qui advint à Agatha
Christie quand toute l'Angleterre s'était
mise à ses trousses pendant onze jours
et avait fini par la retrouver. Mais personne
ne recherche le docteur Pasavento et peu à
peu s'impose cette simple vérité
: personne ne pense à lui. Il aura alors
recours à la stratégie du renoncement.
Il va renoncer au moi, à sa grandeur et
à sa prétendue dignité et
en viendra même à croire que sa personne
incarne à elle seule l'histoire de la disparition
du sujet en Occident. Il se rend à l'asile
d'aliénés suisse où Walser
passa tant d'années à l'écart
du monde et fait ses premières armes dans
un art très singulier dans lequel son écrivain
préféré était passé
maître : l'art de n'être rien.
Enrique Vila-Matas, Docteur
Pasavento, Christian Bourgeois Editeur, 2006,
229 p.
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