Ce qui reste du ciel
Neuf poèmes inédits
Sbando. No, foglia in pena, dici,
arieggi dimentiche ellissi
e non sai gridare terra.
Quell’arto di libertà, non farlo
monco. Sotto la sabbia non c’è
letame per far crescere i fiori.
Scoppio d’asino, mascella che chiassera.
Due sorelle, una madre.
Quant’è fedele tristezza.
***
Je dérape. Feuille en peine, dis-tu, non,
tu traces des ellipses oublieuses
et tu ne sais crier terre.
Ce membre de liberté, ne l’ampute
pas. Sous le sable pas de
fumier pour faire pousser les fleurs.
Eclat d’âne, mâchoire qui claque.
Deux sœurs, une mère.
Une telle fidèle tristesse.
***
Che le tue parole tornino fiato.
E non grida al lupo di ragazzo.
Alito di bue, soffio di cane.
Come terracotta non voglio
fra le mani infrangerti. Non veduta,
guardarti. Ascoltarti parlarmi.
Senza parole che fra verità
schioccano e bugie.
***
Que tes paroles redeviennent souffle.
Et non cris du garçon au loup.
Haleine de bœuf, souffle de chien.
Comme de la terre cuite je ne veux
te briser entre mes mains. Non vue,
te regarder. T’écouter me parler.
Sans mots qui entre vérité
et mensonges, claquent.
***
Compassione e morte per ognuno.
Moriamo ciascuno di una morte sola.
La resistenza al regime a ogni carezza
una sberla. Il rompicapo sado-maso.
Il cubo dalle facce esacolorate. Mai
sei quadrati dello stesso colore.
***
Compassion et mort pour chacun.
Nous mourons tous d’une seule mort.
La résistance au régime à chaque caresse
une gifle. Le casse-tête sado-maso.
Le cube aux faces hexacolorées. Jamais
six carrés de la même couleur.
***
Non c’è carestia.
Raspi fiducia per interrarla
a palate
di là dal muro.
Getta i diosperi marci.
Pingui offerte affollano la botte.
Non abita più lì con te. Ingozzata
è volata nel paese che non sente
ha scordato i visi il male chi era.
***
Pas de famine.
Tu râpes la confiance pour l’enterrer
à coups de pelle
au-delà du mur.
Jette les kakis pourris.
De grasses offrandes remplissent le tonneau.
Elle n’habite plus ici avec toi. Gavée
envolée dans le pays qui ne ressent rien
elle a oublié les visages le mal qui était-il.
***
Quando si parla non si scrive.
Si scrive quando ti si ascolta,
ma è esser sordi. Ti si risponde,
eppur si è muti. E non una parola
qualunque chiedi di udire bensì
l’unica. Che fa tu sia. Ami.
Ridi. Respiri.
Quando si vive non si scrive.
Si scrive per tenersi in piedi.
Per utopia, ergersi dritto.
Alla peggio, sui calcagni.
O meraviglia : la pianta del piede
arcuata, e gambe come torri a terra.
***
Quand on parle on n’écrit pas.
On écrit quand on t’écoute,
mais c’est être sourd. Bien que muet,
on te répond. Et pas n’importe quelle
parole tu exiges d’entendre, mais
l’unique. Qui fait que tu es. Aimes.
Ris. Respires.
Quand on vit on n’écrit pas.
On écrit pour se tenir debout.
Par utopie, se tenir droit.
Sur les talons, au pire.
Ou merveille : la plante du pied
arquée, et les jambes comme tours à terre.
***
Ti avviluppo di auguri. Ci assomigliano.
Tua madre evoca con l’umiltà di chi
non si rassegna la parabola dei talenti. Facciamo finta
di niente, dritto contro quel muro. I talenti.
La parabola schiaccia e indica la rampa.
***
Je t’enveloppe de vœux. Ils nous ressemblent.
Ta mère évoque avec l’humilité de qui
ne se résigne pas la parabole des talents. Faisons mine
de rien, droit contre ce mur. Les talents.
La parabole anéantit et donne l’élan.
Elena Jurissevich
Traduit de l’italien par Mathilde Vischer
Retrouvez une note biographique et les publications de Elena Jurissevich sur nos pages consacrées aux auteurs de Suisse.
Page créée le 30.04.12
Dernière mise à jour le 03.05.12
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