Actuellement sur le Cultur@ctif
Les invités du mois : Jean Richard (Editions d'en bas), Sabine Dörlemann (Dörlemann Verlag), Thomas Heilmann (Rotpunktverlag), Fabio Casagrande (Edizioni Casagrande) - Les Livres du mois : Fabiano Alborghetti : "Supernova" - Quentin Mouron : "Au point d'effusion des égouts" - Peter Stamm : "Au-delà du lac" - Mikhaïl Chichkine : "Deux heures moins dix" - Marius Daniel Popescu : "Les couleurs de l'hirondelle" - Arno Camenisch : "Ustrinkata" - Sylviane Dupuis : "Poème de la méthode" - Klaus Merz : "Die Lamellen stehen offen" - "In der Dunkelkammer" - Pietro Montorfani : "Di là non ancora" - Inédits : Elena Jurissevich : "Ce qui reste du ciel" - Erica Pedretti : "Plutôt bizarre"

 
retour page d'accueil


Janine Massard

Notice biographique - Bibliographie - A écouter -
Sous forme de témoignage
- L'Héritage allemand

Autres pages sur l'auteur

Rubrique Inédit
Gens du lac

Rubrique Livres du mois
Le jardin face à la France
Comme si je n'avais pas traversé l'été

Rubrique Invité
Passe-Muraille : L'exorcisme de Janine Massard

Rubrique Revues partenaires : Scènes-Magazine
Comme si je n'avais pas traversé l'été par Jean-Michel Olivier

Rubrique Editeurs de Suisse
Bernard Campiche Editeur
Le jardin face à la France
L’Héritage allemand
Editions de l'Aire
Comme si je n'avais pas traversé l'été


  Notice biographique

Janine MassardJanine Massard est née en 1939 à Rolle, sur les bords du Léman, dans un milieu ouvrier. Elle vit aujourd’hui à Pully. Après le collège, elle fait des études d’éducatrice puis suit le gymnase du soir de Lausanne pour y préparer une maturité fédérale. S’ensuit un bref séjour à l’université et la rencontre avec l’écriture.

Son œuvre, en partie autobiographique, se caractérise par une forte réflexion sociale. Elle a reçu, entre autres récompenses, le Prix Schiller 1986 pour La petite monnaie des jours. Ce livre retrace l’histoire, dans les années 1950, d’une jeune fille pauvre qui échappe à son destin par la voie des études.

Auteure de nouvelles, de récits et de romans, Janine Massard a également publié un travail d’ethnologie régionale, Terre noire d’usine, paysan-ouvrier dans le Nord vaudois au XXe siècle.
En septembre 2010 est paru le recueil de nouvelles Childéric et Cathy sont dans un bateau, où la langue, par son inventivité et ses nouvelles possibilités, tente de rejoindre un réel qui nous dépasse. De manière générale, l’œuvre de Janine Massard se caractérise par une recherche esthétique hors des canons dominants.

Le texte présenté ici constitue les premières pages d’un récit que Janine Massard se propose d’écrire sur son oncle, pêcheur du Léman, qui a aidé des résistants français durant la Seconde guerre mondiale.
MRT

 

  Bibliographie


Publications depuis 1978

. de seconde classe (récit), Eygalières : Le Temps Parallèle, 1978.

 

Christine au dévaloir (nouvelles), Genève  : Eliane Vernay, 1980.

 

L'avenir n'est pas pour demain (conte philosophique), Lausanne : Editions Clin d'oil, 1981.

 

La Petite monnaie des jours (récit autobiographique), Lausanne : Editions d'En Bas, 1985.
Edition de poche : Lausanne : L'Âge d'Homme, 1995. Collection Poche Suisse No 140.
Moscou : Editions Phenix 1997. Traduction russe de Irina Volevitch.
Prix Schiller 1986

 

Terre noire d'usine - paysan-ouvrier au xxe siècle (essai d'ethnologie régionale), Yverdon : Editions de la Thièle , 1990.

