Thomas Hürlimann
Mademoiselle Stark, Editions Seuil, 2004
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Thomas Hürlimann
dans nos pages consacrées aux auteurs de Suisse.
Thomas
Hürlimann / Mademoiselle
Stark |
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Dernier été avant
l'entrée à l'internat. Le jeune narrateur
le passe chez son oncle, prélat et bibliothécaire
du couvent de Saint-Gall. Dans ce vénérable
cadre baroque, le jeune garçon a pour tâche
de chausser les visiteuses de pantoufles obligatoires
pour pénétrer dans "l'arche aux
livres" sans en endommager le précieux
parquet.
Agenouillé devant les
dames, il cherche à percer les mystères
féminins et, découvrant les pouvoirs
de son nez, se grise de l'odore di femmina.
Initiation sexuelle, mais aussi ouverture au monde
des livres et recherches obstinées pour découvrir
le secret qui se cache derrière ce nom de Katz,
porté par sa mère et son oncle. Car
les êtres sont plus complexes qu'il n'y paraît.
A l'instar du narrateur qui sent s'affronter en lui
le petit Katz et le futur écolier conventuel,
les autres sont des personnages doubles. Monsignore,
le prélat érudit, ne dédaigne
pas les parties fines arrosées, et mademoiselle
Stark, l'austère et pieuse gouvernante, devient
une autre femme lorsqu'elle part à l'assaut
des sommets de son Appenzell natal.
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Ce "roman de formation" brillant séduit
par la complexité des protagonistes et la subtilité,
la légèreté avec lesquelles il traite
de sujets graves: la puberté et le mystère
des origines.
Traduit de l'allemand par Colette Kowalski
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Thomas
Hürlimann et Daniel Rothenbühler en interview autour de
Mademoiselle Stark |
Thomas Hürlimann
répond aux questions de Daniel Rothenbühler
- Daniel Rothenbühler : Le
personnage central de Mademoiselle Stark est un garçon
de douze ans qui, pendant les vacances d'été
passées chez son oncle, bibliothécaire de
l'abbaye de Saint-Gall, découvre le charme des "
regards impudiques ", qu'ils soient jetés sous
les jupes des lectrices auxquelles il tend les pantoufles
de feutre destinées à préserver le
parquet ancien ou dans les écrits de la bibliothèque,
qui lui dévoilent le passé juif de sa mère.
Mais pourquoi avoir précisément choisi comme
personnage-titre la gouvernante de l'oncle, cette pieuse
Mademoiselle Stark qui aimerait guérir le garçon
des " regards impudiques " de toute sorte ?
- Thomas Hürlimann : Mademoiselle
Stark le met sur la piste. En lui reprochant d'être
un vrai Katz, elle l'amène à se demander ce
que cela pourrait bien vouloir dire. Il achoppe ainsi à
un secret de famille. La famille de sa mère est d'origine
juive. Mais en même temps, le garçon se voit
confronté au reproche d'être, en tant que fils
de cette mère, différent des autres. Ce que
Mademoiselle Stark entend exactement par là, il ne
le sait pas, il ne peut que le deviner, mais à mesure
que l'été avance, monte en lui une légère
peur de cette différence. Mademoiselle Stark avive
cette peur. Du coup, l'amour que le garçon éprouve
pour la demoiselle acquiert quelque chose de contradictoire.
Et la demoiselle devient importante pour sa vie, pour son
éveil sexuel. C'est pour cela qu'elle est le personnage-titre.
Elle apprend au garçon la crainte de soi-même.
Elle lui inocule une mauvaise conscience. Et pourtant il
se sent attiré par elle. Les regards impudiques qu'elle
lui interdit, c'est sur elle qu'il les retourne.
- Que l'attrait des " regards
impudiques " oriente aussi dans son récit le
narrateur de Mademoiselle Stark, la première
phrase du livre le trahit déjà. L'oncle, bibliothécaire
de l'abbaye et prélat, enfilait, y est-il dit, des
gants " noirs comme les dessous de ma maman, quand
il se proposait de toucher les feuillets d'une Bible millénaire
". Pourrait-on aller jusqu'à parler d'une poétique
du " regard impudique " dans un sens plus large,
de la part de l'auteur Thomas Hürlimann également
?
