retour à la rubrique

Actuellement sur le Cultur@ctif
Les invités du mois : Jean Richard (Editions d'en bas), Sabine Dörlemann (Dörlemann Verlag), Thomas Heilmann (Rotpunktverlag), Fabio Casagrande (Edizioni Casagrande) - Les Livres du mois : Fabiano Alborghetti : "Supernova" - Quentin Mouron : "Au point d'effusion des égouts" - Peter Stamm : "Au-delà du lac" - Mikhaïl Chichkine : "Deux heures moins dix" - Marius Daniel Popescu : "Les couleurs de l'hirondelle" - Arno Camenisch : "Ustrinkata" - Sylviane Dupuis : "Poème de la méthode" - Klaus Merz : "Die Lamellen stehen offen" - "In der Dunkelkammer" - Pietro Montorfani : "Di là non ancora" - Inédits : Elena Jurissevich : "Ce qui reste du ciel" - Erica Pedretti : "Plutôt bizarre"

 
retour page d'accueil


Bernard Campiche Editeur

Grand-Rue 26
CH- 1350 Orbe
Tél. 024 441 08 18
Fax 024 441 08 20
www.campiche.ch
info@campiche.ch



 

  Sylviane Roche / L'Amour et autres contes

L'Amour et autres contes : un livre drôle où toutes les femmes retrouveront, à un moment ou à un autre, un reflet de leur vie (de la jalousie, du mari volage à l'amant par trop présent, de la famille...), leurs angoisses, leurs soucis quotidiens. Tous ces moments de vie dont on ne découvre que plus tard l'importance. Par leur thématique et leur univers, ces textes composent un véritable roman.

Née à Paris, Sylviane Roche enseigne le français et l'espagnol au Gymnase de Nyon. Elle a publié des nouvelles, Les Passantes (1987) et trois romans : Le Salon Pompadour (1990), Septembre (1992) et Le Temps des Cerises (1997, Prix des Auditeurs 1998 et Prix Franco-Européen 1998). Elle a également publié, en collaboration avec Marie-Rose De Donno, une histoire de vie, L'Italienne. Sylviane Roche est membre de la Rédaction de la revue littéraire Ecriture.


Extrait

Chaque mois, vers le 15, je commence à paniquer. Vers le 20, j'ai des troubles du sommeil, je me réveille en sursaut, je me tourne et me retourne dans mon lit. ma tête est vide, par une idée, c'est l'horreur. C'est clair, c'est évident, je n'ai RIEN à dire. Et d'ailleurs, je sens bien que c'est dé-fi-ni-tif, que je n'aurai JAMAIS plus rien à dire... Et pourtant, le délai approche, c'est après-demain, c'est demain, c'était avant-hier ! Et je n'ai toujours pas envoyé mon texte pour PrOfiL femme ! Un conte tous les mois ! C'est de la folie ! Cela tourne à l'idée fixe. Je scrute ma propre vie, je bassine mon entourage, je mendie des suggestions, des idées, des histoires. J'utilise mes amis, mes hommes, mes enfants, je les vampirise même. Je me vois, désormais , à l'affût de ce qu'ils me racontent, de ce qui leur arrive, de ce qui peut, à leur insu même, me fournir une matière pour le "conte psy" de PrOfiL, mon obsession, Je suis désormais rivée à ma chronique comme Sisyphe à son rocher...

Mes amis supporteront-ils longtemps encore la cannibale avide d'aventure fraîches que je suis devenue ? Et moi, jusqu'à quand vais-je endurer de cohabiter, au coeur même de mes émotions, avec ce double cynique qui saisit son stylo quand je voudrais tendre les bras ou sortir mon mouchoir ?

Sylviane Roche, L'Amour et autres contes, Editions Bernard Campiche, 2002.

 

  Daniel Mayer / Puerto Final

Puerto Final, le premier roman de Daniel Mayer, traduit par Sylviane Roche, évoque l'Argentine sous le régime de la terreur.

Ni autobiographie ni document, Puerto Final nous fait pénétrer dans l'univers de la répression militaire. Rêves? Réalité masquée? Souvenirs douloureux? Fuite? Exil? Ce récit est tout cela à la fois.

Dans Puerto Final, Daniel Mayer fait preuve d'une grande maîtrise narrative et évoque avec beaucoup de talent et d'émotion un passé qui le hante encore aujourd'hui. Une oeuvre grave, un thème rare dans notre littérature.

Né à La Plata en 1950, Daniel Mayer fuit en 1977 l'Argentine pour la France. Après une formation à l'Institut d'Etudes du Développement, à Genève. Daniel Mayer s'installe définitivement en Suisse en 1984. Il travaille aujourd'hui dans la santé publique.

Roman traduit de l'espagnol (Argentine) par Sylviane Roche


Extrait

Thomas regardait la flamme de la bougie enveloppée dans un halo blanc. Il sortit de sa poche le billet et le télégramme. La réponse était à Puerto Final... Quelle réponse? Celle-là même qu'il ne pouvait accepter parce qu'alors il serait complice des assassins. D'ailleurs, la réponse, en fin de compte, n'avait pas beaucoup d'importance, infiniment moins d'importance que la question...

C'était une heure quelconque de la nuit, et les cloches sonnaient. Des voix qui ordonnent, le moteur d'une barque qui s'éloigne, et la pluie reprend son éternel travail d'oubli. Elles parlaient, ces cloches, elles réveillaient des mots en dialecte, des regards qui cherchaient une muette approbation, des gestes qui ne comprenaient pas. Tout était secret dans cette ville ; des secrets et du temps, si difficile à comprendre, et qui la faisaient exister cependant, nécessaire, asymétrique, et par conséquent singulière. Il s'appuya contre la table, en écrasant le bord de son chapeau... L'odeur d'ambre. Il essaya de se lever, ouvrit les yeux; sur le visage de la femme, le long des joues, étaient peintes deux lignes argentés où scintillaient de minuscules étoiles. Elle était nue, imprécise, comme une idée nocturne.

Daniel Mayer, Puerto Final, Editions Bernard Campiche, 2002.

 

Page créée le 19.04.02
Dernière mise à jour le 20.06.02

© "Le Culturactif Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"