Janine Massard
Notice biographique
- Bibliographie - A écouter -
Sous forme de témoignage - L'Héritage allemand
Notice
biographique |
Janine Massard est née en 1939 à Rolle, sur les bords du Léman, dans un milieu ouvrier. Elle vit aujourd’hui à Pully. Après le collège, elle fait des études d’éducatrice puis suit le gymnase du soir de Lausanne pour y préparer une maturité fédérale. S’ensuit un bref séjour à l’université et la rencontre avec l’écriture.
Son œuvre, en partie autobiographique, se caractérise par une forte réflexion sociale. Elle a reçu, entre autres récompenses, le Prix Schiller 1986 pour La petite monnaie des jours. Ce livre retrace l’histoire, dans les années 1950, d’une jeune fille pauvre qui échappe à son destin par la voie des études.
Auteure de nouvelles, de récits et de romans, Janine Massard a également publié un travail d’ethnologie régionale, Terre noire d’usine, paysan-ouvrier dans le Nord vaudois au XXe siècle.
En septembre 2010 est paru le recueil de nouvelles Childéric et Cathy sont dans un bateau, où la langue, par son inventivité et ses nouvelles possibilités, tente de rejoindre un réel qui nous dépasse. De manière générale, l’œuvre de Janine Massard se caractérise par une recherche esthétique hors des canons dominants.
Le texte présenté ici constitue les premières pages d’un récit que Janine Massard se propose d’écrire sur son oncle, pêcheur du Léman, qui a aidé des résistants français durant la Seconde guerre mondiale.
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Bibliographie |
Publications depuis 1978
. de seconde classe (récit), Eygalières : Le Temps Parallèle, 1978. |
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Christine au dévaloir (nouvelles), Genève : Eliane Vernay, 1980. |
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L'avenir n'est pas pour demain (conte philosophique), Lausanne : Editions Clin d'oil, 1981. |
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La Petite monnaie des jours (récit autobiographique), Lausanne : Editions d'En Bas, 1985.
Edition de poche : Lausanne : L'Âge d'Homme, 1995. Collection Poche Suisse No 140.
Moscou : Editions Phenix 1997. Traduction russe de Irina Volevitch.
Prix Schiller 1986 |
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Terre noire d'usine - paysan-ouvrier au xxe siècle (essai d'ethnologie régionale), Yverdon : Editions de la Thièle , 1990. |
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Trois Mariages, (récits), Vevey : Editions de l'Aire, 1992.
Traduction allemande : Drei Hochzeiten , Berne : eFeF Verlag, 1998. Traduction de Yla von Dach.
Prix des Ecrivains Vaudois 1993 |
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Ce qui reste de Katharina (roman) Vevey : Editions de l'Aire, 1997.
Edition de poche : Vevey Editions de l'Aire 2002. Collection : L'Aire bleue No 43.
Prix de la Bibliothèque pour Tous 1998 |
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Comme si je n'avais pas traversé l'été (roman) Vevey : Editions de l'Aire 2001.
Edition de poche : Vevey : Editions de l'Aire 2004. Collection L'Aire bleue no 54.
Prix Edouard-Rod 2002 |
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Vidy et ailleurs, photographies de Luc Chessex, Lausanne : Editions Payot, 2003. |
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Le jardin face à la France, (roman) Orbe : Bernard Campiche, Editeur 2005 - 2009
Prix de littérature de la Fondation Vaudoise pour la Culture (2007) |
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L’Héritage allemand, Bernard Campiche Editeur, 2008. |
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Childéric et Cathy sont dans un bateau, nouvelles Bernard Campiche Editeur, 2010. |
Contributions
Le voyage en Chine, nouvelle, in Ecriture No 31.
Traduction tchèque in : Anthologie d'auteurs suisses contemporains, Prague : Editions Odeon, 1986. |
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La courgette et les petits fruits, nouvelle, In : Célébration des nourritures, Ouverture, Terre romande, 1989. |
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La venue des Lapons, nouvelle, In : Entre les livres , Lausanne : Groupement des bibliothécaires vaudois, 1994.
Traduction en italien, dessins de Sergio Fedriani, In : UTZ, Rivista degli Amici dell'Academia dell'Ex libris No 4, dic. 2002. |
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Anniversaires et utopies mortes, In : Ecriture No 50. |
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Voix d'écriture, In : Ecriture No 64. |
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L'Affaire Déception, In : Ecriture No 64. |
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Grand-père et la lecture, In : Les Lauriers fleurissent, Lausanne : Bibliomédia, L'Âge d'Homme, 2004. |
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Ménagères en tablier et littérature, In : 1976-2006 Luttes au pied de la lettre, Lausanne : Editions d'En Bas, 2006. |
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Le Presque-parfait , nouvelle lauréate, In : Prix Littéraire de Gruyères 2007 (contes, nouvelles et lettres), Grolley : Editions de l'Hèbe, 2007. |
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Vivre et voir mourir, témoignage In : Panser le deuil, livre collectif sous la direction de Chantal Myttenaere, Grolley : Editions de l'Hèbe, 2007. |
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A écouter |
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Sous forme de témoignage |
Je suis née le 13 novembre
1939 dans un milieu très représentatif de la transformation
sociale du XXème siècle.
Lorsquil avait vingt ans, mon
père ne savait faire quune chose: cultiver la
terre. Son père était de la terre: vigneron
et maraîcher, mais buvait le vin de ses vignes et signait
des cautions qui représentaient la valeur de ses terres.
