retour à la rubrique

Actuellement sur le Cultur@ctif
Les invités du mois : Jean Richard (Editions d'en bas), Sabine Dörlemann (Dörlemann Verlag), Thomas Heilmann (Rotpunktverlag), Fabio Casagrande (Edizioni Casagrande) - Les Livres du mois : Fabiano Alborghetti : "Supernova" - Quentin Mouron : "Au point d'effusion des égouts" - Peter Stamm : "Au-delà du lac" - Mikhaïl Chichkine : "Deux heures moins dix" - Marius Daniel Popescu : "Les couleurs de l'hirondelle" - Arno Camenisch : "Ustrinkata" - Sylviane Dupuis : "Poème de la méthode" - Klaus Merz : "Die Lamellen stehen offen" - "In der Dunkelkammer" - Pietro Montorfani : "Di là non ancora" - Inédits : Elena Jurissevich : "Ce qui reste du ciel" - Erica Pedretti : "Plutôt bizarre"

 
retour page d'accueil


Bernard Campiche Editeur

Grand-Rue 26
CH- 1350 Orbe
Tél. 024 441 08 18
Fax 024 441 08 20
www.campiche.ch
info@campiche.ch



 

  Suzanne Deriex / Un Arbre de Vie

ISBN 2-88241-057-3

 

Mon père avait écrit la biographie de son quatrième aïeul, Jean-Charles Develay (1784-1854), médecin et chirurgien à Yverdon comme lui. Né au château de Hauptwil, il était le fils d'Elisabeth Antoinette de Gonzenbach, orpheline de mère à l'âge de huit ans. Elisabeth avait une soeur et un frère aînés. Elle était, à deux siècles de distance, la petite fille de L'Enfant et la Mort, ce roman qui s'arrêtait abruptement, comme elle, sur le chemin de la maison : quand personne ne nous attend, on arrive toujours trop tôt. C'est à Hauptwil en 1763 que je devais commencer l'histoire de ma famille. Je ne savais alors rien ou presque de la Thurgovie, de Genève et de Lyon à la fin du XVIIIe siècle...

Suzanne Deriex

Née à Yverdon, Suzanne Deriex a fait des études de théologie et de mathématiques à Lausanne et à Bâle. Outre les pièces radiophoniques, des articles de nouvelles, elle a publié six romans. Mariée, mère de trois fils, Suzanne Deriex vit à Cully. Un Arbre de Vie est le premier tome d'une trilogie retraçant l'histoire de sa famille paternelle au travers des événements de la Suisse et de L'Europe

Suzanne Deriex, Un Arbre de Vie, Bernard Campiche Editeur, 1995.

  Suzanne Deriex / Exils

ISBN 2-88241-079-4

 

Le tilleul a un goût d'enfance. Sa mère lui en faisait boire quand elle se réveillait la nuit. Sarah lui sourit :

- Merci d'avoir frappé à ma porte ce soir. Je n'aurais pu parler à personne d'autre, ni à un autre moment. Il faut savoir oublier parfois. Pendant des années, j'ai enfoui sous des souvenirs heureux les moments où j'avais été tout près de faire naufrage. Je les croyais relégués dans une autre vie. Cette nuit, en les retrouvant avec vous, j'ai compris qu'ils ne m'avaient jamais quittée.

Elle hésite. Elle pose sa mains sur le poignet de sa belle-soeur. Le contact physique l'aide à poursuivre :

- je vous souhaite bien sûr tout le bonheur du monde, le bonheur tel que vous l'imaginez. Vous êtes si jeune ; ce que je vais vous dire vous semblera cruel : acceptez que ce bonheur ne soit justement pas celui que vous avez imaginé. Je ne sais pourquoi il en est ainsi, mais je crains que le meilleur de nous-mêmes ne puisse grandir sans événements douloureux.

Née à Yverdon, Suzanne Deriex a fait des études de théologie et de mathématiques à Lausanne et à Bâle. Outre les pièces radiophoniques, des articles de nouvelles, elle a publié six romans. Mariée, mère de trois fils, Suzanne Deriex vit à Cully. Un Arbre de Vie est le premier tome d'une trilogie retraçant l'histoire de sa famille paternelle au travers des événements de la Suisse et de L'Europe

Suzanne Deriex, Exils, Bernard Campiche Editeur, 1997.

 

  Sylviane Roche / Le Temps des Cerises

ISBN 2-88241-077-8

Et puis je reste chez moi à lire, j'aime bien cela aussi finalement. Des romans historiques, des biographies politiques, que mes enfants me conseillent, surtout Nina. Je viens de lire quelque chose sur la guerre d'Espagne et aussi Anna Karénine de Tolstoï, mais j'ai trouvé ça un peu long. Je ne lisais jamais quand j'étais jeune. Personne ne lisait autour de moi. À Buchenwald, il y avait des camarades qui se racontaient des livres, qui se passaient des poèmes sur des bouts de papier ramassés Dieu sait où. Qui les récitaient le soir à voix basse. Je n'oublierai jamais, en août 1944, un exemplaire des Yeux d'Elsa qui circulait dans le camp. Je n'ai jamais su comment il était arrivé là. On était au moins cinq mille Français dans le camp à l'époque, et tout le monde avait fini par en entendre parler. On recopiait les poèmes, on les apprenait par coeur. On ne connaissait pas le nom de l'auteur, en tout cas, moi, je ne le connaissais pas. Mais j'ai appris par coeur Le Pont de C et je me le récitais en marchant à la corvée (je le sais encore). Ce n'est qu'après 45 que j'ai appris de qui c'était et, de toute façon, je n'avais jamais entendu parler d'Aragon. À part l'école (mais l'école et moi ç'a toujours fait deux), c'était mon premier contact avec la littérature. A Buchenwald! Tiens c'est marrant, je n'avais jamais vu les choses comme ça. je n'y avais jamais pensé de cette façon. C'est ce portemine en argent, on commence à écrire, et puis ça part tout seul. Peut-être que je vais me mettre à écrire mes Mémoires pour mes petits-enfants! Elles ne seraient pas plus bêtes que les autres, d'ailleurs, ni plus embêtantes à lire. C'est pas les trucs à raconter qui me manquent! Joseph Blumenthal, Mémoires d'un Vieux... D'un vieux quoi? D'un vieux militant? D'un vieux con? D'un vieux Juif d'origine polonaise? D'un vieux tout court ?

Née à Paris, Sylviane Roche enseigne le français au Gymnase de Nyon. Elle a publié des nouvelles, Les Passantes (1987) et deux romans, Le Salon Pompadour (1990) et Septembre (1992).

Sylviane Roche est membre de la revue littéraire Écriture.

Sylviane Roche, Le Temps des Cerises, Bernard Campiche Editeur, 1998.

 


Page créée le 30.09.01
Dernière mise à jour le 20.06.02

© "Le Culturactif Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"