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Prix
Georges-Nicole 2001 |
Le Prix Georges-Nicole 2001 organisé
avec le soutien de la Ville de Nyon par la revue ECRITURE,
a été décerné, ex aequo, le 25
avril 2001, à
Thierry Luterbacher
pour son roman
Un cerisier dans l'Escalier
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Yves Rosset
pour sa chronique
Aires de repos sur l'autoroute
de l'information
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Attribué pour la neuvième
fois, ce prix est destiné à un écrivain
de langue française - Suisse ou résidant en
Suisse - n'ayant jamais été édité.
Ce Prix, prestigieux et unique en Suisse romande, lancé
entre autres par Nicolas Bouvier, Maurice Chappaz, Jacques
Chessex et Bertil Galland, a révélé des
écrivains comme Anne-Lise Grobéty ou Jean-Marc
Lovay. Le lauréat voit son manuscrit édité.
En règle générale, les ouvrages primés
reçoivent un excellent accueil public et critique.
Le jury
Les Lauréats ont été
désignés par un jury formé de François
Debluë, Sylviane Dupuis, Eugène, Bertil Galland,
Christophe Gallaz, Jean-Dominique Humbert, Rose-Marie Pagnard,
Daniel de Roulet, Alexandre Voisard, et de la Rédaction
d'ECRITURE : Françoise Fornerod, Daniel Maggetti et
Sylviane Roche.
Les oeuvres de Thierry Luterbacher
et d'Yves Rosset ont été choisies parmi 70 manuscrits
reçus par le Jury. C'est la troisième fois que
le Jury décerne deux prix ex aequo.
Le Prix Georges-Nicole, décerné
pour la neuvième fois, est destiné à
un écrivain n'ayant jamais été édité.
Aucune limite d'âge n'était fixée. Le
montant du Prix est de trois mille francs, plus la publication
de l'oeuvre distinguée chez Bernard Campiche Editeur.
Le Prix Georges-Nicole a déjà
été décerné à neuf écrivains
:
en 1969 à Anne-Lise Grobéty
: Pour mourir en février, et à Jean-Marc Lovay
: Epître aux Martiens ;
en 1974 à Marie-José Piguet : Reviens ma douce,
et à Dominique Burnat : Le Mouroir;
en 1977 à Catherine Safonoff : La Part d'Esmé;
en 1987 à François Conod : Ni les ailes ni le
bec;
en 1991 à Hubert Auque : José (Joselito);
en 1994 à Elisabeth Horem : Le Ring;
en 1997 à Sylvaine Marguier : Le Mensonge.
Ami de Gustave Roud et de Maurice
Chappaz, Georges Nicole (1898-1959) a été poète
lui-même. C'est en souvenir de ce critique perspicace
et chaleureux que Bertil Galland et Jacques Chessex ont créé
en 1969 le Prix Georges-Nicole.
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Thierry
Luterbacher / Un Cerisier dans
l'Escalier |
ISBN 2-88241-108-1
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Un soir, alors que je venais
de faire un bond fulgurant et inespéré
dans l'écriture de mon scénario, j'ai
sauté de mon clavier en levant les bras au ciel,
comme un buteur qui vient de trouver une pleine lucarne.
J'ai déferlé comme une vague dans le salon,
je me sentais immense, indestructible et me suis brisé
sur une plage de bonheur tranquille. Fadhila lisait,
allongée sur le matelas, et Salim dessinait à
ses pieds. Sa main, posée sur son sein, était
bercée par sa respiration, dans l'échancrure
de son pull apparaissaient ses taches de rousseur et
Salim s'appliquait, en tirant la langue, à colorier
le jaune d'un soleil.
Je me portais en triomphe, me
sautais dans les bras pour m'acclamer, amis en les voyant
je m'oubliais, moi, mes pages d'écriture, mon
histoire...
Elle a levé la tête
pour me sourire. J'aurais donné tous mes mots
en échange de ce regard. Que c'est fragile un
instant comme celui-là. La figurine d'une ménagerie
de verre. Le temps d'y croire et bonsoir.
Né en 1950, à Péry-Reuchenette,
dans la partie francophone du canton de Berne (Suisse),
Thierry Luterbacher
est journaliste, réalisateur, auteur, metteur
en scène de théâtre et artiste-peintre,
Il a été l'élève d'Antoine
Vitez au Conservatoire d'art dramatique de Paris. Père
de trois enfants, Thierry Luterbacher vit à Romont,
près de Bienne, en Suisse romande. Son roman
a été primé, sur manuscrit, par
le Jury du Prix Georges-Nicole 2001.
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Lucien Luthier monte l'escalier
de son immeuble en sachant exactement ce qui l'attend
à tous les étages.
