Née
juive dans l'Allemagne des années trente,
Rachel échappe au sort des siens parce
qu'elle souffre d'une tuberculose osseuse qui
la contraint à passer toute son enfance
dans un sanatorium des Alpes suisses. Elle y fera
l'expérience quotidienne du sens du devoir
chrétien, mais n'y trouvera pas la chaleur
humaine dont elle est privée. Après
la guerre, Rachel émigre aux Etats-Unis
où sa pratique des langues, acquise lors
de ses déracinements successifs, la conduit
tout naturellement à devenir interprète.
Un malaise, qui la prive momentanément
de la parole, contraint un jour cette femme à
revenir sur un passé qu'elle a occulté,
dans son désir de vivre "comme les
autres". Provisoirement muette, Rachel prend
conscience du fait que les mots pour décrire
la douleur, la honte et le sentiment de la différence
sont restés au fond de sa gorge.
Ce récit, dont la
simplicité se teinte parfois d'humour,
est aussi un témoignage émouvant
sur l'époque où la tuberculose représentait
à la fois un fléau et une ressource
importante pour une station de montagne à
laquelle l'auteur a choisi de donner un nom fictif.
Liselotte
Marshall a écrit en anglais ce premier
roman, largement autobiographique, alors qu'elle
avait atteint l'âge de la maturité.
Il a été publié en traduction
allemande sous le titre Die
verlonere Sprache. L'auteur vit aujourd'hui
à Londres.
Traduit de l'anglais par
Geneviève Bridel
Liselotte Marshall, Les Mots
étranglés , Editions Zoé,
2000
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