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Bernard Campiche Editeur

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Parutions Automne 2006
 

  Anne Cuneo / Lacunes de la mémoire

Anne Cuneo / Lacunes de la mémoire

ISBN 2-88241-183-9

À un interlocuteur qui lui demandait où il trouvait les idées de ses scénarios, souvent noirs, Claude Chabrol répondait lors d’un entretien radiophonique récent (je cite de mémoire): «Dans les rapports humains, et particulièrement dans les rapports de couple, l’imagination est souvent en deçà de la réalité. Lorsque dans la vie réelle on voit la haine pousser un couple à s’entre-détruire, on a la sensation de lire un de ces romans noirs dont on est le spectateur incrédule.» Et il assurait que, en dépit des apparences, il n’avait guère inventé. Ses films étaient fondés sur des histoires vraies dont il avait pris connaissance en lisant les faits divers des journaux.
L’histoire des « Jonain » est issue d’un tel fait divers : laissée à moi-même, je n’aurais jamais imaginé que, au début du XXIe siècle, il se trouve des gens pour résoudre leurs problèmes de couple d’une telle manière. Après tout, nous vivons à une époque où au moins un mariage sur trois se termine par un divorce, et où il n’est plus nécessaire, rationnellement parlant, de s’entre-tuer pour se débarrasser de son partenaire. Le «divorce à l’italienne» a fait son temps.
Pourtant, au moment où je termine ce récit, je constate que cette affaire, qui avait attiré mon attention par sa bizarrerie et son anachronisme, n’est pas isolée: je viens de lire l’histoire d’un mari qui a tué non pas un, mais trois des collègues de son épouse.


Il a laissé près du premier cadavre des indices compromettants pour elle; lorsque ces indices ont été négligés, il a tué un deuxième collègue, puis un troisième: bien entendu, c’est lui qu’on a fini par arrêter. Ses raisons? Il voulait que sa femme passe sa vie en prison, ce qui aurait justifié qu’il demande le divorce, et lui aurait garanti la garde de ses enfants. L’idée de demander le divorce, tout simplement, sans tuer personne, ne lui était pas venue.

Anne Cuneo

Née à Paris à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Anne Cuneo passe son enfance en Italie du Nord.
Après la mort de son père en 1945, elle passe plusieurs années dans divers internats et orphelinats religieux en Italie d’abord, puis à Lausanne où elle doit s’adapter à la langue et à l’environnement nouveaux. Après cette difficile période, elle passe une année en Angleterre, à Plymouth et Londres, et découvre la culture anglo-saxonne. Plus tard, elle puisera dans les souvenirs de ce moment décisif de son adolescence pour un roman plein d’humour et de fraîcheur, Station Victoria (1989). De retour à Lausanne, elle est d’abord téléphoniste, puis étudie à l’Université de Lausanne (licence ès lettres), apprend les métiers de la publicité, enseigne la littérature, voyage à travers l’Europe.
Éclectique, Anne Cuneo partage son temps entre la création dans presque tous les domaines de la littérature et le journalisme. Son œuvre est animée par une participation spontanée aux courants modernistes. L’illustration de ses choix esthétiques apparaît dans Gravé au diamant (1967), Passage des Panoramas (1978), Hôtel Vénus (1984). Porte-parole des laissés-pour-compte dans La Vermine, elle introduit le monde des immigrés dans la littérature romande avec les deux volumes de son Portrait de l’auteur en femme ordinaire (1980/1982). Elle évoque le milieu des malades dans Une cuillerée de bleu (1979) après avoir survécu à un grave cancer. Essayiste, elle dessine des portraits des milieux du spectacle dont elle se sent proche: Le Piano du pauvre (1975), La Machine Fantaisie (1976), Le Monde des forains (1985), Benno Besson et Hamlet (1987).
Elle participe à des expériences cinématographiques et théâtrales. De l’écriture, elle passe à la mise en scène et à la réalisation.
Aujourd’hui, Anne Cuneo ne met plus sa vie en livres, estimant qu’elle a raconté tout ce qu’elle a vécu de différent. Cette voix plus profonde, elle la prête à des personnages, qui s’expriment toujours à la première personne, telles les héroïnes de Station Victoria (1989) et de Prague aux doigts de feu (1990), ou le héros du Trajet d’une rivière (1993, Prix des Libraires 1995), Francis Tregian. Anne Cuneo a publié en 1996 une suite indirecte au Trajet d’une rivière, Objets de splendeur, où la figure attachante d’un Shakespeare amoureux nous réintroduit dans l’univers du grand dramaturge.
En 1998, Anne Cuneo publie son premier roman dit «policier» (mais qu’elle qualifie de «roman social»), Âme de bronze – suivi en 1999 par D’or et d’oublis puis en 2000 par Le Sourire de Lisa – où l’on retrouve l’enquêteuse Marie Machiavelli.
Anne Cuneo collabore au Téléjournal à Genève et à Zurich, où elle demeure conjointement aujourd’hui. Ses ouvrages, constamment réédités et traduits en allemand, sont tous de grands succès de librairie en Suisse.

