français - deutsch
Perikles Monioudis répond
aux questions de Daniel Rothenbühler autour de Palladium
pour Le Culturactif Suisse.
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Daniel Rothenbühler
: Voilà trois ans maintenant que Palladium a paru
en allemand. Est-ce difficile pour vous d'y revenir à
l'occasion de sa sortie en traduction française?
N'êtes-vous pas passé à tout autre chose
entre-temps?
Perikles Monioudis : Absolument pas.
Les lignes, les motifs dans mon uvre obéissent
à une logique interne que la rédaction d'un
nouveau roman ne suffit pas à épuiser. De
plus, j'ai toujours du plaisir à suivre la réception
d'un nouveau livre dans une aire linguistique étrangère.
Les Français, par exemple, ne lisent pas mes livres
comme les Allemands, et les Turques y trouvent autre chose
que les Américains. La superposition de ces perceptions
différentes me réjouit, elle est extrêmement
instructive.
Palladium nous montre un Berlin
dans l'an 2000 qui contraste avec l'image de chantier fébrile
du 21ème siècle que les médias nous
ont donnée de cette ville ces dernières années.
Votre roman montre une ville plongée dans la torpeur
estivale et dans laquelle ce n'est pas le regard tourné
vers l'avenir qui met en marche quelque chose, mais un coup
d'il rétrospectif dans l'Antiquité grecque.
Qu'est-ce qui vous a conduit à cette image de Berlin?
Une ville ne possède pas qu'une
vue extérieure, elle a aussi et surtout une vue intérieure.
On ne peut pas réduire Berlin à un chantier.
Le chantier, c'est une chose, la composante actuelle, pour
ne pas dire instantanée; l'autre composante, c'est
qu'elle est le lieu de vie d'une civilisation très
évoluée. De toute manière, il est impossible
de formuler le diagnostique d'une époque sans se
référer à l'Histoire et à la
culture, qu'il s'agisse de Berlin ou de Berne, de Boston
ou de Bangkok. La littérature pop allemande, par
exemple, commence toujours par éteindre la mémoire
du lecteur pour l'obliger, ensuite, à se plonger
dans la course à l'action de l'instant.
Dans son amour et son admiration
des sculptures antiques, tous deux portés par des
images d'une grande sensualité, Hilbert menace de
s'isoler sur le plan social. Finalement, c'est sa fille
qui va le faire revenir dans sa réalité sociale.
Le motif de l'amour et de la beauté qui menacent
de dissoudre les structures de base de la personnalité
et de la société était déjà
un sujet de prédilection de Thomas Mann. Comment
vous situez-vous par rapport à cette tradition?
Le fait est que de nos jours, le
"beau" en tant qu'ambition n'est souvent pas admis
; le "vrai", lui, a déjà été
rejeté depuis longtemps. Pour ma part, je continue,
même après la décadence de la bourgeoisie,
à considérer ces deux concepts comme centraux
dans le domaine de l'art. Peu importe les bouffons comme
Pipilotti Rist.
On a rappelé, dans un compte-rendu
de langue allemande, que vous êtes d'origine grecque.
Est-ce que vous y voyez un rapport avec le motif des sculptures
antiques?
Non, si seulement! Du point de vue
de l'ascendance et du phénotype, les Grecs d'aujourd'hui
n'ont pas grand'chose à voir avec les anciens Athéniens,
les Troyens (heureusement!) et les autres. Peut-être
aussi peu que moi avec les Grecs d'aujourd'hui.
Vous vivez à Berlin depuis
1995, ce qui vous coupe de la scène littéraire
suisse alémanique. Comment vous situez-vous aujourd'hui
par rapport à celle-ci? Comment vivez-vous votre
situation actuelle?
En 1992, Peter Weber, Felix Kauf
et moi-même avons fondé le réseau NETZ,
une structure aujourd'hui légendaire, à ce
que l'on dit, qui continue à se montrer ouverte et
alerte. Les échanges non-publics qui ont lieu à
l'intérieur de ce réseau m'apportent beaucoup;
à cela vient s'ajouter, pour moi, la scène
littéraire allemande. Je ne fais pas de différence
entre les divers univers, au contraire, je corresponds avec
des collègues de l'Europe entière et d'outre-mer.
Palladium est votre second
roman à paraître en France. Quelles sont vos
expériences avec le public francophone en France
et en Suisse?
Les Français font preuve de
sérieux là où les Suisses se montrent
pince-sans-rire, et vice-versa. A cela s'ajoute que la France
cultive une tradition de l'ambition esthétique, alors
qu'en Suisse, styliste est souvent une insulte. Par contre,
les Français ne s'intéressent qu'aux Français,
alors que les Suisses refusent d'apprécier leurs
propres auteurs, de peur que ça les rende "provinciaux".
Traduit de l'allemand par Patricia
Zurcher
Perikles
Monioudis beantwortet die Fragen von Daniel Rothenbühler
zu Palladium.