Au troisième, plus rien
n'est comme d'habitude. Une silhouette vaguement féminine
est prostrée juste devant la porte de M. René
Miche. Elle redresse la tête, le regarde et il
n'est plus question de se détourner, ses yeux
l'accrochent et tout est dit. Elle est comme ces insectes
portant de magnifiques couleurs pour avertir ou tromper
le prédateur : ne m'approchez pas !
Il s'assied sur une marche, sans
rien dire, et attend. Lucien Luthier n'appartient pas
à la race de ceux qui doivent toujours en savoir
plus, comme il ne tient pas non plus à ce que
l'on en sache trop sur lui.
Il ne pose pas de questions.
Il aurait pu rester là
éternellement, assis sur cette marche d'escalier,
la tête reposant entre ses mains, à se
dire qu'il serait tellement mieux au lit.
Thierry Luterbacher
Un livre de 220 pages, Prix Georges-Nicole
2001
Prix de vente : Fr. 34.-
Thierry Luterbacher, Un Cerisier
dans l'Escalier, Bernard Campiche Editeur, 2001.
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Yves Rosset /
Aires de repos sur l'autoroute de l'information |
ISBN 2-88241-109-X
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Le bruit que fait un aspirateur
allumé à l'étage supérieur.
Etre un intellectuel, mais ne pas savoir à quoi
cela peut servir. A rien ?! La poitrine. "It's
a clear night for a LOVE, it's a clear night, a clear
night... It's a clear night for a KISS, it's a clear
night, a clear night..." (Half Japanese). FRÜHSTÜCKSPROFIS.
Rentré ivre à nouveau. Ben tiens. Une
rage contre les mots mais dont le souvenir s'est perdu.
Ce qu'enregistrent par contre et à notre insu
les os de notre squelette. Passer sa vie à résoudre
sa haine de la bêtise. Des dizaines de lettres
à l'esprit. Cher S..., Chère A..., Chère
H... Faire un bilan conscient de toutes les blessures
nerveuses récoltées durant les dix derniers
jours de vie en groupe. Tout faire par volonté
purement mentale, et ainsi disparaissent alors les larmes,
ainsi l'on ne pleure plus "'cause boys don't cry"
(The Cure). 1979, 1981. Des bourrasques de vent soulevant
la poussière des chantiers au-dessus de la ville,
et sa vision qui alors se métamorphose, un autre
monde dévoilant une ville fantôme, une
ville du désert, plus chaude, plus humaine. "C'est
à cause de moi que tu es au monde et regarde
! ce monde, je ne le supporte plus ! " A un certain
moment, une constellation particulière de figures
à l'esprit et c'est là : le cauchemar.
"WAS IST MIT DIR LOS?" Tous les détails
qui rendent la vie atroce. Il était torturé
par la persécution. Les déchirements constants
entre vie, engagement politique et sphère privée.
Déclinaison d'une autre durée, en retrait
vis-à-vis de la folie et de la douleur qu'il
y a à combattre. TRAFIC AUTOMOBILE. Tant, tant
de gens qui sont à bout de nerfs, usés,
VERBRAUCHT, KAPUTT, usw.
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Yves
Rosset est né à Lausanne, en 1965.
Après avoir obtenu en 1989 une licence en psychologie
de l'Université de Genève, il a quitté
la Suisse au début de l'année 1990 pour
Berlin, où il a travaillé d'abord comme
cuisinier puis comme barman. Marié et père
de deux enfants, il prépare actuellement un mémoire
en littérature comparée à l'Université
libre de Berlin, travail consacré au thème
de la guerre dans A la recherche du temps perdu, de
Marcel Proust. Depuis une année, il collabore
au quotidien die Tageszeitung et fait de la traduction
dans les domaines de l'art contemporain et du cinéma.
Le livre que vous venez d'ouvrir
? Autant dire qu'il déménage. Qu'il est
un de ces grands voyages au trajet imprévu, insatiable.
Ici et maintenant, dans l'espace de livre, vous allez
remonter les lieux. Traverser l'éclat des villes.
Ici. Ailleurs. Vous êtes dans l'intrigue du temps.
Toute une histoire.
Une drôle d'histoire où
vous êtes. Projeté dans ses images. Une
histoire en marche. Et vous avancez. Sur divers fronts.
Télescopé. Bousculé. A vrai dire,
vous êtes emporté par le roulis de cette
écriture où le temps résonne et
où elle tisse superbement ses liens. Où
sommes-nous ? Le vaste collage qui ressort de cette
chronique en fait un traité contemporain. Un
initiatique savoir-vivre, en somme.
Jean-Dominique Humbert
Illustration de couverture : Alain
Huck
Un livre de 240 pages, Prix Georges-Nicole 2001
Prix de vente : environ Fr. 34.-
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Page créée le 30.09.01
Dernière mise à jour le 20.06.02
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