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Bernard Campiche Editeur

Grand-Rue 26
CH- 1350 Orbe
Tél. 024 441 08 18
Fax 024 441 08 20
www.campiche.ch
info@campiche.ch



 

  Anne Cuneo / Le Sourire de Lisa

ISBN 2-88241-102-2

photographie de Laurent Cochet
Anne Cuneo
© Horst Tappe / CH- 1820 Montreux


"Dans le taxi, j'ai sorti les photos : elles avaient été agrandies au format A4. J'ai reconnu le paysage, le village avec la place et sa fontaine, les immanquables enfants autour, les vignes, une vue d'ensemble de la maison que louaient les Boissellier, avec ses deux portes d'accès. Il y avait une photo avec les parents Boissellier sur le pas de leur porte (faciles à repérer parce que Yves était le portrait craché de son père, bien qu'il eût aussi quelque chose de sa très jolie maman), et une autre dans l'encadrement de l'autre porte, avec un homme carré, début quarantaine, le regard intense et arrogant, un bras protecteur entourant la taille d'une femme d'une trentaine d'années, genre fatal, avec des cheveux et des yeux noirs. J'en ai déduit qu'il s'agissait du peintre et de sa femme. Ils fixaient tous deux l'objectif d'un air particulièrement sérieux. Comment Yves avait-il dit qu'elle s'appelait ? Sa beauté devait avoir ému même le petit garçon qu'il avait été, puisqu'il se souvenait d'elle nommément, alors que le nom de famille du peintre lui échappait.

Et, enfin, les deux dernières photos, les plus sensationnelles au fond, montraient la victime photographiée, si cela se trouvait, quelques minutes avant sa mort. C'étaient en tout cas les deux derniers négatifs exposés de la pellicule. Une des photos était floue, l'autre très nette. Pas de doute sur le lieu : le coin de la villa fermée était parfaitement identifiable. Lisa May ressemblait vaguement à sa cousine Jacqueline. Elle faisait penser à Élisabeth Taylor à dix-huit ans, on devinait au-delà du noir et blanc que ses yeux avaient dû être clairs."

Anne Cuneo est née à Paris et vit en Suisse, entre Genève et Zurich ; elle est Journaliste et réalisatrice à là Télévision suisse. Elle est l'auteur de récits autobiographiques, de plusieurs romans, d'une série de textes dramatiques. Le Trajet d'une Rivière, Prix des Libraires 1995, et Objets de Splendeur ont été publiés en Suisse, par Bernard Campiche Editeur, et aux Editions Denoël, à Paris.

Le Sourire de Lisa est le troisième roman d'Anne Cuneo - après Âme de Bronze et D'Or et d'Oublis - où l'on rencontre le personnage de l'enquêteuse Marie Machiavelli.

Un garçon de neuf ans peut-il avoir tué accidentellement, sans s'en apercevoir ? Oui, ont répondu les juges, les avocats, la famille de l'enfant autant que celle de la victime, Lisa May, jeune fille destinée à une grande carrière de danseuse. Lorsque, vingt ans plus tard, le petit garçon devenu adulte demande à Marie Machiavelli de le libérer de ce qui est pour lui un cauchemar - s'il a tué une fois puis bloqué le souvenir de l'acte, ne risque-t-il pas de récidiver un jour dans les mêmes conditions ? -, elle commence par lui rire au nez. Mais finalement elle accepte l'impossible : refaire une enquête criminelle à vingt ans de distance. Ce qu'elle découvre petit à petit avec l'aide de la fidèle Sophie, sa secrétaire, et le soutien de l'inspecteur Léon, de la police criminelle, la glace: Lisa May a surtout été la victime de la lâcheté et des préjugés. De Lausanne à Soleure et à Bâle, Le Sourire de Lisa nous entraîne avec Marie dans les milieux les plus divers : marchands d'art, forains, musées, bistrots... dans la quête d'une terrible vérité.

Un livre de 280 pages
Prix de vente : Fr. 36.-

Anne Cuneo, Le Sourire de Lisa, Bernard Campiche Editeur, 2000.

 

  Gilbert Salem / Le Puzzle amoureux

ISBN 2-88241-103-0

Gilbert Salem
© Horst Tappe / CH- 1820 Montreux


"Maintenant qu'il est sur le point de mourir, Father Moloch m'émeut par sa puissance animale. Il paraît très calme en prenant cause allégrement pour la mort qui lui arrive. Il ressemble aux premières personnes qui me furent cruellement arrachées par la grande belle Dame à la faux - et que je ne dissocie plus de Dieu, que j'aime autant sans la connaître. Je songe à mon chien Zôr, à mon père réel, à mon père adoptif, à mon grand-père qui périt dans un accident de la route.

