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Alain Favarger
Alain Favarger, Corps d'encre, Editions de L'Aire, 2001.

Retrouvez également Alain Favarger dans nos pages consacrées aux auteurs de Suisse.

  Alain Favarger/ Corps d'encre
 

ISBN 2-88108-593-8

Les récits qui composent ce livre tracent les lignes d'un autoportrait. A la troisième personne, comme si le narrateur avait voulu se glisser dans la peau d'un autre soi-même rêvé. Ou s'abriter, le temps d'un songe, dans le charme ambigu des ombres de la fiction.

Le réel et l'imaginaire se confondent ici dans une quête de vérité. Sous la forme de fragments, d'éclats de la conscience, de carnets de route (Australie, Grèce & Cie), de rencontres et d'évocations amoureuses, émerge une parole. Et tout un désir d'appropriation du foisonnement de la vie. De l'enchevêtrement des mots naît un corps insolite où le flux de l'encre et le rythme des phrases finissent par s'accorder au moi profond. Ce moi qui voit dans le regard de l'autre le miroitement des possibles.

Porté par les fils de la mémoire, le langage peut alors vibrer, étendre la contagion de ses fantaisies, se donner à lire comme une attente et une jubilation.

Né en 1953 à Fribourg, Alain Favarger est enseignant et chroniqueur littéraire au journal La Liberté.

Alain Favarger, Corps d'encre, Editions de L'Aire, 2001.


Extrait

[...]
Un doute parfois le saisissait. Pourquoi ajouter sa petite musique à tant d'autres, aux monceaux de papier noirci depuis tant de siècles ? Ecrire n'est pas une activité normale, naturelle. C'est un arrachement, un renvoi brutal à l'asphyxie d'avant la naissance, un face à face avec la mort et la peur de mourir. Mieux vaut vivre qu'écrire, mille fois respirer plutôt qu'être comprimé, courir à la mer plutôt que courir dans sa tête. Or sans cesse il y revient, nourrit le grimoire des désirs plus vastes que la nuit. Jamais satisfait, acharné à étreindre ce corps d'encre qui contiendrait tous les rêves, effacerait toutes les amertumes, recréerait les lèvres de l'amour.
[...]

Extrait de : Corps d'encre, Editions de L'Aire, 2001.

 

  Réponses de l'auteur à quelques questions posées par e-mail

D'où vient chez vous le besoin d'écrire ?

- Plus j'y réfléchis, sachant cette réflexion inépuisable, tâtonnante, changeante, plus j'y vois un lien avec le cri primal. Un désir d'en retrouver la force d'absolue libération. L'élan vital sans lequel on n'est rien, qui marque la frontière avec l'avant inconnu, les limbes ou plutôt le néant. Ce cri qui nous a arrachés à l'angoisse du passage, la peur de l'expulsion. Pourquoi sortir de la prison heureuse ? Alors qu'en même temps une immense envie de voir le monde nous poussait au ventre comme un arbre.

Ecrire serait une affaire d'instinct ?

- Quelque chose en effet qui vient des tripes. Comme une urgence, une envie irrépressible de renouer avec la partie perdue de nous-mêmes, de retrouver coûte que coûte l'autre soi-même rêvé. D'où la place centrale de l'érotisme en littérature. Cette recherche de l'autre qui viendra effacer le sentiment de déréliction, le vide affolant où nous a laissés la séparation avec la mère. Ecrire pour abolir l'incomplétude.

L'érotisme donc comme veine, palpitation, soleil noir soulevant les mots ?

- Oui, quoique les choses soient complexes. La littérature ne serait rien sans le désir, la frénésie qui s'emparent du texte, l'illuminent et en même temps irradient le lecteur, le poussent à courir entre les lignes, de page en page, jusqu'à l'extase. Mais si l'érotisme est un des ressorts majeurs de la littérature, il représente aussi un danger d'affadissement. Voilà une veine qui se tarit vite. Pire, avec la mode du nouveau réalisme et sa surenchère de crudité, ses étalages complaisants, l'érotisme peut virer au cauchemar. L'émotion disparaît au profit d'un nouveau culte des fantasmes et de la performance. Or tout ici est sans cesse à réinventer, le sexe comme ouverture, dialogue, effleurement des possibles.

