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La Suisse offre-t-elle une terre
fertile à la création artistique?
par Catherine Buser
Quelques éléments de
réponse sous la forme d'un petit jeu invitant les cybernautes
à découvrir le nom des grands compositeurs qui
ont séjourné en Suisse et y ont écrit
quelques-unes de leurs plus belles pages. A vos souris !
Depuis l’avénement du romantisme,
la Suisse, " pays des neiges ", exerce une étrange
fascination. Bon nombre d’artistes séduits par
la grandeur féerique de ses sommets, la poésie
de ses lacs et la douceur tranquille de ses plaines ont trouvé
sur cette terre le calme et l’inspiration dont ils avaient
besoin pour développer leur art. Byron (GB), Brahms
(D), Wagner (D), Strawinsky (R), Paderewski (P), Diaghilev
(R), Kokoschka (A), et aujourd’hui Barbara Hendricks,
Martha Argerich, Michel Dalberto, Dimitry Markevitch, longue
est la liste de tous les artistes -compositeurs, musiciens,
peintres, écrivains ou danseurs- qui ont trouvé
refuge en Suisse et qui, pour des séjours plus ou moins
prolongés, y ont élu domicile. C’est ainsi
que des villes telles que Montreux, Clarens, Lausanne, Morges,
Genève, Berne, Winterthur, Zürich, Bâle,
Triebschen, Thoune ont accueilli des personnalités
que l’histoire a élevés au rang de génies
et ont vu naître dans leurs murs d’innombrables
chefs .
Sauriez-vous retrouver le nom
de ces quelques douze artistes qui, choisis parmi les compositeurs
les plus célèbres, ont séjourné
de manière significative dans notre pays et y ont écrit
quelques-unes de leurs plus belles pages ?
PORTRAIT
1
" Chaque personne qui le peut,
devrait visiter la Suisse au moins une fois dans sa vie ".
Ainsi s'exprimait ce compositeur, pianiste et chef d'orchestre
d'origine allemande, fils d'un célèbre philosophe
juif, né à Hambourg en 1809. C'est à
l’âge de 13 ans qu'il découvrait pour la
première fois un pays avec lequel il allait très
vite entretenir d'excellentes relations. Ce compositeur effectuera
plusieurs voyages en Suisse (notamment en 1832 et 1842) au
cours desquels il tient des carnets de route qu'il accompagne
d'aquarelles et surtout ponctue de compositions: parmi elles,
un Quatuor en do mineur, un Sonnet à Goethe et des
esquisses pour une Walpurgisnacht sur des poèmes de
Goethe.
PORTRAIT 2
Ce compositeur originaire de Hambourg
effectua son premier voyage sur les rives du Lac des Quatre
Cantons à la mort de son ami Robert Schumann, en janvier
1856. La majesté des paysages alpins exerce toute sa
puissance sur ce fils des plaines d'Allemagne du Nord, qui
dès lors se sent secrètement attiré par
ce pays. Désormais, il y revient régulièrement
et y lie plusieurs amitiés durables. En 1866, il loue
une maison sur le Zürichberg à partir de laquelle
il sillonne les Alpes. Interlaken, Wengen et Mürren dans
l'Oberland Bernois constituent ses lieux de prédilection.
En 1886, 1887 et 1888, il passe trois étés successifs
à Thoune. Au cours de ses séjours helvétiques,
le compositeur esquisse les trois premiers mouvements de son
Requiem allemand (écrit à Winterthur et Zürich
entre mars et août 1866), la série des Oeuvres
publiées sous les numéros d'opus 61 à
65 , la sonate pour violon et piano en ré mineur, une
sonate pour violoncelle, le double concerto pour violon et
violoncelle ainsi que de nombreux Lieder.
PORTRAIT 3
En 1834, ce pianiste et compositeur
hongrois alors âgé de 23 ans, fait une rencontre
déterminante pour l'ensemble de sa carrière:
la comtesse Marie d'Agoult dont il tombe éperdument
amoureux. Ensemble, les amants décident de fuir en
Suisse et, après un bref séjour à Bâle,
s'installent à Genève. Trois enfants naissent
de cette union illégitime; parmi eux, Cosima qui deviendra
l’épouse d'un autre célèbre compositeur
allemand installé à Zürich: Richard Wagner.
De la plume " helvétique " de ce génial
pianiste naîtra notamment le célèbre cahier
des Années de Pèlerinage comportant une "
Chapelle de Guillaume Tell " et les " Cloches de
Genève".
PORTRAIT 4
La Suisse réserva à ce
pianiste phénoménal et compositeur aux idées
particulièrement novatrices - né en 1866 à
Empoli, près de Florence - un accueil des plus chaleureux.
La ville de Zürich où l'artiste s’était
installé de 1917 à 1920, lui confia à
plusieurs reprises la direction des concerts de la Tonhalle
en l'absence de son chef titulaire et lui passa même
commande d'un opéra, Turandot d’après Gozzi
qui fut créé à l'Opernhaus le 11 mai
1917 en même temps que son Arlecchino , conte fantastique
achevé l’année précédente.
C'est également à Zürich que ce compositeur
travailla à son célèbre Dr Faust, opéra
resté inachevé. Réputé pour ses
transcriptions des Œuvres de J.S. Bach, il est également
reconnu pour la virtuosité étourdissante et
l'anticonformisme volontaire de son langage musical.