- Si vous le voyez ainsi, cela me
fait plaisir. La perception est subjective. Ce n'est pas
l'il qui voit, mais l'âme. Par bonheur, j'ai
évité d'aller voir la bibliothèque
de l'abbaye avant de me mettre au travail sur ce livre.
Quand il est paru, j'y suis allé : et j'ai été
déçu de constater combien la salle est petite.
Dans mon souvenir, elle était beaucoup plus grande.
Ce qui s'explique facilement : à l'époque,
j'était assis comme une grenouille sur son seuil.
Je voyais donc un espace plus vaste. En fait, il s'est agi
pour moi de voir le monde, celui des livres et celui des
femmes, avec le regard que j'avais alors.
- Dans cette " perspective
de la grenouille " (analogue à celle d'Oscar
dans Le Tambour de Günter Grass), la distance
entre le haut et le bas se raccourcit au point que l'un
peut se transformer en l'autre, que le ciel acquiert "
quelque chose de terrestre " et le sol " quelque
chose de céleste ". Ce regard d'en bas ne recèle-t-il
pas, outre ses charmes, des risques aussi, en particulier
celui que vous avez déjà abordé une
fois, à savoir que certains critiques ont trouvé
réductrice, voire équivoque, votre représentation
de l'antisémitisme suisse du début des années
soixante ?
- Mon récit parle d'un tabou.
Comment raconter cela ? En laissant le tabou agir dans le
livre lui-même. C'est le moyen le plus ancien de la
littérature. Elle veut que son fond devienne forme.
Si je nommais d'emblée le tabou, j'enlèverais
tout attrait au récit. Avec le garçon, les
lecteurs doivent s'approcher toujours plus de la vérité,
ils doivent, comme lui, pouvoir voir derrière les
choses. Mais pour cela, il faut que le récit ait
une certaine durée. Si on ne comprend pas cela, on
ne sait tout simplement pas lire. Comment dit-on déjà
? Quand un livre et une tête se heurtent et que cela
rend un son creux, ce n'est pas forcément la faute
du livre.
- En faisant découvrir
au narrateur de Mademoiselle Stark l'origine juive
de sa mère et de son oncle, vous retravaillez aussi
dans votre uvre, une fois de plus, des fragments de
votre propre histoire familiale. Les liens évidents
de ce livre avec des faits autobiographiques et des personnages
existant réellement, ainsi que leur " détournement
" littéraire, vous ont été publiquement
reprochés dès sa publication par votre oncle
Johannes Duft, qui avait 87 ans à l'époque.
Que répondez-vous à ces reproches et comment
voyez-vous vous-même ces liens et leur réélaboration
littéraire ?
- Mon oncle est décédé
entre-temps. Il était historien. Il croyait aux faits.
Dans sa brochure, il a corrigé mes " erreurs
". Par exemple, il a écrit qu'il n'avait jamais
acheté ses soutanes de soie dans une boutique chic
de Rome. C'est vrai : les mots " Rome ", "
chic ", " boutique " n'ont rien à
voir avec la réalité de mon oncle. J'en avais
besoin pour rendre ses soutanes aussi précieuses
qu'elles m'en avaient l'air à l'époque. Quand
ma mère a lu la brochure de mon oncle, elle a ri
et s'est écriée : " Alors elles étaient
bien en soie, ses soutanes ! " Autrement dit, par ses
corrections, mon oncle a authentifié ce que j'ai
raconté. Il s'est passé quelque chose de beau
avec Mademoiselle Stark. Elle est morte maintenant elle
aussi, et je suis fier de faire partie de ses héritiers.
