Editions Samizdat
Denise Mützenberg
8 chemin François-Lehmann - 1218 Grand-Saconnex
Tél. 022 734 05 92
sampoesie@gmail.com
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Parutions Printemps 2005
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Laurence
Verrey / Vous nommerez le jour |
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Le langage d'origine qui
se parle en nous dans le rêve, le poète
peut le saisir au réveil et nous le rendre dans
le poème. De ce murmure distinct surgi du songe,
de ces mots Urhimmlische Milch, tous les poèmes
du recueil découlent, lactés de nuit.
Portés par la langue étrangère,
par cette charnelle douceur de lied, ces vocables rêvés
ont initié une quête où de multiples
voix se font entendre, de celle du roseau dans le vent
à celle du feu qui empêche l'âme
de mourir.
Laurence Verrey traduit dans
sa langue de veilleuse ces voix diverses, parfois contraires.
C'est de nuit que vient la mort écrit-elle avant
de conclure par une image éloquente, vigile au
seuil du silence :
La
parole comme le battant d'une cloche
maintient
l'état d'alerte
Claire Krähenbühl
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Cette clarté nue convoitée
venue
d'où
de
quelle faille
quelle espérance
de quelle gorge abrupte et rauque d'où
arrachée
?
était-ce la plainte exhalée
de quelque mendiante improvisée
au sortir d'une bouche de métro
quêtant
aux seins du ciel
dans les rues des villes trop brutales
le
langage originel ?
Laurence
Verrey
Née à Lausanne le 7 mai 1953, elle a publié
plusieurs recueils poétiques, dont Le Cantique du
feu (éd. de l'Aire 1986, prix Schiller 1987) et
D'Outre-Nuit (éd. Empreintes, 1992). Créations
en collaboration avec d'autres arts - la musique ou la gravure
- Lectures et festivals de poésie.
A propos de son dernier recueil Pour un visage (éd.
de l'Aire 2003), Dominique Sorrente écrit : "Laurence
Verrey oeuvre sur cet autre versant de la parole toujours
miraculée qui nous fait exister, nous relève,
nous ressuscite à sa façon pour nous changer
en crieurs de vie."
Actuellement engagée dans l'enseignement du français
aux étrangers en voix d'intégration. Des visages
de partout sur son chemin.
Laurence Verrey, Vous nommerez le jour,
Editions Samizdat, 2005.
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Béatrice
Corti-Dalphin / le thé,
une histoire d'amour |
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Qui chercherait de l'exotisme
dans ces nouvelles de Béatrice Corti-Dalphin
se fourvoyerait.
Bien sûr, l'héroïne
qu'on suit de page en page aime Singapour d'une passion
singulière. Et nous fait sentir, à travers
les rues de Calcutta, "ce brûlé-mouillé
indéfinissable, l'odeur de l'Inde".
Mais l'étrangeté
n'est pas plus absente du Parc des Bastions de l'enfance
au milieu des carrousels, ni de la maison de pêcheur
de Dives-sur-Mer où la Petite fille devenue Femme
brave la mort tapie dans un grenier.
Car c'est cela qui est étrange:
la mort ("La mort, dit-elle, c'est sur-prenant.")
Mais n'est-ce pas son ombre portée qui donne
à la Femme ce goût forcené de la
vie ?
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Elle sait qu'Elle est vivante, du moins le croit-Elle et
ça lui suffit. Elle poursuivra ses recherches amusantes,
la mort peut attendre un peu. "J'aime pas quitter!"
dit-Elle.
A juste titre.
Quant au thé... mais je ne vais
quand même pas tout vous dire !
Denise Mützenberg
Biographie de Béatrice Corti-Dalphin
... dictée par son chat Illou
Ravi de pouvoir donner mon avis! Ce
n'est pas souvent qu'on donne la parole à un chat,
même à un Siamois:
Il paraît qu'elle est née un 30 juillet 1936,
à Genève, et qu'elle était une petite
fille très solitaire. Elle aimait les livres (là,
j'approuve l'idée à 100% car aujourd'hui j'aime
me coucher à côté de son livre). On dit
qu'elle a fait des études de Lettres à l'Université
de Genève, puis, bien plus tard, à la même
Université, des études de pédagogie et
de psychologie. Elle travaille comme psychanalyste, c'est
pourvoi elle va dans une chambre où je n'ai pas le
droit d'aller, pour parler avec des gens. Je crois qu'elle
aime ça, mais parfois elle ressent trop la souffrance
des autres, alors elle fait une drôle de tête:
heureusement, je suis là, et elle embrasse chaleureusement
ma "tête en laine", comme elle dit. Par contre,
je n'apprécie que très moyennement sa manie
de disparaître de la maison pour faire de lointains
voyages. Et pas seulement à Singapour, mais aussi en
Inde, au Népal, en Californie... (Mais là je
n'étais pas né).
