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Sylviane
Roche / L'Amour et autres contes |
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L'Amour et autres contes : un
livre drôle où toutes les femmes retrouveront,
à un moment ou à un autre, un reflet de
leur vie (de la jalousie, du mari volage à l'amant
par trop présent, de la famille...), leurs angoisses,
leurs soucis quotidiens. Tous ces moments de vie dont
on ne découvre que plus tard l'importance. Par
leur thématique et leur univers, ces textes composent
un véritable roman.
Née à Paris, Sylviane
Roche enseigne le
français et l'espagnol au Gymnase de Nyon. Elle
a publié des nouvelles, Les Passantes (1987)
et trois romans : Le Salon Pompadour (1990), Septembre
(1992) et Le Temps des Cerises (1997, Prix des Auditeurs
1998 et Prix Franco-Européen 1998). Elle a également
publié, en collaboration avec Marie-Rose De Donno,
une histoire de vie, L'Italienne. Sylviane Roche est
membre de la Rédaction de la revue littéraire
Ecriture.
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Extrait
Chaque mois, vers le 15, je commence
à paniquer. Vers le 20, j'ai des troubles du
sommeil, je me réveille en sursaut, je me tourne
et me retourne dans mon lit. ma tête est vide,
par une idée, c'est l'horreur. C'est clair, c'est
évident, je n'ai RIEN à dire. Et d'ailleurs,
je sens bien que c'est dé-fi-ni-tif, que je n'aurai
JAMAIS plus rien à dire... Et pourtant, le délai
approche, c'est après-demain, c'est demain, c'était
avant-hier ! Et je n'ai toujours pas envoyé mon
texte pour PrOfiL femme ! Un conte tous les mois ! C'est
de la folie ! Cela tourne à l'idée fixe.
Je scrute ma propre vie, je bassine mon entourage, je
mendie des suggestions, des idées, des histoires.
J'utilise mes amis, mes hommes, mes enfants, je les
vampirise même. Je me vois, désormais ,
à l'affût de ce qu'ils me racontent, de
ce qui leur arrive, de ce qui peut, à leur insu
même, me fournir une matière pour le "conte
psy" de PrOfiL, mon obsession, Je suis désormais
rivée à ma chronique comme Sisyphe à
son rocher...
Mes amis supporteront-ils longtemps
encore la cannibale avide d'aventure fraîches
que je suis devenue ? Et moi, jusqu'à quand vais-je
endurer de cohabiter, au coeur même de mes émotions,
avec ce double cynique qui saisit son stylo quand je
voudrais tendre les bras ou sortir mon mouchoir ?
Sylviane Roche, L'Amour et autres
contes, Editions Bernard Campiche, 2002.
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Daniel
Mayer / Puerto Final |
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Puerto Final, le premier roman
de Daniel Mayer, traduit par Sylviane Roche, évoque
l'Argentine sous le régime de la terreur.
Ni autobiographie ni document,
Puerto Final nous fait pénétrer dans l'univers
de la répression militaire. Rêves? Réalité
masquée? Souvenirs douloureux? Fuite? Exil? Ce
récit est tout cela à la fois.
Dans Puerto Final, Daniel Mayer
fait preuve d'une grande maîtrise narrative et
évoque avec beaucoup de talent et d'émotion
un passé qui le hante encore aujourd'hui. Une
oeuvre grave, un thème rare dans notre littérature.
Né à La Plata en
1950, Daniel Mayer fuit
en 1977 l'Argentine pour la France. Après une
formation à l'Institut d'Etudes du Développement,
à Genève. Daniel Mayer s'installe définitivement
en Suisse en 1984. Il travaille aujourd'hui dans la
santé publique.
Roman traduit de l'espagnol (Argentine)
par Sylviane Roche
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Extrait
Thomas regardait la flamme de
la bougie enveloppée dans un halo blanc. Il sortit
de sa poche le billet et le télégramme.
La réponse était à Puerto Final...
Quelle réponse? Celle-là même qu'il
ne pouvait accepter parce qu'alors il serait complice
des assassins. D'ailleurs, la réponse, en fin
de compte, n'avait pas beaucoup d'importance, infiniment
moins d'importance que la question...
C'était une heure quelconque
de la nuit, et les cloches sonnaient. Des voix qui ordonnent,
le moteur d'une barque qui s'éloigne, et la pluie
reprend son éternel travail d'oubli. Elles parlaient,
ces cloches, elles réveillaient des mots en dialecte,
des regards qui cherchaient une muette approbation,
des gestes qui ne comprenaient pas. Tout était
secret dans cette ville ; des secrets et du temps, si
difficile à comprendre, et qui la faisaient exister
cependant, nécessaire, asymétrique, et
par conséquent singulière. Il s'appuya
contre la table, en écrasant le bord de son chapeau...
L'odeur d'ambre. Il essaya de se lever, ouvrit les yeux;
sur le visage de la femme, le long des joues, étaient
peintes deux lignes argentés où scintillaient
de minuscules étoiles. Elle était nue,
imprécise, comme une idée nocturne.
Daniel Mayer, Puerto Final, Editions
Bernard Campiche, 2002.
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Page créée le 19.04.02
Dernière mise à jour le 20.06.02
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