PORTRAIT 5
Issu d'une famille noble installée
en Ukraine, ce compositeur d'origine polonaise, né
à Timochovka en 1882, est l'un des fondateurs du groupe
Jeune Pologne dont l'ambition vise à rechercher des
nouvelles voies pour la musique polonaise depuis la mort de
Chopin. Parmi ses Œuvres les plus significatives figurent
un émouvant Stabat Mater (1926) et un imposant cycle
pour piano intitulé Masques (1916). D'autres, telles
que Les Chants d'Amour de Hafiz (1911-1914) ou Le Roi Roger
(1918-1924) témoignent de sa passion pour la culture
arabe et orientale.
Atteint de tuberculose pulmonaire, cet artiste qui contribua
largement au renouveau de la musique polonaise, s'est éteint
dans un sanatorium de Lausanne le 29 mars 1937.
PORTRAIT 6
La Révolution russe surprit
ce génial compositeur - né à Orianenbaum
près de St-Petersbourg en 1882 - alors qu'il séjournait
avec sa famille à Salvan. Contraint de trouver asile
en Suisse, il s’établit sur les rives du Léman,
d'abord à Clarens puis à Lausanne et à
Morges où il resta jusqu'en 1920. Très vite,
le canton de Vaud lui apparut comme une seconde patrie. C'est
au cours de ces années d'exil en Suisse que bon nombre
des Œuvres qui l'ont rendu célèbre dans
le monde entier et l'ont imposé comme l'un des créateurs
les plus originaux de ce siècle, allaient être
écrites . Parmi elles, Petrouchka, le Sacre du Printemps,
Les Noces, Renard et l'Histoire du soldat.
PORTRAIT 7
Né à Moscou en 1872,
ce pianiste et compositeur visionnaire s'est rendu à
plusieurs reprises en Suisse: en 1895, il séjourne
à Vitznau où il compose quelques-uns de ses
plus beaux préludes pour le piano. En février
1904, il réalise un vieux rêve en emménageant
à Vésenaz (GE) dans la villa des Lilas. C'est
là qu'il élabore l'une des pièces maîtresses
de son Œuvre : le Poème de l'extase , un poème
symphonique novateur dans lequel l'auteur affiche ses penchants
philosophico-métaphysiques. En 1911, deux autres pièces
d'importance voient également le jour à Beatenberg
sur les rives du Lac de Thoune : il s'agit des 7e et 8e sonates
pour le piano.
PORTRAIT 8
En 1953, après son exil américain,
ce compositeur - né à Hanau en 1895 - préfère
s'installer en Suisse plutôt que rentrer en Allemagne.
L’Université de Zürich lui offre une chaire
qu'il occupa pendant près de cinq ans et où
il fut très vite nommé responsable du département
musical. A cette époque, le compositeur renoue avec
le langage musical frais et ironique des Œuvres de ses
premières années. L'Octuor, Das lange Weihnachtsmahl,
un concerto pour orgue ont vu le jour lors de ce séjour
en Suisse, tandis que son opéra Cardillac, composé
en 1926 et revu dans les années 55, sera confié
en création à l'Opernhaus de Zurich.
PORTRAITS 9, 10 et 11
Ces compositeurs d'origine française
séjournèrent tout trois brièvement en
Suisse. Né à Paris en 1848, le premier atteint
l'un des sommets de la mélodie française. Il
en orchestra quelques-unes sur les rives du Léman:
parmi elles, la plus connue est peut-être LaVie antérieure
. Il y compose également une valse pour son opéra
La Russalka .
Le second, élève de Saint-Saëns
né à Pamiers en 1845, écrivit à
Zürich au cours des années 1904-1905 son premier
Quintette avec piano en ré majeur et élabora
son opéra Pénélope lors de son passage
à Lausanne et à Lugano.
Le troisième compositeur est
originaire de Versoix. Diaghilev l'envoya rejoindre à
Clarens le grand artiste russe présenté sous
le portrait 5 afin qu'ils travaillent ensemble sur la réorchestration
de la Chovanchtina de Moussorsgky. Surnommé le "
Petit horloger suisse ", il séjourna deux mois
à l’Hôtel du Châtelard de Clarens
où il écrivit ses Trois poésies de la
lyrique japonaise pour Soprano et neuf instruments.
PORTRAIT 12
Né en 1881, ce compositeur d'origine
hongroise trouva dans les milieux musicaux avant-gardistes
suisses un accueil particulièrement favorable. Quatre
de ses Œuvres les plus importantes ont été
créées à Bâle et à Zürich.
Il s'agit de ses Musiques pour cordes, percussions et celesta,
du Divertimento pour orchestre à cordes , deux commandes
de Paul Sacher et du Basler Kammerorchester créées
respectivement en 1937 et 1940; de sa Sonate pour deux pianos
et percussions, créée à Bâle en
janvier 1938 et du Concerto pour violon, inspiré par
une jeune violoniste hongroise installée en Suisse
et dont le compositeur s’était épris.
Catherine Buser
LES REPONSES
Page créée le 09.10.01
Dernière mise à jour le 09.10.01
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