Anne Cuneo, Lacunes de la mémoire, Bernard Campiche Editeur, 2006, 250 pages.

 

  Anne Cuneo / Le Trajet d'une rivière

Anne Cuneo / Le Trajet d'une rivière

ISBN 2-88241-043-3

Le magnifique ouvrage d’Anne Cuneo comporte une interrogation humaniste des plus fines. (?) Francis Tregian doit sa fortune posthume à son sublime recueil de virginaliste, le Fitzwilliam Virginal Book, le plus beau peut-être jamais composé. Catholique, victime d’une persécution récurrente dans le monde élizabéthain, il disparut à la Tour de Londres. La romancière lui octroie trente ans de sursis. De la Rome de Palestrina assombrie par les progrès de la Compagnie de Jésus à Anvers, opulente mais pusillanime, des lignes de feu qui séparent Huguenots et Ligueurs au bourg suisse d’Échallens, Tregian compose ses propres variations sur le devoir et la raison, la conscience et le libre arbitre. Écartelé entre deux mondes, ce disciple de Montaigne n’atteint la sérénité, la quiétude rêvée, que par la médiation de la musique, quintessence du bonheur dont il se fit l’anthologiste inspiré.
Ceux qui quitteraient à regret les inoubliables harmonies de Morley et Bull, Sweelinck et Farnaby, pourront sans attendre dévorer Objets de splendeur (Bernard Campiche Éditeur et Denoël, 1996), où la figure attachante d’un Shakespeare amoureux nous réintroduit dans l’univers magiquement intemporel du grand dramaturge.

Philippe-Jean Catinchi, Le Monde


Née à Paris à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Anne Cuneo passe son enfance en Italie du Nord.
Après la mort de son père en 1945, elle passe plusieurs années dans divers internats et orphelinats religieux en Italie d’abord, puis à Lausanne où elle doit s’adapter à la langue et à l’environnement nouveaux. Après cette difficile période, elle passe une année en Angleterre, à Plymouth et Londres, et découvre la culture anglo-saxonne. Plus tard, elle puisera dans les souvenirs de ce moment décisif de son adolescence pour un roman plein d’humour et de fraîcheur, Station Victoria (1989). De retour à Lausanne, elle est d’abord téléphoniste, puis étudie à l’Université de Lausanne (licence ès lettres), apprend les métiers de la publicité, enseigne la littérature, voyage à travers l’Europe.
Éclectique, Anne Cuneo partage son temps entre la création dans presque tous les domaines de la littérature et le journalisme. Son œuvre est animée par une participation spontanée aux courants modernistes. L’illustration de ses choix esthétiques apparaît dans Gravé au diamant (1967), Passage des Panoramas (1978), Hôtel Vénus (1984). Porte-parole des laissés-pour-compte dans La Vermine, elle introduit le monde des immigrés dans la littérature romande avec les deux volumes de son Portrait de l’auteur en femme ordinaire (1980/1982). Elle évoque le milieu des malades dans Une cuillerée de bleu (1979) après avoir survécu à un grave cancer. Essayiste, elle dessine des portraits des milieux du spectacle dont elle se sent proche: Le Piano du pauvre (1975), La Machine Fantaisie (1976), Le Monde des forains (1985), Benno Besson et Hamlet (1987).
Elle participe à des expériences cinématographiques et théâtrales. De l’écriture, elle passe à la mise en scène et à la réalisation.
Aujourd’hui, Anne Cuneo ne met plus sa vie en livres, estimant qu’elle a raconté tout ce qu’elle a vécu de différent. Cette voix plus profonde, elle la prête à des personnages, qui s’expriment toujours à la première personne, telles les héroïnes de Station Victoria (1989) et de Prague aux doigts de feu (1990), ou le héros du Trajet d’une rivière (1993, Prix des Libraires 1995), Francis Tregian. Anne Cuneo a publié en 1996 une suite indirecte au Trajet d’une rivière, Objets de splendeur, où la figure attachante d’un Shakespeare amoureux nous réintroduit dans l’univers du grand dramaturge.
En 1998, Anne Cuneo publie son premier roman dit «policier» (mais qu’elle qualifie de «roman social»), Âme de bronze – suivi en 1999 par D’or et d’oublis puis en 2000 par Le Sourire de Lisa – où l’on retrouve l’enquêteuse Marie Machiavelli.
Anne Cuneo collabore au Téléjournal à Genève et à Zurich, où elle demeure conjointement aujourd’hui. Ses ouvrages, constamment réédités et traduits en allemand, sont tous de grands succès de librairie en Suisse.

