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Sylviane
Chatelain / Le Livre d'Aimée |
ISBN 2-88241-118-9
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Dans Le
Livre dAimée,
tout est suggéré, comme rêvé,
reflété dans un miroir. Comme limage
lumineuse de cette petite fille à la robe bleue,
témoin des «jours tranquilles de lenfance».
Lauteur raconte ici une histoire simple - la souffrance,
la révolte de ceux qui sont privés de
laccès aux livres -, sinterrogeant
sur «les profondeurs instables de la mémoire»
et sur son rôle décrivain, en phrases
brèves ouvrant des espaces qui simposent
avec une beauté poétique et une évidence
incroyables.
Sylviane Chatelain saffirme
comme lune des voix les plus originales de la
littérature suisse française.
Notice biographique
Sylviane
Chatelain est née à Saint-Imier.
Son premier roman, La Part
dombre (1988), sest vu décerner
le Prix Hermann-Ganz 1989 de la Société
suisse des écrivains et le Prix 1989 de la Commission
de littérature française du Canton de
Berne. Son deuxième recueil de nouvelles, De
lautre côté (1990), a obtenu
le Prix Schiller 1991. Le dernier ouvrage paru de Sylviane
Chatelain, LEtrangère
(nouvelles, 1999), a encore élargi son audience.
Sylviane Chatelain, Le Livre d'Aimée,
Editions Bernard Campiche, 2002.
Couverture : photographie de Myriam Ramel
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Extrait
«Jai posé
ma tête entre mes bras repliés sur la table.
Les mots se cachent. Cest un jeu, ils se cachent
et je les cherche. Un jour ils se lasseront et moi aussi.
Je le crains, parfois je lespère. Mais
il est encore trop tôt. Je les cherche et je les
attends. Un mot, un seul quelquefois et dautres
le rejoignent. Jattends quils memportent,
me déposent sur le visage, les lèvres
dinconnus qui meurent si je ne les rejoins pas
ou qui me suivent et me poursuivent, ne sen vont
pas avant que je naie dit et compris ce quils
avaient à me dire.
Rien na changé.
Si pourtant: la montagne, son corps de baleine échoué
devant moi a le dos blanc. Cest tôt pour
la première neige.
Ils me font signe, je mapproche,
au dernier moment ils se dérobent. Ils veulent
mentraîner quelque part, mais je résiste,
je ne veux pas de nimporte quelle route, jai
le droit de choisir, de refuser celles qui sont trop
dangereuses, qui sont au-dessus de mes forces. Alors
ils me tournent le dos avec un haussement dépaules.
Cest un jeu difficile, un peu cruel. Je sais quils
reviendront. Ils reviennent toujours. Ils savent que
je ne peux pas me passer deux, que je finirai
par les suivre. Ils sont patients. Jentends leurs
froissements dailes, leurs rires qui ressemblent
aux cris confus des oiseaux à laube. Ils
décrivent leurs tours loin au-dessus de moi,
ils ne me perdent pas de vue. Je vais céder,
reprendre ma plume. Mais je ne vois pour linstant
que ce visage, le visage dune femme, derrière
la vitre embuée dun car, qui regarde défiler
le paysage, occupée par je ne sais quelles pensées
.»
Extrait de : Le livre d'Aimée
La Presse
Quand le bonheur de lire vous
emporte
Des pages qui savancent
dans la respiration dune fugue: cest Le
Livre dAimée, de Sylviane Chatelain.
Mais puisquil sagit
dans ces pages dune petite merveille, dune
grâce décriture qui dans sa patience
allusive veille au plus proche de la vie: bien sûr
que vous allez rejoindre ce livre, et jusquaux
neiges où il se referme. Dans cette coda de lhiver
où lénigme du livre, comme de lexistence,
reste suspendue. Dans la belle lenteur de son musical
cheminement et dans les échos perpétués
de ses accords, Le Livre dAimée (que Sylviane
Chatelain signe notamment après Le Manuscrit
et les nouvelles rassemblées dans LEtrangère)
suit la trace dun autre livre, dans la mise en
abyme de cet autre Livre dAimée, et dAimée
justement, dans les temps mêlés où
saccompagnent et se rejoignent la narratrice et
le personnage. Et dans ce livre du livre, la lecture
est une figure récurrente qui résonne
et revient. Il lit et elle «lécoutait,
attentive, sous ses paupières baissées,
au cours des mots, à ses lenteurs, ses brusques
écarts, ses lueurs, à ce désir
venu damont quil charrie, qui nous traverse
et nous emporte vers dautres mots comme vers le
large.»
