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Janine Massard
Janine Massard, Comme si je n'avais pas traversé l'été, Editions de L'Aire, 2001

Retrouvez également Janine Massard dans nos pages consacrées aux auteurs de Suisse

  Janine Massard / Comme si je n'avais pas traversé l'été
 

ISBN 2-88108-592-X

 

En quelques secondes, le tissu de la vie d'Alia bascule lorsqu'elle apprend, un certain jour de juillet, que la mort de son mari est imminente et que sa fille Florence, soignée pour un cancer, est en sursis. Elle assiste impuissante à la tragédie qui se déroule sous ses yeux et jusqu'à la fin du temps de Florence, passera par divers états, peur, angoisse, moments d'hébétude, révolte, mais saura, aussi, développer des résistances au malheur et capter les rayons de cette lumière étrange que lui envoie l'envers du miroir.

Janine Massard

Janine Massard est née en 1939 à Rolle. Elle a connu son premier succès avec La Petite Monnaie des jours (Poche Suisse), prix Schiller 1986. Aux éditions de l'Aire, elle a publié Trois Mariages, et Ce qui reste de Katharina, Prix de la Bibliothèque pour Tous 1998. Comme si je n'avais pas traversé l'été est son huitième roman.

Janine Massard, Comme si je n'avais pas traversé l'été, Editions de L'Aire, 2001.

  En direct avec l'auteure, Janine Massard

Comme si je n'avais pas traversé l'été est un roman écrit à partir d'une tragédie que j'ai dû apprendre à vivre, au jour le jour, pendant plusieurs années. Je me croyais, comme beaucoup de quinquagénaires, à l'abri de toutes les mauvaises surprises lorsque j'ai été contrainte à un séjour inhabituel près de la mort: ma fille aînée, atteinte d'un cancer, commençait une chimiothérapie au moment où mon père mourait. C'était en été. L'année suivante, à la même époque, mon mari s'en allait d'un cancer foudroyant tandis que les médecins me confirmaient que celui de ma fille n'offrait que très peu de chances à terme (en réalité, ils la savaient déjà condamnée).

J'étais ainsi engagée dans un tourbillon de mort, à guetter un éventuel miracle - dont la nature est avare. Le temps du deuil se transformait en attente pour ma fille, qui allait passer d'opérations en nouvelles chimiothérapies. Chaque traitement me condamnait à l'espoir, en même temps que grondait la révolte de voir toutes les violences faites à ce corps juvénile, et cela jusqu'à la mort.

Le tissu de ma vie s'étant ainsi défait, j'ai éprouvé le besoin d'écrire un roman à la troisième personne, pour dire ces choses terribles et peu crédibles, en même temps, apprises sur le tas. J'avais besoin d'un personnage, comme intermédiaire entre la destinée qui me frappait et moi. Je lui ai donné le nom d'Alia (du latin "de l'autre côté"). Des passages, écrits sur le vif, prenaient une autre allure grâce à ce stratagème, alors j'ai confié à Alia la responsabilité de garder une distance entre l'indicible et moi, elle seule pouvait restituer l'histoire sans la faire tomber dans le mélodrame, tout en me permettant de voir la situation avec une certaine ironie.

J'ai voulu dire, avec simplicité, le tragique et la douleur de la perte et de la mort.

Janine Massard

 

  Extraits de presse


Au clair de l'amitié

Dans une sorte d'avant-propos très intime à son étrange et beau roman, Janine Massard écrit ceci : "Un mort vous apprend aussi à vivre et (...) l'envers du miroir laisse filtrer une lumière qu'il faut apprivoiser pour la capter." (Comme si je n'avais pas traversé l'été, L'Aire, Lausanne, 2001.)

[...] Il faut trente ans pour faire un homme, il faut une minute pour le détruire, et le roman de Janine Massard vient dire une chose infiniment simple et belle : "Rien ne nous prépare à vivre une tragédie." Chacun de nous le sait, mais il ne sait pas combien est vrai ce qu'il sait.

Jean Romain
LE BLOC-NOTE
30.10.01

Une fiction qui est censée apaiser une douleur bien réelle

Trois proches de l'auteure meurent successivement d'un cancer.
Janine Massard (ou Alia) tente de dépasser la douleur par la fiction.

Bernard, le père, et Florence, sa fille, succombent à quelque temps l'un de l'autre au même type de cancer. Un an auparavant, déjà, c'était la mort du père d'Alia, qui perd ainsi trois proches en quelques années. Mais ce sont les parcours du père et de la fille que Janine Massard relate, s'arrêtant plus en détail sur la lutte extraordinairement courageuse de la jeune fille qui traite sa maladie "comme s'il s'agissait d'un rhume".

