Pierre-Alain Tâche
Chroniques de l'éveil, Préface
de Patrick Amstutz, L'Aire bleue, 2001.
L'inhabité suivi de Poésie est son nom et de Celle qui
règne à Carona, Editions Empreintes, 2001.
Retrouvez également
Pierre-Alain Tâche
dans nos pages consacrées aux auteurs
de Suisse.
Pierre-Alain
Tâche / Chroniques de l'éveil |
ISBN : 2-88108-608-X
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L'expérience poétique
de Pierre-Alain Tâche a, depuis toujours, ses
lieux. Elle a pris racine dans un jardin bien réel,
où sa parole aura sans doute appris à
être au monde, à grandir, à s'affirmer
jusqu'à prétendre un jour affronter
la totalité de ce qui est, à user la
durée, à prendre le risque et la liberté
de l'instant. Tel est, en effet, dans le temps qui
leur est propre, l'enjeu des recueils assemblés
en une trilogie, qui trouve ici son explicite unité.
Le livre ainsi reconstitué
- augmenté de quelques inédits - donne
à suivre un parcours qui va d'une forme ou
d'un genre à l'autre pour vérifier,
jour après jour, que la poésie est partout
où l'on veut bien qu'elle soit. Mais c'est
aussi bien la chronique des années décisives
où l'oeuvre tend à trouver son assise
et la pluralité de tons dont elle aura besoin
pour se réaliser pleinement, par la suite.
Pierre-Alain
Tâche est né le 24 octobre 1940
à Lausanne, où il vit. Il a pratiqué
le barreau avant d'être magistrat. L'essentiel
de son oeuvre est composé d'une vingtaine de
recueils de poésie, publiés régulièrement
dès 1962, qui lui ont valu, notamment, d'obtenir
à deux reprises le Prix Schiller. Ses textes
critiques, parus en revue pour l'essentiel, restent
à éditer en volume.
Pierre-Alain Tâche, Chroniques
de l'éveil, Préface de Patrick Amstutz,
L'Aire bleue, 2001
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Extrait de presse sur Chronique
de l'éveil
Pierre-Alain Tâche : patience
et ferveur
Après l'anthologie Quatre
Poètes (Poche suisse, 1998), où Pierre-Alain
Tâche figurait aux côtés de Pierre Chappuis,
Pierre Voélin et Frédéric Wandelère,
ce volume est le premier qui lui soit entièrement
consacré en poche: il paraît au moment où
le poète reçoit, pour l'ensemble de son oeuvre,
le Prix des Ecrivains vaudois 2001. Commencée en
1962, cette oeuvre compte aujourd'hui quelque vingt-cinq
recueils dont trois, précédemment parus à
L'Aire, sont ici réunis sous le titre Chroniques
de l'éveil : Le Jardin du Midi suivi de Temps sauvé
(1984), qui marque une étape dans son parcours,
ainsi que Le Mensonge des genre
(1989) et Jour après
jour (1993)...
Pierre-Alain Tâche, Chroniques
de l'éveil, Préface de Patrick Amstutz, L'Aire
bleue, 2001
Isabelle Martin
Samedi culturel/ 15 déc.
2001
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Pierre-Alain
Tâche / L'inhabité suivi
de Poésie est son nom et de Celle qui règne à
Carona |
ISBN 2-940133-61-1
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Né
en 1940, Pierre-Alain Tâche a pratiqué
le droit en tant qu'avocat. Il vit à Lausanne
où il est magistrat judiciaire.
Le présent volume,
outre L'inhabité,
reprend, en les complétant dans une importante
mesure, deux recueils qui étaient épuisés.
L'univers poétique
de Pierre-Alain Tâche part du paysage
pour s'épanouir en un pays. Conquête
inlassable, incertaine aussi bien, que sans
cesse remet en cause le règne de l'épars.
Quelquefois seulement, au détour du poème
qui, d'un coup, ne semble avoir eu lieu qu'à
telle fin, advient "la fluidité
superbe et vénéneuse du présent".
Christian Doumet (extrait
de la préface)
Pierre-Alain Tâche,
L'inhabité suivi de Poésie est
son nom et de Celle qui règne à
Carona, Editions Empreintes, 2001.
Préface de Christian Doumet, collection
Poche Poésie n° 14.