Anne Cuneo, Le Trajet d'une rivière, Bernard Campiche Editeur, 2006, 600 pages.

 

  Claire Genoux / Ses pieds nus

Claire Genoux / Ses pieds nus

ISBN 2-88241-176-6

Sans bruit, sur la pointe des pieds
Un deuxième recueil de nouvelles de Claire Genoux, subtil, mélancolique et vénéneux.

«C'est ce qui m'est arrivé et que je n'ai pas vécu», dit Marguerite Duras en exergue de Ses Pieds nus, dernier recueil de Claire Genoux. On ne saurait mieux cerner les personnages de ces sept nouvelles: ils sont tous à l'écart de la vie, de leur vie. Celui qui «photographie des femmes nues» qu'il croit posséder parce qu'il les brutalise se trouve mis en échec par une épouse silencieuse et déterminée. Le psychiatre qu'elle le somme de consulter saura fissurer cette façade arrogante.
Une jeune femme prend le train pour Prague, c'est le plus loin qu'elle ose se risquer. En route, il y aurait l'aventure, le plaisir, peut-être la passion. La peur l'empêche de les accepter: finalement «Prague ne comptera pas». Les copains d'Emile rêvent de grands départs en buvant des bières et des whiskys. Lui ne va pas plus loin que l'hôtel City d'où il contemple son balcon desséché. «J'aimerais dire que mon corps, de toute façon, je ne peux pas le garder pour moi seule, vous comprenez», dit l'héroïne de «L'eau, l'été», une jeune fille qui tente de «rester souple dans sa tête».
Dans ces histoires mélancoliques, les contacts physiques, même sous couvert de gestes affectueux, s'apparentent à des viols, à des abus.

Même le fait d'attendre un enfant est le résultat d'un malentendu: Jeanne se disait «que les bébés ne s'attrapent pas comme ça, qu'il faut les vouloir, et elle n'en voulait pas». Et quand elle finira par accepter celui qui s'annonce, ce sera pour l'accaparer. «Tout le monde a une douleur, comme un étang tranquille au milieu du corps. Sans la douleur, on n'est rien», constate l'une de ces victimes. Sans révolte, sans se plaindre. Le mieux qu'on peut faire, c'est s'approprier sa mort, semble-t-il.
Il se dégage de ces récits une infinie tristesse. Il vaut mieux affronter leur pessimisme par petites doses pour ne pas désespérer tout à fait. Personne n'est jamais au bon endroit. Claire Genoux met au service de toute cette impuissance un art réel de la suggestion. Elle sait dessiner le détail juste pour matérialiser l'angoisse diffuse qui émane de ses figures. Quand l'histoire s'égare sur un chemin de traverse, se fixe sur des personnages anodins, ce n'est jamais sans raison. Claire Genoux a commencé par la poésie - Soleil ovale et Saisons du corps (Ed. Empreintes). Elle en a gardé le sens de l'ellipse.

Isabelle Rüf, Le Temps

Claire Genoux est née en 1971 à Lausanne, où elle vit. Après avoir obtenu une licence en lettres à l’Université, elle se consacre à enseigner le français aux adultes et collabore à différentes revues, en Suisse et à l’étranger. En 1997, elle publie son premier recueil de poèmes, Soleil ovale, suivi de Saisons du corps qui reçoit le Prix de poésie C.F. Ramuz 1999. Outre ces recueils, ses poèmes ont paru dans diverses revues, en particulier Archipel, Écriture et la Revue de Belles-Lettres.

Claire Genoux, Ses pieds nus, Bernard Campiche Editeur, 2006, 210 pages.