Jean-Dominique Humbert
Au moment où le cri et
la violence font souvent office de style littéraire,
on ne peut que se réjouir à la lecture
de Sylviane Chatelain. Ses livres brillent par leur
retenue, par leur atmosphère délicate.
Après LEtrangère, recueil de nouvelles
paru en 1999, lauteure jurassienne poursuit avec
Le Livre dAimée, une uvre singulière
et envoûtante.
A coups de phrases brèves,
Sylviane Chatelain évoque, plus quelle
ne dit, la souffrance de ceux qui sont privés
de livres. Interrogeant aussi les liens entre fiction
et réalité, elle aborde à touches
discrètes des questions sur le rôle de
lécrivain, sur le bonheur et les difficultés
décrire. Mais Le Livre dAimée
est bien loin de toute réflexion intellectuelle.
Lessentiel demeure ce climat que Sylviane Chatelain
sait instaurer par lintensité de ses «paysages
de mots» et par des images dune évidence
et dune puissance extraordinaires, comme celle
de lécole abandonnée ou de cette
mystérieuse fille en robe bleue.
Eric Bulliard
La
Gruyère
Lamateur qui ouvrira Le
Livre dAimée de Sylviane Chatelain éprouvera
de la peine à le refermer avant de lavoir
dévoré jusquau bout. Ses phrases
denses, se chapitres brefs, son originale façon
de passer rapidement dun thème à
lautre après avoir dit lessentiel
le captiveront. Un vif désir le poussera, non
pas de découvrir les rebondissements dune
intrigue mais dassister au lent dévoilement
de réalités perçues dabord
assez confusément.
On pourrait, en effet, comparer
cet ouvrage aux tableaux pointillistes de certains peintres
néo-impressionnistes. Chaque touche frappe par
sa netteté: «Cétait lété.
Devant la maison retirée dans la fraîcheur
de ses volets clos, le jardin vacillait un peu sous
une légère houle dombres et de lumière,
dans le balancement du soleil émietté
par les branches». Mais les traits se succèdent,
se multiplient, se rejoignent, se chevauchent et se
juxtaposent de telle manière quon ne parvient
à saisir clairement la cohérence quaprès
avoir pris à leur égard un recul suffisant
(
).
Samuel Dubuis
Qui est Aimée ? Quel rapport
ce personnage diffus entretient-il avec lauteure
? Ou plutôt, Aimée est-elle une part secrète
de Sylviane Chatelain ? Question oiseuse
chaque
intervenant dun roman devenant tour à tour
fragment de lécrivain, lune des mille
facettes de sa personnalité, parfois la plus
obscure, celle quil ne peut ou ne veut pas voir
en pleine lumière, et qui surgit, impromptue,
à travers le tamis des mots. Dans le dernier
livre de la Jurassienne, une mystérieuse Aimée
apparaît aussi éthérée quune
ombre irréelle. Prenant néanmoins toute
la place du livre celle que veut bien lui laisser
Sylviane Chatelain elle déambule dans
les pages en contrepoint de sa génitrice de plume.
Pourtant, lauteure sapplique à détailler
ses jours dans un petit village où elle vient
darriver en car, jetant un coup dil
indifférent à celle qui la raconte. Normal
: elle nest après tout quune héroïne
de papier. Du moins est-ce ainsi que Chatelain la présente,
cette Aimée, miroir déformé delle-même,
secret à peine suggéré. Suspendu
dans un rêve nébuleux, ce récit
se moque de la logique tout en respectant une chronologie
personnelle, la vie de la petite fille à la robe
bleue, Aimée la mal-aimée, celle qui est
de trop et qui essuie les reproches dune mère
froide, acerbe, elle-même abandonnée, qui
confiera la petite aux bonnes surs. Livrée
à la solitude, réfugiée dans les
livres, Aimée affronte tous les désenchantements.
