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Pascale Kramer
Retour d'Uruguay, Mercure de France, 160 p.

Retrouvez également Pascale Kramer dans nos pages consacrées aux auteurs de Suisse.

  Pascale Kramer/ Retour d'Uruguay
 

 

"Des bandes éparpillées d'oiseaux jaillis d'un seul coup du parc par centaines, lançaient des piaillements perçants à travers la pièce. Raphaël scrutait les toits de la ville et le parc comme s'il s'apprêtait à quitter tout ça bientôt. Il voulait qu'Adrien déjeune avec eux et les accompagne à un spectacle de cascadeurs dans l'après-midi... Nina l'écoutait avec dévotion. Elle avait noué ses bras à sa taille et enfoncé son visage dans son ventre, dans un élan d'intense et paresseuse possessivité. Sa robe fermée dans le dos par un laçage de lanières de tissus laissait voir l'empreinte en V diaphane du maillot de bain. Adrien devinait, sous ses paupières baissées, le pétillement sombre de son regard fixé sur lui lorsqu'il fouilla dans son tiroir à la recherche d'un slip et fila prendre sa douche."

Qui est Raphaël, cet homme séduisant, à la cinquantaine arrogante, qui revient en France, après un long séjour en Uruguay ? Quelle est la nature de l'étrange fascination qu'il exerce sur Adrien ?
Dans Retour d'Uruguay, tout concourt à créer une atmosphère de mystère dont on ignore l'origine. C'est que l'auteur excelle dans la mise en scène de sentiments sourd, diffus, à la limite de la perversité : rien ne se passe et tout est dit, au plus près de la vie qui bruisse d'émotions et de sentiments contradictoires.

Retour d'Uruguay, Mercure de France, 160 p.

 

  Extrait de presse

Eaux troubles

Pascale Kramer manifeste encore une fois son art de créer avec rien des atmosphères inquiétantes

[...]
Dès que Raphaël apparaît, au cours d'une fête de famille un peu pesante, sa présence massive évoque pour Adrien l'image de la liberté . [...] Pendant quelques années, en dépit de la réprobation muette de ses parents, il va côtoyer cet homme lesté d'un passé trouble, sa femme silencieuse, qui a toujours l'air d'être "sur le point de s'en aller", et les enfants dont la demande muette l'attendrit et l'agace. Ces gens le fascinent, lui font peur et envie. Prêt à tout pour être admis dans leur cercle, il vit dans leur ombre son roman de formation.

[...]
Pascale Kramer [...] sait admirablement faire surgir l'angoisse qui se tapit dans des détails anodins. [...] Au bout du compte, quand les liens se défont pour toujours, au bord d'un trottoir, il reste une immense compassion et le sentiment d'un manque irréparable.

Isabelle Rüf

Samedi culturel - 30.08.03

Un jardin des délices familial

C'est à travers le regard et les intuitions d'un garçon de dix-sept ans que le lecteur pénètre progressivement les secrets du huis clos infernal d'une famille.Un très beau roman signé par une Suissesse de quarante-deux ans.

[...]

La phrase de Pascale Kramer guette, épie, capte tout et garde certaines distances. [...]

Ce roman est un hommage à l'observation, à l'intuition, au souci d'autrui. Une leçon à quiconque a manqué de courage. Un signe de fraternité dans cette damnation partagée qu'est la condition humaine, envers ceux qui ont une part plus lourde que les autres. Et qui dédaignent la pitié. [...] Un chef-d'oeuvre.

Jean-Pierre Tison

septembre 2003

Lisez tout l'article de Jean-Pierre tison sur http://www.lire.fr/critique.asp?idC=45317&idR=218&idG=3

[...]
Le talent de l'auteur tient à cette façon de suggérer les contradictions dans lesquelles sont pris les protagonistes, de créer un climat mystérieux et pesant où, sans dire exactement ce que ressentent ses personnages, elle nous parle des mystères de l'âme.

[...]
Comme Benoît dans "Les Vivants", Adrien a 17 ans au début du récit. Pascale Kramer décrit avec beaucoup de talent cette période où l'on oscille entre l'adolescence et le début de l'âge adulte, où l'on quitte la cellule familiale sans savoir encore ce qu'on va faire de sa vie, où l'on connaît des premières amours intenses et des émois dont on se défend. [...]

Antoine Fron
Page des Libraires
Septembre 2003

Pascale Kramer sait instiller le doute, la déraison, le drame caché d'une famille, par des phrases anodines, des échanges quotidiens dont le côté décalé est vite noyé dans l'habitude. Des regards, des non-dits, une sensualité diffuse et profuse, les personnages ont toujours un pied bancal sur la frontière. [...] Mais Raphaël a-t-il vraiment existé? L'adolescence est pleine de ces rêves déchirés, froissés comme les draps d'un petit matin sale, somme toute normal, sous l'oeil cruel et apparemment neutre de Pascale Kramer, qui file son thriller doux comme les bas de Béatrice...

D.D.
Le Canard enchaîné
3 septembre 2003

 

  Article de Pierre Lepori


Singolare e magnifica maturità espressiva, quella di Pascal Kramer. A un lettore italiano potrà ricordare lo stile narrativo di Claudio Piersanti, o per alcuni tuffi nel sentimento del tempo certe pagine magistrali di Erri de Luca. Ma quel che più importa, in questa giovane impressionante scrittrice è la coerenza dei temi profondi: da una decina d'anni Pascal Kramer s'impegna sul difficile cammino di un paradosso: costruire i suoi romanzi - in cui tutto è già accaduto, consumato, straziato - sul filo teso dell'attesa. Che sia il vuoto in cui cade il rapporto di coppia di David e Betty in Onze ans plus tard, oppure il lutto muto per la morte di due bambini nell'esigente asfissia di Les vivants, l'autrice ginevrina conduce una sfida alla costruzione narrativa, come se la vita, le passioni, gli affetti, fossero costantemente illuminati dal neon di un'uscita di emergenza, stretti in un crampo impassibile. In questo Retour d'Uruguay, ancora una volta è un adolescente - che si fa giovane uomo - il vero protagonista e doppio dell'autrice: Adrien, affascinato da un cugino del padre, dalla sua sporca maschiezza, dal suo passato ambiguo, dalla sua brutalità sfuggente. Ma, come nel libro precedente, sono due bambini la cartina di tornasole, il sismografo dell'innominabile. Non moriranno, in questo nuovo romanzo, ma ancora una volta avranno il ruolo delle vittime, gli occhi spalancati su un mondo adulto impietoso e normativo. Se l'atmosfera è soffocante (e l'unico dubbio che ci si può porre è se l'autrice riuscirà a tener fede senza estenuare a questa nerità della materia romanzesca), la figura del giovane protagonista, nonostante il fascino per la violenza che confessa a poco a poco, lascia aperta la speranza di una virilità senza violenza, di un futuro meno umanamente ottuso. Ma è una speranza che questa scrittura pessimista non oserà mai confessare.

Pierre Lepori

Rete2 RSI - 9.9.2003

 

Page créée le: 30.09.03
Dernière mise à jour le 01.10.03

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