 

  Anne-Lise Grobéty / La Corde de mi

Anne-Lise Grobéty / La Corde de mi

ISBN 2-88241-184-7

Anne-Lise Grobéty, violoniste des mots

Ce qui frappe dès les premières pages de La Corde de mi , le dernier roman d’Anne-Lise Grobéty, et qui ne se relâche jamais, c’est cette incroyable maîtrise de la langue et de sa musique, doublée de l’impression tenace de lire en couleurs – impression du reste difficile à décrire, donnée par ces mots auxquels la romancière restitue tout leur sens, ces mots qu’elle épluche et dont elle presse la pulpe, leur offrant une résonance et un impact nouveaux. Si cela est valable pour la plupart des textes de Grobéty, c’est encore plus évident ici, où tout est à déguster.
Mais cette écriture qui s’impose comme ce qui semble une évidence est en réalité le fruit d’un travail de longue haleine. L’histoire du petit Mongarçon, orphelin de père, qui deviendra luthier, traînait dans la tête de l’écrivaine depuis neuf ans – une de ces histoires «qui n’en finissent pas de vouloir qu’on les commence». Impossible de rédiger plus de quarante pages sans s’essouffler. Jusqu’à ce que survienne le personnage de Luce. Et là, c’est le déclic.
Luce, fille du luthier et narratrice de ce récit, est une femme d’une trentaine d’années qui n’a pas revu son père depuis douze ans. Mais lorsque celui-ci, vieux et malade, se retrouve à l’hôpital, elle tente de renouer le lien.


Ou plutôt de nouer tout court, puisque cet homme, qu’elle manque de confondre avec le malade du lit d’à côté, n’a jamais prêté attention à elle, ne s’est même jamais défait de son attitude de rejet. C’est d’ailleurs cette cruelle indifférence qui est à la base du texte: Luce raconte, en s’adressant à son père, son enfance et son adolescence passées à tenter d’exister pour lui, elle raconte ses efforts, sa lutte pour qu’il la remarque et l’accepte. En parallèle, elle se sert des bribes de souvenirs qu’elle a pu recueillir pour inventer (tout en recherchant une certaine véracité) la vie de son père. Son objectif: mener ce récit jusqu’au moment de sa naissance à elle, jusqu’au jour où le petit Mongarçon, devenu avec l’âge adulte Marc-Gaston, est bombardé papa. Refaire son entrée, en somme, en espérant récolter cette fois un peu plus d’applaudissements – et surtout ne plus voir la salle se vider.
Mais Anne-Lise Grobéty, et elle a raison, prend tout son temps pour arriver jusque-là. Elle s’applique avant cela à décrire certaines scènes de l’enfance de Mongarçon: sa naissance par exemple, qui ressemble fort à une résurrection, mort-né à la sortie du ventre et tout de suite réanimé par le soupir d’un BonVieux qui passe par là (ce qui fait dire à la sage-femme impatiente qui le tire au monde qu’il sera «fait du bois dont on fait les flûtes»); ou la vie avec son frère, sourd-muet, qui finira par être placé en institution par une mère qui fait ce qu’elle peut pour se débrouiller sans mari, une mère, très touchante dans ce qu’elle a d’insupportable, qui annonce à Mongarçon qu’il devra, désormais, «chanter pour deux». Lourde tâche que l’enfant se met en tête d’accomplir, en commençant par le début, à savoir trouver la réponse à cette question: que veut dire chanter? Puis vient la découverte de la musique, du violon, et l’apprentissage chez les frères Pelet, deux vieux luthiers qui décident d’enseigner ce qu’ils savent à ce garçon prometteur.
Le contraste est grand entre ce gamin qui découvre le monde, se bat pour oser suivre sa vocation malgré les fortes réticences de sa mère, apprivoise avec passion l’instrument qu’il a choisi, et le père qu’il devient, raconté par Luce, un vrai monstre d’égoïsme et d’indifférence. Mais ce roman ne se contente pas des apparences. Grobéty décortique ses personnages, décline à travers eux le thème de la filiation et de l’absence et joue avec les perspectives et les cadrages, les «couches de temps», dans un texte très vivant, toujours en mouvement, un texte en traque permanente de quelque chose – mais quoi ? Pour répondre à cette question, Luce lutte. à plusieurs reprises au long du récit (et c’est d’ailleurs la scène «à l’eau de pluie» sur laquelle s’ouvre le roman), elle s’embourbe dans un chemin où elle s’est égarée en voulant retrouver la maison des frères Pelet, la maison où elle est née, et où son père, de son lit d’hôpital, lui a demandé de retourner pour y chercher un étui de violon bleu. Un enlisement dans la boue qui traduit celui de ses pensées, qu’elle désembourbe patiemment et progressivement pour tenter d’y voir clair.
On ne lâche plus ce récit envoûtant qui raconte son histoire avec un don d’expression exceptionnel, et dont on voudrait citer toutes les phrases. Par exemple celle-ci: «Peut-être qu’on finira quand même par forcer le cœur des hommes avec la musique. En tout cas, ça vaut la peine d’essayer encore. Ou avec les mots, pourquoi pas, je ne suis pas borné à ce point! Pourvu que le cœur s’entrouvre pour couver enfin un peu d’humanité.»
Anne-Lise Grobéty donne ici son meilleur livre – et lorsque l’on sait la qualité des précédents, on réalise ce que cela signifie. Plus que romancière, elle se fait musicienne, virtuose en violoniste des mots, chef d’orchestre à l’oreille plus fine et au sens romanesque plus développé que jamais.

