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Bernard Campiche Editeur

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Parutions 2007
 

  Anne Cuneo / Zaïda

Anne Cuneo - Zaïda

ISBN 2-88241-200-3

À ma naissance, mes quatre grand-parents étaient morts depuis pas mal de temps, et de leur génération je n'ai connu que la demi-soeur de mon grand-père, qui était de vingt ans son aînée.
Elle m'a appris à danser la valse, confié la recette (qualifiée par elle d'originale) du tirami su, du pesto et d'une ou deux autres spécialités italiennes. Elle parlait anglais parce que, m'avait expliqué un parent, sa mère était anglaise; elle était née d'un premier mariage de son père (mon arrière-grand-père). Je n'ai aucun moyen aujourd'hui de vérifier ces affirmations, mais je les ai toujours tenues pour exactes; finalement, cela n'a pas d'importance. C'est en tout cas elle qui m'a donné une image telle de l'Angleterre que mon rêve d'enfant était de m'y rendre le plus vite possible. Mon père
m'avait raconté que pendant la Première guerre mondiale elle avait travaillé dans un hôpital du front, et il avait précisé, l'admiration dans la voix, qu'elle avait soigné les blessés avec la vigueur d'une jeune femme alors qu'elle avait déjà soixante ans bien sonnés. Quelqu'un dans la famille (je ne sais plus qui) m'a aussi dit qu'elle avait perdu dans cette guerre tous ses enfants. J'ignore dans quelles circonstances. J'étais trop jeune pour qu'elle songe à me raconter sa vie. et que je songe de m'y intéresser.



Lorsqu'elle m'apprenait la valse, faisait rire les uns et frémir les autres avec des blagues osées, des chansons coquines, et des vérités qu'elle assenait sans pitié pour son interlocuteur, ma grand-tante avait donc dans les cent ans. Elle est morte alors que j'étais déjà en Suisse, et la seule chose que j'ai gardée d'elle, mis à part un souvenir lumineux, quelques recettes de cuisine et la ferme intention d'aller en Angleterre et d'apprendre l'anglais, c'est une petite bague qu'elle m'a donnée la dernière fois où nous nous sommes vues. Elle me l'a glissée dans la main, pour ainsi dire en catimini, alors que j'étais sur le point de m'en aller.
«Garde-la bien, elle te portera bonheur», avait-elle murmuré. Elle avait dû penser que nous ne nous reverrions pas. Je l'ai gardée (miraculeusement, je l'ai toujours), et cela m'a aidée à ne pas l'oublier. Cela fait longtemps que j'ai envie d'en faire un personnage de roman, de lui imaginer une vie autour des quelques faits incertains que je connais d'elle, et de ce que j'ai pu deviner ou pressentir de son caractère. Le jour où je m'y suis mise, je me suis rendu compte que l'histoire était là, prête à sortir, sans doute depuis longtemps.

ANNE CUNEO

Née à Paris à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Anne Cuneo passe son enfance en Italie du Nord.
Après la mort de son père en 1945, elle passe plusieurs années dans divers internats et orphelinats religieux en Italie d'abord, puis à Lausanne où elle doit s'adapter à la langue et à l'environnement nouveaux. Après cette difficile période, elle passe une année en Angleterre, à Plymouth et Londres, et découvre la culture anglo-saxonne. Plus tard, elle puisera dans les souvenirs de ce moment décisif de son adolescence pour un roman plein d'humour et de fraîcheur, Station Victoria (1989). De retour à Lausanne, elle est d'abord téléphoniste, puis étudie à l'Université de Lausanne (licence ès lettres), apprend les métiers de la publicité, enseigne la littérature, voyage à travers l'Europe.
Éclectique, Anne Cuneo partage son temps entre la création dans presque tous les domaines de la littérature et le journalisme. Son ouvre est animée par une participation spontanée aux courants modernistes. L'illustration de ses choix esthétiques apparaît dans Gravé au diamant (1967), Passage des Panoramas (1978), Hôtel Vénus (1984). Porte-parole des laissés-pour-compte dans La Vermine , elle introduit le monde des immigrés dans la littérature romande avec les deux volumes de son Portrait de l'auteur en femme ordinaire (1980/1982). Elle évoque le milieu des malades dans Une cuillerée de bleu (1979) après avoir survécu à un grave cancer. Essayiste, elle dessine des portraits des milieux du spectacle dont elle se sent proche: Le Piano du pauvre (1975), La Machine Fantaisie (1976), Le Monde des forains (1985), Benno Besson et Hamlet (1987).
Elle participe à des expériences cinématographiques et théâtrales. De l'écriture, elle passe à la mise en scène et à la réalisation.
Aujourd'hui, Anne Cuneo ne met plus sa vie en livres, estimant qu'elle a raconté tout ce qu'elle a vécu de différent. Cette voix plus profonde, elle la prête à des personnages, qui s'expriment toujours à la première personne, telles les héroïnes de Station Victoria (1989) et de Prague aux doigts de feu (1990), ou le héros du Trajet d'une rivière (1993, Prix des Libraires 1995), Francis Tregian. Anne Cuneo a publié en 1996 une suite indirecte au Trajet d'une rivière , Objets de splendeur , où la figure attachante d'un Shakespeare amoureux nous réintroduit dans l'univers du grand dramaturge.
En 1998, Anne Cuneo publie son premier roman dit «policier» (mais qu'elle qualifie de «roman social»), Âme de bronze - suivi en 1999 par D'or et d'oublis puis en 2000 par Le Sourire de Lisa - où l'on retrouve l'enquêteuse Marie Machiavelli.
Anne Cuneo collabore au Téléjournal à Genève et à Zurich, où elle demeure conjointement aujourd'hui. Ses ouvrages, constamment réédités et traduits en allemand, sont tous de grands succès de librairie en Suisse.