Qu'est-ce qu'écrire finalement ?

- Partir de soi, guetter l'inconnu, le jamais dit. Même si l'on sait d'emblée qu'on écrit toujours à partir d'un magma, de la lave en fusion de tous les siècles. De cette rage à s'exprimer, sortie des milliers de plumes et de bouches qui nous ont précédés. C'est la magie de l'intertextualité, de l'écheveau sans fin où l'on vient tirer son propre fil. L'important n'étant pas d'ajouter sa petite pelote, mais de trouver sa musique intérieure, les mots qui dansent. Le rêve d'un langage fluide, qui coule, qui roule pour toucher chez l'autre ce quelque chose d'indéfinissable qui va le mettre en mouvement, l'aider à vivre.

 

  Extraits de presse

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Hédoniste érudit. Alain Favarger fouille les replis d'une enfance studieuse, d'une jeunesse fribourgeoise curieuse d'un ailleurs appelé New York ou Australie.
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Alain Favarger, Corps d'encre, Editions de L'Aire, 2001.

F.D

dimanche, 17 février 2002

Alain Favarger, chroniqueur de son corps

Le critique littéraire de "La Liberté" publie une "autobiographie en mouvement".
Souvenirs du Collège Saint-Michel, érotisme, apologie de la lecture et voyages

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Premier livre publié pour cet enseignant et chroniqueur littéraire de "La Liberté". Premier texte intime ainsi livré au public, et qu'Alain Favarger a sous-titré Fragments d'une autobiographie en mouvement.

Souvenirs de collège

De fait, l'auteur remonte le cours de sa vie par touches, depuis son enfance à Fribourg, le Collège Saint-Michel (avec de drolatiques évocations de ses professeurs), les émois amoureux, les voyages, la vie conjugale, etc. Mais ce qui fait la singularité de Corps d'encre, c'est que discrètement Alain Favarger marie intimement la littérature, le livre, avec l'amour, avec le voyage qui est regard interrogateur porté sur le monde.
[...]

Alain Favarger, Corps d'encre, Editions de L'Aire, 2001.

Jacques Sterchi

Samedi, 1er décembre 2001

 

  Prix

"Ce n'est pas possible de partir sur une île avec un seul livre"

PRIX BLANCPAIN. Critique littéraire de "La Liberté", Alain Favarger a reçu hier à Fribourg le Prix de la Fondation Claude Blancpain pour le soutien de la culture française.

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Qui dit critique dit lecteur. Alain Favarger s'installe alors dans son antre ou dans la chambre d'une de ses filles "pour changer de perspective". "Je peux lire quatre heures par jour mais le minimum c'est une bonne heure avant de dormir. C?est un rite et aussi une discipline. Le mardi après midi, après avoir rendu mon article, je choisis les livres de la semaine. J'en lis plusieurs en même temps et je cherche celui qui a une valeur, va m'accrocher et donner envie aux gens de lire"
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Un critique de "persévérance et d'audace"

Un choix dans la cible

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En attribuant cette année le Prix 2000 à Alain Favarger, la fondation entend saluer le travail de ce critique littéraire qui, par des "chroniques régulièrement consacrées à des ouvrages d'auteurs français, contribue au rayonnement de la littérature et de la culture française dans le canton de Fribourg". Ce qui est aussi le but de la fondation. Et de relever également l'importance de la critique littéraire pour la diffusion du livre.
[...]

Alain Favarger, Corps d'encre, Editions de L'Aire, 2001.

Magalie Goumaz

08.11.2000

Page créée le: 24.03.02
Dernière mise à jour le 24.03.02

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