Bruno Pellegrino, article à paraître dans Le Passe-Muraille No 71

Née en 1949 à La Chaux-de-Fonds, Anne-Lise Grobéty étudie à la Faculté des lettres de l’Université de Neuchâtel et effectue un stage de journalisme. Elle commence à écrire très tôt, et elle a dix-neuf ans lorsque paraît son premier roman. Après un deuxième roman, elle ralentit son activité littéraire pour s’occuper de ses enfants. Dans le même temps, elle s’engage politiquement et siège pendant neuf ans comme députée socialiste au Grand Conseil neuchâtelois. Son mandat achevé et ses filles devenant plus autonomes, Anne-Lise Grobéty renoue avec l’écriture en 1984.
Anne-Lise Grobéty se fait connaître du grand public dès son premier roman, Pour mourir en février, couronné par le Prix Georges-Nicole. La suite de son œuvre remporte le même succès: le Prix Rambert et deux Prix Schiller lui ont notamment été décernés. Parmi ses publications les plus importantes, les romans Zéro positif et Infiniment plus, tous deux traduits en allemand, et les recueils de nouvelles La Fiancée d’hiver et Belle dame qui mord. Elle a reçu le Grand Prix C. F. Ramuz en 2000 pour l’ensemble de son œuvre, et le Prix Saint-Exupéry-Valeurs Jeunesse de la francophonie 2001 ainsi que le Prix Sorcières 2002 pour Le Temps des mots à voix basse.
Ses narratrices cherchent à affirmer leur identité féminine, à une époque où la présence des femmes en littérature commence à s’affirmer. Anne-Lise Grobéty est donc aussi fortement concernée par la condition de la femme écrivain, par les aspects historiques, formels et politiques de l’écriture féminine, mais elle poursuit surtout une exploration de la langue dans une tonalité bien à elle.

Anne-Lise Grobéty, La Corde de mi, Bernard Campiche Editeur, 2006, 480 pages.

 

  Élisabeth Horem / Mauvaises rencontres

Élisabeth Horem / Mauvaises rencontres

ISBN 2-88241-177-4

Treize nouvelles tour à tour graves, drôles ou cruelles, et dont les personnages connaissent des moments de désarroi, des « dérapages », des situations déconcertantes ou dangereuses – parfois absurdes.
Les quatre premiers textes ont été publiés en revue en 1994 et 1995. Les autres ont été écrits en 2005 et 2006.
Carrière - Mauvaise rencontre - Volte-face - Sophies - Tentation - Circassienne - Adolescence - Serviteurs de l’État - Affaire classée - Le rendez-vous - Potentiel - La mort de Nono - Le chasseur d’impalas
Les quatre premières nouvelles, écrites en 1994 et 1995, ont été publiées :
- Carrière, dans le Journal de Genève; Mauvaise rencontre, dans Le Passe-Muraille; Volte-face, dans Écriture; Sophies (sous le titre de Sophie), dans L’Encrier renversé.
Les autres nouvelles ont été écrites en 2005 et 2006 :
- Le rendez-vous a été publié dans le recueil 20 ans du Salon du livre et de la presse, sur le thème de la lecture, édité par Anne Brüschweiler. Genève, Fondation pour l’écrit ; Éditions Favre, 2006.


Elisabeth Horem, française et suisse, a étudié à Paris.
Elle a publié Le Ring (1994, Prix Georges-Nicole 1994, Prix de la Commission de littérature du Canton de Berne 1994 et Prix Michel-Dentan 1995), Congo-Océan (1996, Prix d’encouragement de la Ville de Berne), Le Fil espagnol (1998) et Le Chant du bosco (2002), quatre romans dont les critiques ont souligné la remarquable qualité d’écriture et l’atmosphère d’étrangeté et de mystère qui s’en dégage.
Elisabeth Horem a séjourné à Moscou, à Prague et dans plusieurs pays arabes dont l’Irak (2003-2006), évoqué dans Shrapnels. En marge de Bagdad (2005). Elle vit maintenant à Tripoli (Libye).