Anne Cuneo, Zaïda, Bernard Campiche Editeur, 2007

  Anne-Lise Grobéty / Jusqu'à pareil éclat

Anne-Lise Grobéty - Jusqu'à pareil éclat

ISBN 2-88241-203-4

[...] Ce texte m'a touchée pour plusieurs raisons. Tout baigne dans une atmosphère tragique et onirique, filée de quelques vers de Keats et de Wordsworth, en anglais, cette langue cadencée qui doit combler la musicienne que vous auriez voulu être. Événements et non-événements se déroulent dans une merveilleuse demeure anglaise au jardin extraordinaire, lieu par excellence de la fiction, paradis de l'imaginaire. La dame de l'histoire s'appelle Jade Chichester. Elle a une mère, Grace, et une fabuleuse grand-tante, Margareth, qui voyage aux quatre coins de la terre.
Un lien quand même entre ce texte inclassable - peut-on parler d'un conte? - et vos autres romans : le thème de la filiation mère-fille. Abordé ou ébauché par vos narratrices, Aude, Laurence et Iona, il est ici l'objet central de Jusqu'à pareil éclat , dans une construction subtile qui suggère tour à tour la présence et l'absence, l'amour et la haine, l'image et la substance. Dans vos romans, l'importance de ce thème se devinait. La relation entre vos narratrices et leur mère y apparaissait comme une révolte tronquée par la pitié des filles, conscientes de ce qu'a été le destin non maîtrisé des mères. Dans vos romans la relation mère-fille est caractérisée par le mensonge et la nécessité de se protéger mutuellement. Elle est une relation vouée aux apparences derrière lesquelles peuvent se cacher une lucidité voire un cynisme terribles.



En inscrivant ce thème dans un conte, très loin de l'urgence des récits à la première personne, vous l'élevez au niveau du mythe et du symbole. Jusqu'à pareil éclat est une ouvre émouvante parce qu'elle indique que la tradition au féminin dont Alice Rivaz déplorait l'absence commence à exister..

VALÉRIE COSSY , fragments du Discours de remise du Grand Prix C. F. Ramuz, le 28 octobre 2000.