Il est tout à fait possible qu'elle ait voulu ainsi,
en quelque sorte, me remercier. Les derniers mois de sa
vie, elle s'est de plus en plus adaptée au personnage
du livre. C'est ainsi qu'elle a porté un chapeau
pour la première fois de sa vie, elle a osé
se maquiller et elle a pris plaisir à ce que les
hommes la suivent du regard dans la rue. Où l'on
voit clairement que le conteur ment vrai.
- L'édition originale de
Fräulein Stark porte comme indication de genre
: " Novelle ". A mes yeux, votre uvre
représente une nouvelle et stimulante variante du
genre défini par Goethe, selon qui une nouvelle retrace
" un événement inouï ayant eu lieu
". Dans le milieu de l'enfant, aussi bien l'origine
juive de sa mère que sa propre curiosité sexuelle
devaient rester inouïes au sens propre, tues et refoulées.
Mais votre nouvelle représente aussi comme inouïes
au sens de scandaleuses ces habitudes mêmes du refoulement
et du tabou. Ce type d'allusions disparaît dans l'indication
de genre de l'édition française : la nouvelle
allemande y devient un " roman ". Que pensez-vous
de ce changement d'indication ? A-t-il donné lieu
à des discussions ?
- Je n'ai pas réussi à
imposer mon point de vue qu'il s'agit d'une nouvelle. La
plupart des critiques ont écrit que c'est un roman.
Mais non, justement pas. Une nouvelle est apparentée
à une pièce de théâtre, et effectivement
je respecte dans Mademoiselle Stark l'unité
de lieu, de temps et d'action.
- Le succès de Mademoiselle
Stark a déjà débouché sur
plusieurs traductions. Votre livre fait notamment partie
des très rares uvres de la littérature
suisse contemporaine à avoir été traduites
en russe. Quelles expériences avez-vous faites avec
cette traduction et avec les autres ?
- Je me rends ces prochains jours
en Russie, d'abord au salon russe du livre, puis à
Saint-Pétersbourg, où je présenterai
mon livre avec le traducteur Roman Eiwadis. J'en saurai
davantage après cela. Soit dit en passant, Eiwadis
est d'origine juive. Lui, tout comme Itta Shedletzky, qui
est en train de traduire le livre en hébreu, apprécie
justement ce que d'autres ont critiqué : que le garçon
ne découvre le tabou du passé juif que progressivement,
mais qu'il ne le perce pas à jour. Ce n'est pas un
héros. Mes traducteurs pensent aussi que Mademoiselle
Stark est décrite avec beaucoup d'exactitude. Elle
est antisémite, c'est clair, mais ce n'est pas un
monstre. Il n'est pas possible de partager le monde avec
le bien d'un côté et le mal de l'autre, les
frontières sont fluctuantes. Tous les antisémites
ne sont pas des méchants. C'est ce qui rend la chose
dangereuse. Et, je me répète : il est simplet
d'exiger d'un auteur qu'il présente ses personnages
de manière unidimensionnelle et selon un schéma
pédagogique. Cela n'a rien à avoir avec la
littérature ni avec la réalité. En
Pologne, par exemple, le public a saisi tout de suite et
très exactement ce que je raconte. Là-bas,
certaines expériences que nous avons peut-être
oubliées sont encore vives. Non sans raison nous
nous imaginons, nous autres Suisses, vivre dans un système
qui ne nous contraint pas à des lâchetés.
Nous nous considérons comme une société
sans le moindre préjugé, faite de braves gens
sans abîmes cachés. Mais c'est une dangereuse
méconnaissance de l'être humain. Là,
il est vraiment préférable de risquer un regard
impudique, qui révèle ceci : nous ne sommes
bons que parce qu'il nous a été épargné
de mettre notre caractère à l'épreuve,
comme cela se passe dans une dictature. J'ai étudié
dans une école conventuelle et je sais de quoi je
parle. Il suffit d'avoir un petit peu faim, et le caractère
encore si merveilleux commence à se faire la malle.
Mais ça donne presque l'impression que j'ai un message
à donner. Non, ce n'est pas le cas. J'aimerais raconter
des histoires, rien d'autre. Et j'ai l'ambition que le fond
vibre aussi dans la manière de raconter. Dans la
nouvelle Mademoiselle Stark par exemple, j'évite
les mots qui résonnent trop fort. J'espère
que cela se sent aussi dans la traduction française.