Daniel Rothenbühler: Es ist
nun drei Jahre her, dass "Palladium" auf Deutsch
erschienen ist. Fällt es Ihnen schwer, anlässlich
der französischen Übersetzung noch einmal darauf
einzugehen? Sind Sie inzwischen nicht mit etwas ganz anderem
beschäftigt?
Perikles Monioudis: Ganz und gar
nicht. Die Linien, die Motive in meinem Werk folgen einer
inneren Logik, die mit der Niederschrift eines neuen Romans
nicht gleich abgeschrieben ist. Auch freue ich mich stets
auf die Rezeption eines neuen Buches in einem fremden Sprachraum.
Die Franzosen etwa verstehen meine Bücher anders als
die Deutschen, die Türken anders als die Amerikaner.
Aus diesen Überlagerungen in der unterschiedlichen
Wahrnehmung beziehe ich eine große Freude, sie sind
äußerst aufschlußreich.
"Palladium" zeigt uns im
Jahr 2000 ein Berlin, das im Kontrast steht zu jenem Bild
einer hektischen Baustelle des 21. Jahrhunderts, das uns
die Medien in den letzten Jahren von dieser Stadt vermittelt
haben. Ihr Roman zeigt eine Stadt im Sommerschlaf, in der
nicht der Blick in die Zukunft etwas in Bewegung setzt,
sondern jener in die griechische Antike. Was hat Sie zu
diesem Berlin-Bild veranlasst?
Eine Stadt hat nicht nur eine Außensicht,
sie hat auch und besonders eine Innensicht. Berlin läßt
sich nicht auf eine Baustelle reduzieren. Baustelle ist
das Eine - Zeitnahe, um nicht zu sagen Augenblickliche -,
Ort einer Hochkultur das Andere. So oder so: Etwas Zeitdiagnostisches
läßt sich ohne Rückbezug historiographischer
und kultureller Art nicht formulieren, ob nun in bezug auf
Berlin oder Bern, Boston oder Bangkok. Die Pop-Literatur
etwa schaltet zunächst einmal das Gedächtnis des
Lesers aus und zwingt ihn in das Aktionistische des Augenblicks.
In seiner Liebschaft und in der Bewunderung der antiken
Skulpturen - beides getragen durch Bilder starker Sinnlichkeit
- droht Hilbert sich sozial zu isolieren. Er wird schliesslich
durch seine Tochter wieder in seine soziale Wirklichkeit
zurückgeholt. Das Motiv der Liebe und der Schönheit,
die die vorgegebenen Persönlichkeits- und Sozialstrukturen
aufzulösen drohen, war schon Thomas Mann lieb. Wie
stehen Sie zu dieser Tradition?
Tatsache ist, daß das "Schöne"
als Ambition heute oft nicht zugelassen wird - nachdem das
"Wahre" ja schon längst verworfen worden
ist. Ich halte beide Begriffe in der Kunst nach wie vor,
d.h. auch nach dem Zerfall des Bürgertums, für
zentral. Spaßmacher wie Pipilotti Rist hin oder her.
In einer deutschsprachigen Rezension wurde daran erinnert,
dass Sie griechischer Herkunft sind. Sehen Sie einen Zusammenhang
zum Motiv der antiken Skulpturen?
Nein, schön wär's. Die
heutigen Griechen haben in Abstammung und Phänotyp
wenig mit den alten Athenern, Trojanern (zum Glück!)
etc. zu tun. Vielleicht so wenig wie wiederum ich mit den
heutigen Griechen.
Sie leben seit 1995 in Berlin und
sind damit abgeschnitten von der Literaturszene der deutschsprachigen
Schweiz. Wie stehen Sie heute zu dieser Literaturszene?
Welche Erfahrungen machen Sie mit Ihrer Situation?
1992 gründeten Peter Weber,
Felix Kauf und ich NETZ, eine heute, wie man hört,
legendäre Struktur, die nach wie vor offen und alert
ist. Der nicht-öffentliche Austausch im NETZ gibt mir
viel, dazu kommt für mich die deutsche Literaturszene.
Ich unterscheide nicht zwischen den Welten, im Gegenteil,
ich korrespondiere mit Kollegen in ganz Europa und in Übersee.
Mit "Palladium" wird nun
ein zweiter Roman von Ihnen in Frankreich herausgebracht.
Welche Erfahrungen machen Sie mit dem französischsprachigen
Lesepublikum in Frankreich bzw. in der Schweiz?
Die Franzosen verfügen
über Ernst dort, wo den Schweizern der Schalk im Nacken
sitzt, und umgekehrt. In Frankreich wird überdies eine
Tradition der ästhetischen Ambition gepflegt, in der
Schweiz ist Stilist oft ein Schimpfwort. Dafür interessieren
sich die Franzosen nur für Franzosen, während
die Schweizer ihre eigenen Leute nicht goutieren wollen,
aus Angst, sie würden dadurch "provinziell".
Daniel Rothenbühler
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