|
|
Sylvaine
Marguier / Miracle des Jours |
"Pour la première fois
cette année, on a gardé les fenêtres ouvertes.
Après le long silence de l'hiver, même les bruits
vulgaires semblent charmants. Les gens du village s'affairent.
Les boeufs et les chevaux, impatients, mêlent leurs
forces crues aux relevailles printanières.
De nouveau, le Jura s'éclaire
et les ronciers s'étoffent de tendre. Dans les prés
communaux, les genévriers haussent de loin en loin
leurs griffes reverdies encore fragiles. Le noisetier, le
sureau, le lilas saugé et le troène sont indécis
mais le cormier a refleuri. Convolvulus, oeillet, pois de
senteur, chacun ébouriffe sa couleur sans s'occuper
des autres.
Le compte de Gasparin écoutait
sa femme avec attention depuis une demi-heure. Sans enfant
après plusieurs années de mariage, la comtesse
se prononçait volontiers sur la maternité, cette
obsession vaniteuse. À preuve, si les mères
déplorent le départ de leurs enfants devenus
adultes, c'est plus d'avoir perdu la première place
qu'en raison d'un chagrin causé par la séparation.
La comtesse n'admet pas que cet égoïsme
l'emporte sur le sentiment conjugal. La femme a été
créée pour l'homme. L'amour pour l'époux
est sans équivoque. Cela posé, une femme sans
mari n'est jamais une bonne mère.
Justement, Louise lui apprend la grossesse
illégitime d'une vague cousine. Encore une qui aura
mal commencé. Quand la convoitise conçoit, elle
enfante le péché. Mme de Gasparin se prononce
avec volupté sur ce cas doublement parjure. Séraphine
Thurot a non seulement elle aussi cherché hors du mariage
à lever les mystère du sexe mais failli à
la véritable vocation féminine."
D'origine française,
Sylvaine Marguier
a fait ses études en Afrique de l'Ouest et en France,
avant de s'installer en Suisse en 1980. Mère d'une
fille elle vit à Genève.
Pour Le Mensonge,
son premier roman, Sylvaine
Marguier a reçu
le Prix Georges-Nicole 1997.
Quel peut être en 1847 le destin
d'une jeune fille de vingt-deux ans originaire du Jura ? Louise
Maréchal est domestique chez le comte et la comtesse
de Gasparin. Elle aura la chance d'accompagner ses maîtres
sur les traces de Chateaubriand jusqu'à Jérusalem,
en passant par la Grèce et l'Egypte.
Plus qu'un récit de voyage au
Levant, Miracle des Jours constitue une fresque historique
et la rencontre de personnages masculins et féminins
naturels et vrais. Bastien Fiefvet, homme simple au grand
coeur. Victor Jolissaint, ancien soldat de Napoléon
devenu drogman en Egypte. L'aventurier Magdaleno Cavalieri.
Châtillon, visionnaire et fou de Dieu, réincarnation
d'un chevalier des Croisades. Et de nombreuses femmes, parentes
ou non, solidaires les unes des autres.
Au milieu des soubresauts de l'Histoire
- en novembre 1874 le Sonderbund est écrasé
par l'armée suisse ; en France la révolution
sociale est en marche, surgissent des éléments
qui renvoient le lecteur au sens de sa propre vie. Séparation,
naissance, mort et amour. Les sentiments, les doutes et les
aspirations qui animent Louise et ses compagnons de voyage
sont ceux toujours éprouvés par le lecteur contemporain.
Sylvaine Marguier, Miracle des Jours,
Bernard Campiche Editeur, 2000.
Un livre d'environ 400 pages
Prix de vente : Env. Fr. 40.-, env. FF 130.-
ISBN 2-88241-104-9
Code EAN 9782882411044
|
|
Sylviane
Roche - Marie-Rose De Donno/ L'Italienne |
|
Un jour, dans un magasin où
j'essayais des vêtements en bavardant avec une
amie, j'ai été abordée par une
jeune femme inconnue. À brûle-pourpoint,
elle m'a demandé quel était mon métier.
Puis, comme je lui répondais, un peu étonnée,
que j'enseignais la littérature française,
elle a voulu savoir si je connaissais des écrivains.
Elle nous a expliqué qu'elle avait quelque chose
à raconter, quelque chose qui pourrait intéresser
un écrivain. Ce genre de situation arrive plus
souvent qu'on ne croit. Les gens ont tendance à
penser, assez généralement, que leur vie
est un roman... D'habitude, je m'enfuis aussi poliment
que possible. Là, non. Tout de suite il m'a semblé
que le devais écouter cette jeune femme brune
qui me parlait déjà comme si on se connaissait
depuis longtemps. Elle m'a dit qu'elle s'appelait Marie-Rose.
Je lui ai donné mon adresse. Quelques jours plus
tard, on s'est donné rendez-vous dans un salon
de thé. Je me rappelle que c'était l'hiver
et qu'il y avait un vent terrible. J'étais fatiguée,
un peu malade. Je marchais dans la rue en pestant, en
me demandant pourquoi le perdais ainsi mon temps.
Je suis arrivée, Marie-Rose
m'attendait. Je crois que je n'ai pas été
très chaleureuse, je restais à distance.
J'ai enclenché mon dictaphone... Dix minutes
plus tard, j'avais les larmes aux yeux. Je crois qu'on
s'est tutoyées au bout d'un quart d'heure. Je
crois qu'en la quittant, le l'ai serrée dans
mes bras. Je ne savais pas encore ce que j'allais faire.
C'était un projet très neuf pour moi.
Mais je savais, dès cette première rencontre
que je l'aiderais à réaliser ce rêve,
qu'il deviendrait aussi le mien. Que ce qu'elle avait
à dire me concernait, mystérieusement.
J'ai compris que le venais de rencontrer quelqu'un
Sylviane Roche - Marie-Rose De Donno,
L'Italienne, Bernard Campiche Editeur, 2000.
|
|
|
Jacques-Etienne
Bovard / Les Beaux Sentiments |
|
Quand "Les Beaux Sentiments
" déjouent la bonne conscience
Seize ans après son entrée
en littérature avec les nouvelles d'Aujourd'hui,
Jean (L'Aire, 1982), Jacques-Etienne Bovard (né
en 1961) est devenu, avec deux premiers romans, La
Griffe (Bernard Campiche, 1992) et Demi-sang
suisse (Campiche, 1994), suivis d'un nouveau
recueil de nouvelles à caractère satirique,
Nains de jardin (Campiche,
1996), l'un des nouveaux auteurs romands les plus réguliers,
en progressive expansion du point de vue du métier,
et le plus largement reconnu par le public.
Dans le dernier roman qu'il nous
offre, l'auteur vaudois marque une nouvelle avancée,
tant du point de vue des thèmes abordés
que par son travail de narrateur, la gravité
généreuse de son approche de la réalité,
une belle brochette de jeunes personnages vivants et
émouvants, la justesse de son regard et de son
oreille de dialoguiste...
Jean-Louis Kuffer
Jacques-Etienne Bovard, Les Beaux
Sentiments, Bernard Campiche Editeur, 1998
|
|
Page créée le 30.09.01
Dernière mise à jour le 20.06.02
|
|
© "Le Culturactif
Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"
|
|