Dans une bibliothèque, on chuchote.
Propos recueillis par Daniel
Rothenbühler pour le Cultur@ctif
Traduction: Christian Viredaz
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Interview
auf deutsch |
Daniel Rothenbühler : - Die zentrale Figur in "Fräulein
Stark" ist ein zwölfjähriger Junge, der in
den Sommerferien bei seinem Onkel, dem Stiftsbibliothekar
von St. Gallen, den Reiz der "unkeuschen Blicke"
kennen lernt, sowohl jener unter die Röcke der Besucherinnen
der Stiftsbibliothek, denen er die Filz- Pantoffeln zum
Schutz des alten Parkettbodens reicht, wie jener in die
Schriften aus der Bibliothek, die ihm die jüdische
Vergangenheit seiner Mutter enthüllen. Warum aber haben
Sie mit Fräulein Stark gerade jene fromme Haushälterin
des Onkels zur Titelfigur gemacht, die dem Jungen "unkeusche
Blicke" ("regards impudiques") jeder
Art austreiben möchte?
Thomas Hürlimann : - Fräulein
Stark bringt den Jungen auf die Spur. Indem sie ihm vorwirft,
er sei ein typischer Katz, beginnt sich der Junge zu fragen,
was das bedeuten könnte. So stösst er auf ein
Familiengeheimnis. Die Familie der Mutter war ursprünglich
jüdisch. Aber zugleich sieht sich der Junge mit dem
Vorwurf konfrontiert, als Sohn dieser Mutter sei anders
als die andern. Was genau das Fräulein Stark damit
meint, weiss er nicht, kann er nur erahnen, aber im Lauf
des Sommers steigt vor diesem Anderssein eine leise Angst
in ihm hoch. Das Fräulein Stark schürt diese Angst.
Dadurch bekommt die Liebe des Jungen zum Fräulein etwas
Zwiespältiges. Und das Fräulein wird für
sein Leben, sein erotisches Erwachen wichtig. Deshalb ist
sie die Titelfigur. Sie lehrt ihn die Furcht vor sich selbst.
Sie impft ihm ein schlechtes Gewissen ein. Und trotzdem
fühlt er sich von ihr angezogen. Die unkeuschen Blicke,
die sie ihm verbietet, richtet er auch auf sie.
- Dass der Reiz "unkeuscher
Blicke" ("regards impudiques") den
Ich-Erzähler in "Fräulein Stark" auch
beim Erzählen leitet, verrät schon der erste Satz
des Buches. Der Onkel, Stiftsbibliothekar und Prälat,
heisst es dort, habe Handschuhe, "schwarz wie die Dessous
meiner Mama" angezogen, wenn er "die Blätter
einer tausendjährigen Bibel zu berühren"
gedachte. Könnte man geradezu von einer Poetik des
"unkeuschen Blicks ", in einem umfassenderen Sinn,
auch seitens des Autors Thomas Hürlimann sprechen?
- Wenn Sie das so sehen, freut es
mich. Die Wahrnehmung ist subjektiv. Nicht das Auge, die
Seele sieht. Zum Glück habe ich es vermieden, mir die
Stiftsbibliothek vor der Arbeit am Buch anzusehen. Als es
erschienen war, ging ich hin - und war enttäuscht,
wie klein der Saal ist. In der Erinnerung war er für
mich viel grösser. Was sich leicht erklären lässt:
damals sass ich wie ein Frosch an der Schwelle. Also sah
ich einen höheren Raum. Tatsächlich ging es mir
darum, mit dem Blick von damals die Welt zu sehen, vor allem
die Welt der Bücher und der Frauen.