Plus tard viendront d'autres déchirements : la mort de quelques amis aimés comme des frères et soeurs, comme des amants et des amantes.

Ma chatte Zorine, aux déhanchements sereins, et qui me fut offerte des années plus tard par des voisins, qui curieusement détestaient les animaux, avait un tempérament mieux enveloppé. Aux nuits du printemps lausannois, je reconnaissais entre cent miaulements le sien qui nous parvenait des jardins parfumés de persil et de jasmin. Il se singularisait par un timbre prononcé de barytonne amoureuse. Zorine s'adonnait avec volupté à des joutes vocales, érotiques et fellinissimes. Elle scandait sa poésie chatière avec une espèce de vaillance qui en imposa, semble-t-il, à ses matous et, surtout, à ses rivales nocturnes.

À mes quinze ans déjà, elle m'inquiéta par sa gourmandise : car elle adorait un peu trop les petits fruits du jardin. Au printemps 1985, je la surpris au potager en train de croquer des drupes bien en chair du bigarreautier de ma tante. Elle recrachait les noyaux avec adresse."

Enquêteur, reporter et chroniqueur depuis dix-neuf ans au journal 24 Heures, à Lausanne, Gilbert Salem est né en 1954 en Iran, dans une famille de chrétiens libanais en exil. Il vit en Suisse romande depuis sa petite enfance.

Gilbert Salem est l'auteur d'une biographie sur Jacques Chessex (en collaboration avec Jérôme Garcin) et d'un essai sur Gustave Roud. En 1995, il a publié chez Bernard Campiche son premier roman, Le Miel du Lac (Prix littéraire Lipp Genève 1996 et Prix Alpes-Jura 1996), suivi en 1997 par le récit À la Place du Mort (Prix des Auditeurs 1997 et Prix Genève-Montréal 1997)

Un individu n'est jamais composé que de lui-même, de lui seul.

Or un peuple varié fourmille en lui : ce sont des gens de sa famille, des personnalités historiques qui ont guidé sa pensée ou affiné sa sensibilité. Ou encore des animaux domestiques, des êtres rencontrés de loin en loin ; et à partir de la moue desquels, à partir d'un sourire saisi à la dérobée, un caractère peut être réinventé.

Dans ce récit, qui en enchaîne plusieurs, correspondant chacun à l'une de ses nombreuses rencontres, l'auteur voudrait démontrer que la pluralité des coeurs est une loi littéraire.

Quand on est deux, on est un monstre à deux visages. Quand on est trois, on devient une Trinité divine. Quand on est une foule en sa propre solitude, on est une population planétaire.

À l'image du paradis qui, depuis la nuit des temps, ne cesse d'accueillir des milliards d'âmes - sans qu'on y souffre d'aucun méfait dû à un phénomène de surpopulation -, l'être humain est doué d'une capacité d'hébergement infinie.

Un livre d'environ 200 pages
Prix de vente : Env. Fr. 34.-
Photographie de couverture: Philippe Pache

Gilbert Salem, Le Puzzle amoureux, Bernard Campiche Editeur, 2000

 

  Claire Genoux / Poitrine d'écorce

ISBN 2-88241-101-4

photographie de Bastien Genoux
Claire Genoux
© Horst Tappe / CH- 1820 Montreux


"On a été si heureux à l'église et puis sous les platanes de l'esplanade quand il fallait sourire au photographe. Que va-t-il rester ? La vieillesse, le corps qui nous abandonne, cette lente descente durant laquelle il faudra renoncer à maintes choses. Et puis il faut renoncer tout court et rendre cette vie qu'on nous a prêtée. Mais on sera si sec et si usé que l'on n'aura même plus le courage de pleurer.

Et la mère sent monter en elle, au milieu de la fête et du plaisir, une violente nausée en même temps qu'une haine affreuse pour sa fille. Elle sent remonter dans sa gorge toute sa vie comme un mauvais alcool : des souvenirs de vacances, des anniversaires, cet amant qu'elle n'a pas pris quand ses filles allaient à l'école ; toute sa vie est là devant elle, imparfaite, réduite soudain à un air de valse mal joué.