 

Trois Mariages, (récits), Vevey : Editions de l'Aire, 1992.
Traduction allemande : Drei Hochzeiten , Berne : eFeF Verlag, 1998. Traduction de Yla von Dach.
Prix des Ecrivains Vaudois 1993

 

Ce qui reste de Katharina (roman) Vevey : Editions de l'Aire, 1997.
Edition de poche : Vevey Editions de l'Aire 2002. Collection : L'Aire bleue No 43.
Prix de la Bibliothèque pour Tous 1998

 

Comme si je n'avais pas traversé l'été (roman) Vevey : Editions de l'Aire 2001.
Edition de poche : Vevey : Editions de l'Aire 2004. Collection L'Aire bleue no 54.
Prix Edouard-Rod 2002

 

Vidy et ailleurs, photographies de Luc Chessex, Lausanne : Editions Payot, 2003.

 

Le jardin face à la France, (roman) Orbe : Bernard Campiche, Editeur 2005 - 2009
Prix de littérature de la Fondation Vaudoise pour la Culture (2007)

 
L’Héritage allemand, Bernard Campiche Editeur, 2008.
 
Childéric et Cathy sont dans un bateau, nouvelles Bernard Campiche Editeur, 2010.


Contributions

Le voyage en Chine, nouvelle, in Ecriture No 31.
Traduction tchèque in  : Anthologie d'auteurs suisses contemporains, Prague : Editions Odeon, 1986.

 

La courgette et les petits fruits, nouvelle, In : Célébration des nourritures, Ouverture, Terre romande, 1989.

 

La venue des Lapons, nouvelle, In  : Entre les livres , Lausanne : Groupement des bibliothécaires vaudois, 1994.
Traduction en italien, dessins de Sergio Fedriani, In : UTZ, Rivista degli Amici dell'Academia dell'Ex libris No 4, dic. 2002.

 

Anniversaires et utopies mortes, In : Ecriture No 50.

 

Voix d'écriture, In : Ecriture No 64.

 

L'Affaire Déception, In  : Ecriture No 64.

 

Grand-père et la lecture, In : Les Lauriers fleurissent, Lausanne : Bibliomédia, L'Âge d'Homme, 2004.

 

Ménagères en tablier et littérature, In : 1976-2006 Luttes au pied de la lettre, Lausanne : Editions d'En Bas, 2006.

 

Le Presque-parfait , nouvelle lauréate, In : Prix Littéraire de Gruyères 2007 (contes, nouvelles et lettres), Grolley : Editions de l'Hèbe, 2007.

 

Vivre et voir mourir, témoignage In : Panser le deuil, livre collectif sous la direction de Chantal Myttenaere, Grolley : Editions de l'Hèbe, 2007.

 

  A écouter

 

Radio::Sheherazade
Lecture de Janine Massard
play Ecouter      record Enregistrer

Ecouter la lecture complète sur le site de "Radio::Sheherazade"

 

  Sous forme de témoignage

Je suis née le 13 novembre 1939 dans un milieu très représentatif de la transformation sociale du XXème siècle.

Lorsqu’il avait vingt ans, mon père ne savait faire qu’une chose: cultiver la terre. Son père était de la terre: vigneron et maraîcher, mais buvait le vin de ses vignes et signait des cautions qui représentaient la valeur de ses terres. Il a tout perdu de sorte que ceux de ses enfants qui avaient choisi le métier de la terre, se sont retrouvés dépossédés et obligés de se placer ici et là comme domestiques de campagne.

Lorsqu’il s’est marié, mon père a voulu s’établir à son compte. Mal lui en a pris: il y a eu la guerre, puis la mobilisation et aussi le fait que sa femme ne connaissait rien aux travaux de la terre et ne pouvait pas faire le complément durant son absence - elle avait d’ailleurs deux bébés dont il fallait s’occuper. Les premières années de ma vie, je les ai passées dans une maison posée à même le sol de terre battue. L’hiver, on toussait beaucoup ma soeur et moi. Les toilettes étaient à l’extérieur, lunette en bois sur fosse puante qui était vidée pour préparer le compost. Le seul confort de cette maison c’était un robinet d’eau froide. J’ai grandi sur les rives du Léman, de l’autre côté il y avait la France, je voyais ce paysage tous les jours et je pensais que je lui appartenais.

La situation de mon père était si précaire qu’à la fin de la mobilisation il s’est engagé comme ouvrier tout en continuant son jardin. Il appartenait désormais à ce prolétariat d’origine terrienne qui peupla les usines juste avant les grands flux migratoires de la haute conjoncture.

