Jean-Marc Lovay / Epître
aux Martiens
Bush sur Mars? L'écrivain
envoûteur-chamane suisse Jean-Marc Lovay l'avait prévu
dès 1967 dans ce premier roman qu'il avait égaré,
et qu'il a retrouvé récemment dans une cave,
sous un vieil aspirateur. Lovay c'est toujours l'imagination
qu'on a l'impression de pouvoir toucher, tant ses images
sont tactiles et ses métaphores suggestives. Le plus
inventif et anarchiste des romanciers actuels ne raconte
pas : il lance sa prose à pleine vitesse sur des
rails qu'il pose en écrivant.
Jean-Marc Lovay, Epître aux martiens,
Editions Zoé, 2004
[...]
L'auteur d'Asile d'azur [...] raconte aujourd'hui
comment il a retrouvé une copie de la version originale
corrigée de son Épître aux Martiens
[...] Mais il a oublié ce qu'il voulait y mettre,
sinon le refus de se laisser enchaîner. Et il ne veut
pas davantage répondre à la question de savoir
s'il s'agit d'"un roman gonflé d'urgent désespoir
ou enflé de trouble espérance" (on penche
pour la seconde hypothèse à cause de la modification
lumineuse de sa dernière phrase).
Lovay avant Lovay, est-ce déjà
du Lovay ? La réponse est oui, même si l'on
est ici un peu moins dérouté, quoique... Il
est en effet possible, tout en s'interrogeant sur sa logique,
de suivre l'itinéraire de son narrateur. Lequel s'en
va pour revenir à son point de départ, au
terme d'une expérience de passage dans la neige et
dans la nuit, où il voit mourir autour de lui tous
ceux qu'il a connus.
[...]
Jean-Marc Lovay, Epître aux martiens,
Editions Zoé, 2004
Isabelle Martin
06.03.04
Le livre comporte des paragraphes
et même de la ponctuation. Soyez cependant rassurés.
Le récit reste incompréhensible.
[...]
Epopée dérisoire et
fantastique animée par un certain Julot, Epître
aux Martiens tiens de Dune. C'est heureusement
beaucoup plus court.
Jean-Marc Lovay, Epître aux martiens,
Editions Zoé, 2004
Etienne Dumont
01.03.04
[...]
Comme le relevait récemment Charles Méla,
professeur de littérature à l'Université
de Genève, "Jean-Marc Lovay ne cherche pas à
plaire, un écrivain essentiel est un écrivain
mû par une nécessité intime qui ne cède
à rien ni à personne".
Or ce style, Jean-Marc Lovay l'avait
déjà affirmé en 1969. A 19 ans, il
gagnait le Prix Georges Nicole pour Épître
aux martiens, un roman. Un manuscrit jamais publié,
retrouvé il y a peu et "enfin" lisible.
[...] Préfaçant cette première édition
tardive, Jean-Marc Lovay a cette très juste phrase:
"[...] je ne perçois aucune naïveté
dans la trajectoire menant le héros-narrateur à
la conclusion qu'il est conduit malgré lui mais aussi
par sa propre détermination à suivre et à
diriger l'ombre de son destin en refusant d'obéir
[...]"
On ne saurait mieux qualifier l'ambiguïté
fondamentale de ce héros-narrateur, Julot [...] Partisan
d'une révolution ou poète errant ? Jamais
le livre ne tranche.
[...]
Une langue unique, poétique au sens de l'invention,
hallucinée, minérale, essentielle, qui ne
donne sens que dans l'abandon à un certain affolement
de la lecture.
Jean-Marc Lovay, Epître aux martiens,
Editions Zoé, 2004
JS
28.02.04
[...]
La lecture de Lovay demande de l'entraînement, de
l'habitude, de la disponibilité: elle est exigeante,
parfois déroutante, aux confins de la folie et de
l'inexplicable. Elle happe le lecteur, brise les frontières
normatives, cohérente, dans ses divagations et ses
dérives, avec des touches d'humour omniprésentes.
Elle transgresse et peut faire peur tout en étant
intarissable dans ses respirations. Une écriture
d'un véritable écrivain...
Jean-Marc Lovay, Epître aux martiens,
Editions Zoé, 2004
Jean-Marc
Theytaz
14.02.04
[...]
La Production, souveraine absolue d'un monde de termites
se surveillant constamment, ne peut que susciter révolte
et résistants martyrs. Mais l'espoir est un virus
indestructible et il reste toujours une issue pour qui parvient
à y croire encore. Le style métaphorique écorché
saignant cruel, et tendre aussi parfois, de Lovay conduit,
comme une mécanique irrésistible, cette course
au soleil-liberté-fraternité.
Jean-Marc Lovay, Epître aux martiens,
Editions Zoé, 2004
Mireille
Schnorf
16.03.04
[...]
Il est peut-être plus aisé de suivre l'intrigue
de L'Épître aux Martiens que celle des
oeuvres plus tardives de Jean-Marc Lovay. Mais le discours
à la fois conte, récit de science-fiction
et parabole philosophique aux accents prophétiques,
est à tel point indissociable de la langue qui le
porte que les fulgurances du style font sens plus que l'intrigue
elle-même. Dans cette histoire d'une révolution
- intime avant d'être sociale - l'auteur d'Asile
d'azur use déjà d'une langue qui bouleverse
les repères de la raison et les catégories
mentales.
[...]
L'Épître aux Martiens se lit comme un
rêve : les yeux mi-clos pour privilégier la
sensation à la compréhension, se laisser toucher
par la musique des mots et laisser affleurer l'inconscient.
Mais l'effort en vaut la peine. La perplexité laisse
vite place à la fascination.
Anne Pitteloud
08.04.04
Page créée le: 03.06.04
Dernière mise à jour le 03.06.04
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