Retour à la maison, oui. Mais
non à la guérison. Gabriel poursuit le chant
tout seul, balisant l'inconnu, l'approche inconcevable, de
mots qu'il semble arracher à ses "tréfonds".
"Tenir cette note (...) jusqu'au dernier matin"
écrivait-il dans son premier poème. Il la tiendra,
incroyablement, jusqu'à ce que le crayon s'échappe
de sa main. Jusqu'au seuil.
Ce seuil qu'il semble entrevoir dans les textes ultimes, écrits
trois nuits avant la fin, d'une bouleversante sérénité,
presque gaie.
Denise Mützenberg
Gabriel Mützenberg
Dans la présentation de son
recueil de poèmes "Que dit minuit profond"
on pouvait lire:
On connaît l'historien, le
fouilleur d'archives, le journaliste, le rédacteur
de "Certitudes", le pamphlétaire, le témoin
hardi, le défenseur des causes perdues, "Don Quichotte
des derniers moulins".
On connaît le traducteur, le passeur des langues et
des cultures rhéto-romanes, l'auteur de récits
et de nouvelles, le conférencier, le guide culturel,
le prédicateur. Homme de plume et de parole!
Mais sait-on qu'il a d'abord été poète
? D'abord poète et longtemps poète uniquement
? Poète avant-tout ?
La dernière année de
sa vie aura confirmé cette intuition de manière
émouvante. Poète d'abord, poète avant-tout
et poète jusqu'au bout, oui. Jusqu'à son dernier
souffle, le 29 septembre 2002, peu de temps avant minuit.
Gabriel Mützenberg, Poèmes
du seuil, Editions Samizdat, 2003
|