- In dieser Froschperspektive
(ähnlich z. B. derjenigen Oskars in der "Blechtrommel"
von Günter Grass) verkürzt sich die Distanz zwischen
oben und unten so sehr, dass sogar die Verkehrung beider
möglich wird, der Himmel "etwas Bodenständiges"
und der Boden "etwas Himmlisches" gewinnt. Beinhaltet
dieser Blick von unten neben seinen Reizen nicht auch Gefahren,
insbesondere jene, die Sie selbst einmal angesprochen haben,
nämlich dass einzelne Kritiker Ihre Darstellung des
schweizerischen Antisemitismus Anfang der sechziger Jahre
zu sehr verkürzt oder gar missverständlich fanden?
- Ich erzähle von einem Tabu.
Wie erzählt man das? Indem man das Tabu auch im Buch
wirksam werden lässt. Das ist das älteste Mittel
der Literatur. Sie will ihren Inhalt Form werden lassen.
Würde ich das Tabu von Anfang an benennen, nähme
ich der Erzählung den Sog. Mit dem Jungen sollen die
Lesenden mehr und mehr zur Wahrheit vorstossen, sie sollen,
wie er, hinter die Dinge schauen können. Aber dazu
braucht es eine gewisse Erzählstrecke. Wer das nicht
versteht, kann schlicht und einfach nicht lesen. Wie heisst
es so schön? Wenn ein Buch und ein Kopf zusammenstossen
und es dabei hohl tönt, ist nicht unbedingt das Buch
schuld.
- Indem Sie den Ich-Erzähler
in "Fräulein Stark" die jüdische Herkunft
seiner Mutter und seines Onkels entdecken lassen, arbeiten
Sie, einmal mehr in Ihrem Werk, auch Teile Ihrer eigenen
Familiengeschichte auf. Die deutlichen Bezüge dieses
Buches auf autobiografische Fakten und real existierende
Personen und ihre literarische Verfremdung wurden ihnen
gleich bei dessen Publikation von Ihrem damals 87-jährigen
Onkel Johannes Duft öffentlich zum Vorwurf gemacht.
Wie stehen Sie zu dessen Vorwürfen und wie sehen Sie
selbst diese Bezüge und ihre literarische Verarbeitung?
- Mein Onkel ist inzwischen gestorben.
Er war Historiker. Er glaubte an Fakten. In seiner Broschüre
korrigierte er meine "Irrtümer". Beispielsweise
schrieb er, er hätte seine seidenen Soutanen nie in
einer Römer Exclusiv-Boutique gekauft. Stimmt: die
Wörter "Rom", "exclusiv", "Boutique"
haben mit der sogenannten Onkel-Realtität nichts zu
tun. Ich brauchte sie, um die Soutanen so kostbar zu machen,
wie ich sie damals empfunden habe. Als meine Mutter die
Broschüre des Onkels las, lachte sie auf und rief:
Also doch, es waren seidene Soutanen! Das heisst, durch
seine Korrektur hat der Onkel letztlich beglaubigt, was
ich erzähle. Etwas Schönes geschah mit dem Fräulein
Stark. Sie ist nun ebenfalls tot, und ich bin stolz, zu
ihren Erben zu gehören. Kann durchaus sein, dass sie
mir dadurch eine Art Dank zukommen lassen wollte. In ihren
letzten Monaten hat sie sich mehr und mehr der Figur des
Buches angepasst. So trug sie zum ersten Mal im Leben einen
Hut, wagte sich zu schminken und genoss es, dass ihr die
Blicke der Männer auf der Strasse folgten. Da zeigt
es sich in aller Deutlichkeit: ein Erzähler lügt
die Wahrheit.
- Sie haben "Fräulein
Stark" als Novelle herausgegeben. In meinen Augen stellt
sie eine neue und reizvolle Abwandlung der Goethischen Gattungsbestimmung
dar, nach der eine Novelle eine "sich ereignete unerhörte
Begebenheit" darstellt. Unerhört im Wortsinn,
nicht angesprochen und verdrängt, sollen im Milieu
des Knaben ja sowohl die jüdische Herkunft seiner Mutter
wie seine sexuelle Neugierde bleiben. Als unerhört
im Sinne des Skandalösen aber stellt Ihre Novelle eben
diese Gepflogenheiten der Verdrängung und Tabuisierung
dar. In der Gattungsbezeichnung der französischen Ausgabe
verschwinden solche Anspielungen. Dort wird aus der deutschen
Novelle ein französischer "Roman". Wie stehen
Sie zu diesem Wechsel der Gattungsbezeichnung? Gab er Anlass
zu Diskussionen?