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Autour des deux
recueils publiés |
Réponses de l'auteur
à quelques questions posées par e-mail
Pierre Alain Tâche, vous avez
réédité six recueils, dont quatre au
moins ont été augmentés de manière
conséquente. Comment avez-vous préparé
ces rééditions, choisi de grouper les recueils,
décidé l'introduction de nouveaux poèmes
?
Les
trois recueils parus à L'Aire étaient,
dès leur première publication, conçus
pour former une trilogie. Chroniques de l'éveil tend
à rendre cette démarche explicite. L'occasion
d'une nouvelle édition m'a incité à
mettre mieux en évidence la mutation commencée
avec Le jardin du Midi. La correction du texte existant
et l'adjonction de poèmes m'ont alors paru nécessaires
pour en désigner la source et pour en manifester
le véritable enjeu (que l'on pourrait décrire
comme une tentative de saisie du monde, à partir
de l'instant). Dans la foulée, si je puis dire, Le
mensonge des genres m'est apparu mieux ajusté, d'emblée,
à son propos. Le recueil n'a donc pratiquement subi
aucune modification, alors que Jour après jour s'est
enrichi de quelques poèmes parachevant, en quelque
sorte, le processus. Et c'est ainsi que Chroniques de l'éveil
retrace aujourd'hui le chemin qui va d'une expression retenue
à une forme de lyrisme affichant que la poésie
est partout où l'on veut bien qu'elle soit!
Le
volume publié par Empreintes, dans la collection
Poche Poésie, procède de la même démarche,
mais dans un registre plus intériorisé. A
partir de la figure d'Hélène de S. (personnage
jouvien voué à traverser l'uvre ultérieure
de manière récurrente), L'inhabité
introduit une forme d'interrogation qui portera aussi bien
sur la poésie elle-même que sur tout ce qui,
d'une manière ou d'une autre, relèverait d'une
expérience transcendante. J'ai tenu à préserver
la spontanéité de ce recueil inaugural, à
bien des titres; les retouches ont donc été
limitées au strict nécessaire. Poésie
est son nom constitue, dans la perspective que je viens
d'indiquer, le segment aussi central que caractéristique
de cette option plus méditée, de cette tentation
verticale. Mais, il ne me paraissait pas possible d'en rester
là; il fallait trouver moyen d'en préserver
l'élan, tout en ne la figeant pas dans un discours.
C'est dans cette perspective que Celle qui règne
à Carona trouve naturellement sa place; il a cependant
fallu étoffer le mouvement de ce poème unique.
Ce fut d'autant plus difficile que l'expérience n'allait
pas sans une profonde remise en question des certitudes
- d'où, sans doute, le ton énigmatique de
ce long fragment.
Les poèmes inédits sont-ils
contemporains des recueils dans lesquels ils ont été
introduits ?
Dans Chroniques de l'éveil,
tous les poèmes inédits,
sans exception, sont contemporains (ou peu s'en faut !)
des recueils auxquels ils appartiennent. En fait, tout s'est
passé, dans ce cas particulier, comme si la reprise
des anciens textes en avait libéré d'autres,
inachevés ou inaboutis. Quelques poèmes "oubliés"
ont également pu être intégrés
à la présente édition.
Il en va de même pour les rares
inédits que l'on trouvera dans L'inhabité
et dans Poésie est son nom. En revanche, la seconde
partie de Celle qui règne à Carona, qui complète
un petit livre paru en France, de manière confidentielle,
a, comme je viens de le laisser entendre, été
écrite récemment.
Celle qui règne à Carona
compte deux parties, dans votre nouvelle version. En quoi
la figure jouvienne d'Hélène, qui hante votre
uvre, se trouve-t-elle modifiée ?
Il m'est très difficile de
dire en quoi tient une modification effectivement bien réelle.