[...]
On retrouve dans ce livre la manière de Janine Massard de mélanger les niveaux de langage, du moins dans les deux premières parties; curieusement, la partie par "je" est certainement la plus harmonieuse sur le plan stylistique, de la forme d'harmonie que l'on décelait dans Ce qui reste de Katharina, le précédent roman de l'auteure.

Monique Laederach

27.10.01

Janine Massard : Comme si je n'avais pas traversé l'été, roman, Editions de l'Aire

La pige à la mort

Janine Massard, dans un livre pétri de terrible douleur et d'humour panique, exorcise un triple deuil. Beau et poignant.

[...]
En écrivain, Janine Massard se montre hypersensible au poids des mots, lorsque bascule par exemple le sens de l'adjectif "flamboyant" (marquant la victoire de la lumière) pour qualifier la "tumeur flamboyante" qui frappe soudain Bernard, le mari de la protagoniste. De la même façon, la romancière recrée magnifiquement les atmosphères très contrastée dans lesquelles baigne Alia, entre pics d'angoisse et phases d'attente-espoir, que ce soit dans la lumière lémanique (Alia, comme son père, était "du lac" et très proche de la nature maternelle), les couloirs d'hôpitaux où se distillent les petites phrases lamentables des techniciens-toubibs si peu doués en matière de relations humaines, ou en Californie dont les grands espaces et la population déjantée conviennent particulièrement à sa grande fille nique-la-mort. Par ailleurs, le recours à l'humour multiplie les ruptures heureuses...

Jean-Louis Kuffer

décembre 2001

Janine Massard : Comme si je n'avais pas traversé l'été, roman, Editions de l'Aire

Comme si je n'avais pas traversé l'été

De Janine Massard (née à Rolle en 1939), on connaissait bien sûr ce beau roman, paru à l'Aire il y a quatre ans, Ce qui reste de Katharina, que nous avions chroniqué en son temps. On connaît également les récits et les nouvelles (Christine au dévaloir, Eliane Vernay, 1980). Avec Comme si je n'avais pas traversé l'été*, elle entreprend le récit impossible (et sans doute indispensable) de la double perte, à quelques mois d'intervalle, de son mari et de sa fille, tous deux atteints par un cancer.

L'été funeste

Comme pour tenir la douleur à distance, Janine Massard a choisi de raconter son drame à la troisième personne, car la fiction, en écrivant, s'impose à elle. Son héroïne s'appelle Alia (du latin : de l'autre côté). C'est elle qui conduira l'enquête, qui l'éclairera, qui tissera les mots de la douleur, d'une voix tantôt complice et tantôt ironique, qui frappe toujours par sa justesse. C'est elle la gardienne du malheur.

Ô mort où est ton aiguillon ? Ô sépulcre où est ta victoire ?

Ces vers scandent la douleur d'Alia qui accompagne les derniers instants de son mari Bernard, tandis que sa fille, Florence, en rémission à Los Angeles, ne veut pas revenir, comme pour suspendre la menace qui pèse sur elle. Alia est persuadée que Bernard se sacrifie (ou plutôt trompe la mort) pour sauver sa fille, victime du même mal. Le stratagème semble réussir. Florence va mieux. Mais la Camarde est obstinée et revient plusieurs fois à l'assaut. Les pages que Janine Massard consacre à ce combat essentiel, où alternent l'espoir et l'abattement, sont magnifiques, d'une pudeur et d'une vérité totales.

L'écriture, en même temps qu'une manière d'exorcisme, est un acte de protestation : “ c'est la seule manière de ne pas laisser un scénariste quelconque entraver sa vie. Face au harcèlement de la destinée, elle oppose la résistance de l'esprit. ” Après des mois de lutte, Florence sera vaincue, à son tour, par la maladie. Lors d'un dernier pèlerinage, Alia ira disperser les cendres de sa fille dans ces montagnes californiennes qui faisaient tant rêver Florence. Manière de respecter la dernière volonté de sa fille, mais aussi, peut-être, de prendre congé d'elle, dans un lieu où “ tout est uni au monde, et où elle sera maternée… ”

* Comme si je n'avais pas traversé l'été, par Janine Massard, L'Aire, 2001.

Jean-Michel Olivier
SCENES MAGAZINE


Page créée le: 28.12.01
Dernière mise à jour le 28.12.01

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