- Ich konnte mich mit meiner Behauptung,
dies sei eine Novelle, nicht durchsetzen. Die meisten Kritiker
schrieben, es handele sich um einen Roman. Nein, eben nicht.
Eine Novelle ist mit einem Theaterstück verwandt, und
tatsächlich halte ich im "Fräulein Stark"
die Einheit von Raum, Zeit und Handlung ein.
- Der Erfolg von "Fräulein
Stark" führte schon zu verschiedenen Übersetzungen.
Insbesondere gehört Ihr Buch zu den ganz wenigen Büchern
der jüngsten Gegenwartsliteratur aus der Schweiz, die
ins Russische übersetzt wurden. Welche Erfahrungen
haben Sie mit dieser und anderen Übersetzungen gemacht?
- Ich reise in den nächsten
Tagen nach Russland, erst zur russischen Buchmesse, dann
nach Petersburg, wo ich gemeinsam mit dem Uebersetzer Roman
Eiwadis das Buch vorstellen werde. Dann weiss ich mehr.
Eiwadis ist übrigens jüdischer Herkunft. Ihm,
wie auch Itta Shedletzky, die das Buch zur Zeit ins Hebräische
übersetzt, gefällt gerade das, was andere moniert
haben: dass das Tabu der jüdischen Vergangenheit vom
Jungen erst allmählich erkannt, aber nicht durchschaut
wird. Er ist kein Held. Auch meinen beide Uebersetzter,
dass das Fräulein recht genau gezeichnet sei. Sie ist
Antisemitin, klar, aber kein Unmensch. Die Welt lässt
sich eben nicht in Gut und Böse unterteilen, die Ränder
fliessen. Nicht jeder Antisemit ist zugleich ein finsterer
Bösewicht. Das macht die Sache ja gefährlich.
Und, ich wiederhole mich: es ist dümmlich, von einem
Autor zu verlangen, seine Figuren eindimensional und nach
pädagogischem Muster anzurichten. Das hat weder mit
der Literatur noch mit der Realität etwas zu tun. In
Polen zum Beispiel hat das Publikum sofort und genau gemerkt,
was ich erzähle. Dort sind gewisse Erfahrungen noch
wach, die wir vielleicht vergessen haben. Nicht zu unrecht
bilden wir Schweizer uns ein, in einem System zu leben,
dass uns nicht zu Feigheiten zwingt. Wir halten uns für
eine durch und durch aufgeklärte Gesellschaft, für
Gutmenschen ohne Abgründe. Aber das ist eine gefährliche
Verkennung des menschlichen Wesens. Da ist es wirklich besser,
einen unkeuschen Blick zu riskieren. Der zeigt: wir sind
nur deshalb gut, weil uns die Prüfung unseres Charakters,
wie das in einer Diktatur geschieht, erspart bleibt. Ich
war in einer Klosterschule und weiss, wovon ich rede. Man
braucht nur ein wenig Hunger zu haben, schon beginnt sich
der eben noch so grossartige Charakter zu verabschieden.
Aber das tönt nun beinah so, als hätte ich eine
Botschaft. Nein, dies ist nicht der Fall. Ich möchte
Geschichten erzählen, nichts anderes. Und ich habe
den Ehrgeiz, dass in der Art des Erzählens der Inhalt
mitschwingt. In der Novelle Fräulein Stark zum Besipiel
vermeide ich laute Wörter. Ich hoffe, dass dies auch
in der französischen Uebersetzung zu hören ist.
In einer Bibliothek wird geflüstert.
Daniel Rothenbühler für
Le Culturactif
Page créée le: 06.09.04
Dernière mise à jour le 06.09.04
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