Maternel dabord, amoureux ensuite. Il y a la mort
également, et le cruel manque de bouquins, justement.
Autant dingrédients qui tissent latmosphère
de ce récit construit à coups de détails,
dobservations de la vie quotidienne, avec ses
odeurs, ses couleurs, ses silences. Le texte est soutenu
par une écriture à fleur de peau, dune
finesse si délicate quelle paraît
prête à se fissurer, brisée par sa
propre fragilité. Curieusement, une sécheresse
descriptive rappelle par moments le nouveau roman, et
ça nest pas là le moindre des charmes
de ce livre envoûtant et si mélancolique
quil faut éviter de sy plonger un
jour de pluie, quand les sapins virent au triste noir
de la nuit qui tombe.
Bernadette Richard
Le regard porté par la
narratrice sur une étrangère venue se
réfugier dans un village de montagne, à
travers les dessins du Livre dAimée acheté
naguère, nest peut-être que le propre
regard de la narratrice sur elle-même. Souvenirs
dune traversée existentielle, du bleu de
la robe de lenfance à la prise de conscience
dêtre non désirée, de lapprentissage
de la lecture au manque cruel de livres, du désenchantement
amoureux à la rupture, tout est suggéré
dans cette introspection. Cest un texte à
lécriture simple, évidente, dune
densité poétique rare, le meilleur roman
lu dans la rentrée littéraire de cet automne.
Maurice Rebetez
À partir des « innombrables
visages en attente dans sa mémoire », Sylviane
Chatelain construit un superbe roman, ou plutôt
un poème en prose, rythmé par la présence
lumineuse dAimée, une petite fille à
la robe bleue, réminiscence du monde merveilleux,
curieux et réceptif de lenfance
S. Viret
Journal de Sainte-Croix
Oeuvres de Sylviane
Chatelain
Les
Routes blanches, Nouvelles, Lausanne: Editions
de LAire, 1986
La
Part dOmbre, Roman, Yvonand: Bernard Campiche
Editeur, 1988
Prix Hermann-Ganz 1989 de
la Société suisse des écrivaines
et écrivains
Prix 1989 de la Commission de littérature française
du Canton de Berne
Traduction
Schattenteil,
Traduit par Barbara Traber, Berne: Editions Hans Erpf,
1991
Publié en feuilleton
dans la Neue Zürcher Zeitung
De
lAutre Côté, Nouvelles, Yvonand:
Bernard Campiche Editeur, 1990
Prix Schiller 1991
Le
Manuscrit, Roman, Yvonand: Bernard Campiche Editeur,
1993
Traduction: Das Manuskript,
Traduit par Yla M. von Dach, Berne: eFeF Verlag, 1998
LEtrangère,
Nouvelles, Orbe: Bernard Campiche Editeur, 1999
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Elisabeth
Horem / Le Chant du bosco |
ISBN 2-88241-122-7
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Un pays, peu importe lequel,
une dictature, peu importe laquelle, et trois hommes
emprisonnés arbitrairement. Aucun repère
géographique ou historique précis nest
donné. Une variété de situations,
dimages, de rêves, de fantômes, de
souvenirs, dassemblages de fragments, confèrent
à ce roman un climat envoûtant. Un jeu
constant entre limaginaire et la réalité,
voire la cruauté, intrigue puis saisit le lecteur.
Restera aussi la figure bouleversante de Mona, prête
à tout pour sauver son amant.
Notice biographique
Elisabeth
Horem a fait ses études à Paris.
Elle a séjourné dans plusieurs pays du
Proche-Orient, ainsi quà Moscou, Berne
et Prague. Elle vit maintenant à Paris. Elle
a publié Le Ring
(1994, Prix Georges-Nicole 1994, le Prix de la Commission
de littérature du Canton de Berne 1994 et le
Prix Michel-Dentan 1995), Congo-Océan (1996)
et Le Fil espagnol
(1998), trois ouvrages dont les critiques ont souligné
la remarquable qualité décriture
et latmosphère détrangeté
et de mystère qui sen dégage.
Elisabeth Horem, Le Chant du bosco,
Editions Bernard Campiche, 2002.