Elisabeth Horem, Mauvaises rencontres, Bernard Campiche Editeur, 2006, 200 pages

 

  Jean-Louis Kuffer / Les Bonnes Dames

Jean-Louis Kuffer / Les Bonnes Dames

ISBN 2-88241-185-5

Ce sont trois très vieilles dames restées très alertes de cœur et d’esprit. Il y a Clara la gardienne du foyer qui multiplie les activités positives en sorte de compenser un douloureux veuvage, Marieke la Hollandaise bohème aux curiosités inépuisables, et Lena la voyageuse qui a donné beaucoup de sa vie aux autres. Toutes trois, nées avant la Grande Guerre, à l’époque du poêle à bois et du bas de laine, ont traversé le XXe siècle en s’adaptant vaille que vaille à ses mutations considérables, jusqu’à pratiquer le SMS et le vote démocratique par internet.
Aucune des trois ne s’est aigrie ni ratatinée malgré les tribulations et l’esseulement, toujours elles sont restées du côté de la vie, transmettant aux plus jeunes ce qu’elles-mêmes ont reçu et s’en trouvant revivifiées à leur tour.
Ainsi, réunies par une dernière folie, se lancent-elles dans une équipée cocasse et touchante à la fois, des bords du Nil à la Vallée des Rois, où l’ombre des fins dernières les effleure dans la splendeur intemporelle de l’Égypte ancienne, avant que la vie rebondisse.
De fait, c’est essentiellement «avec la vie» que ce roman tissé d’humour et de tendresse a été écrit, jusqu’à se fondre en temps réel dans la mélancolie des dernières heures, prélude à quelle reconnaissante remémoration.

Jean-Louis Kuffer


Jean-Louis Kuffer est né en 1947 à Lausanne. Marié et père de deux enfants, il est responsable des pages littéraires du quotidien 24 Heures. Il est rédacteur en chef du Passe-Muraille. Jean-Louis Kuffer a déjà publié treize ouvrages, parmi lesquels Le Pain de coucou et Le Cœur vert. Son récit, Par les temps qui courent (Bernard Campiche Éditeur, 1995), a obtenu le Prix Édouard-Rod 1996, et a été édité en France en 1996 par les Éditions Le Passeur, à Nantes. Jean-Louis Kuffer a publié en 1997 un important roman, Le Viol de l’ange, et en 1999 des «fugues helvètes», Le Sablier des étoiles. Ses carnets 1993-1999, L’Ambassade du papillon, ont obtenu le Prix Bibliothèque Pour Tous 2001. Le Prix Paul-Budry 2005 a été décerné aux Passions partagées. Lectures du monde (1973-1992).
Depuis plusieurs années, Jean-Louis Kuffer anime un blog littéraire, très visité et commenté:
http://carnetsdejlk.hautetfort.com/livre/

Jean-Louis Kuffer, Les Bonnes Dames, Bernard Campiche Editeur, 2006, 160 pages

 

  Éric Masserey / Le Sommeil séfarade

Éric Masserey / Le Sommeil séfarade

ISBN 2-88241-175-8

«Quand je suis sorti du camp, je ne me souvenais plus de rien», disait un vieil homme au micro, le 5 février 2005, à propos d’Auschwitz. Et je me suis demandé comment vivait un homme qui n’a plus de souvenirs. Est-on vraiment sorti de quelque part si notre existence, celle d’avant, où rentrer, a disparu? Quelle est cette «réalité absolument rationnelle» des autres, capable de vider un passé pourtant plein de nous à ras bord? Et laquelle pourra le rappeler?
Dans la mémoire vierge de cet homme, j’ai voulu inscrire des histoires qu’il aurait trouvé, après, sans autre rapport entre elles que l’époque de leur parution, pendant les années cinquante.
— Qu’elles lui tiennent lieu d’antan et de retour chez lui! dis-je.
Pourquoi certains grands romans et pas d’autres, pourquoi pas de plus discrets, de plus humbles peut-être et tout aussi vastes? Je ne sais pas, si ce n’est qu’ils continuent de compter pour moi, surtout le Quatuor. Les citations et les paraphrases, quelques rythmes et des intonations viennent ainsi de La Chute, de Mémoires d’Hadrien, de Pays de neige, et du Quatuor d’Alexandrie. Avec le bref écho de plus de livres qu’il n’est raisonnable de nommer. Et la lecture d’Anna Karénine, bien sûr.
J’ai puisé à de grands fleuves pour dire peu, en fin de compte, du Lager, de Salonique et de l’histoire des Séfarades. Je mentionnerai seulement Primo Levi et son humanité, Imre Kertész et son rapport à la réalité – absolument rationnelle ou non – et L’Histoire des juifs sépharades, d’Esther Benbassa et Aron Rodrigue (Seuil, 2002).