Née en 1949 à La Chaux-de-Fonds, Anne-Lise Grobéty étudie à la Faculté des lettres de l'Université de Neuchâtel et effectue un stage de journalisme. Elle commence à écrire très tôt, et elle a dix-neuf ans lorsque paraît son premier roman. Après un deuxième roman, elle ralentit son activité littéraire pour s'occuper de ses enfants. Dans le même temps, elle s'engage politiquement et siège pendant neuf ans comme députée socialiste au Grand Conseil neuchâtelois. Son mandat achevé et ses filles devenant plus autonomes, Anne-Lise Grobéty renoue avec l'écriture en 1984.
Anne-Lise Grobéty se fait connaître du grand public dès son premier roman, Pour mourir en février , couronné par le Prix Georges-Nicole. La suite de son ouvre remporte le même succès: le Prix Rambert et deux Prix Schiller lui ont notamment été décernés. Parmi ses publications les plus importantes, les romans Zéro positif et Infiniment plus , tous deux traduits en allemand, et les recueils de nouvelles La Fiancée d'hive r et Belle dame qui mord . Elle a reçu le Grand Prix C. F. Ramuz en 2000 pour l'ensemble de son ouvre, et le Prix Saint-Exupéry-Valeurs Jeunesse de la francophonie 2001 ainsi que le Prix Sorcières 2002 pour Le Temps des mots à voix basse .
Ses narratrices cherchent à affirmer leur identité féminine, à une époque où la présence des femmes en littérature commence à s'affirmer. Anne-Lise Grobéty est donc aussi fortement concernée par la condition de la femme écrivain, par les aspects historiques, formels et politiques de l'écriture féminine, mais elle poursuit surtout une exploration de la langue dans une tonalité bien à elle.
En 2006, paraît un important roman, La Corde de mi , qui a été couronné par le Prix Bibliomedia Suisse 2007.

Anne-Lise Grobéty, Jusqu'à pareil éclat, ernard Campiche Editeur, 2007

 

  Elisabeth Horem / Un jardin à Bagdad

Elisabeth Horem - Un jardin à Bagdad

ISBN 2-88241-199-0

Comment vit-on à Bagdad aujourd'hui? Peut-on faire de la littérature avec une année de vie à Bagdad? À ces deux questions la romancière Elisabeth Horem, femme de diplomate en poste en Irak, répond par l'af?rmative en publiant ce roman-journal, des «impressions de la vie un peu étrange» qu'elle mène là-bas.
Nous sommes loin des reportages et des thèses. Une année d'observation, de vie malgré tout, malgré la violence, malgré la peur. Une année d'écrivain, avec le travail d'écriture cloîtrée, fenêtres fermées, des aventures minuscules, des découragements et des bonheurs gagnés sur la peur. Une année, c'est aussi le rythme des saisons, avec quelques sorties, du poisson grillé et Babylone, si loin si proche, qu'on ne reverra plus.
La vie qu'elle décrit, avec ses gardes du corps omniprésents, la chute des grenades, la voiture blindée, c'est un cercle qui se rétrécit. L'enfermement progressif avec la haine derrière la porte. Il y a quand même une soirée de poésie. Puis des morts inconnus. puis des morts qu'on pourrait connaître. Le jardinier, lui, continue de faire pousser des plantes, la gourmandise, un chat et Mozart font parfois oublier la violence. Pas longtemps. Le texte d'Elisabeth Horem est à lire absolument comme un témoignage littéraire de haut vol, une aventure de mots serrée et forte, sans concession au sensationnel.

DIDIER POURQUERY , Métro


Elisabeth Horem, française et suisse, a étudié à Paris.
Elle a publié Le Ring (1994, Prix Georges-Nicole 1994, Prix de la Commission de littérature du Canton de Berne 1994 et Prix Michel-Dentan 1995), Congo-Océan (1996, Prix d'encouragement de la Ville de Berne), Le Fil espagnol (1998) et Le Chant du bosco (2002), quatre romans dont les critiques ont souligné la remarquable qualité d'écriture et l'atmosphère d'étrangeté et de mystère qui s'en dégage.
Elisabeth Horem a séjourné à Moscou, à Prague et dans plusieurs pays arabes dont l'Irak (2003-2006), évoqué dans Shrapnels. En marge de Bagdad (2005) et, en 2006, Mauvaises rencontres .
Elisabeth Horem a séjourné à Moscou, à Prague et dans plusieurs pays arabes dont l'Irak (2003-2006). Elle vit maintenant à Tripoli (Libye).

Elisabeth Horem, Un jardin à Bagdad, Bernard Campiche Editeur, 2007

 

  Asa Lanova / La Nuit du Destin

Asa Lanova - La Nuit du Destin

ISBN 2-88241-202-7

.Alors que tout le destinait à la carrière diplomatique, le jeune Ismaël Ouardiri s'engage dans une confrérie d'Alexandrie, « Les Aigles d'Osiris », dont les règles, extrêmement rigoureuses, sont basées sur l'oubli de soi-même, afin de parvenir à ce dépassement suprême qui accède à l'anéantissement de l'ego.
Dès le «Grand Serment» prêté, ce pacte ne peut être annulé sous peine de représailles allant jusqu'à l'acceptation de sa propre mort. Mais une rencontre imprévue fera soudain éclater l'ordre établi de la vie d'Ismaël, et le Destin s'accomplira tel que de tout temps il était inscrit sur les pierres tutélaires de la ville.
Une fois de plus amour et mort seront liés, non comme une fin, mais telle une sublimation sur laquelle plus rien n'aura d'emprise. «Pour que l'amour demeure sans dégoût, il faut que la mort l'achève au plus fort de sa flamme.»