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Extrait
«Sans doute y a-t-il eu
plusieurs scènes de ce genre: deux hommes (parfois
un seul) faisant le guet aux abords de son hôtel,
attendant quil sabsente puis, le moment
venu, poussant la porte, et le réceptionniste
déjà là, surgi comme un mauvais
génie près du palmier en plastique, rayonnant
de zèle et de sueur en rendant compte à
voix basse des allées et venues de Peter Vaart,
ajoutant dune voix implorante Si ces messieurs
désirent voir la chambre
Des doutes avaient
commencé à naître. De si petites
choses au début, cela ne valait pas la peine
dy prêter attention: la fenêtre quil
avait cru fermer tout à fait, mais il pouvait
se tromper, le courant dair qui passe sous la
porte laura rouverte; le rideau de plastique tiré
à moitié devant le cabinet de toilette,
quest-ce que cela prouve, la femme de chambre,
peut-être
Un jour, la radio marchant en
sourdine, il ne laurait pas laissée ainsi.
Puis de plus en plus souvent des papiers dérangés
dans son tiroir. Un mégot écrasé
dans le verre à dents. Le doute nétait
plus possible. Vaart quittait moins longtemps son hôtel,
rentrait à des heures différentes, parfois
juste après être sorti. Le réceptionniste
ne lui souhaitait plus une bonne journée. Il
ne se donnait plus la peine de se courber en deux. Il
se contentait de laccompagner de son sourire fielleux.
Sinstaller dans un autre hôtel naurait
rien changé à laffaire, cétait
partir quil fallait, bon Dieu quattendait-il?»
Extrait de : Le Chant du bosco
La Presse
La tyrannie du souvenir
La mémoire est une chapardeuse,
une habile plagiaire. Pour combler ses trous et fournir
les pièces manquantes dune histoire donnée,
elle emprunte à dautres mémoires
(collectives ou individuelles). Elle est sans cesse
travaillée par la pensée, qui procède
par ajout, substitution, récupération,
usure, répétition, et remodèle
ainsi le passé.
Se souvenir paraît vital
pour lhomme et néanmoins, certaines réminiscences
le tyrannisent tant quil les dissimule ou les
travestit. Au «Je me souviens» de Georges
Perec - qui a tissé la toile de son uvre
avec les fils de la mémoire autour dun
souvenir denfance capital avec les fils de la
mémoire - font écho les phrases dElisabeth
Horem. «Ne rien omettre. Recommencer sans se décourager.»
«Nommer chaque chose pour se défendre pied
à pied contre loubli». «Refaire
sans arrêt linventaire de la ville.»
«Puis refaire le chemin en sens inverse, ne pas
se lasser. Ne rien oublier surtout».
A Obronna, la répression
a succédé à une tentative dinsurrection
contre la dictature. Après avoir été
arrêté et incarcéré deux
fois lors des troubles, Vaart fuit cette ville. En prison
comme en exil, il cartographie la cité avec un
souci obsessionnel de rigueur et pourtant il nen
mentionne pas le cur tragique, la forteresse.
Omission soulignée par le narrateur qui fait
de ce lieu occulté le théâtre du
Chant du bosco, y redistribue les cartes et laisse sy
jouer les destins du héros, Vaart, et de son
double tragique.
Si les correspondances entre
ces deux personnages forment ici un réseau où
les énigmes se dénouent avec une évidence
qui crée un saisissant contraste avec la complexité
de larchitecture littéraire, elles relient
également ce récit aux trois autres titres
dElisabeth Horem qui reprend, retouche, considère
sous un angle différent des éléments
- exilé vivotant de traductions, héros
venu dObronna attelé à sa biographie,
pays sous haute tension politique, vie soumise à
la fatalité, voire à labsurde, photographies
- dun univers romanesque quelle est en train
de bâtir. Son écriture en escalier progresse
de relatives en comparaisons suggérées,
dassociations en images pleinement évocatrices,
et accomplit la prouesse de conserver sa sérénité
dans les houles quelle traverse. Que subissent
en loccurrence deux individus confrontés
à larbitraire dun régime autoritaire,
à lenfermement et à la suspicion,
et dont les trajectoires un jour se rencontrent et séchangent
dans le miroir du temps, au milieu dune comédie
où trône la belle Mona au visage à
deux faces ainsi que le despote, tantôt entouré
dune cour grotesque de vieillards agitant des
fleurs en papier, tantôt brillant par son absence
menaçante.
