Monique Laederach
Monique Laederach, La trahison, Ed.
de La Nouvelle Revue Neuchâteloise
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Retrouvez également
Monique
Laederach dans nos pages consacrées
aux auteurs de Suisse.
Monique
Laederach / La trahison |
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"Robert Mojonnier,
que ses étudiants appelaient Rollmops sans
savoir que ce terme désignait une nourriture
indigeste à tout palais latin, Robert Mojonnier,
donc, sortit à cinq heures."
Il ne sortait pas de chez lui,
mais de la Bibliothèque cantonale et universitaire.."
Monique Laederach, La trahison,
Ed. de La Nouvelle Revue Neuchâteloise.
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Quelques questions
par e-mail |
La poésie est sans doute
mon genre préféré....
Monique Laederach
photo lori Stafano
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-Monique Laederach, vous
nous livrez, dans "La trahison", le
portrait et les déconvenues d'un professeur
de littérature à l'université.
Pouvez-vous nous dire, en quelques mots, comment
le personnage principal, "Mojonnier"
s'est imposé à vous, quel a été
votre cheminement d'auteure, vos hésitations,
vos bonheurs, peut-être?
J'étais en colère,
ce jour-là, dégoûtée
par le conformisme de la littérature
romande, par l'analphabétisme actuel
de la critique. Dans cette colère, j'ai
fait une variation de la fameuse phrase de Valéry:
"La marquise sortit à cinq heures"
(Chez moi: "Robert
Mojonnier (..) sortit à cinq heures.")
- et Mojonnier s'est dressé devant moi,
tout vivant. Je le connaissais depuis toujours;
je n'avais plus qu'à le suivre. Moi,
je prétends que ce n'est pas la faute
à Valéry, mais la faute au passé
simple: on entre avec ça dans des choses
qui ont déjà été
écrites des milliers de fois: il n'y
a qu'à répéter.
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- Quand je dis qu'il n'y avait plus
qu'à le suivre, cela signifie aussi qu'il portait
sa catastrophique stupidité en lui depuis ce premier
moment, et qu'elle le conduisait inexorablement, mais alors
inexorablement, vers une chute.
- Quand vous écrivez et quand
vous n'écrivez plus, dans le courant de vos journées,
quels sont vos rapports avec les personnages? Vous poursuivent-ils?
Les rencontrez-vous, soudain dans une bibliothèque
ou un hall d'université?
Quand j'écris, ou quand "je
suis en écriture" comme on dit, oui, les personnages,
ou, du moins, très fortement le personnage principal,
est absolument vivant à côté de moi.
Il y a même une condition: je dois avoir -disons,
pour le chapitre suivant - le sentiment que je rapporte
une scène que j'ai vécue hier live.
- Bon: je ne vais généralement pas jusqu'à
le/la rencontrer dans la rue. Tout au plus des sosies.
- Monique Laederach, vous alternez
avec bonheur la publication de romans et de recueils de
poèmes. Deux mondes différents? Deux registres
dont vous avez besoin pour communiquer?
"J'alterne avec bonheur"
comme vous dites si gentiment non seulement la prose et
la poésie, mais encore le théâtre et
la traduction, et j'ai travaillé avec le compositeur
Robert Mermoud, en son temps, pour diverses uvres
chorales. Il y a différentes réponses à
cela - mais je vais être brève. J'aime bien,
quand je projette quelque chose, qu'il y ait un enjeu stylistique,
par exemple, ou structurel. Peter Bichsel, lui, vous dirait:
"J'ai appris à jouer de la trompette, il ne
faut pas me demander de jouer maintenant de la harpe,"
et ce qu'il veut dire, c'est qu'il a choisi son genre (le
billet relativement bref), ou que ce genre l'a choisi, et
qu'il s'en tient là. Je considère quant à
moi les diverses manières d'utiliser la langue d'un
point de vue plus nettement "créateur":
si je sais écrire de la musique, je ne vais pas écrire
uniquement des valses, ou pas forcément.
"Cela dit: la poésie
est sans doute mon genre préféré; il
y a tout de même un ou deux degrés de tension
de plus que dans d'autres genres. Mais c'est aussi le genre
le plus difficile à partager! Et j'aime entrer en
contact avec des lecteurs!"
"Cela dit: la poésie
est sans doute mon genre préféré;
il y a tout de même un ou deux degrés de
tension de plus que dans d'autres genres. Mais c'est
aussi le genre le plus difficile à partager!
Et j'aime entrer en contact avec des lecteurs!"
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Extrait de presse |
Lhomme qui ne comprenait
ni les femmes, ni la mystique
"Kyrielle, qui vient de Kyrie
eleison, Seigneur aie pitié. Mais la mystique non
plus n'était pas suffisante. Ou, plus exactement,
s'avoua-t-il dans un dernier spasme autodestructeur: la
mystique était, pour lui, inaccessible autant qu'une
femme, et sans doute pour les mêmes raisons."
Cette phrase, à la page 29,
de La trahison, résume le plaisir de lecture que
nous offre Monique Laederach dans ce qu'elle sous-titre
"presque un pamphlet". Un récit qui donne
à comprendre peu à peu, comme par couches
successives, sa gravité. On peut se dire: bien, la
romancière neuchâteloise nous fait un pastiche
XIXe, elle met de côté le "je" féminin
pour un personnage masculin. On peut accueillir avec ravissement
l'ironie de sa description de la déconvenue d'un
homme mûr, prof de littérature. Lui qui croit
que la poésie, pas plus que les femmes, ne peut lui
résister, alors qu'il ne s'inquiète ni de
l'une ni des autres. Un jour sa maîtresse le congédie
et cest la faillite, la chute vers la douleur, presque
un sanglot, presque une souffrance. Mais au cur de
ce récit truculent, la phrase de la page 29 résonne
plus gravement.