Remonte aussi en elle, en même temps que cette bouffée de haine, le souvenir d'une pensée ancienne, cachée si profondément qu'elle lui semble presque étrangère. Se l'avouera-t-elle ? À la naissance de sa fille et plus tard, elle avait secrètement espéré que celle-ci ne deviendrait jamais une femme. Mais ce n'était pas tout : quand sa fille arrivait en retard à la maison, à quinze ans, à dix-huit ans, combien d'accidents n'avait-elle pas imaginés ? Pourtant elle avait aimé sa fille. Elle l'avait aimée, comme toutes les mères aiment c'est-à-dire trop."

Claire Genoux vit à Lausanne, où elle est née en 1971. Elle obtient une licence en Lettres à l'Université de Lausanne en 1997, l'année où paraît Soleil ovale, son premier recueil de poèmes (Editions Empreintes, Prix de la Sorge 1996).

Saison du Corps (Editions Empreintes, 1999), son deuxième livre, lui a valu le Prix de poésie C. F. Ramuz en 1999. Poitrine d'Ecorce est son premier livre en prose.

Poitrine d'Ecorce est un recueil de six nouvelles où se côtoient différents destins, différentes solitudes, habités par des secrets ou des rencontres troublantes. Ces nouvelles sont aussi traversées par la présence de la nature et des saisons, et par des interrogations existentielles.

Un livre de 110 pages
Sortie de presse : 30 octobre 2000
Prix de vente : Fr. 26,50

Claire Genoux, Poitrine d'Ecorce, Bernard Campiche Editeur, 2000

 

  Alexandre Voisard / Sauver sa trace


ISBN 2-88241-100-6
gouaches d'Alexandre Voisard

Alexandre Voisard
© Horst Tappe / CH- 1820 Montreux


"Nous avions arpenté la forêt insoucieusement tout l'après-midi, sur des sentiers de framboisiers, quand à l'orée d'une clairière la présence odorante d'une touffe de muguet nous étreignit. Nous fîmes un petit bouquet de cette fleur si belle, que nous connaissions un peu pour l'avoir rencontrée une seule fois dans quelque jardin très châtié. Quelle surprise heureuse nous réservions à maman et quelle joie en nous aussitôt tandis que, vautrés parmi les aspérules et grisés de tant de parfums, nous dévorions notre part de brioche ! Plus tard, à l'instant de pousser la lourde porte d'entrée de la demeure familiale, l'un de nous s'écria : "On a oublié le bouquet..." Consternés, nous retournâmes sur nos pas jusqu'à la haie qui avait hébergé notre agape. Nous eûmes beau fouiller et refouiller le sous-bois en tous sens avec des yeux d'épervier, le muguet resta introuvable. S'était-il enfui ?

Nous rentrâmes tristes et penauds à la maison et pénétrés d'un lourd sentiment de négligence coupable. La poignée de fleurs si précieuses et rares qui devait susciter un éclat de joie au foyer, nous l'avions vilipendés, sinon méprisée. Cette faute, nous ne l'avouâmes jamais à celle qui, sans notre inqualifiable légèreté, l'eût reçue en présent. La faute impardonnable, impardonnée, resta toujours notre secret d'enfants et le regret ne nous quitta jamais. Plus rien désormais ne serait comme avant. Rien, plus rien, même pas la douceur des contes ni l'enivrante saveur du serpolet et du pain de coucou ni les rêveries dans le miroir des eaux. Nous avions sept ans, huit ans, cinq ans... Et depuis lors l'injure au muguet n'a pas cessé de nous hanter."

L'oeuvre d'Alexandre Voisard, né en 1930, compte plus d'une vingtaine de livres. Aux côtés de la poésie, dont le fameux Liberté à l'Aube, paraissent des proses (Je ne sais pas si vous savez ; Un train peut en cacher un autre ; L'Année des Treize Lunes).

Alexandre Voisard a obtenu en 1994 le Prix Schiller pour son recueil de prose poétique, Une Enfance de Fond en Comble, et pour ses courts récits, Maîtres et Valets entre Deux Orages. Il a également reçu le Prix Max Jacob 1996 pour Le Repentir du Peintre.

Sauver sa trace paraît pour le soixante-dixième anniversaire d'Alexandre Voisard. Ses oeuvres complètes sont en préparation et devraient sortir de presse au printemps 2001.

Un livre de 200 pages
Prix de ventre : Fr. 34.-

Alexandre Voisard, Sauver sa trace, Bernard Campiche Editeur, 2000.

 

Page créée le 30.09.01
Dernière mise à jour le 20.06.02

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