François Beuchat
L'Inadapté: fragments du roman d'une
vie. D'autre part, 2005, 157 pp.
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Retrouvez également
François Beuchat
dans nos pages consacrées aux auteurs de Suisse.
François Beuchat / L'Inadapté
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Voilà quelques fragments
du roman d'une vie, celle de François Beuchat,
qui donne voix à un alter ego lorsqu'il écrit.
Accoudé "au bar noir de l'amour"
avec sa vieille camarade la mélancolie, le
narrateur de L'Inadapté emprunte les
sentiers de la mémoire, de l'imaginaire et
de la littérature. Tout en buvant "le
vin de la mort lente", il converse avec une mouche
qui lui parle de Combray et d'un certain Marcel, il
se souvient de ses voyages - où toujours son
ombre le poursuivait - et de cet "amour très
noir, comme un café fumant". Scribe du
"temps perdu", il refait sa vie avec des
phrases qui lui ouvrent à nouveau les portes
de l'enfance. "Ma grand-mère m'attendait,
le vrai bonheur ne se dit pas".
"On meurt avant d'avoir
vu toute la beauté", note François
Beuchat. "Penché sur le silence",
il mène une quête poétique qui
le rapproche - tout comme son écriture qu'on
dirait parfois automatique - des surréalistes.
Il parvient à mettre la vie en mots sans la
tuer ni même froisser ses ailes.
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François
Beuchat est né en 1945. D'origine jurassienne,
il vit à Nidau, près de Bienne. Il a
déjà publié un recueil d'aphorismes
et de poèmes, Ballade en rose et noir
(Ed. du Panorama, 1988)
François
Beuchat. L'Inadapté: fragments du roman d'une
vie. D'autre part, 2005, 157 pp.
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Portrait
de François Beuchat par Elisabeth
Vust |
"Dans l'enfance, lorsque le
soleil brillait, je ne voyais que le soleil. Ou peut-être
ne voulais-je voir que le soleil ! Puis les ombres vinrent,
sous le soleil", écrit François Beuchat
dans L'Inadapté. Ce livre est un condensé
de vie. Pour le composer, il a fallu choisir deux cents
pages parmi les trois mille cinq cents (dactylographiées)
noircies ces quinze dernières années par cet
homme qui préfère relayer l'avis des autres
qu'interpréter ses propres écrits. Un de ses
lecteurs pense qu'il est "inadapté à
la vie, mais bien adapté à la littérature".
Cependant, jusqu'à la fin des années 80, le
poète a tout déchiré. Son besoin de
détruire était aussi fort que celui de créer.
En 1988, il a publié Ballade en rose et noir.
Après ce recueil d'aphorismes et de poèmes,
et après avoir relu La Recherche de Proust,
il a eu envie de faire un texte très long, avec une
multitude de personnages. Il en a résulté
huit mille pages manuscrites abritant des séquences
plus ou moins brèves. De Proust, le Jurassien n'a
gardé ni les mondanités ni la phrase sinueuse,
mais la recherche d'un temps perdu.
François Beuchat ne voit plus
de douceur dans le présent. Nostalgique d'une enfance
qu'il a sans doute embellie, il dit avoir vécu englué
dans son souvenir. Du coup, il a laissé passer les
années sans "conquérir beaucoup à
l'extérieur". Il ne s'est pas marié -
"c'est peut-être une erreur" -, n'a pas
eu d'enfants. En sorte qu'il ne peut pas se "raccrocher
à ces choses-là". Pour lui, l'écriture
est un élément fixe, une bouée de sauvetage,
dans ce monde où tout change. Et s'il peut rester
quelque chose après lui, "ce n'est que des pages".
La beauté de certains livres traversent les années.
Au début, il y a eu un petit
héritage. Ayant des besoins très modestes,
François Beuchat n'a pas dû gagner sa vie.
A 25 ans, études à Genève, puis retour
dans le canton de Bienne, où il habite encore, avec
sa mère. Il a été atteint par la "folie
des ermites" à force de vivre ainsi, "de
façon un peu bancale et asociale", à
l'écart d'un monde dont il a néanmoins parcouru
quelques routes. Et bien que la suite de l'édition
de son uvre dépende de la réception
de L'Inadapté, et même s'il confie ne
plus savoir que faire de ses pages, il continue à
écrire "avec l'idée de trouver une belle
phrase qui arrêterait le temps. Un idéal inaccessible.
On ne peut jamais mettre le mot fin. La mort s'en chargera
peut-être."
Elisabeth Vust
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Revue
de presse |
[...] Pascal Rebetez, en éditeur de cette première
livraison, parle d'une «prousterie dont le village
de Soulce serait le Cambrai». Mais la forme est poétique,
une écriture par courts chapitres d'une étonnante
musicalité. Ce qui donne à ce récit
de vie méditatif une mélancolie séduisante.
C'est un homme de culture, un homme qui songe à la
vie et à la mort en une étroite imbrication,
qui aime visiblement les mots. Un «nouvel» auteur,
une vraie découverte.
Jacques Sterchi
JS
©
10.12.2005
Les Editions d'autre part, sises
à Delémont, poursuivent leur quête d'auteurs
au carrefour des styles et des humeurs. Cette fois-ci, elles
ont soulevé un lièvre jurassien, l'étonnant
François Beuchat, qui nous livre ses fragments du
roman d'une vie dans L'inadapté. "L'écrivain
est celui qui ne sait pas, mais qui est emporté par
les choses, qui est emporté par la vie", écrit
notre homme, qui a donc toutes les caractéristiques
de l'écrivain. Zoé se charge de la diffusion.
©
21.11.2005
Page créée le: 31.01.06
Dernière mise à jour le: 01.02.06
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