Éric Masserey est né en Valais. Après des études de médecine, il vit et travaille aujourd’hui dans le canton de Vaud. Son premier livre, Une si belle ignorance (généalogies) a paru en 2002 aux Éditions d’Autre Part et faisait partie des ouvrages sélectionnés pour le Prix Michel-Dentan 2003.

Eric Masserey, Le Sommeil séfarade, Bernard Campiche Editeur, 2006, 80 pages

 

  Jean-François Sonnay / Yvan, le bazooka, les dingues et moi. Ceci n'est pas un roman

 Jean-François Sonnay / Yvan, le bazooka, les dingues et moi. Ceci n'est pas un roman

ISBN 2-88241-178-2

Épopée panique et vraie compassion

Au poète algérien Kateb Yacine qui lui décrivait les malheurs de son peuple et lui demandait comment en témoigner, Bertolt Brecht répondit: bon sujet de comédie! Or nous y repensions en lisant Yvan, le bazooka, les dingues et moi, qui relève bel et bien de la comédie et n'en procède pas moins d'une révolte authentique et d'une vraie compassion, nourrie en outre d'observations percutantes. Celles-ci rappellent parfois les féroces satires d'un Alexandre Zinoviev, notamment dans la première partie où il est question de la privatisation démentielle de l'Empire d'Est en Ouest, où les pénitenciers et les asiles psychiatriques sont industriellement recyclés après la vente des mines et usines, ponts et poulaillers…

Savoureux personnage de Quichotte de nos temps mondialisés, le Parigot Yvan est mandaté par son ONG, Charité.2, pour une mission d'évaluation dans un trou perdu de République-Centrale, au lieudit Sebbah où de farouches montagnards, et autres dingues, résistent à l'instauration par la force du bonheur généralisé. Une frise de personnages superbement dessinés, dont un capitaine suisse à la montre réglée sur l'heure de Berne et un général Arkan en hélico capitonné Napoléon III, se convulsent au fil de cette épopée panique finissant si mal qu'on en rit d'autant plus…


Né en Suisse en 1954, Jean-François Sonnay vit actuellement à Paris. Il a étudié les lettres aux universités de Lausanne et de Rome.
Depuis la parution de son premier livre en 1974, il a partagé son temps entre la littérature, la recherche en histoire de l’art, l’enseignement et le travail de délégué du CICR.
Il a effectué plusieurs missions en qualité de délégué du Comité international de la Croix-Rouge (Koweit, Afghanistan, Colombie, ex-Yougoslavie, Zaïre et Darfour).
En dehors de quelques publications spécialisées en histoire de l’art, Jean-François Sonnay a écrit des pièces de théâtre, des romans, de petits essais, des contes et des nouvelles.
La Seconde Mort de Juan de Jesús a obtenu le Prix Schiller 1998 et le Prix Rambert 1998.
Son dernier roman Un prince perdu (1999) a obtenu le Prix Bibliothèque Pour Tous 2000.
Jean-François Sonnay est lauréat d’une bourse de la Fondation Leenaards. Il a reçu en 2000 le Prix des Écrivains vaudois pour l’ensemble de son oeuvre.

Jean-François Sonnay / Yvan, le bazooka, les dingues et moi. Ceci n'est pas un roman, Bernard Campiche Editeur, 2006, 370 pages.

 

  Alexandre Voisard / Poésie III

Alexandre Voisard / Poésie III

ISBN 2-88241-189-9

Amour: La Nuit en miettes présente un discours beaucoup plus direct et transparent que celui des livres qui l’ont précédée; La Claire Voyante est la face lumineuse de la même relation amoureuse; Toutes les vies vécues en est la face érotique.
Bilan: après Le Dire Le Faire, qui a quelque chose de douloureux dans l’invective, Une enfance de fond en comble est d’une langue limpide et inspirée de souvenirs pacifiants, Le Repentir du peintre est fait d’images apaisées, d’adresses à soi moins pressantes, dans une attitude plus débonnaire face à la malice des temps.
Entre les deux groupes, Les Rescapés, dans une poésie grave et un langage parfois direct, inaugurent la forme qui subsistera dans l’œuvre d’Alexandre Voisard : le poème en laisses de vers courts.

