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Anne
Cuneo / Le Sourire de Lisa |
ISBN 2-88241-102-2
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photographie de Laurent Cochet
Anne Cuneo
© Horst Tappe / CH- 1820 Montreux
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"Dans le taxi, j'ai sorti les
photos : elles avaient été agrandies au format
A4. J'ai reconnu le paysage, le village avec la place et sa
fontaine, les immanquables enfants autour, les vignes, une
vue d'ensemble de la maison que louaient les Boissellier,
avec ses deux portes d'accès. Il y avait une photo
avec les parents Boissellier sur le pas de leur porte (faciles
à repérer parce que Yves était le portrait
craché de son père, bien qu'il eût aussi
quelque chose de sa très jolie maman), et une autre
dans l'encadrement de l'autre porte, avec un homme carré,
début quarantaine, le regard intense et arrogant, un
bras protecteur entourant la taille d'une femme d'une trentaine
d'années, genre fatal, avec des cheveux et des yeux
noirs. J'en ai déduit qu'il s'agissait du peintre et
de sa femme. Ils fixaient tous deux l'objectif d'un air particulièrement
sérieux. Comment Yves avait-il dit qu'elle s'appelait
? Sa beauté devait avoir ému même le petit
garçon qu'il avait été, puisqu'il se
souvenait d'elle nommément, alors que le nom de famille
du peintre lui échappait.
Et, enfin, les deux dernières
photos, les plus sensationnelles au fond, montraient la victime
photographiée, si cela se trouvait, quelques minutes
avant sa mort. C'étaient en tout cas les deux derniers
négatifs exposés de la pellicule. Une des photos
était floue, l'autre très nette. Pas de doute
sur le lieu : le coin de la villa fermée était
parfaitement identifiable. Lisa May ressemblait vaguement
à sa cousine Jacqueline. Elle faisait penser à
Élisabeth Taylor à dix-huit ans, on devinait
au-delà du noir et blanc que ses yeux avaient dû
être clairs."
Anne Cuneo
est née à Paris et vit en Suisse, entre
Genève et Zurich ; elle est Journaliste et réalisatrice
à là Télévision suisse. Elle
est l'auteur de récits autobiographiques, de plusieurs
romans, d'une série de textes dramatiques. Le
Trajet d'une Rivière, Prix des Libraires 1995,
et Objets de Splendeur ont été publiés
en Suisse, par Bernard Campiche Editeur, et aux Editions
Denoël, à Paris.
Le Sourire de Lisa
est le troisième roman d'Anne Cuneo - après
Âme de Bronze et D'Or et d'Oublis - où l'on
rencontre le personnage de l'enquêteuse Marie Machiavelli.
Un garçon de neuf ans peut-il
avoir tué accidentellement, sans s'en apercevoir ?
Oui, ont répondu les juges, les avocats, la famille
de l'enfant autant que celle de la victime, Lisa May, jeune
fille destinée à une grande carrière
de danseuse. Lorsque, vingt ans plus tard, le petit garçon
devenu adulte demande à Marie Machiavelli de le libérer
de ce qui est pour lui un cauchemar - s'il a tué une
fois puis bloqué le souvenir de l'acte, ne risque-t-il
pas de récidiver un jour dans les mêmes conditions
? -, elle commence par lui rire au nez. Mais finalement elle
accepte l'impossible : refaire une enquête criminelle
à vingt ans de distance. Ce qu'elle découvre
petit à petit avec l'aide de la fidèle Sophie,
sa secrétaire, et le soutien de l'inspecteur Léon,
de la police criminelle, la glace: Lisa May a surtout été
la victime de la lâcheté et des préjugés.
De Lausanne à Soleure et à Bâle, Le Sourire
de Lisa nous entraîne avec Marie dans les milieux les
plus divers : marchands d'art, forains, musées, bistrots...
dans la quête d'une terrible vérité.
Un livre de 280 pages
Prix de vente : Fr. 36.-
Anne Cuneo, Le Sourire de Lisa, Bernard
Campiche Editeur, 2000.
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Gilbert
Salem / Le Puzzle amoureux |
ISBN 2-88241-103-0
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Gilbert Salem
© Horst Tappe / CH- 1820 Montreux
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"Maintenant qu'il est sur le point
de mourir, Father Moloch m'émeut par sa puissance animale.
Il paraît très calme en prenant cause allégrement
pour la mort qui lui arrive. Il ressemble aux premières
personnes qui me furent cruellement arrachées par la
grande belle Dame à la faux - et que je ne dissocie
plus de Dieu, que j'aime autant sans la connaître. Je
songe à mon chien Zôr, à mon père
réel, à mon père adoptif, à mon
grand-père qui périt dans un accident de la
route.