Kyrie eleison. Sous le (presque)
sarcasme affleure le drame. A ne rien comprendre de la poésie,
de la femme et de la mystique, l'homme s'abîme. Il
constate que "Lun des deux, pour le moins, restait
sur la rive". Parce qu'il vit de ses aberrations, ces
divagations qui l'exilent hors de l'amour, un peu plus vers
la fin. Ce n'est pas grave, c'est mortel. La trahison est
un portrait à l'acide d'un égoïste idiot.
Mais là "ou le péché abonde, la
grâce surabonde. Dieu merci."
A ne rien comprendre de la
poésie, de la femme et de la mystique, l'homme
s'abîme. Il constate que "Lun des
deux, pour le moins, restait sur la rive". Parce
qu'il vit de ses aberrations, ces divagations qui
l'exilent hors de l'amour, un peu plus vers la fin.
Ce n'est pas grave, c'est mortel. La trahison est
un portrait à l'acide d'un égoïste
idiot. Mais là "ou le péché
abonde, la grâce surabonde. Dieu merci."
Monique Laederach, La trahison, Ed.
de La Nouvelle Revue Neuchâteloise, 107 pages.
Jacques Sterchi
samedi 29 janvier 2000
Les déboires d'une figure
masculine...
Pourquoi Monique Laederach a-t-elle
sous-titré "presque un pamphlet" le court
récit intitulé La Trahison ? Sous la jolie
couverture désuète qui rappelle un papier
peint du début du siècle, il s'agit bien plutôt
d'un pastiche. Dans un style qui diffère radicalement
de ses propres tentatives littéraires, l'auteur écrit
un petit roman traditionnel, centré sur les déboires
d'une figure masculine, professeur fatigué, érudit
paresseux, mâle décati, saisi dans la lueur
glauque de son crépuscule. Ici, c'est le clerc qui
est trahi. Par une maîtresse chichement stipendiée
qui le plante là sans explications avec ses fantasmes
éculés. Par ses jeunes étudiantes sur
lesquelles son autorité a fini d'exercer son charme.
Par lui-même surtout, spécialiste sans audace
d'Echauguel de Bellegarde, poète du XVIe siècle,
hélas oublié. Son corps, pourtant bien économisé,
lâche le vieux beau et sa machine désirante
connaît des ratés angoissants. Avec un plaisir
contagieux et beaucoup d'élégance, Monique
Laederach convoque les stéréotypes du roman
psychologique pour régler leur compte d'un seul coup
à l'ego masculin et à la vanité académique.
Isabelle Rüf
22.01.2000
"Sexagénaire,
amaigri, flétri..."
Professeur de littérature
à l'Université, spécialiste des poètes
français du XVIe siècle, commentateur exclusif
d'un certain Echauguel de Bellegarde, le personnage du dernier
roman de Monique Laederach vit écartelé entre
sa femme légitime depuis près de quarante
ans et une jeune maîtresse qui vient de le trahir.
Elle l'a plus précisément congédié
sans autre forme de procès. Il n'arrive pas à
l'évacuer de ses sentiments et de ses rêves.
Un bref voyage à Lyon avec son épouse, pour
consulter des documents et tenter surtout de mettre du baume
sur sa blessure, ne fait, au contraire, qu'exacerber le
mal, au point de le rendre malade.
IL
FAUT UN SINGULIER TALENT D'ÉCRITURE pour intéresser
le lecteur à une histoire somme toute aussi sordide.
De ce talent, Monique Laederach est éminemment pourvue.
Elle nous attache à toutes les péripéties
et à tous les états d'âme de son personnage,
sans jamais nous le rendre sympathique. Sans doute n'était-ce
pas son intention. Le sous-titre de son livre est: "Presque
un pamphlet". Un pamphlet destiné à tous
les hommes imbus de leur suprématie masculine pour
réduire les femmes, épouses ou maîtresses,
à leur merci, aux lettreux aussi, qui émaillent
leurs discours d'innombrables citations poétiques,
par ailleurs remarquablement choisies et fondues dans le
texte.
Monique Laederach, La trahison, Ed.
Nouvelle Revue Neuchâteloise, 1999
La Vie protestante, fév. 2000
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Publications |
L'Etain la source, poèmes, L'Aire, 1970
Pénélope, poème, L'Aire, 1971
La ballade des faméliques baladins de la Grande Tanière,
poèmes, Cahiers du Bateleur, 1974
J'habiterai mon nom, poème, L'Age d'Homme, 1977
Jusqu'à ce que l'été devienne une chambre,
poème, A. Vernay, 1978
Stéphanie, récit, L'Aire, 1978
La femme séparée, roman, coéd. L'Aire/Fayard,
1982
La partition, poèmes, L'Aire, 1982
Trop petits pour Dieu, roman, L'Aire, 1986
J'ai rêvé Lara debout, roman, Zoé, 1990
Les Noces de Cana, roman, L'Age d'Homme, 1996
Si vivre est tel, poèmes, L'Age d'Homme/Ecrit des
Forges (Québec)
avec un CD de poèmes
lus par l'auteure.
En outre: pièces pour la radio, théâtre,
essais.
Page créée le: 09.10.01
Dernière mise à jour le 09.10.01
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