Matthias Zschokke
Matthias Zschokke, Bonheur flottant,
Editions Zoé, 2002.
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Retrouvez également
Matthias Zschokke
dans nos pages consacrées aux auteurs
de Suisse.
Matthias Zschokke
/ Bonheur flottant |
ISBN 2-88182-448-X
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Ils sont quatre amis d'enfance
qui ont passé le cap de la quarantaine et se
réunissent régulièrement sur
un yacht luxueux, sur un petit lac tranquille et sans
danger. Ils ne demandent qu'une chose : échapper
de temps à autre à l'agitation, au mensonge
et aux pressions qu'ils endurent sur la terre ferme.
Ils sont quatre personnages en quête de temps
et pour en gagner, ils veulent être conscients
de l'instant présent. Ils parlent des petites
choses de la vie qui constituent leur univers, sincères,
précis, pareils à des enfants pour qui
tout, encore, est digne d'intérêt...
Mais pour en parler, ils se sont fixé une règle
aussi unique qu'impitoyable : on ne raconte pas pour
séduire.
Matthias Zschokke dévoile
ici, avec un humour et une légèreté
plus délicieux que jamais, les principes mêmes
qui guident son écriture, tout en nous livrant
une réflexion étonnante sur les possibilités
du récit.
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Ecrivain, cinéaste et metteur en scène. Matthias
Zschokke vit à Berlin. Lauréat du premier
Prix Robert Walser en 1981 pour le roman Max, il a reçu
de nombreuses distinctions, dont le Prix de la critique allemande
(cinéma) et le Prix Gerhart-Hauptmann.
Matthias Zschokke, Bonheur flottant,
Editions Zoé, 2002.
Traduit de l'allemand par Patricia Zurcher
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Extrait de
Bonheur flottant |
[...]
Tana dit : Vous restez. Soyez polie. Nous vous avons sortie
de l'eau et nous vous avons offert à boire et à
manger, à présent, vous pouvez bien nous supporter
un peu. Ne serait-ce que pour faire parmi nous l'expérience
de l'ennui dans toute sa grandeur. Lui aussi, il faut l'avoir
vécu une fois pour qu'il devienne davantage qu'un
simple mot. Tout comme le supplice des moustiques. Partout,
tout le monde s'exprime sur tout et n'importe quoi, mais
aucun de ces discours n'est vivant, les mots ne sont pas
irrigués. On parle d'amour, d'avidité. de
pouvoir, d'Eros et de vérité, mais tout ça
n'est que vacarme et tintamarre. On se rend à New
York, en Birmanie, en Sibérie, mais personne ne prend
la peine de rester chez soi. Endurez-nous. Nous sommes un
peu bêtes, un peu cultivés, comme n'importe
qui d'autre. Ça me ferait plaisir si vous vouliez
encore saluer avec nous le matin à venir.
[...]
Matthias Zschokke, Bonheur flottant,
Editions Zoé, 2002.
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Traduire Zschokke,
c'est où, c'est quoi ? par Patricia Zurcher |
comment faites-vous pour traduire
L'animateur
de radio: - Alors, Madame Zurcher, comment faites-vous
pour traduire? Que se passe-t-il dans la tête d'une
traductrice en pleine action? A quoi ressemble l'antre de
la créatrice, le bateau de la passeuse que vous êtes?
Allons, Madame Zurcher, dites-nous tout!
La
traductrice: - Bon sang, mais que voulez-vous que
je vous dise? Il y a mon bureau, noir, des dictionnaires
allemands, français, bilingues, une lampe halogène,
des bibliothèques, des livres partout
Ah, il
y a un ordinateur aussi, relié à Internet,
et puis un téléphone sans fil, je m'en sers
pour appeler les gens qui peuvent me renseigner sur un terme
précis quand je ne le trouve pas dans mes dictionnaires
Les yeux qui fatiguent à force de fixer l'écran,
les douleurs dans le dos, les fourmis dans les jambes
Voilà. C'est tout. Mouais, c'est pas très
gai tout ça
Une réponse qui aurait pu
figurer dans la dernière pièce de Matthias
Zschokke, La Commissaire chantante, et que je pourrais faire
un jour à celles et ceux qui me demandent en quoi
consiste mon métier
Et traduire Matthias Zschokke? C'est
où, c'est quoi, c'est comment?