Elle est mariée à Jean-Pierre; en fait, je les
aime tous les deux, car ils se comportent très bien
avec moi. J'espère que vous apprécierez ce qu'elle
a écrit.
Signé : Le Chat Illou
Béatrice Corti-Dalphin, le thé,
une histoire d'amour, Editions Samizdat, 2005.
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Carla
Ragni - Ketty Fusco - Solvejg Albeverio Manzoni / Contrappunto |
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Du recueil "Fugato",
paru chez Samizdat en avril 2003, ce petit livre est
le jumeau, la réplique. Les poèmes en
forme de fugue, nés, au tourant du milllénaire,
de la rencontre du poète Luiz-Manul et des jumelles
Claire Krähenbühl et Denise Mützenberg,
avaient été traduits en italien par trois
amies tessinoises, les poètes Solvejg Albeverio
Manzoni, Ketty Fusco et Carla Ragni.
Il y avait eu du bonheur dans
la complicité de l'oeuvre partagée. Et
le désir d'une réciprocité. En
voici le fruit: un choix de textes de chacune d'entre
elles, triés de "Spiagge Confinanti"
("Plages contiguës")1.
D'emblée, nous avions
rêvé d'une entreprise symétrique.
Ainsi, comme "Fugato", "Contrappunto"
se devait d'être trilingue. Les poèmes
de Solvejg, Ketty et Clara paraissent donc en français
et en allemend, grâce au précieux travail
de Daniel Colomar et de Rüdiger Fischer. Mais le
lecteur pourra se référer au texte original
présenté à la fin de l'ouvrage.
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Leur premier recueil commun était intitulé "Il
fiore e il frutto, triandro donna" 2.
Nous sommes heureux de permettre à ce triandre féminin
de franchir les frontières linguistiques de notre pays.
Denise Mützenberg
1 : Recueil à trois voix
publié chez Book, à Bologne, en 1996.
2 : Ed. del Leone, Venise, 1993. Livre de l'année 1994
de la Fondation Schiller.
Extraits
Rôles
Tentatives de traitements, amélioration:
demain, je pourrai retourner chez moi.
Et alors il n'y aura plus
ces murs qui me protègent.
Le bonjour de l'aube,
le petit déjeuner sur le plateau gris,
belle journée lisse,
sans surprises,
tout entière rivée sur mon corps et moi.
On devient important à l'hôpital,
les responsabilités oubliées
avec bonne conscience: oublier
est un droit,
les nervosités et les tensions effacées.
Plus rien ne m'assombrit.
La maladie est une partie de moi
dans l'équivoque complicité
de l'hôpital.
Demain, pouvoir retourner:
manège impérieux.
Je
monterai cet escalier,
j'ouvrirai cette porte
et il y aura un de mes rôles aux aguets,
demain j'oublierai les paroles.
Les ménagères n'écrivent pas de poèmes.
Solvejg Albeverio Manzoni
***
[...]
C'était une envie d'ailes,
rêvant
à des livrées de vent
à ce vol
hors
de mesure
fantaisiste dans
des paysages lunaires
Entrée espiègle
d'une colombe
peut-être déclenchement
d'une parabole qui s'envole
Picasso
et le symbole
aux limites du rupestre
éclairait des larmes
Carla Ragni
***
[...]
Quand nous aurons donné
la dernière pomme
à ceux qui étaient autour de nous
et que le vent aura détaché
de
notre moi profond
le rêve le plus tenace
nous aussi
nous danserons.
Ketty Fusco
Carla Ragni - Ketty Fusco - Solvejg Albeverio
Manzoni, Editions Samizdat, 2005.
Page créée le 29.03.05
Dernière mise à jour le 29.03.05
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