Donc nous étions pauvres et on nous faisait sentir que nous étions aussi de mauvais citoyens, parce que nous ne correspondions pas à l’icône d’une Suisse riche, épargnée par la guerre. Pourtant mon père était un bon pauvre, il ne buvait ni ne fumait, il allait à l’église tous les dimanches et nous avec. Nous étions toujours très soigneusement vêtus - ma mère était couturière et passait ses nuits à tricoter Il fallait souvent l’aider, rouler la laine en boule pendant qu’à l’autre bout se défaisait ce qui avait été vêtement, n’importe lequel, ou enrouler la laine autour d’une pièce en bois si elle gardait un aspect trop frisé.

J’ai grandi avec le sentiment d’être une réprouvée dans un milieu familial protestant, huguenot et hostile aux catholiques.

Malgré des études, malgré le changement de camp, cette première exclusion a fait de moi une marginale, mais elle a nourri la première partie de mon oeuvre en tout cas. Maintenant, je ne suis pas encore sortie des turbulences de deux grands deuils rapprochés, c’est une autre expérience de vie que je fais. Dans le paysage littéraire de la Suisse romande, on me considère comme une personne atypique. Je ne suis ni d’un bord ni de l’autre, la langue française est ma langue maternelle mais qui me lit en dehors de la Suisse romande? L’ironie et la critique sociale me portent. Je ne cultive pas, comme l’écrit Gaston Cherpillod à mon propos: " la bosse du respect ". Maintenant, je me sens un peu plus suisse qu’avant: de ma famille huguenote, j’ai hérité le sentiment que nous avions été chassés du paradis - nos lointains ancêtres venaient de Navarre, paraît-il.

Lors des années de haute conjoncture, j’ai cru qu’on en avait fini avec l’exclusion mais voilà qu’elle est revenue au galop. Comme au temps où mon père trimait à l’usine, des salariés en plein emploi ne parviennent actuellement pas à faire face à leurs charges: loyers, assurances, nourriture. La génération de mes parents avait au moins l’avantage de disposer de lopins de terre pour y produire la nourriture de base de la famille. L’exclusion, en cette fin de siècle, prend une forme plus perverse qu’avant. Nous sommes à l’ère de la communication: on sait que les pertes d’emplois profitent aux actionnaires comme on sait que les salaires doivent être bas, globalisation oblige. Je n’aime pas ce revirement des pays civilisés.

Janine Massard

 

  L'Héritage allemand

Heide, Allemande, mariée en Suisse dès 1935, sait peu de choses sur ce que son frère, membre de la SS, a fait durant la guerre, en Ukraine notamment. Prisonnier des Français à la capitulation, il se marie et participe au miracle économique allemand. Si sa soeur l'a toujours imaginé en brave, elle ne peut s'empêcher de s'interroger en constatant que sa descendance, comme celle de son frère, est frappée de maladies graves ou mortelles.
D'étranges fantasmagories fleurissent sur le non-dit mais c'est Léa, sa belle-fille, durement touchée colatéralement, qui, à force d'obstination, obtiendra une forme de réponse aux questions que tous les protagonistes de cette tragédie se sont un jour posé.

Janine Massard est née à Rolle. Elle exerce divers métiers avant de commencer des études de lettres à Lausanne, qu'elle interrompt pour se vouer à l'écriture. Son ?uvre comporte surtout des récits et des romans. Pour La Petite Monnaie des jours, 1985n elle reçoit en 1986 le Prix Schiller. Trois mariages lui vaut le Prix des Ecrivains vaudois en 1993. Ce qui reste de Katharina obtient le Prix de la Bibliothèque pour Tous en 1998. Elle reçoit le Prix Edouard-Rod (2002) pour Comme si je n'avais pas traversé l'été. Le Jardin face à la France (2005) a reçu un Prix de la Foundation vaudoise pour la Culture. Présidente de l'Association Films Plans-Fixes depuis janvier 2003, Janine Massard vit actuellement à Pully.

Janine Massard, L’Héritage allemand, Bernard Campiche Editeur, 2008

Page créée le 01.08.98
Dernière mise à jour le 24.06.11

© "Le Culturactif Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"