ASA LANOVA

Asa Lanova est née à Lausanne, d'une mère apprentie fleuriste et d'un père architecte. Possédée dès l'enfance par la passion de la danse, très jeune elle se rend à Paris, où elle travaille avec les plus grands Maîtres russes de l'époque. Très vite engagée comme soliste dans la compagnie d'Yvette Chauviré, elle devient, dans les Ballets de l'Étoile, la partenaire de Maurice Béjart dans un pas de deux intitulé Hamlet et Ophélie .


Puis elle danse, entre autres, dans une compagnie aussi prestigieuse que celle de Raymondo de Larrain, le successeur du Marquis de Cuevas. Elle participe en outre à des films et à des courts métrages, en tant que danseuse et comédienne.
Rentrée en Suisse pour raison de santé, elle est bientôt engagée à l'Opéra de Zurich, où elle incarne des rôles importants - elle sera plus spécialement la princesse de l'Histoire du soldat , et la Reine des Willis du ballet Gisèle . Ensuite, ce sera deux saisons au Grand Théâtre de Genève, avec, comme maître de ballet et chorégraphe, Serge Golovine. On la dit promise à une carrière exceptionnelle, lorsque brusquement et apparemment sans raisons, le fil se casse.
Malgré les propositions brillantes qui s'offrent à elle, elle décide alors de quitter la scène et se réfugie dans la solitude d'une ferme vaudoise. Là, elle découvre le tissage et participe avec un succès immédiat à de nombreuses expositions - l'une de ses tapisseries figure au Musée de Moutier.
Mais le tissage l'amène enfin à ce qui l'attirait depuis toujours: l'écriture. Fascinée par l'image filmée, elle commence par écrire trois dramatiques, qui seront réalisées par la Télévision suisse romande.
Puis un premier roman voit le jour, La Dernière Migration , aussitôt publié à Paris, aux Éditions Régine Deforges. Parallèlement à l'écriture, elle participe à des émissions télévisées, et, par exception, remonte sur scène afin d'incarner le rôle principal de l'opéra-ballet Tancrède et Clorinde de Monteverdi.
Entre-temps, d'autres romans ont été édités, Crève-l'Amour , aux Éditions Acropole, Le Coeur tatoué , aux Éditions Mazarine, L'Étalon de ténèbre aux Éditions Régine Deforges, Le Testament d'une mante religieuse , aux Éditions de l'Aire.
Puis elle quitte de nouveau son pays natal pour s'exiler en Égypte, où durant cinq ans elle vit à Alexandrie. C'est de cet exil que va naître Le Blues d'Alexandrie , qui lui vaudra le Prix de la Bibliothèque Pour Tous et celui de la Fondation Régis de Courten.
Mais la nostalgie de l'Europe l'amène à séjourner deux ans en Haute-Savoie, où elle écrit son septième roman, Les Jardins de Shalalatt , qui reprend certains personnages du Blues d'Alexandrie , à des moments différents de leur existence.
Asa Lanova vit aujourd'hui à Pully, ayant rejoint la maison familiale, où elle a écrit La Gazelle tartare , Prix Schiller 2005 et Prix littéraire des Alpes et du Jura 2005.

Asa Lanova, La Nuit du Destin, Bernard Campiche Editeur, 2007

 