Plus tard viendront d'autres déchirements
: la mort de quelques amis aimés comme des frères
et soeurs, comme des amants et des amantes.
Ma chatte Zorine, aux déhanchements
sereins, et qui me fut offerte des années plus tard
par des voisins, qui curieusement détestaient les animaux,
avait un tempérament mieux enveloppé. Aux nuits
du printemps lausannois, je reconnaissais entre cent miaulements
le sien qui nous parvenait des jardins parfumés de
persil et de jasmin. Il se singularisait par un timbre prononcé
de barytonne amoureuse. Zorine s'adonnait avec volupté
à des joutes vocales, érotiques et fellinissimes.
Elle scandait sa poésie chatière avec une espèce
de vaillance qui en imposa, semble-t-il, à ses matous
et, surtout, à ses rivales nocturnes.
À mes quinze ans déjà,
elle m'inquiéta par sa gourmandise : car elle adorait
un peu trop les petits fruits du jardin. Au printemps 1985,
je la surpris au potager en train de croquer des drupes bien
en chair du bigarreautier de ma tante. Elle recrachait les
noyaux avec adresse."
Enquêteur, reporter et chroniqueur
depuis dix-neuf ans au journal 24 Heures, à Lausanne,
Gilbert Salem
est né en 1954 en Iran, dans une famille de chrétiens
libanais en exil. Il vit en Suisse romande depuis sa petite
enfance.
Gilbert Salem
est l'auteur d'une biographie sur Jacques Chessex
(en collaboration avec Jérôme Garcin) et d'un
essai sur Gustave Roud. En 1995, il a publié chez
Bernard Campiche son premier roman, Le Miel du Lac (Prix
littéraire Lipp Genève 1996 et Prix Alpes-Jura
1996), suivi en 1997 par le récit À la Place
du Mort (Prix des Auditeurs 1997 et Prix Genève-Montréal
1997)
Un individu n'est jamais composé
que de lui-même, de lui seul.
Or un peuple varié fourmille
en lui : ce sont des gens de sa famille, des personnalités
historiques qui ont guidé sa pensée ou affiné
sa sensibilité. Ou encore des animaux domestiques,
des êtres rencontrés de loin en loin ; et à
partir de la moue desquels, à partir d'un sourire saisi
à la dérobée, un caractère peut
être réinventé.
Dans ce récit, qui en enchaîne
plusieurs, correspondant chacun à l'une de ses nombreuses
rencontres, l'auteur voudrait démontrer que la pluralité
des coeurs est une loi littéraire.
Quand on est deux, on est un monstre
à deux visages. Quand on est trois, on devient une
Trinité divine. Quand on est une foule en sa propre
solitude, on est une population planétaire.
À l'image du paradis qui, depuis
la nuit des temps, ne cesse d'accueillir des milliards d'âmes
- sans qu'on y souffre d'aucun méfait dû à
un phénomène de surpopulation -, l'être
humain est doué d'une capacité d'hébergement
infinie.
Un livre d'environ 200 pages
Prix de vente : Env. Fr. 34.-
Photographie de couverture: Philippe Pache
Gilbert Salem, Le Puzzle amoureux, Bernard
Campiche Editeur, 2000
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Claire
Genoux / Poitrine d'écorce
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ISBN 2-88241-101-4
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photographie de Bastien Genoux
Claire Genoux
© Horst Tappe / CH- 1820 Montreux
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"On a été si heureux
à l'église et puis sous les platanes de l'esplanade
quand il fallait sourire au photographe. Que va-t-il rester
? La vieillesse, le corps qui nous abandonne, cette lente
descente durant laquelle il faudra renoncer à maintes
choses. Et puis il faut renoncer tout court et rendre cette
vie qu'on nous a prêtée. Mais on sera si sec
et si usé que l'on n'aura même plus le courage
de pleurer.
Et la mère sent monter en elle,
au milieu de la fête et du plaisir, une violente nausée
en même temps qu'une haine affreuse pour sa fille. Elle
sent remonter dans sa gorge toute sa vie comme un mauvais
alcool : des souvenirs de vacances, des anniversaires, cet
amant qu'elle n'a pas pris quand ses filles allaient à
l'école ; toute sa vie est là devant elle, imparfaite,
réduite soudain à un air de valse mal joué.