Limagination ronge patiemment
los du souvenir
Le passé se juxtapose
au présent, la mémoire délivre
des fragments que la narration assemble en sillonnant
non pas le cauchemar dune nation - «tout
cela a déjà été raconté
ailleurs» -, mais celui dun individu que
la privation de liberté a jeté sur les
routes. Après avoir cogné son esprit aux
barreaux des hommes, été captif dun
mauvais rêve éveillé, dun
amour volé et du silence, Vaart sembarque
pour lailleurs, où jamais il ne sétablit.
Il est sans attaches, voué à léternelle
errance. Latmosphère du camp, les rumeurs
de la forteresse, le plan dObronna, les traits
de Mona, la mise à mort du frère maudit,
le père honni, ladieu au pays, «tout
est à réinventer»: à partir
de lueurs (feux, ampoule, phare, souvenir, espoir) ou
de lumières (soleil, départ en exil) qui
se détachent du roman et renforcent lobscurité
de son climat doppression et de conflit larvé.
A partir dun détail dont limagination
sempare «comme une chienne affamée»
dun «os quelle va ronger un moment».
Passent les vies et les souvenirs,
restent les fictions, les chants de boscos qui résistent
aux lames de fond, guidés par la précision
de leur écriture, poussés par leur souffle
créateur.
Elisabeth Vust
Troublant, Le
Chant du bosco, dÉlisabeth Horem,
sort des sentiers battus et confirme un écrivain
singulier.
Dans son quatrième roman,
Élisabeth Horem choisit ses métaphores
avec goût. Sa prose souple et précise installe
demblée une ambiance aussi envoûtante
que troublante qui gardera jusquà la fin
sa part de mystère. On ne sait pas dans quel
pays lon se trouve, quimporte dailleurs,
juste que la ville dont il est ici question se nomme
Obronna et quun été, celui de lattentat,
elle fut «figée sous lil fixe
dun soleil immobile », imposant alors que
lon garde continuellement les volets fermés.
Élisabeth Horem
remplit progressivement certains blancs de lhistoire,
plaçant çà et là une nouvelle
pièce du puzzle, mais pas toutes. Tout au long
de ce mince Chant du bosco, elle promène ainsi
son lecteur à travers un univers obsessionnel,
le temps dune belle réflexion sur lenfermement,
la fuite sans fin.
Alexandre Fillon
LivresHebdo
Dans ce nouveau livre
aussi, tout part de presque rien : un train qui file
dans la nuit, trois silhouettes dhommes aperçues
par la fenêtre. Aussitôt limagination
(ou la mémoire) de Peter Vaart « sest
mise en chasse, bête affamée rôdant
sans cesse à la recherche dun os à
ronger ».
Lécriture nette
dÉlisabeth Horem emprunte au vocabulaire
marin ses mots précis et poétiques (le
bosco désigne à bord le maître de
manuvre, donc une sorte de frère de lécrivain).
Sans donner nul repère qui permette de situer
les lieux et les faits autrement quen sollicitant
limagination de ses lecteurs, elle tient la gageure
de dénoncer toutes les dictatures, à sa
façon, cest-à-dire en suggérant
le pire sans jamais hausser le ton. Cela grâce
à la texture subtile dun récit qui
naît sous nos yeux, parce que « tout reste
à inventer ».
Isabelle Martin
Oeuvres d'Elisabeth Horem
Le
Ring, Roman, Yvonand: Bernard Campiche Editeur,
1994
Prix Georges-Nicole 1994
Prix de la Commission de littérature française
du Canton de Berne 1994
Prix Michel-Dentan 1995
Traduction allemande
Der Ring, Collection
CH, Traduction de Markus Hediger, Basel: Lenos Verlag,
1996
Congo-Océan,
Roman, Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1996
Prix dencouragement de
la Ville de Berne
Le
Fil espagnol, Roman, Orbe: Bernard Campiche Editeur,
1998
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Page créée le 02.12.02
Dernière mise à jour le 02.12.02
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© "Le Culturactif
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