  Antonin Moeri / Juste un jour

Antonin Moeri - Juste un jour

ISBN 2-88241-201-0

Il semblerait qu'on entende des voix dans ce livre, qu'on ait décidé d'ouvrir son cour, de s'en remettre à quelqu'un. Mais à qui? On ne le sait pas exactement. À une journaliste, à une psy, à une avocate chargée de démêler les responsabilités de chacun ou, peut-être, à un lecteur. Quatre membres d'une même famille veulent en parler. De quoi? D'une journée à la montagne. Parce qu'ils ont gagné le concours starlight qui leur a permis de séjourner, pendant le carnaval, dans une station de sports d'hiver. Entre exhibition et sincérité, ils vont raconter ce qu'ils ont vu, entendu, ce qu'ils imaginent et ressentent. Ils vont faire des déclarations sous la foi du serment.
Deux employés de restaurant apportent également leur témoignage dans cette affaire. Le regard qu'ils posent sur ces curieux touristes égarés dans une faune festive n'est pas celui du voyeur, plutôt celui de l'observateur amusé. Ce regard ironique installe une distance salutaire et offre un éclairage indirect sur ce qui apparaît comme un grave malentendu. La dureté et la cruauté d'Arnaud, les grandes questions que se pose Emilie, les divagations d'un père parfois absent, les rêveries d'une mère aimant la vie par-dessus tout pourraient être celles de gens sans qualités dont il m'arrive d'admirer la force de caractère, l'ascétisme et le sens de la dérision.

A. M.



Antonin Moeri est né à Berne. Après ses premières années vécues à Mexico, Antonin Moeri poursuit sa scolarité sur les rives du Léman dans la région de Vevey. Adolescent, Antonin Moeri part à Genève pour y étudier à l'Université. Après avoir suivi les cours de l'École d'art dramatique de Strasbourg, Antonin Moeri exerce le métier d'acteur en France et en Belgique.
Traducteur de Theodor Fontane, Robert Walser et Ludwig Hohl, Antonin Moeri écrit cinq livres parus aux éditions L'Âge d'Homme: Le Fils à maman en 1989 pour lequel il obtient le premier Prix au concours littéraire de la revue [VWA] ; L'Île intérieure en 1990; Les Yeux safran en 1991; Allegro amoroso en 1993 pour lequel il obtient le Prix Schiller 1994; Cahier marine en 1995. En 1998 il publie aux éditions Bernard Campiche: Igor , suivi, en 2000, d'un premier recueil de nouvelles, Paradise Now et, en 2003, par Le Sourire de Mickey .
Antonin Moeri vit et travaille à Genève et séjourne une bonne partie de l'année dans la maison familiale de Cully.

Antonin Moeri, Juste un jour, Bernard Campiche Editeur, 2007

 

  Michel Viala / Théâtre incomplet I & II

Michel Viala / Théâtre incomplet I
Volume I

Monologues et pièces à deux personnages
Préface inédite de Joël Aguet

Des raisons d'espérer (1969)
IL (1971) Monologue
Hans Baldung Grien (1972)
Séance (1974)
Jeu de sable (1974)
L'Objet (1975)
La Remplaçante (1975)
Vérification d'identité (1975)
Chômage (1976)
Vacances (1976)
Le Parc (1977)
Par Dieu qu'on me laisse rentrer chez moi (1979) Monologue
Les Artistes (1982)
Cette douleur ce déracinement (1983)

***

Michel Viala / Théâtre incomplet II
Volume II

Grandes distributions

La Cinique du Docteur Helvétius ou Le Cas Bolomey (1968)
Le Datura ou la guerre est inexplicable (1969)
Le Bunker (1971)
Le Creux (1974)
Est-ce que les fous jouent-ils? (1980) ?
La Succession (1984)