Peut-être, dans la première partie, Hélène
apparaît-elle avant tout comme une caution : elle
conditionne, en quelque sorte, l'attention portée
au village tessinois où - comme me l'avait appris
un important Cahier de l'Herne - Jouve a séjourné
avant de lui préfèrer les grandes maisons
Salis du val Bregaglia. Hélène, ici, offre
une clé, ménage un accès - mais nullement
facilité - à un lieu dont j'ai d'emblée
su qu'il ne se livrerait pas facilement. Peut-être,
parce qu' il m'avait été offert d'un seul
coup. Dans la seconde partie, l'apparence est dépassée,
le relais est moins sûr - et c'est, en définitive,
la figure même d'Hélène qui est remise
en question (autant qu'elle me questionne) à la faveur
du dialogue esquissé de l'éros et de la mort,
où elle retrouve sa vraie fonction. Elle resurgit
ainsi dans son ambiguïté première.
Il y a deux pôles dans votre
uvre, le "monde naturel", et le "monde
de la culture", présent par la musique, par
la peinture, par l'architecture et bien sûr par les
uvres littéraires que vous aimés. Comment
s'articulent pour vous ces deux mondes ?
Le
"monde naturel" (soit tout ce qui s'offre
au regard et se propose en tant qu'image poétique
potentielle) est la matière première; il constitue
le grand réservoir des rencontres imprévues,
des impressions, des révélations. Il n'y aurait
pas, sans lui, de poésie. Mais, il n'y aurait pas
de variations possibles sans le
"monde de la culture", qui autorise la
reprise du "monde naturel" dans un jeu de miroirs
et qui favorise la multiplication des métaphores.
Le "monde de la culture" est encore le passage
obligé vers l'histoire du poème, car il établit
une relation féconde à la durée, au
temps sans lequel l'uvre n'aurait pas d'épaisseur.
Chaque volume est introduit par une très
pénétrante étude. Comment lisez-vous
ces textes, et qu'en faites-vous ?
La
préface de Patrick Amstutz cerne, très
précisément, l'enjeu des Chroniques de l'éveil
en mettant bien en évidence, notamment, l'importance
de l'instant. Elle m'aura permis de mieux prendre conscience
du développement de mon projet, à partir de
références sûres qui lexplicitent
et qui devraient permettre au lecteur de mieux situer le
propos et, pour tout dire, l'ambition de cette trilogie.
L'étude
de Christian Doumet, quant à elle, excède
largement le cadre des trois recueils repris par Empreintes.
Elle couvre, en effet, l'ensemble de mon uvre, dont
elle dessine la trajectoire avec l'élégance
d'une rare intelligence. Il faut peut-être préciser
que je n'ai pas discuté de son contenu avec son auteur.
On comprendra, dès lors, ma vive surprise à
la lecture d'un texte, qui m'a (pourquoi ne pas l'avouer?)
beaucoup appris sur moi-même, en révélant
certains mécanismes dont je n'étais pas conscient
ou auxquels je n'avais pas porté suffisamment attention.
Oserais-je dire que la cohérence du travail apparaît?
Si tel est bien le cas, ce serait la meilleure récompense
que puisse espérer tant l'auteur que le préfacier!
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Poème
(extrait de Chroniques de l'éveil)
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Passion
Je fréquentais, en ce temps-là,
l'envers des contrevents,
Je craignais la lumière,
aimant pourtant l'odeur de l'ambre
sur la peau, si solaire.
Oh ! Je n'allais pas à la mer
:
je me tenais sous la clameur,
à traquer la stridence, à l'écouter,
pour la surprendre au bout des membres dévolus
à la fournaise autant qu'à la fraîcheur.
Cela durait des jours entiers
- et le vent préservait dans l'herbe
un accord ivre et dominant.
Extrait de Chroniques de l'éveil,
Pierre-Alain Tâche, Préface de Patrick Amstutz,
L'Aire bleue, 2001
Le Littéraire
automne 2001 N°15/16
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Poème
(extrait de L'inhabité suivi
de Poésie est son nom et de Celle qui règne à
Carona) |
Je vous écris d'un lieu sans
feu.
L'ombre y donne un visage
à ce qui m'interroge,
y façonne un moule de sable
où je pourrai me fondre entier,
un jour,
si, d'aventure, osant,
je fuis la paille de ma chaise.
Extrait de : Poésie est
son nom / Pierre-Alain Tâche, L'inhabité suivi
de Poésie est son nom et de Celle qui règne
à Carona, Editions Empreintes, 2001.
Préface de Christian Doumet, collection Poche Poésie
n° 14.
Page créée le: 20.02.02
Dernière mise à jour le 20.02.02
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