Remonte aussi en elle, en même
temps que cette bouffée de haine, le souvenir d'une
pensée ancienne, cachée si profondément
qu'elle lui semble presque étrangère. Se l'avouera-t-elle
? À la naissance de sa fille et plus tard, elle avait
secrètement espéré que celle-ci ne deviendrait
jamais une femme. Mais ce n'était pas tout : quand
sa fille arrivait en retard à la maison, à quinze
ans, à dix-huit ans, combien d'accidents n'avait-elle
pas imaginés ? Pourtant elle avait aimé sa fille.
Elle l'avait aimée, comme toutes les mères aiment
c'est-à-dire trop."
Claire Genoux
vit à Lausanne, où elle est née en
1971. Elle obtient une licence en Lettres à l'Université
de Lausanne en 1997, l'année où paraît
Soleil ovale, son premier
recueil de poèmes (Editions Empreintes, Prix de la
Sorge 1996).
Saison
du Corps (Editions Empreintes, 1999), son deuxième
livre, lui a valu le Prix de poésie C. F. Ramuz en
1999. Poitrine d'Ecorce
est son premier livre en prose.
Poitrine
d'Ecorce est un recueil de six nouvelles où
se côtoient différents destins, différentes
solitudes, habités par des secrets ou des rencontres
troublantes. Ces nouvelles sont aussi traversées
par la présence de la nature et des saisons, et par
des interrogations existentielles.
Un livre de 110 pages
Sortie de presse : 30 octobre 2000
Prix de vente : Fr. 26,50
Claire Genoux, Poitrine d'Ecorce, Bernard
Campiche Editeur, 2000
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Alexandre
Voisard / Sauver sa trace |
ISBN 2-88241-100-6
gouaches d'Alexandre Voisard
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Alexandre Voisard
© Horst Tappe / CH- 1820 Montreux
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"Nous avions arpenté la
forêt insoucieusement tout l'après-midi, sur
des sentiers de framboisiers, quand à l'orée
d'une clairière la présence odorante d'une touffe
de muguet nous étreignit. Nous fîmes un petit
bouquet de cette fleur si belle, que nous connaissions un
peu pour l'avoir rencontrée une seule fois dans quelque
jardin très châtié. Quelle surprise heureuse
nous réservions à maman et quelle joie en nous
aussitôt tandis que, vautrés parmi les aspérules
et grisés de tant de parfums, nous dévorions
notre part de brioche ! Plus tard, à l'instant de pousser
la lourde porte d'entrée de la demeure familiale, l'un
de nous s'écria : "On a oublié le bouquet..."
Consternés, nous retournâmes sur nos pas jusqu'à
la haie qui avait hébergé notre agape. Nous
eûmes beau fouiller et refouiller le sous-bois en tous
sens avec des yeux d'épervier, le muguet resta introuvable.
S'était-il enfui ?
Nous rentrâmes tristes et penauds
à la maison et pénétrés d'un lourd
sentiment de négligence coupable. La poignée
de fleurs si précieuses et rares qui devait susciter
un éclat de joie au foyer, nous l'avions vilipendés,
sinon méprisée. Cette faute, nous ne l'avouâmes
jamais à celle qui, sans notre inqualifiable légèreté,
l'eût reçue en présent. La faute impardonnable,
impardonnée, resta toujours notre secret d'enfants
et le regret ne nous quitta jamais. Plus rien désormais
ne serait comme avant. Rien, plus rien, même pas la
douceur des contes ni l'enivrante saveur du serpolet et du
pain de coucou ni les rêveries dans le miroir des eaux.
Nous avions sept ans, huit ans, cinq ans... Et depuis lors
l'injure au muguet n'a pas cessé de nous hanter."
L'oeuvre d'Alexandre
Voisard, né en 1930, compte plus d'une vingtaine
de livres. Aux côtés de la poésie, dont
le fameux Liberté à l'Aube, paraissent des
proses (Je ne sais pas si vous savez ; Un train peut en
cacher un autre ; L'Année des Treize Lunes).
Alexandre
Voisard a obtenu en 1994 le Prix Schiller pour son
recueil de prose poétique, Une
Enfance de Fond en Comble, et pour ses courts récits,
Maîtres et Valets entre
Deux Orages. Il a également reçu le
Prix Max Jacob 1996 pour Le
Repentir du Peintre.
Sauver sa trace
paraît pour le soixante-dixième anniversaire
d'Alexandre Voisard. Ses oeuvres complètes sont en
préparation et devraient sortir de presse au printemps
2001.
Un livre de 200 pages
Prix de ventre : Fr. 34.-
Alexandre Voisard, Sauver sa trace, Bernard
Campiche Editeur, 2000.
Page créée le 30.09.01
Dernière mise à jour le 20.06.02
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