André Wyss, directeur de la publication

Né en 1930, d’un père instituteur et d’une mère d’origine franc-montagnarde, Alexandre Voisard, après des études hachées, a pratiqué divers métiers dans le théâtre, les postes, l’industrie, la librairie.
Après un bout de carrière politique (il a été délégué aux Affaires culturelles de la République et Canton du Jura et vice-président de la Fondation Pro Helvetia), il s’est retiré dans le village natal de sa compagne, Courtelevant, en France voisine, juste au-delà de la frontière, où il se consacre désormais entièrement à l’écriture.


Affublé tour à tour d’épithètes réductrices telles que «poète politique», «poète de l’amour» ou «poète de la nature», il les récuse toutes même s’il est fier d’avoir été de ces «poètes de la libération» du Jura. Il lui arrive d’affirmer avoir été aussi «le premier poète écologiste après saint François d’Assise». Poète donc avant toute chose (Liberté à l’aube; La Claire Voyante; Les Rescapés; Toutes les vies vécues; Le Dire et le Faire; Une enfance de fond en comble), il est aussi un conteur subtil et ironique (Louve; Un train peut en cacher un autre; L’Année des treize lunes; Maîtres et valets entre deux orages).
Il a été appelé, dès 1990, à siéger parmi les trente membres de l’Académie Mallarmé, à Paris. Dans une interview, il confiait que son rêve d’enfant était de «devenir un grand musicien»?
La parution de L’Intégrale d’Alexandre Voisard, en huit volumes, sous la direction d’André Wyss, a débuté au printemps 2006 et se terminera en automne 2007.

Alexandre Voisard, Poésie III, Bernard Campiche Editeur, 2006, 576 pages.

 

  Alexandre Voisard / Poésie IV

Alexandre Voisard / Poésie IV

ISBN 2-88241-190-1

De 1997 à 2000: période de grande fécondité dans l’œuvre d’Alexandre Voisard.
Après l’heure du bilan, qui marque les trois derniers livres du volume précédent, voici l’heure de l’autobiographique (l’autobiographie proprement dite sera dans le volume 8 de L’Intégrale). Relation au passé, la remémoration va de pair avec la quête à nouveau reprise du rapport à soi, maintenant, et du rapport au monde, comme du rapport à la poésie: dans Le Déjeu et Sauver sa trace (avec Le Muguet perdu), elle s’accompagne de réflexions sur la poésie et sur l’acte de créer, ce qui prolonge le bilan sur le mode réflexif.
Les Fables des orées et des rues, d’une veine plus distante et plus narquoise, puis les apostilles de Quelques fourmis sur la page apportent à l’œuvre le sceau, parfois secret, d’une sagesse de bon aloi.

André Wyss, directeur de la publication

Né en 1930, d’un père instituteur et d’une mère d’origine franc-montagnarde, Alexandre Voisard, après des études hachées, a pratiqué divers métiers dans le théâtre, les postes, l’industrie, la librairie.
Après un bout de carrière politique (il a été délégué aux Affaires culturelles de la République et Canton du Jura et vice-président de la Fondation Pro Helvetia), il s’est retiré dans le village natal de sa compagne, Courtelevant, en France voisine, juste au-delà de la frontière, où il se consacre désormais entièrement à l’écriture.


Affublé tour à tour d’épithètes réductrices telles que «poète politique», «poète de l’amour» ou «poète de la nature», il les récuse toutes même s’il est fier d’avoir été de ces «poètes de la libération» du Jura. Il lui arrive d’affirmer avoir été aussi «le premier poète écologiste après saint François d’Assise». Poète donc avant toute chose (Liberté à l’aube; La Claire Voyante; Les Rescapés; Toutes les vies vécues; Le Dire et le Faire; Une enfance de fond en comble), il est aussi un conteur subtil et ironique (Louve; Un train peut en cacher un autre; L’Année des treize lunes; Maîtres et valets entre deux orages).
Il a été appelé, dès 1990, à siéger parmi les trente membres de l’Académie Mallarmé, à Paris. Dans une interview, il confiait que son rêve d’enfant était de «devenir un grand musicien»?
La parution de L’Intégrale d’Alexandre Voisard, en huit volumes, sous la direction d’André Wyss, a débuté au printemps 2006 et se terminera en automne 2007.

Alexandre Voisard, Poésie IV, Bernard Campiche Editeur, 2006, 512 pages.

 

Page créée le 16.11.06
Dernière mise à jour le 16.11.06

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