| 2 volumes (420 et 396 pages). Texte 
                    établi et annoté par Anne-Lise Delacrétaz 
                    et Claire Jaquier. 
                     
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                              | Tout au long de sa vie, le plus souvent sporadiquement, 
                                  parfois au jour le jour, Gustave Roud (1897-1976) 
                                  a consigné ses notes de journal, données 
                                  ici pour la première fois dans leur intégralité, 
                                  sur des supports matériels aussi nombreux 
                                  que variés.Quil ouvre à sa table un cahier 
                                  décolier ou quil griffonne 
                                  calepins et feuillets de fortune au détour 
                                  dun sentier, le poète révèle 
                                  un moi inquiet, soucieux de formuler une vocation 
                                  indissociable de sa passion.
 Car la poésie  "ma seule raison 
                                  dêtre"  se nourrit chez 
                                  Roud dun besoin de côtoyer ses amis 
                                  paysans, sans que son désir pour eux 
                                  soit jamais comblé.
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 Quelquefois, cette raison de vivre première se laisse 
                    oublier. Le Journal donne alors à lire, dans leur émouvante 
                    monotonie, le cortège des journées : événements 
                    quotidiens, soucis domestiques, travaux en cours, rencontres 
                    et visites, lecture et jardinage.Mais, plus que le lieu dune confession personnelle ou 
                    le théâtre de lexistence ordinaire, le 
                    Journal de Gustave Roud est un atelier de papier où 
                    les textes, saisis sur le vif, attendent de devenir des poèmes 
                     peut-être.
 Anne-Lise Delacrétaz & 
                    Claire Jaquier Extrait du volume I, p. 252. 22 mars [1932]onze heures à Corcelles, à peine, à cause 
                    du ciel bas et du temps calme. La bise est tout à fait 
                    morte ; il fait sombre mais la lumière, à cause 
                    de sa faiblesse est douce. Les merles chantent dans les frênes 
                    au fond du ravin, jentends à ma droite le tic 
                    tac de ma montre pendue au tronc dosier ras.
 Douceur, je respire au cur même de la douceur, 
                    non point fade, mais celle qui naît dune force 
                    delle-même heureuse. Olivier penche la tête 
                    sur le falot quil noue dune ceinture dosier 
                    ; le jour caresse la frange des cils baissés sur un 
                    regard bleu sombre, un peu rompu de vert et de gris, comme 
                    en lui-même retiré, sans ce lumineux éclat 
                    de journées de neige ou de soleil. Le hâle et 
                    la couleur du sang se marient sans heurt et ces mains, ce 
                    visage sont
 la neige commence.
 Gustave Roud, Journal - Carnets, cahiers 
                    et feuillets 1916-1971, Editions Empreintes, 2004   Page créée le 13.07.04Dernière mise à jour le 25.08.04
 
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