C'est tout d'abord ouvrir un livre
et découvrir une histoire, ou plutôt une absence
d'histoire, ou mieux encore, mille et une esquisses d'histoires
que l'auteur ne développera pas davantage, à
quoi bon
?! C'est sourire, se réjouir, s'émouvoir
à chaque page de la franchise désarmante des
personnages, de leurs exigences déraisonnables, de
l'absence d'illusions, d'artifices et de précautions
qui les rend si fragiles et attachants
C'est s'asseoir,
le dos à la fenêtre, pour échapper un
instant à la vie qui passe, se plonger dans une longue
suite de monologues qui refuse obstinément de devenir
dialogue, et voir soudain
la vie qui passe! Pas celle
des héros aventuriers, ni celle des battants gagnants
au parcours grandiose, non
La vie de tous les jours,
tous ces petits riens, ces petites lâchetés,
ces petites hypocrisies qui, au bout du compte, auront constitué
notre vie
Mais traduire Zschokke, c'est surtout
et avant tout se délecter d'une langue aussi subtile
que facétieuse. Longtemps, je me suis demandé
comment des textes comme ceux de Zschokke pouvaient diviser
leurs lecteurs en deux camps aussi opposés
Tandis que certains leur reprochent d'être définitivement
trop sérieux, trop sombres et trop pessimistes, il
en est d'autres qui ne peuvent ouvrir un livre de Zschokke
sans se mettre à sourire dans la minute qui suit
Eh bien, le fait de traduire Das lose Glück m'a apporté,
peut-être, un début de réponse à
cette énigme! C'est que les personnages de Zschokke
ne sont pas des boute-en-train, que leur vie n'a rien de
bien excitant, et que la vie tout court, telle que l'auteur
la dépeint, n'a rien de très réjouissant
Mais la langue qu'il a créée pour parler de
tout cela fourmille, elle, de clins d'il impertinents,
de tournures inattendues, de mots pris trop à la
lettre, et j'en passe
Nous voici donc face à deux
lectures possibles: celle qui s'arrête à ce
qui est dit, et celle qui s'attarde sur la manière
dont c'est dit
Vous comprendrez sans peine pourquoi,
en tant que traductrice, je pratique surtout la seconde,
ce qui me propulse immédiatement dans la famille
des lecteurs que les textes de Matthias Zschokke font sourire,
font rire, font jubiler même parfois
Oui, je
ris de nous voir si petits, si ridicules, si pitoyables,
et si émouvants aussi, dans le miroir qu'il nous
tend; mais si j'en ris autant, c'est parce que la langue
de Zschokke nous y invite sans cesse. Toujours en léger
décalage, elle ne cherche pas à restituer
le langage parlé, ni à faire oublier qu'elle
n'en est pas. Elle peaufine un peu par-ci, elle exagère
un peu par-là, rendant impossible (du moins, il me
semble) une lecture qui ne chercherait dans ces pages qu'un
reflet de la vie et un mode d'emploi pour la supporter
Pour le reste, je l'avoue, je n'ai
fait que me laisser entraîner par le rythme envahissant,
oui, entêtant de l'écriture de Zschokke, pour
naviguer d'une bribe d'histoire à la suivante, d'une
ambiance à la suivante, en tentant d'offrir le moins
de résistance possible au courant qui m'emporte.
Alors, être une traductrice
de Zschokke, c'est quoi, c'est comment?
Le bruit court que nous sommes
des traîtres, j'espère que ce n'est rien de
grave
Patricia Zurcher
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Extraits de presse |
Hors-d'oeuvre de sagesse
Trente proses réunies en
recueil s'offrent pour surprendre et séduire le lecteur
Des "histoires superflues"
selon leur narrateur, qui pourtant espère, en les
contant au lecteur avec une souriante connivence, atteindre
"peut-être un jour à une parcelle de sagesse":
voilà ce que propose le nouveau livre de Matthias
Zschokke.
[...]
Zschokke soutient le rythme et le ton. Et perce aussi, dans
la surabondance du vécu, un sentiment inespéré
de bonheur. Ephémère et surgi à l'improviste,
il s'inscrit dans la plénitude d'une vie au présent.
[...]
Matthias Zschokke, Ein neuer Nachbar,
Ammann, 218 p.
Wilfred Schiltknecht
,
Samedi Culturel
Samedi, 30 mars 2002
Naufragés de la solitude
Avec Bonheur flottant, roman très
substantiel, l'écrivain alémanique traduit
la détresse lancinante d'individus en butte à
la perte du sens et du goût de vivre
Il est certains livres qui traduisent
le sentiment diffus d'une époque ou d'une catégorie
d'individus à un moment donné, et tel est
assurément le cas du deuxième roman de Matthias
Zschokke, Bonheur flottant, dont il émane un mélange
de désenchantement et de révolte, de lassitude
physique et métaphysique, sur fond de saturation
et de ras-le-bol existentiel, assez caractéristique
du tournant du siècle et du millénaire.