Michel Viala: une réalité soulignée

Voir un texte de Michel Viala sur scène, cela fait un peu le même effet que lorsqu'on voit le comédien Michel Viala jouer - que le texte soit de lui ou d'Ibsen: il touche un nerf qu'on ne se soupçonnait souvent pas, et l'on se surprend soudain à penser des choses, à ressentir des événements, d'une manière nouvelle.
Michel Viala ne souligne pas la réalité de façon «réaliste». Il n'avance pas de grandes théories. «Au théâtre, ce qui est intéressant, ce sont des situations. Une fois qu'on a les situations, on peut même y introduire des discours», dit-il.
Et les situations que Michel Viala dépeint inlassablement depuis une trentaine d'années sont les nôtres. Nos situations de Suisses. Des situations quotidiennes avec le petit détail surréaliste qui permet de mettre en lumière une vérité qui va plus loin que les apparences. Qui leur donne valeur de symbole.
L'ouvre de Viala est considérable. Feuilletons radio et TV, scénarios sont difficiles à retrouver. Ils ont souvent disparu, se sont transformés (ainsi, il n'existe plus aucun exemplaire du scénario de L'Invitation , le film de Goretta, qui est écrit par Viala).
Mais Viala a également écrit une ouvre théâtrale considérable: vingt pièces retrouvées après un patient travail dans les archives les plus diverses et que nous aimerions proposer à la lecture.
Car si la conscience suisse se souvient sans problème de ces deux grands auteurs de théâtre que son Max Frisch et Friedrich Dürenmatt, elle a jusqu'ici oublié d'inclure dans la liste des grands dramaturges helvétiques Michel Viala, qui est aussi important qu'eux.
Son angle d'approche est différent: il prend les choses par en-dessous et crée l'épique non par le cadre, mais par la situation-même, parfois avec un seul personnage (comme dans Séance par exemple). En tout cas, lorsque l'on sort de la lecture de ces textes retrouvés, on est vivement frappé par l'originalité, la rigueur, la cohérence d'une pensée toujours en éveil. On est frappé aussi par le métier de cet homme de théâtre complet, qui est tout aussi excellent comédien et metteur en scène qu'il est écrivain.
Nous pensons faire oeuvre utile en proposant la lecture du Théâtre incomplet de Michel Viala (ce titre est choisi par l'auteur lui-même qui disait à juste titre qu'à cinquante-cinq ans il pourrait encore écrire «quelques pièces en passant»).
Nous pensons que cette ouvre, dans son originalité, sa profonde réalité, son caractère très humain, reflète un certain nombre de réalités suisses dont la mise en lumière frappe d'autant plus qu'on lit ces pièces les unes après les autres.
Nous pensons que cette oeuvre, que nous avons recueillie avec difficulté, en ayant parfois l'impression que c'était in extremis, vaut d'être préservée, publiée, lue, vue et revue par un public aussi large que possible.

ANNE CUNEO

Michel Viala est né le 17 Mai 1933 à Genève (le même jour que Jean Gabin!). De père français et de mère italienne, il est de nationalité suisse. Après des études chez les Salésiens et au Collège Calvin, il suit une formation aux Beaux-Arts de Genève. Il vient au théâtre par hasard, conçoit ou exécute des décors, puis joue dans de nombreuses pièces. Après des voyages en Afrique et en Asie, il écrit pour la radio et le théâtre. Il met plusieurs pièces en scène, tant en Suisse qu'à l'étranger. Il devient par la suite scénariste de cinéma et de télévision et redevient parfois comédien. Ses textes ont presque tous été joués ou réalisés. Certains ont été traduits en plusieurs langues. Il a reçu le Prix SACD en 1984 pour l'ensemble de son ouvre. Michel Viala vit aujourd'hui au Petit Bois , à Céligny.
En automne 2007, sa pièce Vacances sera jouée, dès la mi-décembre, au Poche de Genève, avec Caroline Gasser et Thierry Meury, et les deux volumes de son Théâtre incomplet sortiront de presse à cette occasion.

Michel Viala, Théâtre incomplet I & II, Bernard Campiche Editeur, 2007

 

  Nathalie Chaix / Exit Adonis

Nathalie Chaix / Exit Adonis

ISBN 978-2-88241-194-5

Un homme n'aime pas une femme et la fait souffrir. C'est l'histoire de cette femme qui commence par être éblouie, puis se protège de l'éclat de cet homme. Mais il est trop tard, même si la femme ne s'en laisse pas conter. Elle a contre elle la maîtresse de cet homme, qui s'appelle héroïne. Et pour elle, le temps qui passe. En cinq ans, le charme s'effacera, les blessures se cicatriseront, la lucidité se fraiera un passage.
Au début, il y a la fascination. À la fin, le chagrin. Entre ces deux moments, un roman parle de l'amour à l'aube du vingt et unième siècle. Non pas une lamentation solipsiste ou un récit à la première personne seulement, mais un roman à deux voix au moins. Grâce aux petites phrases de l'amant, sa voix propre se fait entendre aussi. Celle de la narratrice lui répond, s'impose par sa sincérité, par son style.
La longueur des phrases n'a pas besoin d'être raccourcie à tout prix. Mais la littérature, quand la trame croise celle d'un festival de cinéma, est aussi confrontée à une accélération rythmique et à l'usage répété des ellipses. La langue ne vit pas hors de cette contamination, de ces hachures. Qui sait s'en servir réussit une ouvre. C'est la réussite du premier roman de Nathalie Chaix.