Il a tout perdu de sorte que ceux de ses enfants qui avaient
choisi le métier de la terre, se sont retrouvés
dépossédés et obligés de se placer
ici et là comme domestiques de campagne.
Lorsquil sest marié,
mon père a voulu sétablir à son
compte. Mal lui en a pris: il y a eu la guerre, puis la mobilisation
et aussi le fait que sa femme ne connaissait rien aux travaux
de la terre et ne pouvait pas faire le complément durant
son absence - elle avait dailleurs deux bébés
dont il fallait soccuper. Les premières années
de ma vie, je les ai passées dans une maison posée
à même le sol de terre battue. Lhiver,
on toussait beaucoup ma soeur et moi. Les toilettes étaient
à lextérieur, lunette en bois sur fosse
puante qui était vidée pour préparer
le compost. Le seul confort de cette maison cétait
un robinet deau froide. Jai grandi sur les rives
du Léman, de lautre côté il y avait
la France, je voyais ce paysage tous les jours et je pensais
que je lui appartenais.
La situation de mon père était
si précaire quà la fin de la mobilisation
il sest engagé comme ouvrier tout en continuant
son jardin. Il appartenait désormais à ce prolétariat
dorigine terrienne qui peupla les usines juste avant
les grands flux migratoires de la haute conjoncture.
Donc nous étions pauvres et
on nous faisait sentir que nous étions aussi de mauvais
citoyens, parce que nous ne correspondions pas à licône
dune Suisse riche, épargnée par la guerre.
Pourtant mon père était un bon pauvre, il ne
buvait ni ne fumait, il allait à léglise
tous les dimanches et nous avec. Nous étions toujours
très soigneusement vêtus - ma mère était
couturière et passait ses nuits à tricoter Il
fallait souvent laider, rouler la laine en boule pendant
quà lautre bout se défaisait ce
qui avait été vêtement, nimporte
lequel, ou enrouler la laine autour dune pièce
en bois si elle gardait un aspect trop frisé.
Jai grandi avec le sentiment
dêtre une réprouvée dans un milieu
familial protestant, huguenot et hostile aux catholiques.
Malgré des études, malgré
le changement de camp, cette première exclusion a fait
de moi une marginale, mais elle a nourri la première
partie de mon oeuvre en tout cas. Maintenant, je ne suis pas
encore sortie des turbulences de deux grands deuils rapprochés,
cest une autre expérience de vie que je fais.
Dans le paysage littéraire de la Suisse romande, on
me considère comme une personne atypique. Je ne suis
ni dun bord ni de lautre, la langue française
est ma langue maternelle mais qui me lit en dehors de la Suisse
romande? Lironie et la critique sociale me portent.
Je ne cultive pas, comme lécrit Gaston Cherpillod
à mon propos: " la bosse du respect ". Maintenant,
je me sens un peu plus suisse quavant: de ma famille
huguenote, jai hérité le sentiment que
nous avions été chassés du paradis -
nos lointains ancêtres venaient de Navarre, paraît-il.
Lors des années de haute conjoncture,
jai cru quon en avait fini avec lexclusion
mais voilà quelle est revenue au galop. Comme
au temps où mon père trimait à lusine,
des salariés en plein emploi ne parviennent actuellement
pas à faire face à leurs charges: loyers, assurances,
nourriture. La génération de mes parents avait
au moins lavantage de disposer de lopins de terre pour
y produire la nourriture de base de la famille. Lexclusion,
en cette fin de siècle, prend une forme plus perverse
quavant. Nous sommes à lère de la
communication: on sait que les pertes demplois profitent
aux actionnaires comme on sait que les salaires doivent être
bas, globalisation oblige. Je naime pas ce revirement
des pays civilisés.
Janine Massard
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L'Héritage allemand |
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Heide, Allemande, mariée en Suisse dès 1935, sait peu de choses sur ce que son frère, membre de la SS, a fait durant la guerre, en Ukraine notamment. Prisonnier des Français à la capitulation, il se marie et participe au miracle économique allemand. Si sa soeur l'a toujours imaginé en brave, elle ne peut s'empêcher de s'interroger en constatant que sa descendance, comme celle de son frère, est frappée de maladies graves ou mortelles.
D'étranges fantasmagories fleurissent sur le non-dit mais c'est Léa, sa belle-fille, durement touchée colatéralement, qui, à force d'obstination, obtiendra une forme de réponse aux questions que tous les protagonistes de cette tragédie se sont un jour posé.
Janine Massard est née à Rolle. Elle exerce divers métiers avant de commencer des études de lettres à Lausanne, qu'elle interrompt pour se vouer à l'écriture. Son ?uvre comporte surtout des récits et des romans. Pour La Petite Monnaie des jours, 1985n elle reçoit en 1986 le Prix Schiller. Trois mariages lui vaut le Prix des Ecrivains vaudois en 1993. Ce qui reste de Katharina obtient le Prix de la Bibliothèque pour Tous en 1998. Elle reçoit le Prix Edouard-Rod (2002) pour Comme si je n'avais pas traversé l'été. Le Jardin face à la France (2005) a reçu un Prix de la Foundation vaudoise pour la Culture. Présidente de l'Association Films Plans-Fixes depuis janvier 2003, Janine Massard vit actuellement à Pully.
Janine Massard, L’Héritage allemand, Bernard Campiche Editeur, 2008 |
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Page créée
le 01.08.98
Dernière mise à jour le 24.06.11
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