Matthias
Zschokke, Bonheur flottant, Traduit de l'allemand par Patricia
Zurcher. Editions Zoé, 284 pp.
Rappelons
que Matthias Zschokke, auteur et metteur en scène,
présentera La commissaire chantante en création
française, au Poche de Genève, dès
le 10 avril prochain, avec Martine Paschoud et Jacques Denis.
Location tél. : 022 310 37 59
Jean-Louis
Kuffer
Mardi, 2 avril 2002
[...]
Voilà plus de vingt ans à présent que
Matthias Zschokke, né à Berne en 1954, a quitté
la Suisse pour l'Allemagne. Après trois ans de formation
à l'Ecole d'art dramatique de Zurich, il se lance
dans une carrière de comédien. Pourtant, les
quelques années qu'il passera au Schauspielhaus de
Bochum, dirigé à l'époque par Peter
Zadek, le convaincront à tout jamais qu'il n'est
pas fait pour cet art-là, qui le laisse sur sa faim.
En 1980, il part donc s'installer à Berlin et se
lance à corps perdu dans trois autres activités
artistiques. Le comédien n'est plus, vivre l'écrivain,
le dramaturge et le cinéaste ! Ces trois professions,
il les mène de front...
[...]
Prix Gerhard Hauptmann en 1992 pour sa pièce Die
Alphabeten, et plus récemment, Grand Prix bernois
de littérature pour l'ensemble de son oeuvre, Matthias
Zschokke n'a pourtant jamais été un auteur
"en vogue". Son nid, c'est en marge des phénomènes
de mode en tous genres qu'il a choisi de le faire et c'est
de là qu'il observe...
[...]
Chaque page traite de l'art du récit lui-même.
Toute prétention au pouvoir et toute convention,
tout ce qui est prêt à l'emploi ou confectionné
sur mesure doit être éliminé. Avec ce
livre, Zschokke a donc rédigé aussi sa propre
poétique."
Beatrice
von Matt
29.08.99
[...]
Dans ces discours et ces récits, une question revient
sans cesse : celle du sens et d'un bonheur possible ici-bas,
celle de savoir ce qui, dans le fond, serait véritablement
digne d'être désiré, digne d'être
mentionné, digne d'être vécu. Le souvenir
de ce qui fut jadis n'offre aucun soutien à ces êtres
désemparés. Car les livres de Zschokke sont
rattachés au présent, à cet instant
unique qui ne reviendra pas et qui, par là même,
est si précieux, si fragile. mais on y accorde encore
moins d'importance à l'avenir, surtout pas à
cette version de l'avenir que Roman l'écrivain se
voit pratiquement déposer devant sa porte berlinoise.
[...] Ce qui l'intéresse, lui, toujours et partout,
ce sont les petites choses, celles qui ne paient pas de
mine, oui, les malheureux débris, ce que l'on trouve
dans les ruelles cachées et les arrière-cours
[...].
Et pourtant, l'écriture que
Zschokke pratique ici a quelque chose de l'observation attentive
et dépourvue de préjugés de l'enfant.
Et c'est cela qui, à chaque fois, nous séduit
et nous conquiert chez cet auteur. Le fait qu'imperturbable,
il passe son chemin au milieu des attentes et des idées
en vogue pour s'intéresser à des choses auxquelles
d'autres n'accordent pas le moindre regard.
Elsbeth Pulver
Berner Zeit
10.09.99
Matthias Zschokke définit
ce qu'est le bonheur flottant
[...]
Quatre quadragénaires, amis d'enfance, se retrouvent
sur un yacht au milieu d'un lac tranquille. Seule règle
du jeu de ces réunions: raconter des histoires qui
n'ont rien de séduisant...
Un rituel de la désillusion
qui sera perturbé par l'irruption d'une nageuse berlinoise,
accueillie bon gré mal gré sur le bateau.
On l'a compris, Bonheur flottant est un livre étonnant
de par la prolifération des récits croisés
qui partent de presque rien pour dire presque tout sur l'ennui,
le désespoir, la vie grise, bref sur le bonheur...
flottant. Mais comme toujours chez Matthias Zschokke, le
récit de la désillusion est loin d'être
ennuyeux. Son écriture d'une subtilité surprenante
oscille toujours à la limite du réalisme et
de l'onirisme.
[...]
Matthias Zschokke, Bonheur flottant,
Traduit de l'allemand par Patricia Zurcher. Editions Zoé,
285 pp.
Jacques Sterchi
27.04.02
Page créée le: 06.05.02
Dernière mise à jour le 06.05.02
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