DANIEL DE ROULET



Nathalie Chaix a trente-quatre ans. Elle aime arpenter les musées, s'asseoir dans les salles sombres de spectacle, prendre des photos. Elle vit et travaille à Genève. Après des études en communication et en histoire de l'art, elle travaille plusieurs années au Musée d'art et d'histoire. Elle dirige aujourd'hui le Service de la promotion culturelle du Département des affaires culturelles.
Exit Adonis est son premier roman.

Nathalie Chaix, Exit Adonis, Bernard Campiche Editeur, 2007

 

  Alexandre Voisard / Prose I. Récits

Alexandre Voisard / Prose I. Récits

ISBN 978-2-88241-196-9

L'ouvre de prose d'Alexandre Voisard commence avec Louve, récit initiatique où la poésie, la ?ction et le rêve se conjoignent pour composer l'allégorie de l'homme mûr qui s'interroge sur soi.
L'Année des treize lunes, le seul roman que l'auteur nous ait donné à ce jour, est un livre fort et tendu, qui se recommande par sa beauté, mais qui, par les thèmes abordés comme par le style de prose qu'on y rencontre, par la philosophie et la morale qui le sous-tendent, est excentré dans l'ouvre intégrale.
L'Adieu aux abeilles est un recueil de nouvelles. Les imaginations qui ont présidé à ces narrations, le sens aigu du conteur qui en a conduit l'écriture, en?n les trouvailles stylistiques d'un écrivain euphorique même au contact de ce qu'il y a de plus grave dans son propos, tout cela donne à ces nouvelles une ef?cacité peu commune.

ANDRÉ WYSS , directeur de la publication

Né en 1930, d'un père instituteur et d'une mère d'origine franc-montagnarde, Alexandre Voisard, après des études hachées, a pratiqué divers métiers dans le théâtre, les postes, l'industrie, la librairie.
Après un bout de carrière politique (il a été délégué aux Affaires culturelles de la République et Canton du Jura et vice-président de la Fondation Pro Helvetia), il s'est retiré dans le village natal de sa compagne, Courtelevant, en France voisine, juste au-delà de la frontière, où il se consacre désormais entièrement à l'écriture. Affublé tour à tour d'épithètes réductrices telles que «poète politique», «poète de l'amour» ou «poète de la nature», il les récuse toutes même s'il est fier d'avoir été de ces «poètes de la libération» du Jura. Il lui arrive d'affirmer avoir été aussi «le premier poète écologiste après saint François d'Assise». Poète donc avant toute chose (Liberté à l'aube ; La Claire Voyante ; Les Rescapés ; Toutes les vies vécues ; Le Dire et le Faire ; Une enfance de fond en comble) , il est aussi un conteur subtil et ironique (Louve; Un train peut en cacher un autre; L'Année des treize lunes; Maîtres et valets entre deux orages ).
Il a été appelé, dès 1990, à siéger parmi les trente membres de l'Académie Mallarmé, à Paris. Dans une interview, il confiait que son rêve d'enfant était de «devenir un grand musicien»?
La parution de L'Intégrale d'Alexandre Voisard , en huit volumes, sous la direction d'André Wyss, a débuté au printemps 2006 et se terminera en automne 2007.

Alexandre Voisard, Prose I. Récits, Bernard Campiche Editeur, 2007

 

  Alexandre Voisard / Prose II. Opera buffa

Alexandre Voisard / Prose II. Opera buffa

ISBN 978-2-88241-197-6

Voici l'opera buffa d'Alexandre Voisard: cela chante comme l'opera seria de la poésie, mais sur un tout autre ton.
Je ne sais pas si vous savez et Maîtres et valets entre deux orages , c'est l'humour et l'ironie, ainsi qu'une imagination incroyablement féconde et pourvoyeuse de surprises. Ces «brèves de comptoir» (Nicolas Bouvier) sont de petites histoires, mais aussi des miniatures, ou des fables, car elles en disent très long, si l'on est prêt à lire des pochades comme des paraboles.
Un train peut en cacher un autre : six récits, autant de genres et de registres ; récits en «je» dont les identités de narrateurs sont tellement poussées que chacun a sa voix propre, qui se matérialise à chaque fois dans une écriture personnelle.

ANDRÉ WYSS , directeur de la publication

Alexandre Voisard, Prose II. Opera buffa, Bernard Campiche Editeur, 2007


Page créée le 01.06.07
Dernière mise à jour le 13.12.07

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